Hassan Nasrallah

homme politique libanais

Hassan Nasrallah
حسن نصر الله
Illustration.
Hassan Nasrallah en 2019.
Fonctions
Secrétaire général du Hezbollah
En fonction depuis le
(32 ans, 2 mois et 4 jours)
Prédécesseur Abbas Moussaoui
Biographie
Date de naissance (63 ans)
Lieu de naissance Bourj Hammoud, Liban
Nationalité Libanaise
Parti politique Mouvement Amal (1978-1982)
Hezbollah (1982-présent)
Fratrie Khader Nasrallah
Hussein Nasrallah
Conjoint Fatimah Yasin
Enfants 5 dont Hadi
Religion Islam chiite duodécimain

Hassan Nasrallah

Hassan Nasrallah (en arabe : حسن نصر الله), né le à Bourj Hammoud, est un seigneur de guerre et homme politique libanais.

Depuis 1992, il est secrétaire général et guide religieux du Hezbollah, un mouvement islamiste chiite libanais.

Un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient[1],[2], il a été parfois décrit comme le véritable dirigeant du Liban[3],[4],[5].

Biographie modifier

Années de formation et vie privée modifier

Hassan Nasrallah est né le à Bourj Hammoud à l'est de Beyrouth. Aîné d'une famille de neuf enfants, son père, Abdel Karim, épicier de son état, est membre du Parti social nationaliste syrien.

Nasrallah commence ses études à l'école publique de Sin el-Fil, un quartier où cohabitent chrétiens et musulmans à l’est de Beyrouth, ce qui lui permet de faire la connaissance de chrétiens libanais. En 1975, lorsque la guerre civile éclate au Liban, sa famille est obligée de retourner dans leur village d'origine, Bazourié, proche de la ville de Tyr (Sud). C'est là qu'il décide de rejoindre le mouvement Amal (« Espoir »), une organisation chiite politique et paramilitaire.

Il étudie la théologie dans la ville de Nadjaf en Irak pour devenir ecclésiastique. L'imam Mohammed Bakr al-Sadr, fondateur du parti ad-Daawa, lui présente l'étudiant libanais Abbas Moussaoui avec qui il se lie d'amitié. À partir de 1978, l'intensification de la répression du gouvernement de Saddam Hussein à l'encontre des religieux chiites l'oblige à rentrer au Liban.

Officiellement, Nasrallah vit aujourd'hui avec sa femme et ses trois enfants : son aîné, Hadi, a été tué alors qu'il combattait l'armée israélienne au Liban sud à Jabal al-Rafei, en 1997.

D'Amal au Hezbollah (1978–1991) modifier

Il étudie et enseigne ensuite à l'école du cheikh Abbas Moussaoui, devenu dirigeant d'Amal. Il gravit les échelons du parti qui représente le courant favorable aux idées de l'ayatollah Rouhollah Khomeiny et en particulier au velayet-e faqih. Il est tout d'abord élu délégué politique pour la Bekaa, faisant de lui un membre du bureau politique central. En 1982, après l'invasion israélienne du Liban, Moussaoui et Nasrallah quittent Amal pour rejoindre la nouvelle organisation chiite libanaise, le Hezbollah, soutenu par l'Iran.

S'il devient à vingt-deux ans un des fondateurs du Hezbollah, il ne fait pas alors partie du directoire suprême. Il reçoit la charge de la mobilisation, puis il devient responsable pour les régions de Baalbek et enfin de l'ensemble de la Bekaa.

Désireux de reprendre ses études en théologie, il part pour la ville iranienne de Qom en 1989. Mais il est obligé de revenir au Liban lorsque les troupes du Hezbollah et d’Amal se combattent.

Accession à la tête du Hezbollah (1992–2000) modifier

Après l'assassinat d'Abbas Moussaoui le par Israël (un tir de missile), Hassan Nasrallah est invité par l'ayatollah Ali Khamenei et par le Conseil des sages du Hezbollah à prendre la tête du parti ; l'Iran est en effet, avec la Syrie, le principal bailleur de fonds de ce parti.

Sous la conduite de Nasrallah, le Hezbollah devient un adversaire sérieux de l'armée israélienne au Sud-Liban. Avant son accession au poste de secrétaire général, les combattants du Hezbollah mènent des attaques frontales contre l'armée israélienne, laissant derrière eux des dizaines de morts. La stratégie du parti change sous son impulsion, les attaques deviennent plus ciblées et plus efficaces. Pour le Hezbollah, le retrait israélien du Sud-Liban est la conséquence de leur action militaire et Nasrallah incarne cette victoire.

Le combat contre Israël à la source de sa popularité (2000–2005) modifier

Après le retrait israélien, Hassan Nasrallah réalise un échange de prisonniers avec Israël : des centaines de Palestiniens et de militants du Hezbollah sont libérés. Toutefois, après le départ israélien, les fermes de Chebaa restent une pomme de discorde entre le Hezbollah et Israël. Nasrallah appelle alors à la « poursuite de la résistance contre l'occupation israélienne au Liban ».

