Enema of the State

album de Blink-182, sorti en 1999
Enema of the State

Album de Blink-182
Sortie
Enregistré Octobre 1998 - février 1999
Mad Hatter, Los Angeles
Signature Sound, San Diego
Big Fish, Encinitas
Conway Recording, Los Angeles
The Bomb Factory, Los Angeles
Studio West, San Diego
Durée 37:49
Genre Pop punk, skate punk
Format CD, vinyle
Producteur Jerry Finn
Label MCA

Albums de Blink-182

Singles

Enema of the State est le troisième album studio du groupe américain de pop punk Blink-182, sorti le sur le label MCA. Il sort deux ans après Dude Ranch, qui a propulsé le trio californien sur le devant de la scène, et marque l'arrivée du batteur Travis Barker en remplacement de Scott Raynor, exclu du groupe en raison de son alcoolisme.

Les membres du groupe commencent à composer des chansons aux studios DML, à Escondido (Californie) à partir d'octobre 1998, puis enregistrent dans différents studios à San Diego, Hollywood, Los Angeles et Encinitas avec le producteur Jerry Finn, jusqu'en février 1999. Les pistes sont ensuite retravaillées par ce dernier pour leur donner un son plus pop, avant d'être mixées aux studios South Beach et Conway Recording de Miami, et mastérisées par Brian Gardner au Bernier Grundman Recording d'Hollywood.

Accompagné des trois singles What's My Age Again?, All the Small Things et Adam's Song, qui accèdent à plusieurs sommets de classements de ventes, l'album bénéficie d'assez bonnes critiques et entre directement à la 9e place du Billboard 200 avec plus de 110 000 exemplaires vendus la première semaine. Il est désormais quintuple disque de platine aux États-Unis avec plus de 5 millions de copies écoulées. Le succès est également international puisqu'il obtient des certifications dans différents pays du monde, comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Italie, le Royaume-Uni ou encore le Mexique, l'Indonésie et les Philippines. La tournée The Mark, Tom and Travis Show Tour voit ainsi le trio parcourir le monde jusqu'en novembre 2000 et permet la sortie un album live associé : The Mark, Tom, and Travis Show (The Enema Strikes Back!).

Souvent critiqué pour son manque de maturité et sa pochette affichant l'actrice de films pornographiques Janine Lindemulder en infirmière, l'opus propose des chansons rythmées évoquant majoritairement l'adolescence et les filles dans un style pop punk qui a fait de Blink-182 le groupe phare du mouvement. L'album apparaît depuis dans plusieurs classements des disques les plus influents du rock contemporain.

Genèse modifier

Contexte modifier

Blink-182 est un trio de pop punk formé en 1992 à Poway, en Californie, et constitué originellement par Tom DeLonge au chant et à la guitare, Mark Hoppus au chant et à la basse et Scott Raynor à la batterie[h 1]. Après trois démos[h 2],[h 3],[s 1], le groupe publie son premier album studio, Cheshire Cat, en février 1995[h 4]. Ils signent alors avec le label MCA en mars 1996[h 5],[s 2]. Grâce à cela, Dude Ranch, sorti le 17 juin 1997[h 6], connaît un succès commercial qui propulse les trois jeunes gens sur le devant de la scène[h 7]. Le batteur ne le supporte pas et sombre dans l'alcoolisme. Il est alors renvoyé par les deux autres membres[s 2] et est remplacé par Travis Barker au cours de la tournée américaine à l'été 1998[h 8].

Enregistrement et production modifier

photo d'un homme torse nu tatoué portant une casquette rouge et jouant de la batterie.
Enema of the State est le premier album studio du batteur Travis Barker depuis qu'il a remplacé Scott Raynor.

Blink-182 commence l'enregistrement de son troisième album studio à partir d'octobre 1998 à la demande de leur label MCA[1]. Le trio est angoissé à l'idée de retourner en studio après deux années sans produire aucune chanson, d'autant plus que la pression sur leurs épaules se fait plus importante. En effet, pour la première fois, c'est la maison de disques qui finance la production du disque. Le groupe choisit alors de retourner aux studios DML, à Escondido en Californie, pour composer leurs nouveaux titres, comme ils l'avaient fait pour Dude Ranch[h 9]. Hoppus et DeLonge écrivent les paroles, et Barker participe à la composition de la musique[2]. En quinze jours, ils sont satisfaits de ce qu'ils obtiennent. Le propriétaire des lieux note aussi que leur situation a bien changé depuis leur dernière fois : des filles et des enfants trainent aux alentours des studios pour avoir des autographes et prendre des photos, les musiciens les laissant même entrer dans le bâtiment de temps en temps[h 9].

Après ce travail de composition et quelques démos, ils se rendent dans plusieurs studios de Californie — les studios West et Signature Sound de San Diego, les studios Mad Hatter et Bomb Factory de Los Angeles, les studios Conway Recording d'Hollywood et les studios Big Fish d'Encinitas — au cours des quatre mois suivants pour y enregistrer l'album complet[p 1],[o 1], accompagnés du producteur Jerry Finn, dont ils ont apprécié le travail sur Dookie de Green Day (1994). Le premier titre qu'il réalise avec eux pour la musique du film American Pie, Mutt, les impressionne d'ailleurs fortement. Hoppus convient du fait qu'il est exigeant avec eux, mais affirme que c'est ce qui permet d'obtenir la quintessence du son punk rock, tout en le mariant parfaitement avec un son plus pop[h 10],[p 1],[3]. Il leur fournit aussi des amplis, des équipements et du matériel pour la réalisation de leurs effets, alors qu'ils devaient les louer auparavant[h 11]. Sa façon de diriger les sessions est également plus conviviale, ce qu'ils apprécient particulièrement: ils décident donc que leurs prochains albums devront être réalisés par ses soins[h 12],[4]. Le résultat obtenu en mars 1999 les rend tous très fiers, au point que le trio estime que c'est déjà un chef-d’œuvre et leur plus grande réussite[h 10]. Ils partagent aussi l'avis selon lequel le son du disque est « très pur et soigné », et que c'est une des raisons qui pourrait amener l'album à plaire au plus grand nombre[h 12].

L'enregistrement sonore étant analogique, Finn doit retravailler les bandes et Blink-182 compte sur lui pour donner un son encore plus pop à leur musique lors de cette nouvelle phase de travail[p 1]. Afin de respecter leur volonté, le producteur ajoute des sections jouées au piano par Roger Joseph Manning, Jr., réputé pour ses collaborations avec Beck. L'ingénieur du son Tom Lord-Alge (en) effectue ensuite le mixage aux studios South Beach de Miami, à l'exception de The Party Song et Wendy Clear qui sont mixées aux studios Conway Recording par Jerry Finn. Le matriçage de l'album est ensuite confié à Brian Gardner, du Bernie Grundman Mastering d'Hollywood[o 1].

Parution et réception modifier

Avec près d'un million d'exemplaires vendus en mai 1999, Dude Ranch approche du disque de platine, ce qui pousse MCA à revoir à la hausse les objectifs de ventes d'Enema of the State. Lors de sa critique de l'album deux jours avant sa sortie, le Los Angeles Times est loin de partager cet avis, qualifiant d'« optimiste » la perspective de le vendre aussi bien voire mieux que le précédent opus alors que « les standards de la musique pop évoluent très vite et que le trio a déjà fait mieux auparavant »[p 2]. L'album paraît le 1er juin[5] et est accompagné par la suite de trois singles — What's My Age Again? le 4 novembre 1999, All the Small Things le 18 janvier 2000 et Adam's Song le 5 septembre 2000 — dont le succès dépasse toutes les attentes puisqu'ils atteignent le podium de nombreux classements de ventes internationaux[h 13].

Accueil critique modifier

Notation des critiques
Compilation des critiques
PériodiqueNote
AllMusic 4/5 étoiles[6]
Rolling Stone 3/5 étoiles[7]
Sputnikmusic 3,5/5 étoiles[8]
The A.V. Club Positif[9]
Robert Christgau A-[10]
NME négatif[11]
Music Story 3,5/5 étoiles[12]

Enema of the State est globalement bien accueilli par les critiques, sans que ceux-ci ne soient cependant élogieux à son égard. Ainsi, Stephen Thomas Erlewine, pour AllMusic, estime que l'album « ne changera la vie de personne [...] mais que c'est un disque amusant et supérieur à la majorité de ce qu'on trouve dans le neo-punk ». Il note d'ailleurs qu'en dehors de « la production plus aboutie que celle de Dude Ranch » et de la présence de Janine Lindemulder, rien ne laisse présager la publication de l'opus par une major[6]. Comme Erlewine, Robert Christgau évoque un manque de maturité dans le choix des thèmes abordés, et notamment « la phobie des filles » développée par les trois musiciens malgré l'apparence trompeuse « de la pochette pornographique »[10]. Adam Downer est également de cet avis mais ajoute que c'est ce qui caractérise Blink-182 : « des paroles accrocheuses et des thématiques immatures ». Il considère par ailleurs que c'est leur meilleur album[8]. Arnaud de Vaubicourt, de Music Story, évoque « douze hymnes punk version teenage » joués « avec cette facilité déconcertante et ce sens mélodique hors pair » qui caractérise le groupe, dont les membres sont « bien moins stupides qu’ils s’efforcent d’en avoir l’air »[12]. Pour Neva Chonin, du Rolling Stone, « tout le monde aime faire la fête, donc une grande partie des gens aiment les groupes à fêtes » et pour cette raison, le trio ne pouvait que briller « dans la vague éphémère du punk rock », bien que le style reste « assez pauvre, mais suffisant pour donner naissance au rock d'aujourd'hui »[7]. Stephen Thompson, pour l'A.V. Club, remarque aussi qu'il « est dur de détester Enema of the State », qui met en opposition « musique accrocheuse brillamment composée » et « paroles délibérément stupides »[9]. Le NME est loin de partager cet avis puisqu'il reconnaît « sa vitesse » et « sa puissance », mais « trouve difficile de faire un album qui fait aussi peu rock ». Le magazine conclut d'ailleurs son analyse en qualifiant le groupe de « méprisable », dont la musique est « aussi mauvaise et dénuée de sens que le cock-rock (en) et le punk hippie, qui participent à la destruction du rock »[11].

Succès commercial modifier

L'album entre directement à la 9e place du Billboard 200 avec près de 110 000 exemplaires vendus en une semaine[13],[14]. Ce très bon départ est rapidement couronné par un disque d'or à la mi-juillet 1999, puis le disque de platine trois mois plus tard pour finalement terminer avec cinq disques de platine dès février 2001, soit plus de 5 millions de copies écoulées aux États-Unis[15]. Le succès est également au rendez-vous au Canada, avec une septième place dans les classements de ventes et un quadruple disque de platine (plus de 400 000 ventes)[16],[17] ; en Océanie, où l'album rentre dans les cinq premiers rangs des ventes et obtient un triple disque de platine en Australie et en Nouvelle-Zélande[18],[19], et en Europe, avec un double disque de platine en Italie[20], un disque de platine au Royaume-Uni[21] et plusieurs disques d'or (Allemagne[22], Autriche[23] et Suisse[24]). En France, le site musical Music Story estime que plus de 310 000 exemplaires de l'album ont été vendus mais aucune certification n'est venue officialiser cette estimation[12]. La réussite d'Enema of the State touche aussi le Mexique, les Philippines et l'Indonésie, puisqu'il y reçoit un disque d'or[h 14]. L'estimation de ses ventes mondiales dix ans après sa publication, plus de 15 millions, confirme que le disque a eu un impact mondial[25].

Classements et certifications modifier

Meilleures positions d'Enema of the State dans les classements musicaux
Classement musical Meilleure position
Drapeau de l'Allemagne Allemagne (Media Control AG)[26] 18
Drapeau de l'Australie Australie (ARIA)[27] 4
Drapeau de l'Autriche Autriche (Ö3 Austria Top 40)[28] 6
Drapeau du Canada Canada (Canadian Albums Chart)[16] 7
Drapeau des États-Unis États-Unis (Billboard 200)[29] 9
Drapeau de la France France (SNEP)[30] 60
Drapeau de la Norvège Norvège (VG-lista)[31] 31
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande (RIANZ)[32] 2
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas (Mega Album Top 100)[33] 39
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (UK Albums Chart)[34] 15
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (Rock & Metal Albums)[35] 1
Drapeau de la Suède Suède (Sverigetopplistan)[36] 23
Drapeau de la Suisse Suisse (Schweizer Hitparade)[37] 13
Certifications d'Enema of the State
Pays Ventes Certifications
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 100 000 + Disque d'or Or[22]
Drapeau de l'Australie Australie 210 000 + Disque de platine 3 × Platine[18]
Drapeau de l'Autriche Autriche 25 000 + Disque d'or Or[23]
Drapeau du Canada Canada 400 000 + Disque de platine 4 × Platine[17]
Drapeau des États-Unis États-Unis 5 000 000 + Disque de platine 5 × Platine[15]
Drapeau de l'Indonésie Indonésie 35 000 + Disque d'or Or[h 14]
Drapeau de l'Italie Italie 200 000 + Disque de platine 2 × Platine[20]
Drapeau du Mexique Mexique 75 000 + Disque d'or Or[h 14]
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande 45 000 + Disque de platine 3 × Platine[19]
Drapeau des Philippines Philippines 7 500 + Disque d'or Or[h 14]
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 300 000 + Disque de platine Platine[21]
Drapeau de la Suisse Suisse 25 000 + Disque d'or Or[24]

Tournées modifier

Après la sortie d'Enema of the State, Blink-182 parcourt les États-Unis avec le Vans Warped Tour tout au long de l'été 1999[38]. Le groupe entame ensuite une tournée intitulée The Loserkids Tour à l'automne. Grâce à sa nouvelle popularité, le trio est amené à jouer pour la première fois dans des grands stades[h 15]. Au printemps, ils se voient contraints d'annuler une partie de leurs concerts en Europe, Mark Hoppus et Tom DeLonge ayant attrapé une angine[39].

Avec l'arrivée de l'été, ils remontent sur scène avec la tournée mondiale The Mark, Tom and Travis Show Tour, jouant à guichets fermés tous les soirs. La scène est conçue comme un ciné-parc, avec un rétroviseur géant suspendu au plafond et un écran derrière le groupe sur lequel sont projetés des films[p 3]. Bad Religion et Fenix*Tx les accompagnent pour les premières parties. Comme Travis Barker se casse deux doigts début juin lors d'une bagarre avec deux hommes qui draguaient sa petite amie, il est remplacé par le guitariste de la seconde formation, Damon De La Paz, à la batterie[40]. Lors de leur concert au Great Western Forum de Los Angeles, Hoppus reconnait que de faire salle comble « à domicile » les a fortement ému[h 15]. Le succès de cette tournée les amène à produire un album live. Le trio retourne alors en studio avec Jerry Finn pour enregistrer Man Overboard[41], et ainsi proposer la chanson en inédit à la fin du disque, complétant la quinzaine de titres joués les 4 et 5 novembre 1999 à San Francisco et Universal City. The Mark, Tom, and Travis Show (The Enema Strikes Back!) sort le 7 novembre 2000[h 16]. Blink-182 achève sa tournée en mai 2001 par le Honda Civic Tour (en), festival au cours duquel la scène représente l'intérieur d'une Honda Civic dans le but d'en faire sa promotion[42].

Caractéristiques artistiques modifier

Thèmes et compositions modifier

Autobiographiques ou inspirées par les histoires de leurs amis[p 4], les chansons d'Enema of the State sont rythmées et traitent des thématiques de l'adolescence, de l'amour et des relations avec les filles[p 3]. Le manque de maturité des textes de celles-ci est d'ailleurs souvent pointé du doigt par les critiques[p 5],[p 6].

L'album commence par Dumpweed, un morceau axé sur la frustration sexuelle des garçons[7]. Tom DeLonge explique que « celles-ci sont tellement plus intelligentes que les garçons et qu'elles peuvent voir l'avenir sans oublier le passé. Ce qui fait que seul le chien est moins intelligent que l'homme ». C'est pour cette raison que la chanson mentionne « une fille qu'on pourrait éduquer pour en faire ce qu'on veut »[o 2]. La seconde, Don't Leave Me, évoque les ruptures avec ironie et comporte un delay du premier couplet au début du second[o 2]. Aliens Exist témoigne de l'intérêt de DeLonge pour les OVNIs et la théorie du complot[o 2],[7].

Going Away to College est écrite en dix minutes par Mark Hoppus alors qu'il est malade chez lui lors de la Saint-Valentin 1999 et qu'il regarde Big Party. Il se rend alors compte « de la cruauté du passage du lycée à l'université pour les gens qui sont en couple et qui doivent se séparer pour faire leurs études dans des villes différentes ». La partie batterie de Travis Barker est enregistrée tardivement, lorsqu'ils reviennent à Los Angeles[o 2]. Le cinquième morceau, What's My Age Again?, est considéré comme celui ayant permis à l'album de se lancer puisqu'il est également le premier single. Intitulée Peter Pan Complex à l'origine en rapport au syndrome homonyme, la piste fait référence aux personnes qui refusent de grandir[o 2]. Dysentery Gary parle d'une fille qui a choisi quelqu'un d'autre que DeLonge et qui se moque du nouveau petit ami de celle-ci[o 2].

La deuxième partie de l'album débute avec Adam's Song, une chanson accompagnée au piano qui évoque la solitude d'Hoppus lors de leur tournée de l'année précédente[h 17], ainsi que le suicide d'un enfant et la lettre qu'il a laissée à ses parents[o 2]. Dans un premier temps, les autres membres du groupe ne souhaitaient pas l'ajouter au disque car son thème tragique pouvait repousser certains auditeurs[40]. Le huitième morceau, All the Small Things, est une ode power pop de DeLonge aux Ramones, l'un de ses groupes préférés, et à sa petite amie : les paroles racontent la fois où il est rentré chez lui et a trouvé des roses en haut des escaliers[7],[43]. The Party Song est inspirée d'une soirée « sport » de l'université d'État de San Diego à laquelle s'est rendu Hoppus et où il a rencontré de nombreux étudiants avec une haute estime d'eux-mêmes[p 4]. Le bassiste les y critique et rend hommage à ceux qui ont su rester modestes[o 2].

Mutt, la dixième piste, est écrite par DeLonge en référence à son ami Benji Weatherly et à sa vidéo de surf[o 2]. Wendy's Clear reprend le nom du bateau d'Hoppus, Wendy, et fait référence à la façon dont les utilisateurs de bateaux terminent leurs conversations radio en indiquant que le canal est libre : clear. Le bassiste compose la chanson lors de leur tournée avec MxPx, pendant laquelle il est tombé amoureux « d'une fille qu'il n'aurait pas dû aimer »[o 2]. Le dernier morceau, Anthem, évoque la longue attente des jeunes coincés dans les banlieues, qui attendent d'avoir leur majorité pour pouvoir prendre leur envol[p 3]. Pour l'écrire, DeLonge s'est inspiré d'une soirée où il a joué avec son groupe dans la maison d'un voisin alors qu'il était encore au lycée, la fête se terminant par une bagarre et l'arrivée de la police[o 2].

Titre et pochette modifier

Janine Lindemulder a posé en infirmière pour la pochette d'Enema of the State.

L'actrice de film pornographique Janine Lindemulder apparaît sur la pochette de l'album, habillée en infirmière et tirant sur son gant plastique, se préparant à faire une injection[s 3],[25]. Sur la face arrière du disque, elle est en compagnie des trois membres de Blink-182, torses nus et prêts à recevoir leur injection. Le choix du mannequin pour les photos ayant été fait à partir d'un panel proposé par le label, le trio n'était pas au courant du métier de Lindemulder[p 7]. C'est finalement Jerry Finn qui les en informe avant la séance-photo du 12 mars 1999 avec le photographe David Goldman[44]. Celui-ci explique d'ailleurs que l'idée du gant vient du titre qui était évoqué alors : Turn Your Head and Cough (« Penchez votre tête et toussez »)[45].

Il existe trois différentes versions de la pochette : une première qui a un B majuscule pour le nom du groupe et une croix rouge sur le chapeau de l'infirmière, une seconde avec le B en minuscule - la préférée des membres du groupe - et une troisième sans la croix rouge puisque la Croix-Rouge américaine leur a signalé qu'ils enfreignaient les Conventions de Genève[46]. En 2006, elle apparaît à la 34e place des « meilleures pochettes de tous les temps » du magazine VH1[47].

Postérité modifier

L'album a été très influent sur le style pop punk, permettant à Blink-182 de devenir le groupe phare du mouvement[25]. La production très soignée démarque tout de suite le trio du rock alternatif et des formations telles que Green Day[p 8]. Avec « la révolution musicale apportée » et la crédibilité apportée au genre pop punk[48], ce disque ouvre la voie à d'autres artistes qui ne viennent pas de Californie, comme Sum 41 ou Good Charlotte, pour diversifier cette nouvelle vague. Grâce notamment aux vidéos de MTV, « les beaux gosses au look punk » ont marginalisé les groupes de garage rock et sont devenus la norme[o 3], passant régulièrement sur des radios de grande écoute[49]. L'album est d'ailleurs décrit comme la parfaite représentation des adolescents - des garçons surtout - de la classe moyenne de l'époque[o 4],[p 9].

Enema of the State et Something to Write Home About (en) de The Get Up Kids, deux disques sortis en 1999, sont considérés comme les albums pionniers de la scène emo pop et figurent parmi les influences majeures de groupes tels que Fall Out Boy, Simple Plan ou New Found Glory[50],[49]. Pour un certain nombre de revues spécialisées, « la musique joyeuse, très lissée et parmi les plus accrocheuses de tous les temps » du disque ne pouvait que faire mouche auprès des vingt millions d'ados américains puisque les singles What's My Age Again? et All the Small Things étaient « diffusés sans cesse à la radio, en vidéo, sur CDetc. »[p 10],[p 11],[p 8].

D'après Alternative Press, cet album est aussi celui de Jerry Finn dont la production est la plus aboutie[p 12]. Enema of the State figure également dans de nombreux classements des disques importants de l'histoire du rock : parmi les « 500 CD que vous devez possédez avant de mourir » pour Blender[p 13], 14e des « 50 meilleurs albums punk » et 85e des « 100 meilleurs albums rock » pour Kerrang![51],[52], 15e des « 150 albums de votre vie » et 2e des « 101 albums classiques contemporains » pour Rock Sound[51],[53], 66e des « 100 meilleurs albums de guitare » pour Guitar World[54] et 1er du « Top 10 des albums pop punk » pour About.com[55].

Fiche technique modifier

Liste des chansons modifier

Toute la musique est composée par Tom DeLonge et Mark Hoppus.

No Titre Durée
1. Dumpweed 2:23
2. Don't Leave Me 2:23
3. Aliens Exist 3:13
4. Going Away to College 2:59
5. What's My Age Again? 2:28
6. Dysentery Gary 2:45
7. Adam's Song 4:09
8. All the Small Things 2:48
9. The Party Song 2:19
10. Mutt 3:23
11. Wendy Clear 2:50
12. Anthem 3:37

Crédits modifier

Les crédits de Enema of the State sont tirés du livret de l'album[o 1].

Interprètes modifier

Blink-182

Musicien additionnel

Production modifier

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Enema of the State » (voir la liste des auteurs).

Ouvrages modifier

  • (en) Joe Shooman, Blink 182 : The Bands, The Breakdown & The Return, Independent Music Press, , 208 p. (ISBN 1906191107 et 978-1906191108)
  1. Shooman 2010, p. 15-17
  2. a et b Shooman 2010, p. 56
  3. Shooman 2010, p. 67
  1. Hoppus 2001, p. 8-9
  2. Hoppus 2001, p. 16
  3. Hoppus 2001, p. 24-27
  4. Hoppus 2001, p. 31
  5. Hoppus 2001, p. 64
  6. Hoppus 2001, p. 69
  7. Hoppus 2001, p. 74
  8. Hoppus 2001, p. 85
  9. a et b Hoppus 2001, p. 91
  10. a et b Hoppus 2001, p. 92
  11. Hoppus 2001, p. 63
  12. a et b Hoppus 2001, p. 95
  13. Hoppus 2001, p. 96
  14. a b c et d Hoppus 2001, p. 90
  15. a et b Hoppus 2001, p. 99
  16. Hoppus 2001, p. 100
  17. Hoppus 2001, p. 83

Autres ouvrages

  1. a b et c (en) Enema of the State, Blink-182, 1999, Livret album, MCA
  2. a b c d e f g h i j et k Blink-182: The Mark Tom and Travis Show 2000 Official Program, Blink-182, 2000
  3. (en) Matt Diehl, My So-Called Punk, Griffin Trade Paperbacks, , 256 p. (ISBN 978-0312337810), p. 75–76
  4. (en) Tim Footman, Blink-182: In Words and Pictures, Chrome Dreams, , 96 p. (ISBN 978-1842401682), « Chapter 8: Keeping It Clean », p. 52–55

Articles de presse modifier

  1. a b et c (en) « Tom DeLonge talks guitar tones, growing up and Blink », Total Guitar,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Steve Hochman, « Psst . . . Blink-182 Is Growing Up », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne)
  3. a b et c (en) Gavins Edwards, « The Half Naked Truth About Blink-182 », Rolling Stone,‎ (lire en ligne)
  4. a et b (en) « Blink-182 Article », Alternative Press, no 134,‎
  5. (en) Jon Carimanica, « Not Quite Gone, A Punk Band Is Coming Back », New York Times,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Nitsuh Abebe, « Sentimental Education », New York Magazine,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Chris Willman, « Nude Sensation », Entertainment Weekly, no 527,‎
  8. a et b (en) Jon Carimanica, « Not Quite Gone, A Punk Band Is Coming Back », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  9. (en) Chris Willman, « Nude Sensation », Entertainment Weekly, no 527,‎
  10. (en) Nitsuh Abebe, « Sentimental Education », New York magazine,‎
  11. (en) Nicole Frehsée, « Pop-Punk Kings Blink-182: Reunited and Ready to Party Like It's 1999 », Rolling Stone, no 1073,‎ , p. 20
  12. (en) Scott Heisel, « 10 Essential Jerry Finn Albums », Alternative Press, no 295,‎ , p. 96
  13. (en) John Aizlewood, « 500 CDs You Must Own Before You Die », Blender, no 15,‎

Autres sources modifier

  1. (en) « Blink 182 Lands Role in New Coming-of-Age Film », sur mtv.com (consulté le )
  2. (en) « blink-182: Party All the Time », sur mtv.com (consulté le )
  3. (en) « Blink-182's Secret Of Success: They Write For Fans », sur mtv.com (consulté le )
  4. (en) « Blink-182, AFI Producer Jerry Finn Dead At 39 », sur mtv.com (consulté le )
  5. (en) « Blink-182 - Enema of the State - Versions », sur discogs.com (consulté le )
  6. a et b (en) Stephen Thomas Erlewine, « Enema of the State  — blink-182 », sur allmusic.com (consulté le )
  7. a b c d et e (en) Neva Chonin, « Blink-182 - Enema Of The State », sur rollingstone.com (consulté le )
  8. a et b (en) Adam Downer, « Blink-182 - Enema of the State », sur sputnikmusic.com (consulté le )
  9. a et b (en) Stephen Thompson, « Blink-182 - Enema of the State », sur avclub.com (consulté le )
  10. a et b (en) « blink-182 », sur robertchristgau.com (consulté le )
  11. a et b (en) « Enema Of The State », sur nme.com (consulté le )
  12. a b et c Arnaud de Vaubicourt, « Critique de Enema of the State », Music Story (consulté le )
  13. (en) « Backstreet Boys Hold Off Ja Rule, Jennifer Lopez On Chart », sur mtv.com (consulté le )
  14. (en) « Blink-182 Opens At No. 1, Sugar Ray Debuts High », sur billboard.com (consulté le )
  15. a et b (en) « Blink-182 », RIAA (consulté le )
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