Bataille de Dunkerque

bataille de la Seconde Guerre mondiale

La bataille de Dunkerque commence le . Pendant cette bataille l'opération Dynamo permettra l'évacuation de Dunkerque de l'armée britannique (incluant les forces canadiennes) effectuée du au avec l'appui de l'armée française contre l'armée allemande. En tout, 338 226 hommes, comprenant environ 120 000 soldats français et belges, seront évacués vers le Royaume-Uni.

Bataille de Dunkerque
Description de cette image, également commentée ci-après
Troupes britanniques à Dunkerque.
Informations générales
Date du 20 mai au
Lieu Dunkerque
Issue Victoire allemande, « opération Dynamo » alliée réussie (85% des troupes évacuées)
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France
Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau du Canada Canada
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau de la France Général Weygand
Drapeau du Royaume-Uni Lord Gort
Drapeau de l'Allemagne nazie Gerd von Rundstedt
Drapeau de l'Allemagne nazie Ewald von Kleist
Forces en présence
400 000 hommes 800 000 hommes
Pertes
48 000 morts
34 000 prisonniers
177 avions abattus
20 000 morts ou blessés
240 avions abattus

Seconde Guerre mondiale,
Bataille de France

Batailles




Percées de la Meuse et rupture du front belge :


Tentatives de contre-attaques alliées :


Défense des ports de la Manche et rembarquement britannique à Dunkerque :


Effondrement de la Ligne Weygand, avancée allemande sur la Seine et évacuation des troupes alliées :


Front italien et percée allemande dans le Sud :
Coordonnées 51° 02′ 03″ nord, 2° 22′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : Nord
(Voir situation sur carte : Nord)
Bataille de Dunkerque
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
(Voir situation sur carte : Hauts-de-France)
Bataille de Dunkerque
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Dunkerque

Cette appellation de « bataille de Dunkerque » vient du fait que cette retraite a été présentée par Winston Churchill comme une victoire (85% des troupes ayant été évacuées).

Bousculé par le Blitzkrieg engagé par l'armée allemande lors de la bataille de France, le front est rompu par la percée de Sedan. L'armée britannique ainsi que les unités les plus modernes de l'armée française battent en retraite vers le nord de la France, elles sont alors coupées des troupes françaises situées au sud.

La retraite des troupes britanniques en vue de leur évacuation du territoire français entraîne l'encerclement de ces dernières et de nombreuses unités françaises à Dunkerque. Les troupes françaises mènent alors une résistance héroïque et désespérée, en particulier la 12e division d'infanterie motorisée à partir du fort des Dunes, destinée à gagner un laps de temps nécessaire à l'embarquement de l'essentiel des troupes britanniques et de plusieurs unités françaises et belges vers l’Angleterre, aidées par l'indécision d'Adolf Hitler qui confirma un ordre d'arrêt (Haltbefehl) du général von Rundstedt des armées allemandes devant Dunkerque.

L'évacuation s'est opérée à l'aide de navires de la Royal Navy et de bateaux de la marine marchande réquisitionnés pour traverser la Manche, tandis que la RAF lutte dans le ciel pour couvrir l'opération.

Les troupes et le matériel n'ayant pas pu être embarqués sont capturés par la Wehrmacht, mais la réussite du sauvetage du gros des troupes a permis au Royaume-Uni de préserver une part importante de son armée afin de poursuivre la lutte contre le Troisième Reich.

L'opération Dynamo modifier

Le mouvement de retraite stratégique consiste à la fois dans une opération maritime de rembarquement et dans une opération terrestre de protection de la poche de Dunkerque où, prises en étau par les troupes allemandes, et sous le feu de leur aviation et de leur artillerie, les forces alliées évacuent vers l'Angleterre.

Le , deux divisions de panzers commandées par Heinz Guderian atteignent Abbeville et la mer. La Wehrmacht parvient ainsi à couper les armées alliées en deux. Un million de soldats français, belges et britanniques sont isolés entre la Manche et les troupes allemandes dont les chars poursuivent leur progression vers la côte. Le , les avant-gardes de Guderian établissent six têtes de pont sur l'Aa et atteignent Bourbourg. Elles ont pratiquement le champ libre lorsqu'un ordre impératif du général von Rundstedt, confirmé par Hitler, les stoppe jusqu'au matin du .

Plusieurs théories d'historiens ont tenté d'expliquer cet ordre.

La première veut que ce soit Rundstedt, commandant du groupe d'armées A, qui ait voulu un arrêt pour repositionner (recoller en langage militaire) ses troupes, tout en évitant une contre-attaque de flanc qu'il redoutait. Depuis un ouvrage de K.-H. Frieser, Le mythe de la guerre éclair, il est en effet admis qu'Hitler n'a fait que confirmer l'ordre d'arrêt de son général, désavouant l'état-major qui voulait au contraire absolument continuer les combats et s'attribuer le coup de faucille de Sedan (Plan Jaune sur une idée de Manstein) et renvoyant à Rundstedt la décision définitive à prendre. Frieser[1] argue, par ailleurs, que dans sa directive no 13, Hitler a bien donné l'ordre le 24 mai 1940 de préparer « l'anéantissement des forces franco-belgo-anglaises enfermées dans les Flandres et l'Artois ». Il ne voulait donc pas ménager la Grande-Bretagne, comme il le dira plus tard, pour des raisons politiques, comme certains auteurs le dirent, en stoppant son armée.

Cet argument affaiblit la seconde théorie qui se base sur l'idée qu'Hitler, pour des raisons diplomatico-stratégiques et contre l'avis de ses généraux qui, en dehors de Rundstedt voulaient poursuivre, aurait voulu obtenir des Britanniques un accord de paix en écartant une solution d'humiliation, afin de lui permettre d'attaquer l'URSS dans la future opération Barbarossa. Cette thèse lui imputerait la faute stratégique énorme de cet ordre d'arrêt de l'offensive, faute qui marque un vrai tournant de la guerre. La thèse, de moins en moins défendue, s'appuie sur les dires postérieurs d'Hitler qui a tenté au cours de la guerre de se présenter en homme raisonnable recherchant la paix avec la Grande-Bretagne.

Dans ses mémoires, éditées en 1959, W. Churchill adoptait déjà la thèse que consolidera Frieser en s'appuyant sur des documents allemands dont le journal du quartier général de Rundstedt (écrit à l'époque) qui précise que lors de sa visite au général, Hitler adopta le point de vue exposé par celui-ci. Il se déclara « entièrement d'accord ». Le journal rapporte, indique Churchill, que « la IVe armée protesta contre cette restriction » (ne pas attaquer Dunkerque). Il ajoute : « Il est donc par conséquent certain que les unités blindées ont été arrêtées et que cela s'est fait non à l'initiative d'Hitler mais à celle de Rundstedt. »[2]

Parmi les autres hypothèses, on peut signaler celle qui affirme qu'Hitler aurait voulu donner à Goering la possibilité de mettre en valeur la Luftwaffe en détruisant l'armée britannique par l'aviation ce qu'il réclamait, inconscient de la fatigue des pilotes et surtout de l'éloignement des bases aériennes. Pour ses partisans, cette thèse reprend le thème de la jalousie du dictateur vis-à-vis de ses généraux qui s'attribuaient la gloire de la réussite inespérée de la percée de Sedan et de son prolongement vers la Manche. Avec Goering, il les écartait. La directive no 13 d'Hitler confirme cette option aérienne et la rend compatible avec l'ordre d'arrêt confirmé de Rundstedt.

L'armée britannique ayant décidé d'évacuer le territoire français, les Alliés profitent de l'aubaine : ils se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un corridor s'étendant de la région lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur afin de regrouper leurs troupes dans une poche allongée et ouverte sur la mer qui laisse place à deux options. L'état-major français désormais dirigé par le général français Weygand misait sur une contre-attaque qui permettrait de se dégager vers le sud. Mais le chef du corps expéditionnaire britannique, le général Gort, préfère évacuer ses positions et sans prévenir ni le gouvernement britannique ni ses alliés, il fait retraite vers les ports de la Manche. Le lendemain, le cabinet de guerre britannique, mis devant le fait accompli, confirme cette décision unilatérale, mais toujours sans prévenir ses alliés : « En de telles conditions, une seule issue vous reste : vous frayer un chemin vers l'ouest, où toutes les plages et les ports situés à l'est de Gravelines seront utilisés pour l'embarquement. La marine vous fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force vous apportera un soutien total… ».

Les troupes britanniques abandonnent donc la droite de l'armée belge pour retraiter précipitamment en vue de se rembarquer à Dunkerque. Dès ce moment, le roi et l'état-major belges se sentent abandonnés, ainsi que le relate l'attaché militaire britannique auprès du roi Léopold III, lord Keyes. Le à quatre heures du matin, le roi Léopold III, chef de l'armée belge capitule, après la bataille de la Lys, décision violemment contestée en France et en Angleterre et par son propre gouvernement, mais aussi par son conseiller militaire et plusieurs historiens, notamment le professeur Henri Bernard de l'École royale militaire belge[3], qui estime que l'armée belge (600 000 hommes) même fort entamée à la fin mai, aurait dû mieux coordonner ses mouvements avec les Français et les Britanniques.

Le , le général Henri Vernillat, commandant la 43e division d'infanterie, se voit confier par l'amiral Abrial, la responsabilité du regroupement des grandes unités et éléments organiques d'armée et de corps d'armée. Ce regroupement doit se faire dans une zone boisée située à l'est de Bray-Dunes et au sud-ouest de la Panne[4].

La « poche de Dunkerque » le 21 mai 1940.

Le vice-amiral Bertram Ramsay, chef de l'opération, installe son quartier général dans une cave du château de Douvres, où avait fonctionné, jadis, un groupe électrogène. Pour cette raison, l'opération est baptisée « opération Dynamo ». Elle durera neuf jours pleins : du dimanche 26 mai au mardi 4 juin.

Le , le corridor s'est rétréci comme une peau de chagrin : il ne s'étend plus maintenant que, côté mer, des environs de Dunkerque au petit port belge de Nieuport, aux canaux de Bergues à Furnes et de Furnes à Nieuport, côté terre.

Le général Bertrand Fagalde, commandant du XVIe corps d'armée rattaché à la 7e armée, qui est intervenu aux Pays-Bas puis en Belgique et se replie devant la puissance des armées ennemies par étape, doit se replier sur Dunkerque. Il est chargé, sous l'autorité de l'amiral Abrial, de la défense de la tête de pont de Dunkerque, responsabilité écrasante. En réalité, il s'agira de couvrir les embarquements des Britanniques qui ne participeront pas à la défense rapprochée de la tête de pont. Il faudra ensuite essayer d'embarquer le maximum de Français.

Le , les chars allemands atteignent la Manche, coupant les Alliés, au nord, du reste de la France. Enfermé dans un quadrilatère dont les limites terrestres sont respectivement : à l'ouest, le canal de Mardyck et la trouée de Spycker ; au sud, le canal de la Haute-Colme puis la Basse-Colme ; à l'est, la région des Moëres et les blocs frontières de Ghyvelde et Bray-Dunes ; soit une longueur de 22 km et une profondeur de 10 km avec les amiraux Platon et Abrial, les généraux Blanchard, Beaufrère, La Laurencie, Alaurent, Janssen (commandant de la 12e DIM tué le avec plusieurs de ses officiers par une bombe allemande au fort des Dunes) dans la poche de Dunkerque avec 400 000 hommes et un matériel immense. Les Allemands bombardent la ville et la défense française et britannique se fait d’heure en heure plus sporadique, d’autant que les Britanniques ont reçu l’ordre d’embarquer coûte que coûte et n’apportent pas vraiment leur aide au combat au sol et qu’ils ont déjà embarqué leur artillerie et la DCA. Les bombardements ininterrompus, la peur, la faim, la soif (il n’y a plus d’eau mais on ne manque pas d’alcool) et la fatigue brisent les nerfs des troupes.

Le , le gouvernement Churchill décide de retirer le corps expéditionnaire britannique (BEF) de France et le secrétaire d'État à la Guerre Anthony Eden ordonne au commandant du BEF, le général Gort, de ne pas révéler à ses alliés la volonté de l'armée britannique de se replier de l'autre côté de la Manche. De son côté, Churchill continuera de rassurer son alter ego français, Paul Reynaud, en l'assurant du soutien britannique, ainsi que le Premier ministre belge, Hubert Pierlot, afin que les troupes belges poursuivent le combat en dépit de l'envahissement total de la Belgique. L'armée belge tiendra ses positions pendant cinq jours, notamment lors de la Bataille du Canal Ypres-Comines, retardant l'avancée du groupe d'armée B allemand.

L'évacuation de Dunkerque, l’opération Dynamo, commence le , avec l'espoir de sauver jusqu'à 45 000 hommes… 338 226 sont évacués lorsque le dernier navire quitte Dunkerque, à h, le .

Lord Gort avait reçu l'ordre de ne pas informer les généraux français et belge du début de l'évacuation, conduisant d'ailleurs à la retraite des troupes britanniques au sud-est de Dunkerque, laissant sept divisions françaises seules face aux troupes allemandes. Elles combattirent, comme les Belges, jusqu'à l'épuisement de leurs munitions, clouant sur place les forces adverses et retardant l'assaut final sur Dunkerque.

L'amiral Abrial, mis devant le fait accompli, déclarera que comme il ne lui était plus possible, désormais, de compter sur l'appui britannique, il mènerait à bien la mission qui lui avait été confiée, en combattant, si nécessaire jusqu'à la mort, pour permettre le rembarquement d'autant de troupes que possible.

Le , le casino de Cassel abrite une réunion de l'état-major britannique préparant le lancement de l'opération Dynamo pour évacuer ses troupes à Dunkerque. Deux officiers, dont un général, y sont tués par une bombe allemande.

L’embarquement des troupes sur les navires se fait dans le plus grand désordre, les Britanniques privilégiant leurs propres troupes. Dans la panique, les scènes les plus regrettables[5] et les actes de bravoure se côtoient, mais le nombre de morts augmente d’heure en heure autant par noyade que sous le feu de l’ennemi. Dans les faits, si les troupes belges et françaises ne purent embarquer qu'après que le contingent britannique l'eut été, cela a permis de sauver 140 000 soldats belges et français, qui seront presque tous renvoyés sur le continent pour continuer la guerre. Théoriquement du moins, puisque l'armistice les surprendra le 22 juin dans leur retraite ou leur cantonnement.

Le , l'opération Dynamo est achevée, le drapeau à croix gammée flotte sur le phare de Dunkerque. En neuf jours, 338 226 combattants seront évacués, dans des conditions inouïes. Fait souvent oublié ou négligé, l'évacuation réussie de Dunkerque incombe beaucoup au sacrifice héroïque de l'armée française du général Fagalde qui contint partout l'ennemi, en dépit d'un manque d'armes lourdes et d'une infériorité numérique patente (1 contre 10 voire 1 contre 30 dans certains secteurs).

Les divisions et régiments français ayant pris part à la défense de Dunkerque modifier

Certains régiments cités ci-dessus étaient déjà réduits à l'état de résidus lors de la défense des évacuations (à la suite des batailles précédentes).

La noria des little ships modifier

Embarquement des troupes britanniques.

Rassembler en aussi peu de temps une petite armada n'est pas chose aisée. Qu'à cela ne tienne, la Royal Navy détache immédiatement 39 destroyers, des dragueurs de mines et quelques autres bâtiments. Mais c'est insuffisant, car la faible déclivité des plages oblige les navires de fort tonnage à mouiller au large. Il faut dès lors mobiliser des ferries, des chalutiers, des remorqueurs, des péniches, des yachts et d'autres embarcations encore plus modestes, les désormais célèbres little ships. Il en vient 370 équipés tout au plus de deux mitrailleuses.

Il faut ensuite organiser cette « noria ». Entre Dunkerque et Douvres, la route la plus directe est la route « Z », longue de 60 km, mais elle est à portée des canons allemands à la hauteur de Calais. La route « Y » évite cet inconvénient à ceci près qu'elle met Dunkerque à 130 km de Douvres, qui plus est, elle constitue un terrain de chasse pour les vedettes lance-torpilles de la Kriegsmarine. La voie la plus praticable est la route « X », longue de 80 km, elle ne sera toutefois déminée que le 29 mai.

Malgré la vigilance de la RAF, le principal danger vient des airs. Le 29 mai par exemple, 400 bombardiers allemands, protégés par 180 Messerschmitt, ont méthodiquement pilonné Dunkerque, tout en mitraillant les plages sans omettre de bombarder les bâtiments croisant au large. Ce jour-là, le bilan des pertes est tellement lourd que l'Amirauté décide d'arrêter l'opération : au total, près de 250 embarcations sont envoyées par le fond. Les vedettes lance-torpilles et les avions auront raison des contre-torpilleurs français Jaguar et Chacal, des torpilleurs Bourrasque, Siroco et l'Adroit. Le plafond des nuages, souvent très bas, et la fumée des incendies gênent toutefois la Luftwaffe, laquelle ne peut sortir ses escadrilles que les 27, 29 mai et 1er juin.

Les opérations de rembarquement sont incommodes. Il y a trop d'hommes et pas assez de bateaux. Pour s'échapper, il faut soit être accepté à bord d'un navire accostant au môle est du port (l'actuelle jetée s'avance en effet de 1 500 mètres dans la mer), soit rejoindre la plage et avancer en file indienne jusqu'à une embarcation légère qui fait le va-et-vient entre le rivage et le bâtiment au large. La machine s'est rodée : le premier jour, 7 669 hommes ont pu rejoindre un port allié, 17 804 le second, 47 310 le troisième, 53 823 le quatrième.

Un grand nombre des 48 000 morts alliés de Dunkerque le sont sur les bateaux coulés : notamment noyés ou brûlés. Les autres sont victimes des bombardements sur le port ou sur les plages de Dunkerque ou Malo-les-bains.

Le 4 juin à h 20, le Shikari, chargé à ras bord de soldats, quitte le môle pour sa dernière rotation. À 10 h, l'armée allemande investit Dunkerque. Parmi les évacuations réussies, mentionnons celle de la barge anglaise Beatrix Maud, commandée par le lieutenant français Joseph Héron qui réussit, dans la nuit et la journée du 3 au 4 juin 1940, à évacuer près de 340 hommes de troupe et gradés jusqu'à Douvres. Ils échappèrent ainsi à la captivité. À la suite de cet exploit, le lieutenant Héron reçut la croix de Guerre avec étoile d'argent[6]. On peut aussi évoquer celle du Princess Elizabeth qui évacuera 1 673 soldats dont 500 français vers Douvres.

Pour symbolique qu'elle soit, l'intervention des little ships doit être ramenée à sa juste proportion, les volontaires n'ont été informés de l'ordre d'évacuation qu'à compter du 31 mai 1940 à 18 h 00, ce qui a permis de sauver 26 500 personnes, soit un peu moins de 10 % du total des soldats évacués.

Les sauvetages en mer réalisés par les bateaux présents sur place modifier

Sauvetage des passagers déjà embarqués sur des bateaux et victimes de mines, de sous-marins ou de la Luftwaffe. Au total, plus de 8 000 personnes seront sauvées en mer[7].

Date Navire(s) et autre Nombre de personnes sauvées
20 mai Le Pavon et l'Ophelie 60
21 mai Le Niger et le Notre-Dame-de-Lorette 112
22 mai Le Portrieux 30
23 mai L'Orage, le Jaguar et des aviateurs 136
24 mai Le Chacal et un aviateur 29
25 mai Le Dyck et un dragueur de mine les deux équipages
26 mai Le Sainte-Camille 25
Durant l'opération Dynamo
27 mai Le Sequacity 13
27 mai L'Aden équipage
28 mai Le Queen-of-Channel 900
28 mai Le Floride 1
29 mai Le Douaisien, le Clan-Mac-Alister, le Mona's-Queen, le Wakefuk, le Grafton et le Creasted-Eagle 1 820
29 mai Le Grenade indéterminé
29 mai Remorquage d'un destroyer un marin anglais
30 mai Le Bourrasque 800
31 mai Le Sirocco 270
1er juin Le Foudroyant 132
1er juin Le Scotia, le Havant, le Brighton-Queen et le Keith 2 020
2 juin Des chalutiers belges 20
2 juin Le Getuigt-Voor-Cliristus équipage plus 5 personnes
3 juin Le Maréchal-Foch équipage
4 juin L'Alcyon 60

Un sauvetage de 6 personnes sur une baleinière initialement donnée le 3 juin a été en réalité réalisé le 5 juin, donc après la bataille de Dunkerque sur réquisition des allemands. Ramenés par le canot de sauvetage de Gravelines les 6 soldats, dont deux blessés, ont été faits prisonniers de guerre[8]. Nota Les nombres de personnes sauvées sont des valeurs minimales.

Caboteurs néerlandais modifier

Un rôle peu connu est celui des caboteurs néerlandais. Vingt-neuf d'entre eux ont pu échapper à l'occupation allemande aux Pays-Bas et sont allés aider les soldats sur les plages de Dunkerque. Ils ont sauvé 23 000 hommes. Parmi eux, huit ont sauvé chacun plus de mille soldats. Le Rian (232 tonnes) tient le record absolu : entre le 28 et le 31 mai, le caboteur a sauvé 2 542 hommes. Le navire a sombré près de l'île de Man en 1946. Au total, sept des caboteurs néerlandais furent perdus pendant le sauvetage des soldats de Dunkerque[9].

Les 35 000 derniers soldats français modifier

En neuf jours, 338 226 combattants (dont 123 095 Français) ont pu être évacués sur une mer d'huile. La Wehrmacht a capturé quelque 35 000 soldats, dont la quasi-totalité sont des Français. Parmi eux des soldats de ce qui reste des 12e DIM, 68e DI, 21e DI, 32e DI et 60e DI qui ont protégé l'évacuation jusqu'au dernier moment et n'ont pas pu embarquer. Ceux qui n'ont pas été tués ont été faits prisonniers, le 4 juin 1940 au matin, dont la majeure partie sur la plage de Malo-les-Bains.

Monument aux morts à Dunkerque.

Conséquences modifier

Fêlure dans l'alliance franco-britannique modifier

L'évacuation de Dunkerque suscite néanmoins une certaine aigreur chez les responsables français. Weygand et d'autres feront notamment grief aux Britanniques d'avoir fait échouer la contre-attaque sur Arras. Les relations entre les Alliés, souvent assez confuses, avec des difficultés de communication perceptibles à bien des échelons, seront désormais placées sous le signe de la méfiance. Bien informée, la propagande allemande annonce à la radio que « les Anglais se battront jusqu'au dernier Français » et abandonnent les Français : l'effet est dévastateur et Churchill, très conscient du risque politique que cela représente, intervient, lors d'une réunion, le 31 mai à Paris, pour ordonner que l'on procède de façon égale pour les deux troupes et pour que les Britanniques forment l'arrière-garde. Cependant, il n'en sera rien et 35 000 soldats français se battront jusqu'au 4 juin au matin pour permettre l'évacuation dans la nuit des derniers bateaux pour Douvres.

L'alliance franco-britannique se brisera définitivement lors de la conférence de Briare, les 11 et 12 juin 1940 quand Churchill confirme à Paul Reynaud son refus catégorique d'engager la RAF dans la bataille de France qu'il jugera perdue d'avance.

Soulagement à Londres modifier

À Londres, on éprouve du soulagement et de la gratitude : les combattants de Dunkerque sont traités en vainqueurs et non en vaincus. Sur les quais de débarquement comme dans les gares, on leur fait fête. Cependant, Churchill modère les ardeurs, en rappelant que « les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations » aussi héroïques soient-elles. À la suite de l'opération Dynamo, le New York Times publie : « Tant que l'on parlera anglais, le nom de Dunkerque sera prononcé avec le plus grand respect » mais ne dit pas un mot du sacrifice des Français[10].

Une nouvelle armée modifier

Les forces britanniques évacuées, dont une grande partie de soldats de métier, sont désorganisées. En effet, les British Expeditionary Force a laissé sur place tout son équipement. Ainsi, la Grand Bretagne se retrouve virtuellement sans armée, avec la menace Italienne en Afrique du nord. Mais, après réarmement, les soldats évacués serviront de cadres pour la création des nouvelles unités mises sur pied pour repousser un éventuel débarquement. Surtout beaucoup d'officiers et soldats joueront un rôle important dans les batailles du Moyen-Orient contre les Italiens puis les Allemands.

Succès français modifier

Même si la bataille de Dunkerque se solde par un échec pour les armées franco-britanniques, il est important de préciser l'héroïsme des soldats français qui ont permis aux anglais d'évacuer leurs troupes (soit 220 000 hommes + 110 000 soldats français). On peut citer des témoignages de généraux allemands :

« Malgré notre écrasante supériorité numérique, les Français contre-attaquent en plusieurs points. Je ne parviens pas à comprendre comment ces soldats, luttant parfois à 1 contre 20, trouvent la force de donner l'assaut. C'est stupéfiant. Je retrouve en ces soldats la même fougue que ceux de Verdun en 1916. Nous ne perçons nulle part et nous subissons des pertes terrifiantes. […] Dunkerque m’apporte la preuve que le soldat français est l’un des meilleurs au monde. L’artillerie française, tant redoutée déjà en 14-18, démontre une fois de plus sa redoutable efficacité. Nos pertes sont terrifiantes : de nombreux bataillons ont perdu 60 % de leurs effectifs, parfois même plus ! »,

général von Küchler, commandant la XVIIIe armée de la Wehrmacht (journal de campagne).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Pierre Azéma, « 1939-1940, l'année terrible. Dunkerque : sortir de la nasse », Le Monde du 27 juillet 1989.
  • Mark Connelly, « La Signification de Dunkerque pour les Britanniques », dans Stefan Martens et Steffen Prauser (dir.), La guerre de 1940 : se battre, subir, se souvenir, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 226 p. (ISBN 978-2-7574-0771-4, lire en ligne), p. 181-194.
  • Une rose de sang. roman / Bruno Robert ; ill., Fabienne Maignet, Paris : P. Téqui ; Château-Landon : Carrick, 1999 - (coll. Défi ; 6), (ISBN 2-7403-0636-9) suivi de :
  • Fin de jeu. roman / Bruno Robert ; ill., Fabienne Maignet, Paris : P. Téqui ; Château-Landon [BP 4, 77570] : Carrick, 1998. - (collection Défi ; 3) (ISBN 2-7403-0621-0).
  • Week-end à Zuydcoote. Le récit de cette bataille valu le Prix Goncourt 1949 au roman de Robert Merle qui fut lui-même fait prisonnier a Dunkerque : Week-end à Zuydcoote (Édition Gallimard, (ISBN 2070367754)). Ce roman a été adapté au cinéma par Henri Verneuil en 1964.
  • Maurice Guierre, Marine-Dunkerque mon équipe au combat, Flammarion, 1942 - Editions J'ai lu leur aventure no A165, 1967
  • David Divine, Les 9 jours de Dunkerque, traduit de l'anglais par Daniel Mauroc, Collection « l'Heure H », Calmann-Lévy, Paris, 1964 ; réédition : Éditions J'ai lu Leur Aventure no A197, 1968.
  • Karl Bartz, Quand le ciel était en feu (Als der Himmel brannte), traduit de l'allemand par Jacques Boitel, Corrêa, 1955.
  • Robert Béthegnies, La défense de Dunkerque - 1940, Yves Demailly, Éditeur-Libraire, 8 rue Georges-Maertens, Lille, 1950.
  • Hervé Cras (Jacques Mordal), Dunkerque, Éditions France-Empire, 1960.
  • Jacques Duquesne, Dunkerque 1940, une tragédie française, Flammarion, 2017, 305 p.

Autres lectures modifier

  • Yves Buffetaut, « Dunkerque 1940 : Légendes et mystères », magazine 39-45 no 49, 1990.
  • Yves Buffetaut, « Le mois terrible (1) : Dunkerque juin 40 », magazine Armes Militaria HS no 17, 1995.
  • Richard Collier, The sands of Dunkirk (Miracle à Dunkerque), Presses de la Cité, 1961.
  • Matthieu Comas, « La campagne de France (2) : La bataille de Dunkerque 26 mai-2 juin », Batailles Aériennes no 8, Éditions Lela Presse, 1999.
  • Pierre Mestu, DÜNKIRCHEN Dunkerque l'occupation allemande 1940/1945.
  • Jean-Louis Roba, « Opération Dynamo, de Boulogne-sur-Mer à Dunkerque, les combats aériens », Batailles Aérienne no 64, Éditions Lela Presse, 2013.

Filmographie modifier

Cinéma modifier

Documentaires modifier

  • Dunkerque, documentaire de la série « La Guerre en couleurs », par Tracy Pearce, Dynacs Digital Studios, 2001.
  • Dunkerque, docudrame pour la TV par Alex Holmes, BBC, 2004.
  • 1940 : le sacrifice de Dunkerque, documentaire de la série « Champs de bataille », par Serge Tignères, phare ouest productions et RMC découverte, juillet 2017.
  • Un épisode de la série Points de Repères intitulé "Dunkerque tenir à tout prix" 2017[11].
  • Les batailles mythiques de la Seconde Guerre mondiale, série documentaire, épisode Dunkerque, sorti en 2020.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Karl-Heinz Frieser, Le mythe de la guerre éclair, Belin, 479 p., 2003, p. 317.
  2. Mémoires de guerre, W. Churchill, 2013, 432/667, T. 2.
  3. Panorama d'une défaite, Duculot, Gembloux, 1984.
  4. Thibault Richard, Des forêts d'Alsace aux chemins de Normandie - La 43e division d'infanterie dans la guerre - 3 septembre 1939 - 26 juin 1940, éd. Corlet, Condé-sur-Noireau, août 2001, 234 pages + cahier photo, (ISBN 2-84706-004-9).
  5. Avec notamment au moins un bataillon britannique ouvrant le feu sur des soldats français pour les empêcher d'embarquer.
  6. Cols Bleus, no 548 du 31 mai 1958.
  7. « Bataille de Dunkerque et opération Dynamo »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur www.sauveteurdudunkerquois.fr (consulté le ).
  8. Philippe Boutelier, « Sauvetage baleinière »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur sauveteurdudunkerquois.fr, .
  9. (nl) J.J. von Münching, De Nederlandse koopvaardijvloot in de Tweede Wereldoorlog, (La flotte néerlandaise de cabotage pendant la Seconde Guerre mondiale), Bussum, 1978, p. 120-131, (ISBN 90-228-1981-7).
  10. Site officiel de Dunkerque-Opération Dynamo.
  11. Echo des Ch'tis, « Ville de Dunkerque a publié une info | Echo des ch'tis », sur Echo des Ch'tis (consulté le ).
  12. « Dunkerque, tenir à tout prix | ARTE+7 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ).