Adélaïde de France (1732-1800)

noble française
Adélaïde de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Madame Adélaïde de France faisant des nœuds par Jean-Marc Nattier, 1756.
Biographie
Titulature Fille de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Marie Adélaïde de France
Surnom Madame Quatrième
Madame Adélaïde
Naissance
Château de Versailles (Royaume de France)
Décès (à 67 ans)
Trieste (Saint-Empire)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis XV
Mère Marie Leszczynska
Conjoint Aucun
Enfants Aucun
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Adélaïde de France

Description de l'image Lozenge of a "Daughter of France" (Fille de France).svg.

Marie Adélaïde de France, dite Madame Quatrième puis Madame Adélaïde, est née au château de Versailles le 23 mars 1732 et est morte à Trieste le 27 février 1800. Elle est l'une des huit filles de Louis XV et de Marie Leszczynska. Avec sa sœur Madame Victoire, elles vécurent à la cour jusqu'aux prémices de la Révolution française. Elle est la tante du roi Louis XVI.

Biographie modifier

Enfance modifier

Madame Adélaïde est née le au château de Versailles. Elle est baptisée dans la chapelle du château, le [1], dans la religion catholique. Elle a pour parrain Charles de Bourbon-Condé, et pour marraine la sœur de celui-ci, Louise-Anne de Bourbon-Condé. Ils sont les petits-enfants du Grand Condé. En raison de sa place au sein de la famille royale française, Adélaïde est d'abord appelée à la cour « Madame Quatrième », puis à la suite de la mort de sa sœur « Madame Troisième »[2]. Par la suite, elle est surtout désignée sous le nom de « Madame Adélaïde », puis à partir de 1752 simplement par « Madame ». Son éducation se fait à la cour, dans l'aile du Midi et non à l'abbaye de Fontevraud comme ses sœurs cadettes.

En effet, par mesure d'économies et pour tenter d'assainir les dépenses de l’État, André Hercule de Fleury, principal ministre de Louis XV depuis 1723, met en place diverses mesures pour arriver à ses fins. Cela conduit donc à revoir l'éducation des princesses : Adélaïde est donc élevée aux côtés de ses sœurs jumelles aînées, Madame Élisabeth et Madame Henriette. Les princesses vont parfois prendre les eaux à Plombières-les-Bains, dans le duché de Lorraine sur lequel règne leur grand-père Stanislas Leszczynski, qu'elles peuvent ainsi visiter.

Caractère modifier

Madame Adélaïde reçoit les hommages de plusieurs partis, dont ceux de son cousin Louis-François de Bourbon-Conti ou encore ceux de son beau frère Xavier de Saxe, prince de Pologne et de Saxe. Mais la jeune fille choisit de garder le célibat. Aimant les travaux domestiques, elle est surnommée « Torchon » ou « Madame Torchon » par son père, dont elle est l'enfant préféré. Dotée d'un caractère vif, elle s'impose comme une sorte de chef de famille auprès de ses sœurs, à l'exception de la benjamine, Madame Louise, la plus indépendante de toutes.

Prise de position modifier

S'intéressant aux sujets politiques sans avoir le pouvoir d'agir, Adélaïde ne renonce pas à faire connaître et affirmer ses opinions à la cour. Son soutien ardent auprès de la Compagnie de Jésus lui vaut de gagner l'hostilité du Parlement de Paris. Elle lutte également contre l'influence de Madame de Pompadour, bourgeoise et épouse de banquier, devenue la favorite de son père. Cette dernière est donc titrée marquise et entend jouer un rôle politique dans les décisions royales. Elle est surnommé « Maman Putain » par l'ensemble des enfants royaux. La mort de la marquise, le 15 avril 1764, au château de Versailles (habituellement privilège royal) ne calme pas la princesse qui désormais doit lutter avec ses sœurs, Mesdames Victoire et Sophie, contre la nouvelle maîtresse de leur père : la sulfureuse Madame du Barry.