Le retrait d'Israël du Liban sud l'a consacré comme un héros pour beaucoup de Libanais[6]. Pour certains, sa principale force tient de son esprit de synthèse du chiisme arabe et iranien, de l'islamisme et du nationalisme arabe, du visage occidental du Liban et de son appartenance au monde arabe[7].

Pendant la guerre de l'été 2006 contre Israël, de nombreuses chansons ont pour sujet Hassan Nasrallah. L'une d'elles, composée par le chanteur libanais Alaa Zalzali, rend hommage pendant le conflit avec Israël aux vertus d'Hassan Nasrallah[8]. En Israël, le groupe Frishman and the Pioneers compose une chanson intitulée « Yalla Ya Nasrallah » qui défend un point différent des chansons précédentes[9].

Une figure de la vie politique libanaise (depuis 2005) modifier

Le Guide de la Révolution Ali Khamenei, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et le général et chef de la Force Al-Qods Qassem Soleimani à Téhéran. Date inconnue, image publiée en 2019.

Après l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafiq Hariri le , il réagit à la tête du Hezbollah contre la « Révolution du cèdre » dont les membres demandaient le départ des troupes syriennes des territoires libanais. Nasrallah appelle les Libanais à manifester le pour remercier l'armée syrienne et rendre hommage aux sacrifices de ses soldats sur le sol libanais pendant de longues années de guerre civile libanaise, un point de vue contraire à celui du mouvement du 14-Mars qui y voyait une armée d'occupation. Cette manifestation emblématique donne le nom de « mouvement du 8-Mars » aux opposants à la Révolution du cèdre (appelés aussi « mouvement du 14-Mars »).

Le , après plusieurs mois de négociations avec le Courant patriotique libre, Nasrallah rencontre Michel Aoun pour signer un document d'entente de dix points[10].

Le , en réaction à la volonté du gouvernement libanais de faire gérer par l'armée les infrastructures du Hezbollah, il menace de « couper la main » de quiconque « touchera aux armes de la résistance »[11]. Ses partisans prennent possession de Beyrouth Ouest avant d'ordonner le à ses hommes de laisser la place à l'armée libanaise. Si les combats se poursuivent un temps dans le Chouf et à Tripoli, Nasrallah accepte la médiation du Qatar pour mettre fin aux hostilités au Liban. Cet événement marque une étape dans l'évolution de la popularité du dirigeant chiite auprès de ses compatriotes[12].

Durant les années 2010, il engage le Hezbollah dans la mobilisation des milices pro-iraniennes en soutien au régime de Bachar al-Assad, lequel fait face à une révolution populaire de rare ampleur[13]. Dès septembre 2011, le Hezbollah vient en soutien à l'armée gouvernementale gravement mise en danger[14]. Le Hezbollah est accusé de nombreux crimes contre l'humanité à la suite de ses actions militaires en Syrie[15]. En 2015, il s'oppose à l'État islamique, organisation terroriste sunnite, ce qui lui permet de justifier de son engagement dans le soutien à Bachar al-Assad[16]. Nasrallah déclare notamment en 2015 que « leurs actes [sont] immondes, violents et inhumains ». Il affirme que « ces groupes ont porté atteinte au prophète et aux musulmans plus que ne l'ont fait […] les livres, les films et les caricatures ayant injurié le prophète. […] Ce sont les pires actes ayant nui au prophète dans l'histoire »[17]. Plusieurs milliers de soldats du Hezbollah combattent en Syrie[18].

En octobre et , Israël mène une opération militaire d'envergure sur la bande de Gaza à la suite d'attaques du Hamas sur le territoire israélien. Dans une allocution très attendue, Hassan Nasrallah accuse sans surprise les États-Unis d'être responsable de la guerre actuelle et leur demande d'« arrêter l'agression à Gaza » sinon une guerre régionale pourrait avoir lieu. Toutefois, contrairement à une hypothèse envisagée, Nasrallah n'annonce pas ouvrir un nouveau front contre Israël à partir du Liban[19],[20].

Image publique modifier

En jouant un rôle clé dans la fin de l’occupation israélienne, Nasrallah est devenu un « héros national »[21]. L'article du New York Times rapportait qu'un homme politique arabe l'avait qualifié de « l'homme le plus puissant du Moyen-Orient » et du « seul dirigeant arabe qui fait réellement ce qu'il dit qu'il va faire »[22]. Al Jazeera l'a comparé à d'autres dirigeants arabes tels que Yasser Arafat et Gamal Abdel Nasser, et à des révolutionnaires comme Che Guevara et Fidel Castro[23].

Nasrallah est souvent appelé « al- Sayyid Hassan » ( السيد حسن ), le « Sayyid » honorifique désignant une descendance du prophète islamique Mahomet par l'intermédiaire de son petit-fils Hussein ibn Ali.

Dans la culture populaire modifier

Portrait de Hassan Nasrallah par Abbas Goudarzi.

Deux chansons populaires ont été écrites sur Nasrallah pendant la guerre Israël-Hezbollah de 2006 , avec des points de vue très différents sur le chef du Hezbollah : Le Faucon du Liban en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et Yalla Ya Nasrallah , contre Nasrallah, en Israël.

En 2007, le chanteur libanais Alaa Zalzali compose une chanson hommage intitulée «Ya Nasrallah». Une autre chanson populaire composée en son hommage était celle de la chanteuse chrétienne libanaise Julia Boutros, intitulée « Ahebba'i » signifiant « mes proches », inspirée des paroles de Nasrallah dans un message télévisé qu'il a envoyé aux combattants du Hezbollah dans le sud du Liban en 2006.

Références modifier

  1. Daher, Aurélie, 'The Hassan Nasrallah Phenomenon: Leadership and Mobilization', Hezbollah: Mobilization and Power (2019; online edn, Oxford Academic, 19 septembre 2019), https://doi.org/10.1093/oso/9780190495893.003.0007, accessed 19 Oct. 2023.
  2. « What the rising power of Hezbollah means for the Middle East », sur PBS,
  3. Maïla, Joseph. “Le Liban Après La Guerre.” Esprit (1940-), no. 328 (10), 2006, p. 18–22. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/24259197. Accessed 19 Oct. 2023.
  4. Zvi Bar'el, « Nasrallah Reminds Lebanon Who Calls the Shots », sur Haaretz,
  5. Ksenia Svetlova, « Hassan Nasrallah, Master of Lebanon », sur JS Tribune,
  6. Gilles Paris, "La presse arabe s'enthousiasme du retrait israélien du Liban", in LE MONDE, 26 mai 2000
  7. Hassan Nasrallah, ce chiite que les sunnites admirent, RFI
  8. Ya Nasrallah sur YouTube
  9. Yalla Ya Nasrallah
  10. Le Document d’entente mutuelle entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre
  11. « Les enjeux de la crise libanaise », in LEMONDE.FR, 9 mai 2008. Citation : « Saad Hariri […] a proposé que toutes les décisions relevant des infrastructures du Hezbollah soient prises en charge par l'armée. L'opposition a rejeté en bloc cette initiative. Le réseau de télécommunications est une partie essentielle de l'arsenal du Hezbollah dans sa « résistance contre Israël », a dit cheikh Nasrallah, qui a menacé de couper la main de quiconque « touchera aux armes de la résistance ». »
  12. Mireille Duteil, Émilie Sueur (correspondant à Beyrouth) et Denise Ammoun (correspondante au Caire), « Nasrallah, le dynamiteur », in Le Point, 15 mai 2008, no 1861. Citation : « Mais, le 7 mai, le mouvement de sympathie […] qui unissait, bien au-delà des chiites, nombre de Libanais chrétiens, druzes ou sunnites à Hassan Nasrallah, le patron du Hezbollah, a volé en éclats. Ce petit homme charismatique, magicien du verbe, était crédité d'avoir chassé les Israéliens du sud du Liban en 2000. […] il était presque devenu un héros au pays du Cèdre et dans nombre de pays arabes. […] En une semaine, Hassan Nasrallah, le leader chiite de 47 ans, toujours coiffé du turban noir des Seyyed, les descendants du Prophète, s'est mué en fossoyeur de la fragile unité libanaise. »
  13. Robin Yassin-Kassab et Leila al- Shami, Burning country: Syrians in revolution and war, Pluto Press, (ISBN 978-0-7453-3782-1 et 978-0-7453-3784-5)
  14. Erminia Chiara Calabrese, « Entre le front et la maison : émotions et affects de combattants du Hezbollah libanais engagés dans le conflit syrien: », Critique internationale, vol. N° 91, no 2,‎ , p. 45–65 (ISSN 1290-7839, DOI 10.3917/crii.091.0048, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) https://www.middleeasteye.net/news/hezbollahs-war-aleppo-victory-any-cost-even-civilians, « Hezbollah's war in Aleppo: Victory at any cost, even to civilians », sur Middle East Eye (consulté le )
  16. (en) United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld | Unwanted Ally: Hezbollah's War Against the Islamic State », sur Refworld (consulté le )
  17. Pour le leader du Hezbollah, les djihadistes font plus de mal à l'islam que des caricatures, sur Nouvel Obs, 9 janvier 2015 (consulté le 21 août 2016).
  18. (en-US) Dan De Luce, « Syrian War Takes Rising Toll on Hezbollah », sur Foreign Policy, (consulté le )
  19. « Pour Hassan Nasrallah, « toutes les options sont ouvertes » face à Israël », AFP et Jeune Afrique,
  20. Hélène Sallon, « Depuis Beyrouth, Hassan Nasrallah maintient la menace d’une escalade avec Israël », Le Monde,
  21. Patrice Claude, « Mystery man behind the party of God », (consulté le )
  22. Neil MacFarquhar, « Arab World Finds Icon in Leader of Hezbollah », sur New York Times, (consulté le )
  23. Rachel Shabi, « Palestinians see Nasrallah as new hero », sur Al Jazeera, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier