Jean Paul

écrivain allemand
Jean Paul
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Portrait de Jean Paul réalisé par Heinrich Pfenninger autour de 1797-1798.
Nom de naissance Johann Paul Friedrich Richter
Alias
Jean Paul
Naissance
Wunsiedel, Blason de la Principauté de Bayreuth Principauté de Bayreuth
Décès (à 62 ans)
Bayreuth, Drapeau du Royaume de Bavière Royaume de Bavière
Activité principale
Écrivain
Auteur
Langue d’écriture Allemand
Genres
Classique

Johann Paul Friedrich Richter, né le 21 mars 1763 à Wunsiedel et mort le 14 novembre 1825 à Bayreuth, mieux connu sous le pseudonyme de Jean Paul (en allemand : /ʒɑ̃ paʊl/[1] Écouter), est un écrivain allemand.

Biographie modifier

Né en 1763 d'un père instituteur et organiste, il entre en 1781 à l’université de Leipzig pour y suivre des études de théologie. Il publie ses premières pièces satiriques. Période difficile (décès de son père et suicide de son frère, difficultés financières). En 1787 il trouve un poste de précepteur qui lui permet d'améliorer sa situation matérielle.

À la suite d'une crise spirituelle au cours de laquelle il lui semble frôler la mort, il écrit le roman La loge invisible qui rompt avec le style satirique de ses premières pièces. Il adopte pour l'occasion le pseudonyme de Jean Paul en hommage à Jean-Jacques Rousseau[2]. Ce roman ainsi que les suivants établissent sa réputation en tant qu'auteur.

En 1796 il s'établit à Weimar, capitale littéraire de l'époque, où il côtoie Goethe et Schiller, et se lie à Charlotte von Kalb. En 1800 il se rend à Berlin où il rencontre Karoline Meyer qu'il épouse l'année suivante. Il se lie d'amitié avec les frères Schlegel, Tieck et Fichte. Sa renommée est alors très grande.

Ses romans suivants, Titan et Flegeljahre, reçoivent cependant un accueil plus mitigé. En 1804 Jean Paul et son épouse quittent Berlin pour s'établir finalement à Bayreuth où ils mènent une vie plus retirée. À la mort de son fils en 1821 il abandonne la rédaction de son dernier roman, La Comète. Il meurt des suites d'un œdème en 1825.

Œuvre modifier

Titan. 1.

L'œuvre de Jean Paul comporte de nombreux aspects parfois contradictoires. Admirateur de Laurence Sterne, il partage son goût pour la fantaisie, les digressions, la satire, mais aussi pour le sentimentalisme. À ces caractéristiques s'ajoutent des thèmes typiques du romantisme allemand : fantastique, mysticisme, goût du tragique. Enfin, ses éloges de la vie bourgeoise et de la résignation l'apparentent au style Biedermeier.

Son style se caractérise par l'accumulation de périphrases et de circonlocutions ironiques et de fréquents clins d'œil au lecteur. Ses romans reprennent la structure typique du Bildungsroman mais multiplient les digressions et les bifurcations labyrinthiques. Il se rapproche en cela de son contemporain E. T. A. Hoffmann. Son écriture ironique permet de donner l'impression d'un auteur maître de son récit.

Il est un des premiers auteurs, avec Lichtenberg, à se servir de ses rêves comme matériaux littéraires[3]. Les rêves de Jean Paul, abondants et restant la partie la plus célèbres de son œuvre, se caractérisent par des visions célestes et métaphysiques, des envolées vers l'éternité, la contemplation lyrique d'étendues paradisiaques et de la pluralité des mondes, des élans enthousiastes vers l'Infini, des figures angéliques et des retrouvailles cosmiques[4]. Cette sensibilité aigüe, nostalgique d'un au-delà lumineux mais aussi du paradis perdu de l'enfance, imprègne toute l'esthétique de Jean Paul et se conjugue avec une forte sentimentalité attentive à l'amour et à la souffrance humaine, qui lui fera par ailleurs produire des textes d'une symbolique forte et d'un lyrisme intense qui annoncent le romantisme.

Jean Paul connaît un très grand succès populaire de son vivant, bien que certains critiques lui reprochent son pédantisme d'autodidacte et son humour railleur. Il a une influence considérable sur le compositeur Robert Schumann (Papillons), ainsi que sur la première symphonie de Gustav Mahler, l'amour qu'a voué à l'homme de lettres le compositeur a valu le surnom de « Titan » à cette première symphonie. L'œuvre de Jean Paul est aujourd'hui tombée dans un relatif oubli, hormis en Allemagne, où elle est prisée par des auteurs avant-gardistes tels qu'Arno Schmidt.

En France, il est notamment popularisé par Le songe, traduction approximative faite par Mme de Staël du Discours du Christ mort extrait du Siebenkäs. Cette traduction trouve un écho chez nombre d'auteurs, de Victor Hugo à Ernest Renan et Leconte de Lisle. La traductrice ayant omis la fin du texte où le narrateur se réveille et se met à prier, Le Songe a été souvent interprété comme une profession d’athéisme, alors qu'il s'agit plutôt d'un « cauchemar athée » où le Christ apparaît aux morts en annonçant n'avoir trouvé Dieu nulle part dans les infinités du Ciel. Gérard de Nerval s'est inspiré de ce même texte pour son poème Le Christ aux Oliviers, paru dans L'Artiste le .

D'après l'Encyclopædia Universalis, la possibilité existe qu'il ait écrit Les Veilles (Nachtwachen, 1804) sous le nom de plume Bonaventura[5].

Œuvre littéraire modifier

  • Procès Groënlandais, chroniques satiriques, publiées en 1783 sous le pseudonyme J. P. F. Hasus
  • Choix des papiers du Diable, chroniques satiriques, 1789.
  • L'Éclipse de Lune, 1791, a été adaptée en français par Gérard de Nerval ; voir Les Romantiques allemands d'Armel Guerne, Desclée de Brouwer, 1956 et 1963, rééd. Phébus, 2004.
  • La Loge invisible, une biographie, (roman), 1791-1793.
  • Vie de Maria Wutz (litt. La Vie du brave maître d'école Maria Wuz à Auenthal, une sorte d'idylle), appendice comique de la Loge invisible, 1793
  • Hesperus, roman, 1795.
  • Voyage du Professeur Fälbel et de ses réthoriciens au Fichtelberg, appendice comique de Quintus Fixlein, 1795.
  • Quintus Fixlein (litt. Vie de Quintus Fixlein, extrait de quinze caisses de feuillets et autres jus de tablette), roman, 1796
  • Siebenkäs (litt. Fleurs, fruits et épines ou vie conjugale, mort et mariage de l'avocat des pauvres F. St. Siebenkäs), roman, 1796–97
  • Rede des toten Christus vom Weltgebäude herab, dass kein Gott sei, inclus dans Siebenkäs, traduit partiellement par Germaine de Staël en Un songe, Discours du Christ qui n'aurait pas de Père et Le chercherait ; puis entièrement par Loève-Veimars, sous le titre La dernière heure. Vision paru dans La Revue de Paris du  ; puis par Albert Béguin.
  • Biographie conjecturale (récit), 1798
  • Titan (roman), 1800–1803
  • Journal de bord de l'aéronaute Gianozzo, appendice comique du roman Titan, 1801.
  • Cours préparatoire d'esthétique (Vorschule der Aesthetik), essai, 1804
  • Le Voyage aux bains du Dr. Katzenberger (roman), 1809
  • La Comète (roman), 1820–22
  • Jean Paul, Choix de rêves, traduction d'Albert Béguin, Collection Romantique No 8, éditions José Corti.
  • Pensées, Eryck de Rubercy (Introduction), Édouard Le Lièvre La Grange (Traduction), Pocket, Coll. Agora, 464 p., 2016
  • Jean Paul, La Lanterne magique (florilège de pensées), Charles Le Blanc (traducteur), Paris, José Corti, 2022, 182 p.

Réception musicale (sélection) modifier

Salle de musique du lycée Jean-Paul à Hof, que l'écrivain fréquenta.
  • Robert Schumann : Papillons pour le pianoforte seul, 1832.
  • Johann Friedrich Kittl : Wär’ ich ein Stern, 1838.
  • Robert Schumann : Blumenstück, 1839.
  • Carl Grünbaum : Lied (Es zieht in schöner Nacht der Sternenhimmel), 1840.
  • Ernst Friedrich Kauffmann : Ständchen nach Jean Paul, 1848.
  • Carl Reinecke : O wär’ ich ein Stern (de: Flegeljahre), 1850.
  • Stephen Heller : Blumen-, Frucht- und Dornenstücke (Nuits blanches), 1850.
  • Marta von Sabinin : O wär ich ein Stern, 1855.
  • Ernst Methfessel : An Wina, 1866.
  • Gustav Mahler : Sinfonie Nr. 1 in D-Dur (Titan), 1889.
  • Ferdinand Heinrich Thieriot : Leben und Sterben des vergnügten Schulmeisterlein Wuz, 1900.
  • Hugo Leichtentritt : Grabschrift des Zephyrs, 1910.
  • Henri Sauguet : Polymetres, 1936.
  • Eduard Künnecke : Flegeljahre, 1937.
  • Karl Kraft : Fünf kleine Gesänge auf Verse des Jean Paul für Singstimme und Klavier, 1960.
  • Walter Zimmermann : Glockenspiel für einen Schlagzeuger, 1983.
  • Wolfgang Rihm : Andere Schatten (de: Siebenkäs), 1985.
  • Oskar Sala : Rede des toten Christus vom Weltgebäude herab, dass kein Gott sei, 1990.
  • Iván Eröd : Blumenstück für Viola solo, 1995.
  • Thomas Beimel : Idyllen, 1998/99.
  • Christoph Weinhart : Albanos Traum, 2006.
  • Georg Friedrich Haas : Blumenstück (allemand : Siebenkäs), 2009.
  • Ludger Stühlmeyer : Zum Engel der letzten Stunde (allemand : Das Leben des Quintus Fixlein), 2013.

Articles connexes modifier

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Notes et références modifier

  1. Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
  2. Zink, Gravier, Grappin, Plard et David, Histoire de la littérature allemande, Paris, Aubier-Montaigne, , 1031 p., p. 508
  3. Albert Béguin, L'âme romantique et le rêve : essai sur le romantisme allemand et la poésie française, Paris, José Corti, , 416 p. (ISBN 2-7143-0183-5), p. 167
  4. Alexandra Besson, « Rêveries astronomiques : la pluralité des mondes dans le rêve chez Edward Young, Jean Paul Richter, Novalis et Gérard de Nerval », Romantisme, vol. 178, no 4,‎ , p. 9–19 (ISSN 0048-8593, DOI 10.3917/rom.178.0009, lire en ligne, consulté le )
  5. « Les Veilles » de Bonaventura, Encyclopædia Universalis. L'attribution de cet ouvrage oscille cependant encore entre Hoffmann, Brentano, Wetzel, Klingemann voire Schelling.

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