À cette fin, les trois sœurs tentent de se concilier l'épouse de son neveu, Marie-Antoinette d'Autriche, alors toute jeune dauphine perdue à la cour de France. Mais l'influence qu'elles gagnent sur cette dernière est limitée par la surveillance menée par sa mère Marie-Thérèse d'Autriche et Florimond de Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche. Cette lutte d'influence sur la jeune archiduchesse tourne en défaveur d'Adélaïde et de ses sœurs, qui finissent par ne plus la désigner que par son origine : « l'Autrichienne ». Surnom qui suivra la future reine jusqu'à la mort.

Deuil, musique et religion modifier

Madame Adélaïde de France, fille de Louis XV par Jean-Marc Nattier, 1758.

La famille royale n'est guère épargnée par les deuils qui se succèdent en son sein, notamment au cours des années 1760. Mis à part l'aînée, Madame Élisabeth, qui épouse à douze ans son cousin, l'infant Philippe de Bourbon, afin de rapprocher les cours d'Espagne et de France, aucune des filles du roi ne s'est mariée. Cette dernière quitte la cour de France pour celle de Parme. Celles qui avaient quitté le château de Versailles pour terminer leur éducation à l'abbaye de Fontevraud sont revenues y vivre, à l'exception de la benjamine, Madame Louise, qui devient carmélite et prends le nom de Thérèse de Saint Augustin, en 1770.

Le , Madame Henriette succombe à la petite vérole, à l'âge de vingt-cinq ans. Sa disparition fait d'Adélaïde, désormais la sœur la plus âgée vivant à la cour, la nouvelle Madame. Le , Xavier de France, second fils du dauphin, meurt d'une coqueluche. Le , Marie-Zéphirine de France, fille aînée du dauphin, décède d'une péritonite aiguë à l'âge de cinq ans. Le , Madame Élisabeth, jumelle de Madame Henriette, succombe à son tour de la petite vérole lors d'un séjour à Versailles. Le , Louis de France, fils aîné du dauphin, meurt d'une tuberculose osseuse.

Le , Louis de France, fils aîné de Louis XV et frère d'Adélaïde, dauphin de France, meurt de la tuberculose à l'âge de trente-six ans. Le , Stanislas Leszczynski, père de la reine de France, meurt après une agonie douloureuse et longue, brûlé gravement après avoir voulu raviver son foyer. Le , Marie-Josèphe de Saxe, veuve du dauphin qu'elle a veillé durant sa maladie, contracte a son tour le même mal et y succombe, inconsolable. Le , Marie Leszczynska, reine de France, profondément affectée par la mort de son père, survenue deux ans plus tôt, décède à son tour, à Versailles.

Le , Louis XV, est emporté par la variole. Devenu mal-aimé en France, et plus encore craignant la contagion, le roi est pleuré et veillé par ses filles vivant encore à la cour (Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie) uniquement, ce qui fait moquer leur amour filial. Dès lors, Adélaïde trouve dans la musique, comme dans la religion, une véritable raison de vivre.

Règne de Louis XVI modifier

Portrait de Madame Adélaïde par Adélaïde Labille-Guiard, 1787.

À la mort de son frère et de sa belle-sœur, Madame Adélaïde devient la dépositaire de leurs papiers et d'une instruction à l'égard du futur roi, son neveu Louis XVI. Ce document est ouvert deux jours après la mort de Louis XV, le 12 mai 1774, lors d'un petit conseil de famille en présence du nouveau souverain. Il désigne alors trois principaux ministres possibles : Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas, Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis et Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Certains seront appelés au gouvernement par le roi.

Ayant perdu son influence à la cour, reprise en main par la nouvelle reine, Madame Adélaïde fait figure de ligne des mécontents de la politique royale et des tentatives de réformes destinées à sauver la monarchie. Mais davantage que son neveu, c'est Marie-Antoinette qui cristallise son mépris, notamment par le comportement insouciant des premières années de la jeune souveraine. Après les morts de Mesdames Sophie et Louise, Adélaïde et Victoire sont les dernières enfants de Louis XV en vie. Elles sont très proches l'une de l'autre, et se réfugient dans la religion, au point de passer pour des bigotes. La nouvelle de l'expulsion des jésuites les consterne au plus haut point. Louis XVI, souhaitant s'affranchir de leur influence, leur offre le château de Bellevue, afin de les tenir a l'écart de la cour.

Révolution française et exil modifier

Lorsque la Révolution française éclate, elles se trouvent aux cotés du roi. À la suite des journées des 5 et 6 octobre 1789, les princesses suivent la famille royale qui est ramenée à Paris. Elles s'installent au château de Bellevue, près de Meudon, plutôt qu'au palais des Tuileries. Bouleversées par les nouvelles lois votées à l'encontre de l'Église de France, Mesdames décident de quitter le pays pour rejoindre Rome, après en avoir avisé Louis XVI. Elles sont alors accompagnées de la marquise de Roquefeuil et du comte de Narbonne-Lara. Leur départ crée une émotion certaine, jusque sur les bancs de l'Assemblée nationale, où l'on craint qu'il incite d'autres membres de la famille royale à quitter le pays, dans une période où l'émigration, encore tolérée, ne fait que renforcer la défiance des révolutionnaires à l'égard de la monarchie.

Le roi leur facilite la procuration des passeports. Elles sont néanmoins arrêtées à Arnay-le-Duc, le temps de décider de la conduite à tenir. Elles ne reprennent la route qu'après que le comte de Mirabeau ait défendu leur cause devant l'Assemblée, raillant les députés « qui [ont] passé quatre heures entières à délibérer sur le départ de deux dames qui aiment mieux entendre la messe à Rome qu'à Paris [3]». Elles parviennent au duché de Savoie dont leur nièce, Clotilde de France, est l'épouse du prince de Piémont. Puis elles arrivent finalement à Rome, le , où elles rencontrent dès le lendemain le pape Pie VI en audience privée. Elles sont ensuite reçues par François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis, qui les reçoit au palais de Carolis. Elles y apprennent alors l'échec de la fuite de Varennes, la prise des Tuileries, l'abolition de la monarchie, l'exécution de leur neveu, celle de son épouse et celle de leur nièce. Elles sont horrifiées par les récents événements qui se sont déroulés en France.

La montée au pouvoir de Napoléon Bonaparte n'est pas pour les rassurer. Les succès militaires du général les contraignent à quitter Rome pour la cour de Naples, où règnent Ferdinand Ier, roi de Naples et de Sicile, et son épouse, Marie-Caroline d'Autriche, sœur de « l'Autrichienne » que Mesdames ont tant conspuée, et qui, de ce fait, ne les apprécie guère. Elles y demeurent peu, obligées de fuir à nouveau, en 1798, à l'avancée des troupes françaises. Mesdames atteignent d'abord Corfou puis Trieste, sur les terres relevant alors de la Couronne autrichienne. C'est là que, le , Madame Victoire décède des suites d'un cancer du sein. Madame Adélaïde, épuisée elle aussi par de longs voyages à un âge avancé, se retrouve seule avec la marquise de Roquefeuil, qui a renoncé à sa fortune et à sa position pour les suivre en exil. La princesse meurt à son tour, le . Quinze ans plus tard, une fois la monarchie restaurée, Louis XVIII, leur neveu, fait transférer leurs dépouilles en la basilique de Saint-Denis.

Bibliographie modifier

  • Les Princesses vagabondes : roman de Frédéric Lenormand.
  • Mesdames de France : roman de Bruno Cortequisse.
  • Chronique de la Révolution, éditions Larousse, 1989.
  • Adélaïde de France: fille de Louis XV, Editions Balzac, 1994.
  • Entre tradition et Lumières, les choix de Mesdames Tantes, Antologia di Belli Arte, 2009.

Musique modifier

  • Le violon de Madame Adelaïde, Calliope, 2017.
  • A Madame: divertissement pour Adelaïde, Aparté, 2017.

Filmographie modifier

Ascendance modifier

Notes et références modifier

  1. Archives départementales des Yvelines en ligne, registre des baptêmes 1737 de Versailles, paroisse Notre-Dame, vue 27/76
  2. Après la mort de sa sœur Marie-Louise en 1733.
  3. « La Revue contemporaine, volumes 82 », sur www.books.google.fr (consulté le ), p. 403-407
  4. « Festival de Cannes : la Chinonaise India Hair sous les projecteurs », lanouvellerepublique.fr, 26 mai 2023.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier