Abou Mouslim al-Tourkmani

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Abou Mouslim al-Tourkmani
Abou Mouslim al-Tourkmani
Abou Mouslim al-Tourkmani lors de sa détention à camp Bucca en 2004.

Surnom Abou Moatazz al-Qouraïchi
Hadji Moatazz
Nom de naissance Fadel Ahmed Abdoullah al-Hiyali
Naissance
Tall Afar (Irak)
Décès
Près de Mossoul (Irak)
Mort au combat
Origine Irakien, Turkmène
Allégeance République d'Irak
(années 1980-milieu des années 1990)
Ansar al-Islam (milieu des années 1990–2004)
Al-Qaïda en Irak
(2004-2006)
État islamique
(2006-2015)
Grade Lieutenant-colonel (armée irakienne)
Émir (État islamique)
Commandement Forces de l'État islamique en Irak
Conflits Guerre Iran-Irak
Guerre du Golfe
Guerre d'Irak
Seconde guerre civile irakienne
Faits d'armes Bataille de Mossoul (2014)

Fadel Ahmed Abdoullah al-Hiyali (en arabe : فاضل أحمد عبد الله الحيالي (Fāḍil Aḥmad ʿAbd Allāh al-Ḥiyālī)), mieux connu sous ses noms de guerre, Abou Mouslim al-Tourkmani (en arabe : أبو مسلم التركماني (Abū Muslim at-Turkumānī)), Hadji Moatazz (en arabe : الحاج معتز (al-Ḥāǧǧ Muʿtaz)), ou Abou Moatazz al-Qouraïchi, né en , à Tall Afar, en Irak, et mort le , près de Mossoul, est un officier de l'armée irakienne, devenu ensuite un chef djihadiste de l'État islamique.

Biographie modifier

Fadel Ahmed Abdoullah al-Hiyali naît en 1959 à Tall Afar, dans la province de Ninive. Il serait d'origine turkmène[1]. D'après Wassim Nasr, journaliste et spécialiste des réseaux jihadistes à France 24 , « il appartenait à une puissante tribu dont son père était l’un des piliers »[2].

Il intègre l'armée irakienne sous le régime de Saddam Hussein et prend part à la guerre Iran-Irak au sein de la 3e division[3] et à la guerre du Golfe[2]. Selon des documents découverts en Irak, al-Hiyali serait un lieutenant-colonel de l'unité de renseignement de l'armée irakienne, Istikhbarat (Direction du renseignement militaire général), qui a également passé du temps en tant qu'officier des forces spéciales dans la Garde républicaine spéciale jusqu'à l'invasion de l'Irak en 2003 par les États-Unis[4],[5].

Comme beaucoup d'autres militaires, il se retrouve sans emploi après le démantèlement de l'armée irakienne ordonné par Paul Bremer au début de l'occupation américaine. Il prend alors part à la guérilla irakienne, d'abord au sein d'un groupe d'insurgés sunnites[6], puis d'Al-Qaïda en Irak[7].

Peu après 2003, à une date exacte inconnue, il est arrêté par les autorités américaines, en tant que militaire. Il est emprisonné à camp Bucca, au sud de l'Irak, où il rencontre Abou Bakr al-Baghdadi en 2004, ainsi qu'Haji Bakr, également détenus[7],[3],[2]. Al-Hiyali pratiquait alors une forme modérée de l'Islam[8].

Le , il est nommé chef adjoint de l'EIIL en Irak[9]. En sa qualité de chef adjoint de l'Irak, al-Tourkmani dirige les opérations du groupe en Irak et supervise les 12 gouverneurs de l'EIIL basés en Irak, responsables des finances, de l’armement et des problèmes juridiques du groupe terroriste, y compris des gouverneurs fantômes identifiés dans des zones que l'EIIL ne contrôlait pas, mais qui avait des aspirations sur ces dernières[5].

En , l'EIIL lance une offensive d'envergure en Irak, puis en Syrie, qui lui permet de s'emparer de vastes pans du territoire face à des forces gouvernementales en déroute[2]. Al-Tourkmani prend part à la préparation de l'offensive contre Mossoul[10]. Il prend ensuite le commandement après la mort d'Abou Abdel Rahman al-Bilaoui, tué au début de la bataille[11],[2].

Des informations erronées font état de son décès lors de frappes aériennes le et à nouveau en au cours de l'opération Inherent Resolve. Cela aurait été dû à un cas d'erreur d'identification et sa mort n'a pas été confirmée par l'EIIL[12],[13],[14].

En 2015, les États-Unis présentent Abou Mouslim al-Tourkmani comme le numéro 2 de l'État islamique[10] — bien que cette classification ne correspond pas à la réalité du système hiérarchique de l'EI[10],[15] — et un « coordinateur de premier plan » pour le transport des armes, des explosifs et le transfert de véhicules et de personnes entre les zones tenues par l'EI en Irak et en Syrie. Il est aussi le chef des opérations en Irak[10].

Dans un article publié en juin 2015 dans le New York Times, il est dit qu'al-Tourkmani aurait été à la tête du conseil militaire de l'EIIL. Selon Laith Alkhouri, analyste sénior chez Flashpoint Global Partners, al-Tourkmani aurait mené le conseil de six à neuf commandants militaires qui ont dirigé la stratégie militaire du groupe terroriste[16].

Abou Mouslim al-Tourkmani est tué par un bombardement américain le , près de Mossoul[17]. Le gouvernement américain annonce sa mort le , des suites du tir d'un drone[10]. Elle est également confirmée le par un message audio d'Abou Mohamed al-Adnani, porte-parole de l'État islamique[17]. D'après Wassim Nasr, « la mort d’al-Hayali est une grande perte pour l’EI »[2].

Abou Fatima al-Jaheichi le remplace à son poste de dirigeant de l'EIIL en Irak[18].

Notes et références modifier

  1. (en) Richard Barrett, « The Islamic State », The Soufan Group,‎ , p. 28 (lire en ligne)
  2. a b c d e et f « Qui est Abou Moutaz, le commandant militaire dont l’EI a confirmé la mort ? », France 24,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Wassim Nasr, twitter.
  4. (en-GB) Ruth Sherlock, « Inside the leadership of Islamic State: how the new 'caliphate' is run », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) « Organizational Breakdown of Islamic State », Independent Strategy and Intelligence Study Group,‎ (lire en ligne)
  6. (en-US) Siobhan Gorman, Nour Malas et Matt Bradley, « Brutal Efficiency: The Secret to Islamic State's Success », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Weiss et Hassan 2015, p. 181-182.
  8. (en-US) Siobhan Gorman, Nour Malas et Matt Bradley, « Brutal Efficiency: The Secret to Islamic State's Success », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Mathieu Guidère, Historical Dictionary of Islamic Fundamentalism, Rowman & Littlefield, , 2e éd., 650 p. (ISBN 9781538106709, lire en ligne), p. 455
  10. a b c d et e « Le numéro 2 de l’Etat islamique tué par un drone en Irak, selon Washington », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Jean-Pierre Perrin, « Al-Baghdadi, les desseins d’un calife », Libération,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Barbara Starr et Jim Acosta, « U.S.: ISIS No. 2 killed in U.S. drone strike in Iraq », CNN,‎ (lire en ligne)
  13. (en-US) Matt Bradley, Ghassan Adnan et Felicia Schwartz, « Coalition Airstrikes Targeted Islamic State Leaders Near Mosul », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) « Abu Muslim al-Turkmani: From Iraqi officer to slain ISIS deputy », Al Arabiya News,‎ (lire en ligne)
  15. Romain Caillet, twitter.
  16. (en-US) Eric Schmitt, « A Raid on ISIS Yields a Trove of Intelligence », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  17. a et b « L'EI confirme la mort de son numéro deux », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Aymenn Jawad Al-Tamimi, « An Account of Abu Bakr al-Baghdadi & Islamic State Succession Lines », Aymenn Jawad Al-Tamimi's Blog,‎ (lire en ligne)

Bibliographie modifier

  • Michael Weiss et Hassan Hassan (trad. Anne Giudicelli), EI ; au cœur de l'armée de la terreur : État islamique, Hugo Doc, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes modifier