Attentat d'Afrine

attentat de la guerre civile syrienne

Attentat d'Afrine
Localisation Afrine (Syrie)
Cible Civils
Armée nationale syrienne
Coordonnées 36° 30′ 43″ nord, 36° 52′ 10″ est
Date
Type Attentat au véhicule piégé
Morts 51 à 52 au moins[1],[2]
Blessés 47 à 50 au moins[2],[3]
Organisations Non revendiqué
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Attentat d'Afrine

L'attentat d'Afrine du a lieu pendant la guerre civile syrienne.

Contexte modifier

La ville d'Afrine, au nord-ouest de la Syrie, est un bastion des forces kurdes des YPG jusqu'à sa prise, en mars 2018, par l'armée turque et les rebelles syriens de l'Armée nationale syrienne (ANS)[4]. Selon l'ONU, la moitié des 320 000 habitants de l'enclave fuient leurs foyers lors de l'offensive et la majorité d'entre eux ne peuvent ensuite revenir[4]. Des pillages, des assassinats et des enlèvements, parfois suivis de tortures et de disparitions, sont commis par les rebelles[4],[5],[6]. Des milliers de civils évacués de régions reprises par l'armée du régime syrien, notamment de la Ghouta orientale, sont réinstallés dans la région d'Afrine[4]. Selon un rapport de juin 2018[7] par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (OHCHR), il existe des indications fortes d'une campagne volontaire de changement démographique à Afrine depuis la prise de contrôle par la Turquie en mars 2018[8]. Début 2020, le gouvernement fédéral autonome proclamé par les Forces démocratiques syriennes affirme que la proportion de Kurdes est passée de 85% à 20% depuis l'invasion de 2018[9]

Afrine est ensuite touchée par des attentats[4]. Le , deux véhicules piégés explosent près de positions de l'ANS et de l'armée turque, faisant au moins neuf morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), dont quatre rebelles et cinq civils[10],[11]. La cible de cet attentat aurait été Samir Ali Kaaka, responsable religieux du groupe Jaych al-Islam[12]. Le , l'explosion d'un véhicule piégé dans un marché aux légumes fait au moins neuf morts et une vingtaine de blessés, tant parmi les rebelles que parmi les civils[13],[14],[15]. L'organisation ayant mené l'attaque est alors indéterminée[16]. Le , l'explosion d'une bombe dans un bus cause la mort de trois civils et fait neuf blessés, dont des rebelles[17]. Le , un véhicule piégé explose près d'un barrage contrôlé par l'ANS et fait au moins 13 morts — quatre rebelles, un corps non identifié et huit civils dont deux enfants — et plus de 30 personnes sont blessées[18],[19],[20]. Selon l'agence Reuters : « Les habitants et les insurgés soupçonnent les miliciens des YPG d'être à l'origine de ces attaques pour déstabiliser la zone qu'ils contrôlaient avant l'offensive turque »[13].

Déroulement modifier

Le , dans l'après-midi, un camion-citerne chargé de carburant explose à Afrine sur le marché de Souk Ali, dans la rue Raju, à quelques mètres de la résidence du gouverneur[2],[4],[3].

Une seconde attaque a lieu ce même jour[21]. Selon l'OSDH, un engin explosif improvisé explose ensuite dans le quartier d'al-Mahmoudiya, mais sans faire de victime[22].

Bilan humain modifier

Le jour même de l'attaque, le ministère turc de la Défense annonce que l'explosion a fait au moins 40 morts, dont 11 enfants, et 47 blessés[3],[23]. Il affirme que toutes les victimes sont des civils[3],[23].

Le média kurde Firat news agency, proche du PYD et du PKK, affirme pour sa part que 15 « mercenaires » de la Division Sultan Mourad, un groupe de l'ANS, ont été tués dans l'attentat[24].

Le même jour, les Casques blancs donnent un bilan d'au moins 42 morts[3] et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) donne un bilan d'au moins 36 morts[4] qui passe le lendemain à au moins 52 morts et 50 blessés[2]. L'ONG dénombre également au moins onze enfants et douze rebelles parmi les victimes[2].

Le 8 mai, Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, rapporte dans un communiqué que l'attentat a fait 51 morts, dont au moins 29 civils[1],[25].

Responsabilités modifier

L'attentat n'est pas revendiqué[4]. Le ministère turc de la Défense attribue aussitôt l'attaque aux YPG[4],[3].

Les Forces démocratiques syriennes et les YPG démentent quant à elles toute responsabilité et déclarent qu'elles condamnent l'attentat[26]. Mazloum Abdi, commandant des FDS, condamne l'attaque[27]. Le 29 avril, l'Assemblée démocratique syrienne, liée au FDS et au YPG, déclare qu'elle condamne « toutes attaques sur les civils ainsi que l'attaque terroriste à Afrine », faisant appel à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelle à respecter les civils et à une solution politique au conflit[28]. Elle accuse également les milices occupant Afrine, soutenues et armées par la Turquie, de mener ces attentats[28],[29].

Des parties d'opposition, incluant des groupes liés à la Turquie, ont condamné l'attaque et porté la responsabilité(à clarifier) sur celle-ci[2].

Le 29 avril, le gouvernement turc annonce avoir interpelé l'auteur de l'attaque dans la province turque d'Hatay[30].

Réactions modifier

Références modifier

  1. a et b L'ONU accuse des belligérants en Syrie de profiter de la pandémie pour attaquer les civils, OLJ, 8 mai 2020.
  2. a b c d e et f Afrin carnage: death toll jumps to 52 persons, amid condemnation by opposition parties and organizations against Turkish authorities, OSDH, 29 avril 2020.
  3. a b c d e et f Syria war: Dozens killed in truck bomb attack at Afrin market, BBC, 28 avril 2020.
  4. a b c d e f g h i et j Plus de 40 morts dans l'attentat au camion-citerne piégé à Afrine, selon le nouveau bilan de l'OSDH, AFP, 29 avril 2020.
  5. Effrayés, des Syriens d'Afrine accusent les rebelles de multiples abus, AFP, 12 octobre 2018.
  6. Syrie : Amnesty appelle Ankara à stopper de "graves violations" à Afrine, AFP, 2 août 2018.
  7. United Nations High Commissioner for Human Rights, « Between a Rock and a Hard Place – Civilians in North-western Syria », Monthly Human Rights Digest,
  8. Wladimir van Wilgenburg, « Two years after Turkey's attack on Afrin, Syrian Kurds vow resistance », sur www.kurdistan24.net, (consulté le )
  9. Mireille Court et Chris Den Hond, Rojava occupied, Le Monde diplomatique, février 2020.
  10. Syrie: un double attentat à Afrine fait 9 morts, Le Figaro avec Reuters, 27 juin 2018.
  11. Twin blasts tear through Syria’s Afrin, killing at least nine, OSDH, 27 juin 2018.
  12. (ar) Syria Now, « انفجار عفرين أستهدف أبو عبد الرحمن كعكه القائد الشرعي ... » [« L'explosion d'Afrine visait Abou Abdarrahman Kaaké, le responsable de la charia... »], sur Facebook,‎ (consulté le )
  13. a et b Suleiman Al-Khalidi, Explosion dans le nord-ouest de la Syrie, neuf morts, Reuters, 17 décembre 2018.
  14. Paul Khalifeh, Syrie: explosion d’une voiture piégée près d'un marché à Afrine, RFI, 16 décembre 2018.
  15. Syrie: neuf morts dans l'explosion d'une voiture piégée à Afrine, AFP, 16 décembre 2018.
  16. (en) « Car bomb kills 9 people in Syria’s Afrin: monitor », South China Morning Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Syrie : attentats à Damas et Afrine, Le Monde avec AFP, 20 janvier 2019.
  18. Syrie : 13 morts dans l'explosion d'une voiture piégée à un barrage rebelle à Afrine, Reuters, 13 juillet 2019.
  19. Syrie: plus de 100 combattants tués dans des affrontements entre régime et jihadistes, AFP, 12 juillet 2019.
  20. Paul Khalifeh, Syrie: deux attentats en 24 heures à Afrin et Qamichli, RFI, 11 juillet 2019.
  21. « 2nd bombing rocks Syria's Afrin after first kills 40 », sur Xinhua (consulté le ).
  22. New blast hits Afrin after deadly fuel truck explosion which killed 40 people, including 11 children and six members of Turkish-backed factions, OSDH, 28 avril 2020.
  23. a et b Nur Asena Gülsoy, Syrie : au moins 40 civils tués dont 11 enfants dans une attaque terroriste du YPG/PKK à Afrin, Agence Anadolu, 28 avril 2020.
  24. Explosion kills at least 15 mercenaries in Afrin, ANF News, 28 avril 2020.
  25. Syrie : Michelle Bachelet met en garde contre une bombe à retardement qui ne peut être ignorée, ONU Info, 8 mai 2020.
  26. Syrian Kurdish groups deny responsibility for bloody Afrin bombing, Al-Monitor, 29 avril 2020.
  27. (en) « SDF commander Kobani condemns deadly attack in Syria's Afrin », sur Ahval (consulté le )
  28. a et b « Mazlum Ebdi Efrin'deki saldırıyı kınadı », sur mezopotamyaajansi.com (consulté le )
  29. (en) « Kurdish authorities in northeast Syria condemn 'cowardly' Afrin bombing », sur www.rudaw.net (consulté le )
  30. (en) « Turkish security forces nab YPG/PKK terrorist suspected of Afrin attack », sur Daily Sabah (avec l'Anadolu Agency), (consulté le )
  31. « OHCHR | Syria: Bachelet warns of ‘ticking time-bomb’ as civilian killings mount », sur www.ohchr.org (consulté le )
  32. (en) Elizabeth Hagedorn, « Civilian killings in Syria are a ‘ticking time bomb,’ UN commissioner says », sur Al-Monitor, (consulté le )
  33. (en) « Eleven children reported killed in an attack on a crowded market in Afrin, north of Syria - Syrian Arab Republic », sur ReliefWeb (consulté le )
  34. (en) « United Nations Resident Coordinator and Humanitarian Coordinator for Syria, Imran Riza, and Regional Humanitarian Coordinator for the Syria Crisis, Kevin Kennedy – Joint Statement on Civilian Casualties in Afrin, Syria [EN/AR] - Syrian Arab Republic », sur ReliefWeb (consulté le )