David Thomson (journaliste)

journaliste français
David Thomson
Naissance
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Journaliste
Spécialité Djihadisme
Années d'activité Depuis 2009
Récompenses Prix Ilaria-Alpi 2013
Prix du document de L'Express-BFM TV 2014
Grand Prix de la presse internationale 2016
Prix Albert-Londres 2017
Historique
Presse écrite Les Jours
Radio RFI
Autres médias France 24

David Thomson, né en 1980, est un journaliste français, grand reporter au service Afrique de RFI et spécialiste des jihadistes français et tunisiens. Il contribue également au site d'information Les Jours, où il raconte le parcours de jihadistes français revenant de Syrie et d'Irak[1].

Biographie modifier

Né en 1980 d'un père britannique et d'une mère française, il passe son enfance dans un milieu catholique et bourgeois en région parisienne[2].

Étudiant à Sciences Po Aix, il consacre un mémoire à l'héritage de Jacques Foccart. Il entre ensuite à l'Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine[3] de l'Université Bordeaux Montaigne.

Entré à RFI en 2009[2], il est nommé correspondant en Tunisie au moment de la révolution de 2010-2011 et réalise des reportages pour RFI, Radio France et France 24. Il est grièvement blessé par des tirs de chevrotine pendant le tournage d'un reportage à Siliana en 2012[4]. Il réalise pour Arte le documentaire Tunisie : La Tentation du Jihad sur le mouvement jihadiste tunisien Ansar al Charia en 2013[5] et reçoit le prix Ilaria-Alpi dans la catégorie du meilleur reportage international de télévision[6].

En 2011, il couvre en tant que correspondant la guerre en Libye[7] du côté des rebelles mais aussi du régime de Kadhafi, ainsi que les transitions politiques en Tunisie[8], en Égypte et au Mali.

En 2014, après un an d'une vaste enquête[9], la seule sur ce sujet début 2016[10], il rassemble une vingtaine de témoignages directs de jihadistes français partis combattre en Syrie et raconte leur histoire dans l'ouvrage Les Français jihadistes[11] (prix du document de L'Express-BFM TV en 2014[12]). Ce livre est le premier paru sur le phénomène du jihadisme en zone irako-syrienne et de l'État islamique. Deux ans après sa parution, il est toujours considéré comme « l'ouvrage de référence » par le journal Le Monde[13], pour comprendre la mécanique jihadiste. Selon le site d'informations de France Télévisions, « David Thomson est devenu en peu de temps une référence, de par sa connaissance des réseaux jihadistes grâce à sa présence sur le terrain et sur les réseaux sociaux »[14]. Dans ce livre, il est le premier à alerter sur le risque terroriste que représentent les Français partis en Syrie pour la France. Il est d'ailleurs moqué pour cela sur certains plateaux[15] de télévision en 2014[16]. Trois ans plus tard, il dénonce un déni en France et en Tunisie[17] sur les questions jihadistes[18]. Le magazine Vanity Fair le compare alors à « un Galilée obstiné à répéter ce qu'on ne savait pas entendre sur les djihadistes »[19].

Les informations sur le milieu jihadiste français qu'il diffuse au quotidien sur son compte Twitter[20] suivi fin décembre 2016 par plus de 100 000 abonnés[21] sont régulièrement reprises et chroniquées dans les médias[22],[23]. Ce compte est parmi les mieux informés sur les revendications d'attentats[24]. En 2016, son compte Facebook est suspendu par erreur, suspension dénoncée par l'association Reporters sans frontières[25],[26].

Confronté à ce qu'il nomme « djihadoscepticisme »[27], David Thomson exprime dès 2014 sa crainte d'attentats djihadistes en France, mais dans l'émission Ce soir (ou jamais !) d'avril 2014[28] où l'a invité Frédéric Taddeï, il est alors vivement contredit par les autres invités et en particulier le sociologue Raphaël Liogier après avoir déclaré que « pour les djihadistes, la France était l'ennemi de l'islam et d'Allah. Dans leur esprit, frapper la France est légitime »[29]. En décembre 2016 quand sortira son deuxième livre, il rappelle : « C’est l’évidence aujourd’hui mais c’était indicible à l’époque. Quel aveuglement, quand j’y pense ! »[16]. Interrogé en août 2015 sur l'éventuelle infiltration de flux de migrants venant de Libye par des terroristes, il tweete que « De #Libye, aucun bateau de migrants n'est encore parti d'une zone tenue par l'#EI »[30],[31], ajoutant toutefois que « pour autant, une telle option n’est pas non plus totalement exclue »[32].

Dans son traitement de cette actualité, David Thomson travaille uniquement à partir de réseau de sources présentes sur le terrain, y compris par les jihadistes, et refuse de collaborer avec les services de renseignements, de police ou de justice, une position qui lui vaut parfois des critiques, mais que le journaliste revendique[33] arguant que « la seule façon de comprendre comment on devient jihadiste est de leur poser la question »[34]. Après les attentats [35]de Bruxelles en mars 2016, il dénonce une « circulation circulaire de la non-expertise » dans les médias et son influence sur le débat public et la prise de décision politique en matière de terrorisme, citant des policiers « à la retraite parfois déconnectés de la réalité des dossiers » du moment ou des agents passés de manière furtive dans des services, où ils n'ont de plus pas toujours été chargés des questions jihadistes[36].

Fin 2016, après cinq ans de travail sur le jihadisme à partir de sources primaires[37], plus de deux ans d'entretiens[38],[39]avec des Français et des Françaises[40] revenus de Syrie et d'Irak[41], il sort le livre[42] Les Revenants[43] qui devient un best-seller[44] en quelques jours et qui lui vaut d'être qualifié dans la presse de « journaliste anthropologue »[45]. « Une immersion rare dans l’univers des djihadistes français » selon le journal Le Monde qui en publie les bonnes feuilles[46], « un document exceptionnel qui plonge le lecteur dans la tête des Français soldats de Daech » selon Le Figaro[47]. Le , il reçoit le Grand Prix de la presse internationale[48]. Contestant l’efficacité des centres de déradicalisation, il dit que « Tout se résume à deux questions : le suivi psychologique et la capacité à trouver un emploi. On ne réintègre pas en marginalisant. Mais qui veut prendre le risque de les employer ? On ne peut pas déradicaliser dans une prison »[2].

Victime de menaces de mort, il est placé en 2016 sous protection policière par le Service de la protection de la police nationale (SDLP)[49],[50]. Il décide alors un an plus tard de s'installer aux États-Unis[49],[50]. Après cinq années passées sur le djihadisme, il souhaite changer de centre d'intérêt journalistique : « Quand tu es immergé là-dedans, ça devient ta normalité à toi. Moi je baigne là-dedans du soir au matin depuis des années: ça reste fou, mais en même temps c’est ma réalité. C’est pour ça aussi qu’il faut que j’arrête ! »[51].

En 2017 il remporte le prix Albert-Londres dans la catégorie livre pour son ouvrage Les Revenants[52] et confirme dans la foulée son souhait de changer de thématique de travail et devenir correspondant aux États-Unis pour RFI[53].

En janvier 2018, il cosigne une tribune dénonçant les pressions exercées par Vincent Bolloré et Vivendi sur les médias qui enquêtent à propos de leurs activités en Afrique[54].

Le 8 décembre 2018, le prix La plume et l'épée lui est attribué pour son livre Les Revenants[55].

Le terme « revenants », inspiré du titre de son livre consacré aux jihadistes de retour en France, s'impose peu à peu dans le débat public à tel point qu'il finit par faire son apparition dans les dictionnaires du Robert illustré et du Petit Robert[56].

David Thomson est attaqué en diffamation par Christian Estrosi, pour avoir cité dans son livre Les Revenants un jihadiste repenti déclarant : « J'en veux au maire de Nice parce qu'il était au courant de tout ça, il a laissé faire », en référence aux activités d'Omar Omsen, principal recruteur jihadiste sur la ville de Nice. Il est relaxé le 7 février 2019 par le tribunal de Nice[35]. En décembre 2020, la Cour de cassation annule à nouveau la condamnation du journaliste de RFI sans ordonner de renvoi, ce qui rend cette décision définitive[57].

Publications modifier

Télévision modifier

  • Tunisie : la tentation du jihad, documentaire réalisé par David Thomson, Gwenlaouen Le Gouil, Hamdi Tlili et Nicolas Baudry d'Asson.

Notes et références modifier

  1. « Les revenants », sur LesJours.fr.
  2. a b et c Richard Werly, « David Thomson, l’homme qui parlait aux djihadistes », sur letemps.ch, (consulté le )
  3. David Doucet, « Les Inrocks - Portrait de David Thomson, l’homme qui parlait aux jihadistes », sur Les Inrocks, (consulté le )
  4. Priscille Lafitte, « Blessé à Siliana, David Thomson témoigne : "la police a tiré aveuglément" », sur France24.com, .
  5. Romain Caillet, « "Les Français jihadistes": L'envers du décor contre les clichés », sur huffingtonpost.fr, .
  6. (it) « Premio Ilaria Alpi 2013: i vincitori della XIX edizione », sur ilariaalpi.it, .
  7. « La bataille de Tripoli n'est pas encore gagnée », sur France Inter,
  8. « Grand Reportage Tunisie : deux ans après la chute de Ben Ali, la crise sociale perdure », sur RFI,
  9. « Djihadisme: nos petits soldats d'Allah », sur L'Express,
  10. Pierre-Henri Ortiz (Nonfiction), «Même lorsqu'ils tuent, les djihadistes sont convaincus de faire le bien», sur slate.fr, .
  11. Sarah Ben Hamadi, « "Les Français djihadistes", interview de David Thomson », sur Huffington Post, .
  12. Marie-Christine Imbault, « Les lecteurs de L'Express/BFM TV couronnent Maylis de Kerangal », sur Livres-Hebdo, .
  13. Jean Birnbaum, « Prière d'insérer. La religion de l'immédiat », sur Le Monde, .
  14. Clément Parrot, « Qui sont les "experts en terrorisme" qui squattent les médias après un attentat ? », sur francetvinfo.fr, .
  15. « Le jour où David Thomson a été "humilié" sur France 2 », sur 7/7,
  16. a et b David Thomson : “Le jihad répond au vide idéologique contemporain”, Les Inrocks, 5 décembre 2016
  17. « Le "déni tunisien" face à la menace djihadiste explique leur nombre en Syrie affirme le journaliste français David Thomson », sur HuffPost Tunisie,
  18. « David Thomson: «L’Europe est condamnée à subir le contre-choc des erreurs qui ont été faites» », sur slate.fr,
  19. « David Thomson raconte sa vie avec les djihadistes de l'État islamique », Vanity Fair,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « Revendication : David Thomson scrute Twitter et Telegram »
  21. 28 minutes - ARTE, « David Thomson - 28 minutes - ARTE », (consulté le )
  22. Daniel Schneidermann, « L'enfant bourreau, qui nous regarde en face », sur Libération.fr, .
  23. « Des comptes Twitter fiables pour suivre les conflits avec les djihadistes », sur Rue89,
  24. « L'Euro-2016 sera "un cimetière", a menacé Abballa dans une vidéo sur Facebook AFP », sur lepoint.fr, (consulté le )
  25. Andrea Fradin, « Sur Facebook, le journaliste David Thomson « au piquet » pendant trois jours », sur Rue89, (consulté le )
  26. « RSF dénonce la suspension du compte Facebook d’un journaliste français spécialiste du jihad », sur RSF, (consulté le )
  27. David Thomson 2016, p. 13.
  28. (en-US) « David Thomson taclé sur le plateau de Frédéric Taddei - vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le )
  29. Michaël Bouche, « Le jour où David Thomson a été "humilié" sur France 2 », sur 7sur7.be, (consulté le )
  30. « Non, Daech n'utilise pas les flux de migrants pour s'infiltrer en Europe », sur liberation.fr, (consulté le )
  31. « NON, LES TERRORISTES DE DAECH NE S'INFILTRENT PAS PARMI LES MIGRANTS », sur lci.fr, (consulté le )
  32. « Des médias accusés de minimiser le risque terroriste parmi les migrants », sur lemonde.fr, (consulté le )
  33. Romain Mielcarek, « Enquêteurs ou observateurs : ce qu'ils cherchent dans la tête des djihadistes », sur itele.fr, .
  34. « David Thomson "La seule façon de comprendre comment on devient djihadiste, c'est de poser la question" », sur Matinale de France Inter L'INVITÉ DE 8H20,
  35. a et b « Attaqué en diffamation par Christian Estrosi, un journaliste spécialiste du djihad obtient la relaxe », sur Nice-Matin, (consulté le )
  36. Mathieu Dejean, « Comment les faux experts du jihadisme influencent le débat public », sur Les Inrockuptibles, .
  37. « Les Revenants" : un livre sur la réalité des djihadistes français. David Thomson est l'invité de France 2. Il est le seul journaliste français qui parle et côtoie les djihadistes. Il vient de publier un livre intitulé "Les Revenants". Un document qui nous plonge dans la tête des soldats français de l'État islamique. », sur France 2 / France Télévisions,
  38. « État islamique : «Même déçus, ils conservent des convictions jihadistes» », Libération.fr (consulté le )
  39. « Ces jihadistes qui reviennent en France », sur Quotidien / TMC
  40. « Paris/Rakka, aller-retour : parcours de radicalisation. Guillaume Erner reçoit David Thomson », sur France Culture,
  41. « « Les Revenants » : pour comprendre les djihadistes français », sur The Conversation,
  42. « "Les Revenants" : un livre sur la réalité des djihadistes français », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  43. « Ces jihadistes qui reviennent en France », tmc,‎ (lire en ligne, consulté le )
  44. Alexandre Devecchio, « Les Revenants: l'essai sur le djihad qui réconcilie Roy et Kepel », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  45. Clément Pétreault, « David Thomson : "Les programmes de déradicalisation sont une tartufferie" », sur lepoint.fr,
  46. « Paroles brutes de djihadistes français », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  47. Alexandre Devecchio, « David Thomson: «Les djihadistes qui reviennent ne sont pas repentis» », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  48. « RFI : David Thomson Grand Prix de la presse Internationale », sur lettreaudiovisuel.com, (consulté le )
  49. a et b Alexandre Devecchio, David Thomson : «Il est impossible de s'assurer de la sincérité du repentir d'un djihadiste», Le Figaro, 25 janvier 2018.
  50. a et b Le journaliste David Thomson explique avoir dû quitter la France après "des menaces de mort", L'Obs, 25 janvier 2018.
  51. Charlotte Pudlowski, « David Thomson: «L’Europe est condamnée à subir le contre-choc des erreurs qui ont été faites» », sur slate.fr, (consulté le )
  52. Yann Castanier, « David Thomson prix Albert-Londres pour « Les revenants » », Les jours,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  53. Mathieu Delahousse, « David Thomson : "J'arrête de travailler sur le djihadisme" », Teleobs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  54. Anne Demoulin, Une vingtaine de médias et des journalistes dénoncent les pressions de Vincent Bolloré, 20 Minutes, 24 janvier 2018.
  55. Com, « Lauréats 2018 », sur La Plume et L’Épée, (consulté le )
  56. « Les nouveaux mots du dico 2019 sont… », leparisien.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  57. Christian Estrosi définitivement débouté de ses poursuites en diffamation contre un journaliste, laprovence.com, 1er décembre 2020
  58. « Les Revenants », seuil.com (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier