Édouard Lalo

compositeur français
Édouard Lalo
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Édouard Lalo photographié par Pierre Petit vers 1865, Paris, BnF.
Nom de naissance Édouard Victor Antoine Lalo
Naissance
Lille, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès (à 69 ans)
17e arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Activité principale Compositeur
Activités annexes violoniste
Formation Conservatoire de Lille
Maîtres Pierre Baillot, François-Antoine Habeneck, Pierre Baumann
Descendants Pierre Lalo
Distinctions honorifiques Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur[1]
Signature de Édouard Lalo

Œuvres principales

Édouard Victor Antoine Lalo, né le à Lille et mort le à Paris 17e, est un compositeur français.

Biographie modifier

Édouard Lalo naît à Lille[2] le [3],[4]

En 1833, il entre au conservatoire de Lille où il apprend le violon (peut-être aussi le violoncelle), sous la direction des professeurs Müller et Baumann. C'est à Paris, en 1839, qu'il poursuit ses études musicales, contre la volonté de son père. Ses professeurs de violon sont alors Pierre Baillot puis François-Antoine Habeneck. En 1843, le pianiste Julius Schulhoff l'initie à la composition. Il se perfectionne au contact de Joseph-Eugène Crèvecœur (deuxième grand prix de Rome). Ses premières compositions connues, des chants accompagnés au piano, datent de 1848, année durant laquelle il soumet deux partitions à Hector Berlioz. Il se lie d’amitié avec le violoniste Jules Armingaud (1820-1900) — son seul confident — et avec le violoniste et compositeur Pablo de Sarasate. Au nombre de ses amis on compte également les peintres Maurice Courant et Auguste Delacroix[5].

Lalo n'entra jamais au Conservatoire de Paris, ni comme élève, ni comme professeur. Il y participe seulement à deux jurys de concours en 1876. Bien qu'admirant l'orchestre wagnérien, Lalo s’astreint à suivre sa propre personnalité. Il bénéficie à plusieurs reprises de l'appui de Charles Gounod qui appréciait ses musiques. Il fut l'alto, puis le second violon du Quatuor Armengaud à partir de la fondation de celui-ci en 1856.

Édouard Lalo photographié par Léon Joliot.

Jusqu'en 1865, Édouard Lalo vit pauvrement, notamment à Puteaux, avec sa première épouse. Veuf en 1864, il épouse la mezzo-soprano Julie-Marie-Victoire Bernier de Maligny (1816-1911) et vit plus confortablement à Paris, notamment boulevard Malesherbes. Il fait salon de musique chez lui chaque vendredi soir et fréquente les autres salons musicaux privés de la capitale.

Lalo est d'un caractère réservé et répugne à parler de lui. Beaucoup des correspondances écrites et reçues ont été détruites. Il compose avec ardeur des mélodies et des symphonies instrumentales, plus appréciées à l'étranger qu'en France.

Hormis deux symphonies — probablement détruites par le compositeur — ses premières compositions sont destinées à un petit effectif vocal ou instrumental, avec notamment six Romances populaires (1849), six Mélodies sur des poèmes de Victor Hugo (1856), deux Trios avec piano (vers 1850 et 1852) aussi que différentes pièces pour violon et piano.

En 1856, il participe, comme altiste, à la création du Quatuor Armengaud, dont l’ambition était de promouvoir les œuvres des maîtres allemands. Quatre ans plus tard, il compose son propre Quatuor à cordes. En 1866, Lalo termine Fiesque, son premier opéra. Il ne fut jamais porté à la scène (avant 2006), mais alimenta d’autres œuvres, comme le Divertissement pour orchestre (1872) ou la Symphonie en sol mineur (1886).

