Ahrar al-Charkiya
Image illustrative de l’article Ahrar al-Charkiya

Idéologie Islamisme sunnite
Objectifs Renversement du régime baasiste de Bachar el-Assad
Statut Actif
Fondation
Date de formation Janvier 2016
Pays d'origine Syrie
Actions
Zone d'opération Gouvernorat d'Alep
Organisation
Chefs principaux Abou Hatem Shaqra
Membres 100 à 2 000[1]
Fait partie de Armée syrienne libre
Armée nationale syrienne (depuis 2017)
Guerre civile syrienne

Le Ahrar al-Charkiya (arabe : حرار الشرقية, Les « hommes libres de l'Est ») est un groupe rebelle de la guerre civile syrienne.

Logos et drapeaux modifier

Histoire modifier

Fondation modifier

La fondation d'Ahrar al-Charkiya est annoncée en janvier 2016[1],[3]. Affilié à l'Armée syrienne libre[3],[4], le groupe est cependant d'orientation islamiste, voire salafiste, et compte dans ses rangs bon nombre d'anciens combattants d'Ahrar al-Cham et du Front al-Nosra[1],[2],[3],[5]. La fondation du groupe est annoncée en janvier 2016 par Abou Maria al-Qahtani, ancien juge religieux du Front al-Nosra, mais il n'en prend pas la direction[2],[6]. Selon Bellingcat, l'implication d'al-Qahtani dans la formation du groupe n'est pas prouvée[1]. Ahrar al-Charkiya est dirigé par Abou Hatim Shaqra, ou Abou Hatem, un ancien chef d'Ahrar al-Cham[2],[1]. Fin 2017, le groupe intègre l'Armée nationale syrienne[7],[1].

Actions modifier

Constitué en grande partie de rebelles originaires du gouvernorat de Deir ez-Zor, dont ils ont été chassés par l'État islamique en 2014, Ahrar al-Charkiya s'établit d'abord dans le gouvernorat d'Idleb, le gouvernorat de Lattaquié et l'ouest du gouvernorat d'Alep, avant de s'implanter véritablement dans le nord du gouvernorat d'Alep[1],[8],[2]

Ahrar al-Charkiya combat l'État islamique et les Forces démocratiques syriennes dans le nord-ouest de la Syrie[2]. En 2016 et 2017, il participe à l'opération Bouclier de l'Euphrate et à la bataille d'al-Bab, puis en 2018 à la bataille d'Afrine[1],[2],[9]. Ses effectifs sont assez modestes[8],[2].

Le , lors de l'Opération Bouclier de l'Euphrate, un incident éclate entre des hommes d'Ahrar al-Charkiya et des militaires américains. Ce jour-là, plusieurs dizaines de soldats des forces spéciales américaines entrent en Syrie à al-Raï, à la demande, selon le Pentagone, du gouvernement turc. Un groupe de 25 soldats américains accompagnés de rebelles de la Division al-Hamza et de la Brigade al-Moutasem est insulté et menacé par des hommes d'Ahrar al-Charqiya, qui les traitent d'« envahisseurs », d'« infidèles » ou de « croisés », et dénoncent leurs liens avec les YPG. La plupart des groupes rebelles minimisent cependant l'incident qu'ils qualifient de mineur[3],[10],[11],[12],[8],[5],[1]. Ahrar al-Charqiya déclare pour sa part refuser l'entrée de militaires américains en raison du soutien apporté par les États-Unis aux Kurdes du PYD[1].

Les hommes d'Ahrar al-Charkiya se retrouvent mêlés à plusieurs autres incidents, y compris avec d'autres groupes rebelles[1]. Fin 2017, des affrontements éclatent entre des combattants du groupe et la police libre, formée par la Turquie[2]. Le , des combats ont lieu à Afrine entre Ahrar al-Charkiya et la Division al-Hamza[2],[1],[6],[13].

En , le groupe attire à nouveau l'attention lors d'une campagne d'affichage à Afrine[1]. Selon le contributeur de Bellingcat Alexander McKeever : « Plusieurs affiches, collées dans quelques rues principales de la ville, exhortaient les femmes résidentes à suivre les interprétations hyperconservatrices du code vestimentaire islamique et étaient produites en conjonction avec l’organisation de prosélytisme salafiste basée à Idleb, Markaz Idha’aat. Alors qu’à Idleb largement dominée par les djihadistes, il n’est pas rare de voir des femmes porter le niqab – de manière détournée en se couvrant de noir de la tête aux pieds – ce genre de tenue est beaucoup moins répandu dans le territoire du «Bouclier de l’Euphrate» et était presque inexistant à Afrine avant l’arrivée des déplacés venant des environs de Damas. Après avoir provoqué un tollé, ces affiches ont été rapidement enlevées par les citoyens et la police locale, mais cet incident démontre que les penchants idéologiques radicaux d’Ahrar al-Charkiya ne se sont pas dissipés, bien qu’ils aient quitté le climat plus salafiste de Deir ez-Zor et Idleb »[1].

Effectifs modifier

En , Ahrar al-Charkiya affirme que ses effectifs sont montés à 2 000 hommes et qu'il en a perdu 500 autres dans des combats contre l'État islamique[1]. En , au moment de l'opération Source de paix, Ziad Al-Khalaf, le conseiller politique d'Ahrar al-Charkiya, affirme que le groupe compte 2 000 hommes, dont 200 originaires de la région de Tall Abyad[14]. Le nombre est invérifiable selon le contributeur de Bellingcat Alexander McKeever, qui indique que les effectifs du groupe sont généralement estimés entre une centaine et un millier de combattants : « Une partie de l’attrait du groupe est due à la perception de sa compétence au combat par rapport à d’autres groupes sur le terrain, en étant souvent le « fer de lance » des offensives rebelles »[1].

Soutiens modifier

Ahrar al-Charkiya est soutenu par la Turquie qui lui fournit des armes et des véhicules[1].

En 2016, Ahrar al-Charkiya reçoit des missiles antichar BGM-71 TOW, arme alors fournie aux rebelles syriens par les États-Unis[2],[3]. Mais l'aide à ce groupe est ensuite suspendue par le département de la Défense des États-Unis, en raison de divers incidents avec d'autres groupes rebelles[2].

Exactions modifier

Le groupe est suspecté de corruption, d'exactions, de pillages, d'enlèvements, de tortures et de meurtres[3],[2],[1]. Certains combattants ont pratiqué des décapitations sur des corps de combattants ennemis[1]. En , Abou Khalid al-Charkiya, le chef d'Ahrar al-Charkiya à Jarablous, est arrêté après la diffusion d'une vidéo où il agresse sexuellement une adolescente de 13 à 14 ans[2]. Lors de la bataille d'Afrine, des hommes d'Ahrar al-Charkiya commettent également des exactions contre des civils et détruisent des magasins d'alcools[2].

Le , lors de l'Opération Source de paix, les hommes d'Ahrar al-Charkiya exécutent sommairement par balles neuf civils, dont Hevrin Khalaf, une femme politique kurde[15],[16]. Ziad Al-Khalaf, le conseiller politique d'Ahrar al-Charkiya, déclare au journal Le Monde avoir appelé ses hommes avant l'offensive à ne pas commettre d'exactions : « J’ai été très ferme. [...] Je leur ai dit qu’on ne touche pas aux prisonniers, qu’on ne touche pas aux civils, ni aux enfants et aux personnes âgées. Même les arbres et les vaches, on n’y touche pas. Notre religion nous l’interdit »[14]. Il reconnait l'implication de combattants de son groupe dans les tueries et déclare que : « Cet acte irresponsable contrevient aux enseignements de l'armée nationale syrienne. Ses auteurs ont été remis au tribunal formé par le ministère de la défense, au sein du gouvernement intérimaire »[14],[17]. Mais selon Le Monde : « Rien ne garantit que cette déclaration, prise sous la pression médiatique, sera suivie d’effet »[17]. Abou Hatem Shaqra, le chef d'Ahrar al-Charkiya, dément quant à lui l'implication de son groupe dans l'assassinat[18]. Selon Le Monde : « Depuis cette journée d’octobre, le groupe Ahrar Al-Charkiya a laborieusement tenté de se racheter une conduite. La milice a diffusé une vidéo de ses hommes en train de soigner une combattante kurde blessée. D’autres images de propagande, relayées sur son compte Twitter, montrent des hommes, des prisonniers, affirmant être bien traités »[18].

Lien externe modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Alexander McKeever, Les restes de l’opposition de Deir ez-Zor : luttes internes et controverses au nord d’Alep, Bellingcat, 15 août 2019.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o et p Syrie: Ahrar al-Sharqiya, ces anciens d'al-Nosra devenus supplétifs de la Turquie, France Soir, 3 mai 2018.
  3. a b c d e et f « The CIA's TOW Program: A List of Rebel Groups Involved », sur Syria in Brief,
  4. Cody Roche, Factions Fighting in the Syrian Civil War, Bellingcat, 29 avril 2017.
  5. a et b Michael Weiss, « Syrian Rebels Taunt U.S. Troops », The Daily Beast, 30 septembre 2016.
  6. a et b Wassim Nasr, #Syrie après des combats entre Ahrar al-Charkiya (originaires de #DeïrEzzore & ancien allié d’une coalition formée par AbuMaria alQahtani du Front al-Nosra contre l’#EI) et Firkat al-Hamza ces derniers sont chassés d’#Afrin, twitter, 25 mars 2018.
  7. انفوغراف | فصائل الجيش الحر المشاركة في عملية غصن الزيتون, NORS Studies, 30 juillet 2018.
  8. a b et c Luc Mathieu, « Syrie : Ankara pousse l’EI au repli », Libération, 18 septembre 2016.
  9. Zeytin Dalı Harekâtına Katılan Suriyeli Muhalif Gruplar, Suriye Gündemi, 29 janvier 2018.
  10. « Syrie : des forces spéciales américaines déployées en appui des forces turques », France 24 avec AFP, 16 septembre 2016.
  11. Rob Crilly, « US troops forced out of Syrian town by anti-Assad rebels », The Independant, 16 septembre 2016.
  12. « Des soldats américains auraient été chassés du nord de la Syrie , Reuters, 16 septembre 2016.
  13. Clashes take place between a faction whose members come from Deir Ezzor against US-backed faction because of looting Afrin, OSDH, 25 mars 2018.
  14. a b et c Benjamin Barthe et Allan Kaval, Des miliciens syriens pro-Turcs accusés d’exécutions de civils, Le Monde, 13 octobre 2019.
  15. Enquête : des vidéos démontrent les exactions d'une milice proturque dans le nord de la Syrie, Les Observateurs et France 24, 16 octobre 2019.
  16. En Syrie : des preuves de crimes de guerre, Amnesty International, 21 octobre 2019.
  17. a et b Benjamin Barthe et Allan Kaval, Les exactions des miliciens pro-Turcs sèment le chaos dans le Nord-Est syrien, Le Monde, 14 octobre 2019.
  18. a et b Benjamin Barthe et Allan Kaval, En Syrie, le martyre d’Havrin Khalaf, victime des chiens de guerre d’Ankara, Le Monde, 22 novembre 2019