Bataille de Chora
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Un PzH 2000 de l'armée néerlandaise effectue un tir contre une position talibane à Chora en Afghanistan le 16 juin 2007.
Informations générales
Date 15 - 19 juin 2007
Lieu Province d'Orozgân
Issue Victoire de la Coalition
Belligérants
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Australie Australie
Taliban
Commandants
Drapeau des Pays-Bas Hans van Griensven
Drapeau des Pays-Bas Rob Querido
Drapeau des Pays-Bas Larry Hamers
Drapeau de l'Afghanistan Rozi Khan
Mollah Mutalib
Mollah Ismaël
Forces en présence
Drapeau des Pays-Bas
500+ hommes
6 avions F-16 Fighting Falcon

Drapeau de l'Afghanistan
100 policiers
150 à 200 miliciens

inconnues
Pertes
Drapeau des Pays-Bas 2 morts
Drapeau de l'Afghanistan 16 morts
Drapeau des États-Unis 1 mort
Drapeau de l'Australie 1 mort
71 morts

Civils : ~ 65 morts

Guerre d'Afghanistan

Coordonnées 32° 51′ 10″ nord, 66° 05′ 05″ est
Géolocalisation sur la carte : Afghanistan
(Voir situation sur carte : Afghanistan)
Bataille de Chora

La bataille de Chora oppose, durant la guerre d'Afghanistan, la guérilla talibane aux forces afghanes et aux forces occidentales, notamment, pour cette bataille, aux forces néerlandaises. Elle a eu lieu du 15 au 19 juin 2007 à Chora, village de 3 000 habitants, dans la province d'Oruzgan.

Contexte modifier

Le village de Chora, sur la route de la capitale provinciale de Tarin Kowt et du district de Gizab, est un lieu stratégique pour les talibans. Lors de leur offensive estivale de 2007, les insurgés lancent mi-juin une attaque pour s'emparer du village. En face, la zone est tenue par un peu plus de 150 soldats néerlandais, dont le nombre passe, par l'arrivée de renforts, à 500 le 18 juin[1], une centaine de soldats australiens et 250 à 300 policiers et miliciens afghans.

La bataille modifier

Le 15 juin, une patrouille néerlandaise est touchée par une attaque suicide qui tue un soldat de la FIAS et plusieurs civils[2]. Le lendemain, par leurs appareils de surveillance aérienne, les américains repèrent un groupe de rebelles se dirigeant vers Chora et préviennent la garnison néerlandaise[2]. Peu après, des postes de police afghans, situés le long de la route entre Chora et Tarin Kowt, sont attaqués simultanément et les talibans s'emparent aussi de zones résidentielles[2]. Des troupes de l'infanterie néerlandaise sont envoyées en renfort. L'aviation de l'OTAN commencent aussi en soutien une série de raids contre les combattants talibans[2]. La bataille de Chora s'engage. Cette bataille, qui va durer quatre jours, est la plus importante de son histoire pour l'armée néerlandaise depuis la guerre de Corée, en 1950[2].

Outre l'intervention aérienne, des obus sont tirés dans la nuit du 16 au 17 juin vers les quartiers résidentiels où des talibans sont censés s'être infiltrés[2]. Les 17 et 18 juin, d'autres renforts néerlandais arrivent à Chora[1]. Six F-16 néerlandais interviennent aussi pour soutenir leur infanterie[2],[3]. Les talibans continuent cependant de progresser et ils prennent le contrôle de plusieurs quartiers résidentiels. Cette progression est arrêtée le 18 au soir. Le 19, une contre-offensive des défenseurs néerlandais et afghans permet de reprendre le contrôle des quartiers résidentiels et les postes de police dont les talibans s'étaient emparés le 16 juin[1].

Pertes modifier

Les combats urbains ont fait de nombreux morts parmi les civils. Au moins 61 d'entre eux ont été tués[4]. La Coalition perd 20 morts (16 policiers afghans, 2 Néerlandais, 1 Américain et 1 Australien) tandis que les pertes talibanes sont estimées à 71 morts[2],[4].

Enquêtes sur les morts civils modifier

Dans les jours qui suivent la bataille, des enquêtes sont déclenchées par les autorités militaires concernées. Elles concernent notamment le détail du déroulement des opérations et les morts de civils[3],[5]. Les personnalités politiques et les journalistes qui tentent, après cette bataille, d’obtenir des informations se heurtent par contre au silence des autorités[2]. Deux journalistes du quotidien De Telegraaf affirment que les militaires ont reçu également l’ordre de se taire[2].

Suites judiciaires devant un tribunal de La Haye en 2021/2022 modifier

Un procès, intenté contre l’État néerlandais par quatre citoyens afghans, parents de personnes tuées lors des combats, s’ouvre fin mars 2021, devant un tribunal de district de La Haye[2]. Le jugement est rendu en novembre 2022[6],[7]. Ce jugement impose à l’État néerlandais d'indemniser les victimes des bombardements néerlandais ayant détruit un immeuble résidentiel lors de la bataille[6]. Dans son jugement, le tribunal constate que le ministère de la Défense n’avait pas précisé comment il était parvenu à la conclusion d'une utilisation par les talibans de cet ensemble de constructions civiles[6]. Le tribunal estime que l’État a violé le principe de distinction du droit international humanitaire, qui impose aux belligérants de faire constamment la distinction entre la population civile et les combattants des deux bords[6].

Notes et références modifier

  1. a b et c (nl) Noël van Bemmel, « Infanteristen, commando's: iedereen vecht tegen Taliban », de Volkskrant,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f g h i j et k Jean-Pierre Stroobants, « Quatre Afghans attaquent les Pays-Bas pour une « bavure » tragique en 2007 », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a et b (nl) Paul Brill, « 'Ze schoten een magazijn op me leeg' », de Volkskrant,‎ (lire en ligne)
  4. a et b « Operation Enduring Freedom: Coalition », sur iCasualties.org
  5. « Une erreur mortelle », Société Radio-Canada,‎ (lire en ligne)
  6. a b c et d (en) Sofia Stuart Leeson, « Dutch must compensate victims of 2007 Afghan bombing », EurActiv,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Marten Zwanenburg, « Dutch Judgment on IHL compliance in Chora District, Afghanistan », Lieber Institute for Law and Warfare - West Point,‎ (lire en ligne)