Les années 1870 sont particulièrement fécondes : outre le Concerto pour violon (1873) et le Concerto pour violoncelle (1877), Lalo écrit ses deux plus célèbres opus, la Symphonie espagnole (1874) et l'opéra Le Roi d'Ys (1875-1881). Il acquiert sa notoriété grâce à la Symphonie espagnole (concerto pour violon en cinq mouvements). L’œuvre est créée par le violoniste Pablo de Sarasate en 1875. L'opéra Le Roi d'Ys, crée en 1888, est un triomphe. Le , Édouard Lalo est promu officier de la Légion d'honneur.

Le , il donne, à l'Hippodrome au pont de l'Alma, Néron : pantomime en trois actes avec chœurs sur un texte de Paul Milliet[6].

Parmi ses compositions d'envergure, le ballet Namouna (1882) fut commandé par l’Opéra de Paris et chorégraphié par Lucien Petipa. Cette musique reçoit un accueil mitigé, entre huées du public et enthousiasme de confrères tels que Claude Debussy, Gabriel Fauré ou Emmanuel Chabrier. L’œuvre s’est maintenue au répertoire sous forme de suites d’orchestre. À propos de Namouna[7], Claude Debussy écrivit : « Parmi trop de stupides ballets, il y eut une manière de chef-d'œuvre : la Namouna d'Édouard Lalo. On ne sait quelle sourde férocité l'a enterrée si profondément que personne n'en parle plus… C'est triste pour la musique[8]. »

Tombe d'Édouard Lalo au cimetière du Père-Lachaise (67e division).

Il meurt à Paris 17e[9],[4] le , à l'âge de 69 ans, et repose au cimetière parisien du cimetière du Père-Lachaise (67e division).

Son apport modifier

Lalo, apprécié notamment pour la richesse de son orchestration, a contribué, à la fois comme interprète et comme compositeur, au renouveau de la musique de chambre en France. Il est d'ailleurs lauréat en 1878[10] du prix Chartier de l'Institut, qui vise à récompenser l'excellence d'une production musicale dans ce genre. Si son Quatuor à cordes révèle une certaine influence de Beethoven, il est aussi empreint d'une vigueur rythmique novatrice et toute personnelle[11]. Quant à son Trio en la mineur avec piano op. 26, Florent Schmitt le qualifie d'« œuvre splendide et originale, qui (avec le Quatuor no 1 de Fauré, à peu près contemporain) marque l'entrée officielle de la musique moderne française dans le plus pur et le plus noble de ses domaines[12]. »

Contemporaine de Carmen de Bizet, sa Symphonie espagnole pour violon et orchestre est une des premières œuvres orchestrales françaises à faire appel au folklore espagnol et à ses rythmes de danses. Cet intérêt pour les folklores se retrouve dans la Fantaisie norvégienne (1878), dans la Rhapsodie norvégienne (1879), dans le Concerto russe (1879), mais aussi dans la « légende bretonne » du Roi d’Ys, dont Lalo renonce volontairement à faire un « drame lyrique » wagnérien[13]. Privilégiant les formes brèves, il y fait preuve d’une grande invention mélodique et rythmique, soutenue par une riche écriture harmonique.

Œuvre modifier

Édouard Lalo laisse environ 70 œuvres.

Orchestre modifier

Musique de chambre modifier

Vocale modifier

Trente mélodies dont :

  • Six romances populaires, La Pauvre Femme, Beaucoup d'amour, Le Suicide, Si j'étais petit oiseau, Les Petits Coups, Le Vieux Vagabond, sur des paroles de Pierre-Jean de Béranger (1849).
  • Six mélodies, Puisqu'ici-bas toute âme, L'Aube naît, Dieu qui sourit et qui donne, Oh ! quand je dors, Amis, vive l'orgie : chanson à boire, Ballade à la lune, sur des poèmes de Victor Hugo (1855).
  • Trois mélodies, À une fleur, Chanson de Barberine, La Zuecca, sur des poésies d'Alfred de Musset (1870).
  • Cinq lieder, Prière de l'enfant à son réveil et Viens !, sur des poèmes de Lamartine, À celle qui part et Tristesse sur des poèmes d'Armand Silvestre, La Chanson de l'alouette sur un poème de Victor de Laprade (1879).

Opéras modifier

Ballet modifier

  • Namouna (). Joué à l'Opéra sur un livret de MM. Nuitter et Petipa. Ce ballet, annoncé comme une œuvre de la « jeune école », reçut un assez mauvais accueil d'une partie de la presse et des habitués de l'opéra.

Discographie modifier

Musique de chambre modifier

  • Le Quatuor à cordes op. 45 - Quatuor Daniel (avec les Quatuors à cordes de Charles Gounod et Ambroise Thomas ), Discover, 1991.
  • Lalo, Complete piano trios, Trio Parnassus, MDG, 2003.
  • Lalo, Piano trios, Leonore piano trio, Hyperion, 2016[14].

Musique concertante modifier

Musique symphonique modifier

Musique lyrique modifier

Notes et références modifier

  1. Le , « Cote LH/1452/27 », base Léonore, ministère français de la Culture
  2. Au no 10 de la rue des Tours.
  3. Mairie de Lille, « Acte de naissance n° 200 du 28/01/1823 5 Mi 044 R 143 », sur AD Nord (consulté le ) : « Désiré Joseph Lalo, 35 a, né à Arras, ancien capitaine, chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur a présenté un enfant né hier à 3 h, de lui et de Batilde Marie Louise Joseph Wacquez son épouse, 33 a, auquel il veut donner les prénoms de Édouard Victor Antoine »
  4. a et b Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Tome 2, Les Hommes et leurs œuvres. L-Z, Paris, Bordas, , 1232 p. (ISBN 2-04-010726-6), p. 607
  5. Qu'il ne faut pas confondre, comme le voulut Pierre Lalo, avec l'illustre Eugène Delacroix.
  6. Voir cette œuvre sur le site data.bnf.fr.
  7. « 1882 à Paris : Le ballet "Namouna" d'Edouard Lalo », sur France Musique (consulté le )
  8. Dans La Revue blanche, 15 mai 1901. Reproduit dans : Claude Debussy, Monsieur Croche et autres écrits, Gallimard, L'Imaginaire, 1987, pp. 39-40
  9. Mairie du 17e arrondissement de Paris, « Acte de décès n°1146 du 25/04/1892 V4E 7496 », sur Archives de Paris (consulté le ) : « Edouard Victor Antoine Lalo, 66 a, compositeur de musique, officier de la Légion d'honneur, décédé avenue Niel 86 le 23 avril, fils de Désiré Joseph Lalo et de Bathilde Marie Louise Joséphine Wacquez décédés, marié à Julie Marie Victoire Bernier de Maligny »
  10. « Almanach des spectacles : continuant l'ancien Almanach des spectacles publié de 1752 à 1815 », sur Gallica, (consulté le )
  11. Voir à ce sujet l'article consacré par Jean-Alexandre Ménétrier dans le Guide de la musique de chambre, François-René Tranchefort (dir.), Fayard, Paris, 1989, p. 522. Avec ce commentaire : « quel jalon dans l'histoire de la musique de chambre ! »
  12. Article « Lalo » du Dictionnaire encyclopédique de la musique de chambre de Walter Willson Cobbett, complété sous la direction de Colin Mason, traduit de l'anglais par Marie-Stella Pâris, édition française revue et augmentée par Alain Pâris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1999, p. 871
  13. J.-M. Fauquet, « Edouard Lalo et la Bretagne », Musique et société, La Vie musicale en province aux XVIIIe et XIXe siècle, Actes des journées d’études de la Société française de musicologie, 8-9 sept. 1981, Université de Rennes 2, 1982, p. 29.
  14. « Lalo: Trios avec piano », sur Hyperion Records (consulté le )
  15. Pierre Degott, « Coup de cœur pour La Jacquerie de Lalo et de Coquard « À Emporter « ResMusica » (consulté le )

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier