Adaev

race de chevaux

Adaev
Chevaux dans le parc national Sayram-Ugam
Chevaux dans le parc national Sayram-Ugam
Région d’origine
Région Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Caractéristiques
Morphologie Cheval de selle
Taille 1,32 m à 1,44 m
Poids 360 à 370 kg
Robe bai, noir, alezan, gris, rouan, gène crème possible
Tête Profil convexe
Autre
Utilisation Selle, traction, viande et lait

L’Adaev, ou Adaï (russe : Адаевская лошадь) est une race de chevaux de selle et de trait léger originaire des régions désertiques du sud du Kazakhstan. Il constitue l'un des deux types de la race kazakhe, avec le Jabe. Plus fin et moins rustique que ce dernier, l'Adaev est de type « Turc oriental ». Il est surtout utilisé pour les sports équestres locaux et la garde des troupeaux. Les juments sont traites pour leur lait. Comme la plupart des chevaux kazakhs, il arrive que l'Adaev soit abattu pour sa viande, bien qu'il ne s'agisse que d'une finalité secondaire. Méconnu hors de son berceau d'élevage, il s'est répandu dans les pays voisins du Turkménistan et de l'Ouzbékistan, avec près de 29 000 individus dénombrés en 1990.

Histoire modifier

Lithographie de Fort Chevtchenko en 1870.

« Adaev » est le nom international, la race est aussi connue sous les noms d'Adaï, de Adayev et, en russe, Adaevskaïa lochad[1]. Elle reçoit ce nom d'une tribu kazakhe militaire, les Adaï (ru) (Адай), bien connus dans l'histoire de l'Asie centrale[2].

L'Adaev pourrait avoir été influencé par le cheval turkmène[1],[3], et a connu plus récemment l'influence du cheval du Don, du Pur-sang et du trotteur Orlov[4]. La race a subi un déclin de population pour cause de croisements incontrôlés. Aussi, un plan d'élevage est mis en place à la fin du XXe siècle pour améliorer la qualité du cheptel, notamment en augmentant la taille des chevaux et leur fertilité, grâce à des apports en nourriture et à l'établissement de pedigrees[4]. Cet élevage « améliorateur » s'implante dans la région de Guryev[5].

En 2011, à la limite d'Akbastau dans l'oblys de Mañğıstaw, des tests d'État sont menés sur les chevaux Adaev[6]. Des chevaux sont sélectionnés parmi des milliers de représentants de cette race[6]. Les trente-six animaux considérés comme les plus méritants sont admis aux tests et doivent parcourir 90 kilomètres pendant la journée[6]. Tous les 15 kilomètres, des membres du jury et des vétérinaires ont examiné ces chevaux[6]. Ils ont mesuré la pression sanguine, le pouls et le degré de transpiration[6].

En novembre 2023, l'Adaev est officiellement reconnu comme une race de chevaux distincte, sous le nom d'Adaï, par des juges équestres internationaux originaires des Émirats arabes unis[7],[8].

Description modifier

Possibles Adaev dans un cimetière de bateaux de la mer d'Aral.

Cheval des steppes, l'Adaev est considéré localement comme étant un type de la race kazakhe[9],[2] adapté à la selle, plutôt qu'une race à part entière[4]. Il est plus éloigné du cheval kazakh originel que le Jabe[9], et se rattache zootechniquement au groupe du cheval turkmène, avec un type « Turc oriental »[10], en raison de ses croisements avec les chevaux turkmènes[11]

Il existe trois types d'Adaev : massif, moyen et léger[12] ; globalement le modèle est plutôt léger[1], avec une constitution sèche[2]. La taille va de 1,32 m à 1,43 m selon Hendricks (2007)[4] ; 1,32 m à 1,44 m d'après CAB International (2016)[10] ; 1,36 m à 1,40 m d'après la Grande Encyclopédie soviétique[5] et le guide Delachaux[13]. Le poids moyen est de 360 kg chez les femelles et 370 kg chez les mâles, d'après la base de données DAD-IS[1]. Le poulain pèse entre 39 et 50 kg à la naissance ; sa croissance dure 5 ans en moyenne et est la plus forte durant les six premiers mois de vie[14].

Morphologie modifier

La tête présente souvent un profil romain[12] ; fine et légère, elle dispose d'yeux vifs et écartés l'un de l'autre[1]. Les oreilles sont droites et agiles[1]. L'encolure est longue et fine, droite, placée assez haut[1],[15]. Le garrot est bien défini et saillant, le dos généralement droit[1]. La ligne du dessus est d'une bonne qualité, le corps est profond et les côtes sont arrondies[1]. La croupe est souvent avalée, mais elle est bien musclée[1]. Les membres postérieurs sont qualiteux, avec des articulations bien développées et des tendons très visibles[1]. La peau est dense[1], et le poil pousse densément en hiver[13]. Certains chevaux issus de mauvais élevages ou carencés ont une poitrine étroite et peu d'os[4].

Robes modifier

Les robes peuvent être très variées, on trouve aussi bien du bai que de l'alezan, du noir, du gris, du rouan[1],[5] et du palomino[4],[10],[5].

Tempérament, entretien et allures modifier

Habituellement élevé en hardes (tabounes)[4], il est bien adapté aux conditions environnementales propres aux déserts[16] du sud du Kazakhstan, puisqu'il y subsiste toute l'année en pâturant sur les végétaux[1], et peut tenir plusieurs jours sans boire[17]. Ses qualités d'adaptation aux conditions d'élevage extrêmes, ainsi que son endurance, sont considérées comme exceptionnelles[18]. Il est cependant moins résistant que le cheval Kazakh[4] et que le Jabe[13]. Ses capacités d'engraissement durant les mois d'été ont été mesurées : entre mai-juin et octobre-novembre respectivement, le gain de poids quotidien moyen était de 916 à 667 grammes pour le groupe des poulains d'un an, de 870 à 711 grammes pour le groupe des poulains de deux ans, et de 750 à 600 g pour les femelles adultes[19].

La race est réputée pour sa bonne fertilité, supérieure à 90 %[1]. Les juments commencent à se reproduire à l'âge de deux ans ; la naissance des poulains a lieu habituellement aux mois d'avril et de mai[14].

Certains Adaev disposent d'allures supplémentaires[13]. Les meilleurs sujets sont agiles et déploient des allures légères[2]. La foulée est plutôt courte, avec une certaine élévation des membres antérieurs[2].

Le tempérament est réputé doux, avec un attachement rapide à son cavalier[2].

Utilisations modifier

Kokpar (bouzkachi) au Kazakhstan.

L'Adaev est surtout destiné aux sports équestres locaux[1]. Il est davantage adapté à la selle que le Jabe, bien qu'il puisse aussi être attelé à des attelages légers[20]. Sa puissance de traction est en effet limitée, bien qu'elle reste importante comparativement à sa taille et à son poids[21].

Ces chevaux sont également utilisés pour le travail du bétail et la garde des troupeaux ovins[10].

Ils sont par ailleurs abattus pour leur viande[4],[10], une finalité qui concerne surtout le type massif de la race[12], car le rendement en viande des Adaev est généralement mauvais[13].

Les juments sont en revanche très réputées pour leur production de lait, ensuite transformé en kumiz[12], avec un fort rendement[20]. La Grande Encyclopédie soviétique estime que les juments donnent 11 à 14 litres de lait par jour[5]. L'Adaev a été utilisé en croisement avec la race voisine du Jabe[4].

Diffusion de l'élevage modifier

Chevaux vraisemblablement Adaev à Aqtaw dans l'oblys de Mañğıstaw, en hiver.

Considéré comme une race régionale asiatique, sa zone de présence est située entre la mer Caspienne et la mer d'Aral[1],[2],[3], correspondant historiquement à des plaines désertiques[22] dans la région administrative de l'oblys de Mañğıstaw[18]. En 1985, environ 27 000 chevaux sont dénombrés[4]. Un comptage de population très précis a été effectué en 1990, permettant de dénombrer 28 949 chevaux Adaev au Kazakhstan, avec une tendance à la stabilité. Il y a aussi 772 étalons Adaev en activité cette même année, pour 12 772 juments reproductrices, dont 44 en race pure[1]. En 2006, l'Adaev est considéré comme l'une des deux races de chevaux les plus répandues du Kazakhstan, avec le Jabe[23].

L'étude menée par l'université d'Uppsala, publiée en pour la FAO, signale l'Adaev comme une race régionale transfrontière d'Asie[24], qui n'est pas menacée d'extinction[25]. Présente dans trois pays, il s'agit par ailleurs d'une des races les mieux diffusées sur le continent asiatique[26]. Elle est en revanche méconnue hors de sa zone d'élevage[13].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r DAD-IS.
  2. a b c d e f et g (ru) « Адаевская порода лошадей », sur konevedia.ru (consulté le )
  3. a et b (ru) « АДАЕВСКАЯ ЛОШАДЬ - это... Что такое АДАЕВСКАЯ ЛОШАДЬ? », sur Словари и энциклопедии на Академике (consulté le )
  4. a b c d e f g h i j et k Hendricks 2007, p. 3.
  5. a b c d et e Grande Encyclopédie soviétique.
  6. a b c d et e (ru) « Адаевские лошади » (consulté le )
  7. Adèle Vaupré, « Le cheval Adai, originaire du Kazakhstan, une race enfin reconnue », sur Cheval Magazine, (consulté le ).
  8. (en) Aruzhan Ualikhanova, « Kazakhstan’s Adai Horses Gallop Towards International Recognition », sur The Astana Times, (consulté le ).
  9. a et b Porter et al. 2016, p. 479.
  10. a b c d et e Porter et al. 2016, p. 432.
  11. (en) A. Misarev, « The Adaev horse », sur Socialist, seljsk. Hoz, (consulté le ).
  12. a b c et d Hendricks 2007, p. 4.
  13. a b c d e et f Rousseau 2014, p. 312.
  14. a et b (en) A. Imangaliev, « The Adaev horse », sur Konevod. konnyi Sport, (consulté le )
  15. Rousseau 2014, p. 313.
  16. (ru) Андрей Киладзе, Ольга Чернова, Татьяна Перфилова, Н. Спасская et М. Ибраев, Атлас микроструктуры волос лошадей, Litres,‎ (ISBN 978-5040706068), p. 11
  17. (ru) « Адаевская лошадь », sur zooglobal.ru (consulté le )
  18. a et b (ru) « Успехи и провалы казахстанских фермеров », sur BN (consulté le ).
  19. (en) M. Karashin et K. Ryszhanov, « Pasture fattening of Adaev horses », sur Konevodstvo i Konnyi Sport, (consulté le ).
  20. a et b Pickeral 2003, p. 220.
  21. (en) B. H. Sadykov, « The performance of Adaev horses. », sur Sborn. nauc. Trud. semipalatinsk. zooteh.-vet. Inst, (consulté le )
  22. (ru) Московское общество сельского хозяйства. Центральная сельскохозяйственная библиотека, Алла Анательевна Иванова, И. И. Подвойский, Опыт и достижения новаторов животноводства: Коневодство; указатель литературы, Гос. изд-во культурно-просветительной лит-ры,‎ , 90 p., p. 67-68
  23. (en) N. Semioshkina, G. Voigt, S. Fesenko et A. Savinkov, « A pilot study on the transfer of 137Cs and 90Sr to horse milk and meat », Journal of Environmental Radioactivity, vol. 85, no 1,‎ , p. 84–93 (ISSN 0265-931X, DOI 10.1016/j.jenvrad.2005.06.001, lire en ligne, consulté le )
  24. Khadka 2010, p. 60.
  25. Khadka 2010, p. 65.
  26. Khadka 2010, p. 33.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Hendricks 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks (préf. Anthony A. Dent), « Adaev », dans International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 080613884X et 9780806138848, OCLC 154690199, lire en ligne), p. 3-4. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Kosharov, Pern et Rozhdestvenskaya 1989] (en) A. N. Kosharov, E. M. Pern et G. A. Rozhdestvenskaya, « Horses », dans Animal Genetic Resources of the USSR. Animal Production and Health Paper Publ., Rome, FAO, , 517 p. (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Pickeral 2003] (en) Tamsin Pickeral, Encyclopedia of horses and ponies, Barnes & Noble Books, , 384 p. (ISBN 0760734577 et 9780760734575), p. 220.
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453), « Adaev »Voir et modifier les données sur Wikidata.
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Kazakh », p. 312-313. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleVoir et modifier les données sur Wikidata.

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