Centrale nucléaire de Gravelines

centrale nucléaire en France
Centrale nucléaire de Gravelines
La centrale nucléaire vue depuis la clôture qui délimite l'accès au public
Administration
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
Opérateur
Construction
Mise en service
Statut
en fonction
Direction
Emmanuel Villard (succède à François Goulain)
Réacteurs
Fournisseurs
Type
Réacteurs actifs
6 × 910 MWe nets
Puissance nominale
5 460 MWe nets
Production d’électricité
Production annuelle
32,28 TWh (2019)[1],[2],[3],[4],[5],[6]
Facteur de charge
67,5 % (en 2019)
Production moyenne
33,55 TWh (2015 à 2019)
Production totale
1 321,25 TWh (fin 2019)

Source froide
Site web
Carte

La centrale nucléaire de Gravelines est une centrale nucléaire se situant dans la commune de Gravelines dans le Nord. Sa production couvre 70 % des besoins en électricité de la région Hauts-de-France.

Les six réacteurs nucléaires à eau pressurisée de la centrale sont refroidis par l'eau de la mer du Nord. Avec un total de 5 460 MWe net de puissance installée, elle fait partie, en 2022, des dix premières centrales nucléaires de production d’électricité au niveau mondial. C'est la plus importante centrale nucléaire de France et d'Europe de l'Ouest.

Localisation modifier

Le CNPE (centre nucléaire de production d'électricité) de Gravelines est situé 20 km à l'ouest de Dunkerque, 25 km à l'est de Calais et 85 km au nord-ouest de Lille, il s'étend sur 150 hectares.

La centrale est située à moins de 100 km de l'eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai[7] qui est l'une des zones urbaines les plus peuplées de France et de Belgique avec plus de 2 000 000 habitants en 2020.

Le site a été choisi pour plusieurs critères :

  • proximité de la mer du Nord avec de forts courants (source froide importante) ;
  • proximité avec l'Angleterre et la Belgique facilitant l'exportation d'électricité ;
  • proximité de grandes entreprises électro-intensives : ArcelorMittal, Alcan, BASF, ou Liberty Aluminium Dunkerque (plus gros producteur d'aluminium de l'Union européenne, assure les deux tiers de la production française d'aluminium)[8] ;
  • forts besoins en électricité d'une région industrielle et très peuplée ;
  • faible risque sismique.

Historique modifier

En , les Britanniques bombardent l'ex-centrale électrique au charbon de l'usine Lesieur qui servait entièrement à la consommation des particuliers depuis quelques mois, pour pallier les coupures de courant. Après la Seconde Guerre mondiale, l'agglomération dunkerquoise est détruite à 70 %, le port de Dunkerque et le village de Grand-Synthe sont eux totalement détruits. Les habitants habitent alors dans des « chalets » préfabriqués. Théodore Leveau et Jean Niermans lancent la reconstruction de la ville. En 1957, le port est reconstruit en ZIP (zone industrialo-portuaire), avec de grands travaux pour le creusement de bassins à flot, comme dans le port de Rotterdam[9].

En , l'accroissement démographique de l'agglomération est important, passant de 70 000 à 200 000 habitants en cinq ans. De nombreux industriels électro-intensifs s'installent : l'usine Usinor ouverte en 1962 (associée à une centrale électrique de 500 MW utilisant le gaz des hauts fourneaux), la raffinerie de pétrole BP, Air Liquide, Vallourec, ou encore la Compagnie Métallurgique de Provence[9],[10].

Gravelines 1 à 6 - Palier CP1 modifier

Après le premier choc pétrolier de , le conseil des ministres français sous l'autorité du premier ministre Pierre Messmer autorise le , un programme de construction de douze tranches nucléaires de 900 MW de la filière des réacteurs à eau pressurisée (REP), dont quatre à Gravelines. Les travaux commencent en .

Les réacteurs 5 et 6 sont autorisés ultérieurement. Ces deux réacteurs intègrent des composants initialement prévus pour la centrale iranienne de Darkhovin. En , le contrat de construction de cette centrale d'un montant de 2 milliards de dollars est annulé par le gouvernement provisoire de l'Iran[11],[12]. Les pièces d'ingénierie de ces deux réacteurs sont réutilisées en France pour la construction d'une paire supplémentaire à Gravelines, et dont les travaux commencèrent en [13].

Le raccordement au réseau électrique national (couplage) de la première tranche est effectué en , jusqu'à la sixième et dernière tranche en . La centrale de Gravelines devient alors la centrale nucléaire la plus puissante de France et d'Europe avec 5 460 MW installés, puis la deuxième d'Europe après la mise en service en 1996 de la tranche 6 de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine (totalisant alors 5 700 MW de puissance installée)[14],[15].

Le , le cap des 1 000 milliards de kWh fournis au réseau électrique national est franchi par la centrale nucléaire de Gravelines, devenant la première centrale au mùonde à avoir atteint ce niveau de production cumulée[16].

Dans le cadre du grand carénage entamé en , EDF investit 1 milliard d'euros dans le remplacement et l'entretien de composant de la centrale afin de pouvoir poursuivre son exploitation jusqu'à 60 ans[17]. EDF annonce qu'un tiers de l'opération devrait profiter aux entreprises locales[17].

Conformément à la mise œuvre de la loi sur la transition énergétique de et des PPE successives prévoyant la fermeture de quatorze réacteurs nucléaires en France, EDF propose d'étudier la mise à l'arrêt des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Gravelines[18]. En février 2022, Emmanuel Macron annonce une modification importante de cette loi, puisque qu'aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[19].

Le CNPE de Gravelines emploie environ 3000 salariés d'EDF et d'entreprises extérieures[20]. Plus de 10 % des salariés de Gravelines en sont des femmes. La majorité travaillent dans des métiers techniques : conduite des installations, ingénierie, chimie de process, automatismes, etc.[21].

Caractéristiques des réacteurs modifier

Comme pour les 56 autres réacteurs français, ceux de Gravelines sont exploités par EDF. La chaudière nucléaire a été construite par Framatome et le groupe turbo-alternateur par Alsthom.

Les six réacteurs sont des réacteurs à eau pressurisée de deuxième génération. Ils appartiennent au palier dit CP1 des réacteurs de 900 MW (de même que le palier CP0 et CP2), et sont de conception similaire aux réacteurs des centrales du Blayais, de Dampierre-en-Burly, et du Tricastin.

Les six réacteurs fonctionnent avec du combustible fait d'uranium faiblement enrichi (entre 3 et 5 %). Dans le cadre du recyclage partiel du combustible nucléaire usé, les six réacteurs sont tous autorisés à utiliser du combustible MOX[22].

Les caractéristiques des réacteurs sont les suivantes :

Nom du réacteur Capacité Début constr. Raccord. au réseau Mise en service comm. 1re visite décennale 2e visite décennale 3e visite décennale 4e visite décennale
Thermique (MWt) Brute (MWe) Nette (MWe)
Gravelines-1[1] 2785 951 910 01 13 25 11 août 1990 au 21 décembre 1990 12 mai 2001 au 29 août 2001 28 juillet 2011 au 21 mars 2012 14 août 2021 au 10 mai 2022
Gravelines-2[2] 2785 951 910 01 mars 1975 26 août 1980 01 décembre 1980 11 mai 1991 au 12 septembre 1991 06 avril 2002 au 2 juillet 2002 06 avril 2013 au 28 septembre 2013 10 juin 2023 au 24 décembre 2023
Gravelines-3[3] 2785 951 910 01 12 01 juin 1981 07 mars 1992 au 13 juillet 1992 15 décembre 2001 au 15 mars 2002 28 avril 2012 au 18 novembre 2012 19 mars 2022 au 04 janvier 2023
Gravelines-4[4] 2785 951 910 01 avril 1976 14 juin 1981 01 octobre 1981 31 octobre 1992 au 21 mars 1993 05 juillet 2003 au 30 septembre 2003 15 février 2014 au 07 juillet 2014 20 janvier 2024 au 03 août 2024
Gravelines-5[5] 2785 951 910 01 octobre 1979 28 août 1984 15 janvier 1985 25 mars au 19 juin 2006 09 avril 2016 au 12 août 2017 2027
Gravelines-6[6] 2785 951 910 01 octobre 1979 01 août 1985 25 octobre 1985 10 mai 1997 au 28 août 1997 1 er septembre au 17 décembre 2007 03 mars 2018 au 7 octobre 2018 2030

Co-génération à la centrale de Gravelines modifier

En France, les centrales nucléaires sont utilisées exclusivement pour la production d'électricité, à l'exception de deux centrales : celle de Civaux dans la Vienne alimentant également en chaleur un parc zoologique et botanique « Terre de dragons » ; et la centrale de Gravelines :

  • La ferme aquacole d'élevage de bar et de daurade, de la société Aquanord, est implantée entre la plage et le canal de rejet d'eau de mer de la centrale de Gravelines. L'eau de mer réchauffée est utilisée pour maintenir la température des bassins d'élevage[23],[24].
  • Depuis , un tunnel sous-marin relie la centrale nucléaire de Gravelines au terminal méthanier de Dunkerque. Ce tunnel permet d'acheminer une partie des eaux tièdes rejetées à 20 °C par la centrale, pour re-gazéifier du gaz naturel liquéfié en le faisant passer de −163 °C à −4 °C[25].

Risque inondation modifier

Centrale nucléaire de Gravelines vue de la mer

La centrale nucléaire de Gravelines est construite sur un polder dans une zone sensible aux inondations, et dont le niveau atteint jusqu'à 5 mètres en dessous du niveau de la mer[26],[27],[28]. La centrale est construite à 6 mètres au-dessus du niveau de la mer (à la cote NGF 5,54 mètres), car la zone inondable était évaluée lors de la construction à 5 mètres au-dessus du niveau de la mer[29],[30]. Ce niveau ne prenait pas en compte l'effet prévu du réchauffement climatique, avec une élévation attendue du niveau de la mer de plus d'un mètre entre et [31].

La hauteur de la centrale parait assez faible en comparaison par exemple aux 22 mètres de hauteur de la barrière Maeslantkering à Rotterdam, destinée à se protéger d'une onde de tempête, en référence au raz-de-marée en mer du Nord en 1953 qui est monté jusqu'à la cote NGF 5,06 mètres à Gravelines[32]. En , lors de la tempête Xaver, le niveau de l'eau était monté à Gravelines à la cote NGF 5,04 mètres[33],[34].

Les modifications faites par EDF en 2014 à la demande de l'ASN ont été au minimum jusqu'à la cote NGF 6,34 mètres, et au maximum jusqu'à la cote NGF 6,92 mètres « pour prendre en compte les situations les plus pessimistes, une marge de sécurité est ajoutée aux estimations qui sont faites par Météo-France et par les différents modèles statistiques utilisés »[35],[36],[37]. A titre d'exemple, lors de l'accident de la centrale de Fukushima en , le tsunami avait atteint 15 mètres au niveau de la centrale, alors que la digue construite en fonction des prévisions erronées prises en compte par les concepteurs, n'avait été conçue que pour protéger d'une hauteur de vague maximum de 5,7 mètres[38],[39].

A partir de , dans le cadre des mesures post-Fukushima imposées par l'ASN, et des prévisions d'élévation du niveau des mers due au réchauffement climatique, EDF a entrepris la construction d'une nouvelle protection périphérique contre le risque inondation autour de la centrale[40],[41],[42]. Cette digue d'une longueur de 3 kilomètres et d'une hauteur de 3 à 4 mètres (soit jusqu’à la cote NGF 7,48 mètres), est achevée en [43],[44].

Gravelines 7 et 8 - Programme EPR2 modifier

Dès 2021, le site de la centrale de Gravelines est envisagé pour accueillir une nouvelle paire de réacteurs EPR2[45]. En novembre 2021, le président Macron confirme le lancement de la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 en France, répartis en trois paires. Gravelines fait toujours partie des sites pressentis[46].

En juillet 2023, l'Elysée informe que le site de Gravelines a été retenu pour l'implantation de la deuxième paire d'EPR2 (après la centrale de Penly)[47]. Le chantier pourrait débuter en 2026 pour une mise en service à l'horizon 2038[48],[49]. Cette implantation devra notamment tenir compte du risque d'inondations futures induites par les prévisions de hausse du niveau de la mer pendant la durée d'exploitation[50]. Le site privilégié pour l'implantation de deux EPR2 est situé à l'est des réacteurs actuels, sur une zone déjà artificialisée où se situe actuellement le dépôt pétrolier de Mardick appartenant à TotalEnergie[51],[52].

Le débat public organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) présidé par Luc Martin, est prévu au premier semestre [53].

Impacts sur l'environnement modifier

Des impacts environnementaux chroniques existent, notamment [54]:

Des rejets faibles mais chroniques dans l'air et dans l'eau, inhérents au fonctionnement de la centrale. Ces rejets sont soumis à des prescriptions périodiquement réévaluées, et contrôlés par des capteurs sur les cheminées et systèmes de rejets en mer. Cependant, en avril 2016, l'Autorité de sûreté nucléaire découvrait l'existence de 11 canalisations non signalées in situ de rejets (canalisations non prévues par l’arrêté du autorisant EDF à poursuivre les rejets d’effluents liquides et gazeux pour l’exploitation du site débouchant dans le canal d'amenée et provenant notamment d'aires de dépotage d'acide chlorhydrique ou d'hydrocarbure…)[55]. Non déclarées, ces canalisations n'avaient pas fait l'objet d'évaluations environnementales par l'ASN lors des précédentes inspections ; EDF est donc sommée de régulariser ce système d'évacuation. Fin 2017 la situation n'est toujours pas corrigée ; ces rejets étaient détournés vers des canalisations légales non-opérationnelles [dont l'une n'était d'ailleurs pas étanche et dont aucune ne disposait d'un système de contrôle de la radioactivité des effluents) ; et des pompes étaient par ailleurs hors d'état de fonctionner. Le , un groupe d'ONG portent plainte contre EDF et contre le directeur de la centrale pour infractions au Code de l'environnement (délit de pollution des eaux) et à la réglementation relative aux installations nucléaires de base[56],[57]. La plainte est d'abord classée sans suite début 2019, puis le tribunal de Dunkerque est saisi, avec des associations locales se portant parties civiles. En , l'ASN confirme l'état dégradé de plusieurs installations de gestion des eaux usées ; et en , détecte un manque de traçabilité des rejets (témoignant de défauts d'entretien et de surveillance, et ne garantissant pas la conformité de la prévention ou de la limitation des rejets dans l'environnement)[58],[59]. Début 2021, les inspecteurs notent la présence d'effluents radioactifs dans un caniveau (à la suite de plusieurs fuites sur une tuyauterie)[60]. Le , le tribunal judiciaire de Dunkerque sanctionne finalement EDF pour l'illégalité de ces tuyauteries de rejets. EDF est condamnée pour toutes les infractions à la réglementation nucléaire sus-citées[61].

Une augmentation de la température de l'eau de mer en aval du canal de rejet. Cependant il est estimé qu'au-delà d'une zone d'environ 1 km2, l'eau chaude est rapidement diluée dans le milieu et ses effets thermiques ne sont plus perceptibles. En période de canicule et au moment de la renverse des courants, l'effet peut cependant être localement plus important.[réf. nécessaire]

Les impacts du biocide chloré utilisé pour tuer les organismes vivants (moules, huîtres, patelles, algues fixées, etc.) qui seraient susceptibles (surtout quand la température de l'eau dépasse 10 °C) de se fixer sur les installations et dans les circuits, en particulier sur les pales de pompes. Le débit d'eau ainsi traitée est de 240 m3/s, à raison de 0,8 mg de chlore actif par litre (le gestionnaire doit veiller à ce que le taux de chlore ne dépasse pas 1 mg/l), soit l'équivalent de 50 tonnes par jour d'eau de Javel. Pour éviter de devoir transporter et stocker de grandes quantités de ce produit dangereux, le chlore est produit sur place par électrolyse de l'eau de mer (via le chlorure de sodium, de calcium ou de magnésium) et injecté dans l'eau, dans le circuit de chaque tranche, sous forme d'hypochlorite de sodium, avec une surveillance par l'Institut Pasteur. Des bromoformes (950 kg par 24 h) et des oxydants (5,7 tonnes par 24 heures) ou super-oxydants résiduels sont ainsi produits (un peu dans l'air, mais surtout dans l'eau), toxiques pour la faune et la flore marine tant qu'ils ne sont pas largement dilués ou évaporés. L'hypochlorite résiduelle réagit rapidement avec les bromures dissous dans l'eau pour former du brome qui est lui-même un oxydant qui réagit avec la matière organique (morte ou vivante) présente dans l'eau en formant des sous-produits plus stables et moins actifs. Parmi les sous-produits chlorés trouvés dans le rejet, les bromoformes sont les plus présents (88,24 %) à une concentration moyenne de 18,8 μg/litre, les autres produits intermédiaires suivis et quantifiés étant du chloroforme (traces), du bromodichlorométhane (1,53 % des chlorés rejetés), du dibromochlorométhane (0,23 %)[62]. Des bromophénols et de nombreux autres sous-produits peuvent se former (Le 2-4-6 tri-bromo-phénol a été détecté à des taux de 0,01 à 0,2 μg/litre). Selon l'Institut Pasteur, le taux de chlore (produit le plus toxique) ne dépasse pas 0,1 mg/l en aval du canal de rejet. L'impact écologique du chlore et du devenir de la nécromasse ainsi constituée, essentiellement composée d'organismes planctoniques en suspension dans l'eau sont mal évalués[réf. nécessaire].

Un des risques induits par la conjonction de ces deux derniers phénomènes serait l'apparition possible d'organismes pathogènes (vibrions, bactéries, parasites) résistants au chlore (chlororésistance) avec notamment, potentiellement et localement, des biofilms de microbes devenus chlororésistants (en zone de microturbulence, sur des parois de béton ou de palplanches par exemple). De tels organismes chlororésistants pourraient être source de problèmes nosocomiaux en cas de contamination humaine par ces microbes s'ils sont pathogènes[réf. nécessaire].

Événements significatifs modifier

Cette centrale n'a jamais déclaré d'« accident » ou d'« incident grave » liés à d'importants rejets radioactifs ou d'autres substances toxiques.[réf. nécessaire]

Année 2010 modifier

La constitution de la région Hauts-de-France pourrait induire une implication plus forte de ce territoire sur son destin énergétique, comme cela est suggéré dans une thèse de doctorat à Paris-Sorbonne[63].

Après l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011, les centrales européennes et françaises doivent faire l'objet de nouvelles études de vulnérabilité face aux séismes et tsunamis (des « stress tests » ont été annoncés par l'Europe (et par François Fillon) pour quatre aléas : inondation, sismique, risque lié à la perte de refroidissement et mesures limitant les conséquences d'un accident), avec l'expertise disponible, dont celle de la WENRA (Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d'Europe de l'Ouest)[64].

Lors d'un examen de sûreté décennal, des études de conformité des ouvrages de génie civil, structures et matériels vis-à-vis du risque sismique ont été faites au regard d'un « nouveau référentiel de sûreté ». selon la CLI[65], « des contrôles ont permis d'identifier que certaines de ces analyses avaient été omises ou réalisées de manière incomplète[65] » dans le périmètre des stations de pompage. « Les équipes techniques ont aussitôt mené à bien ces analyses »[65], concluant qu'en fonctionnement normal, la sûreté n'est pas réduite, mais qu'« en cas de séisme aussi important que le plus fort séisme enregistré depuis mille ans dans les régions d'implantation de ces unités, des structures métalliques (escaliers, consoles…) ou des panneaux préfabriqués en béton, situés dans les stations de pompage, en dehors de la partie nucléaire des installations, pourraient endommager potentiellement des équipements nécessaires d'un des circuits de refroidissement de la centrale » (circuit présentant des redondances de matériels dont la défaillance enclencherait des procédures préétablies visant à assurer le refroidissement des réacteurs). Cet « écart de conformité » (niveau 1 de l'échelle INES) vis-à-vis du risque sismique, est dit « générique » car commun à sept centrales nucléaires (Gravelines ainsi Blayais, Cruas, Flamanville, Paluel, Penly et Tricastin)[65]. Il a été déclaré à l'ASN le . Des études et travaux de renforcement sont prévus (pour 5 à 6 mois)[65]. Le CNPE de Gravelines a aussi connu plusieurs fois une fermeture intempestive de clapets anti-souffle de systèmes de ventilation, le [66] et en 2010[65].

D'après EDF, le le départ d'incendie qui « a été détecté vers 16 h 50 sous la toiture d'un bâtiment de l'unité de production n° 3, dans la partie non nucléaire de l'installation » et qui aurait été maîtrisé à 18 h 02 « n'a pas eu d'impact sur la sûreté des installations, ni sur l'environnement »[67].

Le 6 juin 2012, un arc électrique sur un pylône transportant du 225 000 volts a provoqué un feu au niveau de l'isolant servant de point d'attache au câble. Cette ligne à haute tension est destinée à assurer l'alimentation de secours de la centrale nucléaire[68].

En 2010, sept rapports d'incidents notables à la centrale de Gravelines ont été publiés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, dont deux concernaient des incidents survenus en 2009.[réf. nécessaire]

Années 2000 modifier

En 2009 le , un incident se produit à la centrale lors d'une opération de maintenance : une barre d'uranium menace de tomber. L'incident est qualifié de « significatif » et d'« exceptionnel » et classé 1 sur l'échelle INES[69],[70].

Hors les anomalies génériques pouvant affecter des réacteurs de centrales distinctes, la centrale de Gravelines a fait l'objet en 2007 (à fin février) de quatre avis d'incidents de niveau 1 sur l'échelle INES[71],[72],[73],[74].

En 2006, une pullulation de Cténaires faillit provoquer l'arrêt d'un réacteur par colmatage des prises d'eau du système de refroidissement.[réf. nécessaire]

Le 30 mars 2006, lors des opérations d'arrêt pour maintenance et rechargement en combustible du réacteur no 3, il a été détecté que ce réacteur avait été privé durant un an de la commande automatique d'un circuit assurant son refroidissement en cas d'accident : un fil électrique du système de protection du réacteur n'avait pas été rebranché en 2005, lors du précédent arrêt. D'autres systèmes de protections étaient néanmoins opérationnels. Cette défaillance a été classée au niveau 1 sur l'échelle INES, qui en compte sept[75],[76].

Le 5 février 2002, trois « clandestins » sri-lankais, cherchant apparemment à rejoindre la Grande-Bretagne, se retrouvent par erreur à l'intérieur de la centrale. Ils s'étaient introduits dans un camion contenant du matériel radioactif et n'avaient pas été détectés lors du premier contrôle à l'entrée de la centrale[77].

Années 1980 et 1990 modifier

En 1989, un type de vis inadéquat est détecté sur le système de commande des soupapes de protection contre les surpressions du circuit primaire du réacteur no 1. En cas de surpression, ces soupapes n'auraient pas fonctionné correctement. L'évènement est classé au niveau 3 de l'échelle INES malgré les justifications présentées par l'exploitant EDF pour un déclassement au niveau 2[78].

En 1999, tour à tour, des Kosovars puis des Sri-Lankais se retrouvent par la même voie dans la centrale[réf. nécessaire]

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

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  2. a et b (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-2 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  3. a et b (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-3 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  4. a et b (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-4 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  5. a et b (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-5 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  6. a et b (en) « Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-6 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
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  8. À Dunkerque, un géant fragile par OLIVIER JAMES, dans L'Usine Nouvelle du 11/09/2014 [2]
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  11. À la même époque, l'Iran a aussi pris pour 1 milliard de dollars une participation de 10 % dans le consortium Eurodif pour l'usine d'enrichissement du Tricastin, en France
  12. Jean-Paul Hébert - juin 2008 : Irak, Iran, Afghanistan : les divisions de l'Europe
  13. (en) World Nuclear Association - Nuclear Energy in Iran
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  15. « PRIS - Country Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
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  30. "10m15/27, carte: Réchauffement climatique, une catastrophe annoncée"
  31. « Le Monde, Plan B : les côtes françaises sont-elles prêtes à affronter la montée des eaux ? 6/7 min »
  32. « 2min/3, 1953 : Grande tempête en mer du nord »
  33. "La voix du Nord: Dunkerque: réactions et inquiétudes après la tempête Xaver "
  34. "Mediacites:Gravelines : radioscopie d'une centrale vieillissante"
  35. « Compte-rendu Réunion de la Commission Technique, p11/19 »
  36. CENTRALE NUCLÉAIRE DE GRAVELINES : Prise en compte du risque inondation, CNPE Gravelines, 12 mai 2015
  37. "Asn, 2016:Prévention du risque d'inondation externe"
  38. "France Culture, 10/04/2011: Fukushima: La vague qui a frappé la centrale atteignait 15 mètres"
  39. « Le Figaro 2012:Fukushima: la centrale n'aurait jamais dû être inondée »
  40. « la voix du Nord, 14/1/20 »
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  42. « Journal Liberation Fevrier 2019: Réchauffement : Grande-Synthe crie eau secours »
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  46. Nouveaux réacteurs nucléaires : Gravelines est toujours dans les sites pressentis
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  54. Information de la CLI du 14/12 2007 Montage PowerPoint de l'Institut Pasteur
  55. Le I de l'article 4.3.9 d'une décision de l'ASN (Décision n° 2013-DC-0360 modifiée du 16 juillet 2013 relative à la maîtrise des nuisances et de l’impact sur la santé et l’environnement des installations nucléaires de base) indiquant que les canalisations ou tuyauteries doivent être « signalées in situ de façon à préciser la nature et les risques des produits véhiculés »
  56. Ces ONG sont le Réseau Sortir du nucléaire, l'ADELFA, les Amis de la Terre-Dunkerque, France Nature Environnement, Nord Nature Environnement et Virage Énergie
  57. Plainte pour infractions au Code de l’environnement et à la réglementation relative aux installations nucléaires de base – Emissaires de rejets illégaux à la centrale nucléaire de Gravelines [lire en ligne]
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  62. campagne de mesure 2006-207 de l'institut Pasteur
  63. La Tribune Donner la parole aux territoires, 22 mars 2017
  64. Journal Le Monde (avec AFP et Reuters) Les retombées de Fukushima ne nécessitent pas de mesures particulières en France , 2011/02/23
  65. a b c d e et f Gravelines info (lettre d'information de la centrale), 10 décembre 2010.
  66. Source : CLI Gravelines
  67. Un incendie se déclare dans la centrale nucléaire de Gravelines, 20 minutes, 03/12/2013 à 23 h 06, mis à jour le 03/12/2013 à 23 h 06.
  68. La voix du nord - 07/06/2012 : Un feu se déclare sur une ligne EDF de 225 000 volts
  69. « Incident « significatif » à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), AFP, (consulté le ).
  70. « La centrale nucléaire de Gravelines embarrassée par une barre d'uranium », La Voix du Nord, (consulté le ).
  71. Arrêt d'une pompe de recirculation d'acide borique sur le site de l'ASN
  72. Dépassement d'un critère de la température du fluide primaire sur le site de l'ASN
  73. Rejet gazeux effectué sans analyse préalable de l'activité radiologique sur le site de l'ASN
  74. Réparation trop longue d'un système de ventilation et de filtration sur le site de l'ASN
  75. Compte-rendu de l'événement sur le site internet de son exploitant EDF
  76. Communiqués du Réseau Sortir du nucléaire à propos de l'événement sur le site internet dissident-media.org
  77. http://resosol.org/Gazette/2002/197_198_28.html Communiqués de l'ADELFA
  78. Rapport parlementaire sur le contrôle de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires pages 16 et 17 senat.fr, 2 avril 1997