Pierre Kœnig

homme politique et militaire français
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 Pierre Kœnig
Pierre Kœnig
Pierre Kœnig en 1944.

Naissance
Caen
Décès (à 71 ans)
Neuilly-sur-Seine
Origine Français
Allégeance Drapeau de la France France
Dignité d'État Maréchal de France
Années de service 1917 – 1951
Commandement Forces françaises de l'intérieur
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Distinctions principales :

Maréchal de France
Grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Médaille militaire
Croix de guerre 1914-1918
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
Médaille de la Résistance française
Médaille coloniale
Croix du combattant
Distinguished Service Order
Compagnon de l'ordre du Bain
Grand croix de l'ordre de Georges Ier

Pierre Kœnig
Fonctions
Député français

(7 ans et 5 mois)
Élection 17 juin 1951
Réélection 2 janvier 1956
Circonscription Bas-Rhin
Législature IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique RPF (1951-1955)
RS (1956-1958)
Biographie
Résidence Bas-Rhin

Pierre (parfois Pierre-Marie[1] ou Marie Pierre[2]) Kœnig[2] ou Koenig[3], né le à Caen[4] et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un militaire, officier général et un homme politique français, maréchal de France et compagnon de la Libération.

Héros de la Seconde Guerre mondiale, il est surtout connu pour son rôle en tant que commandant de la 1re brigade française libre lors de la bataille de Bir Hakeim (Libye), qui se déroule du au durant la guerre du Désert, et au cours de laquelle son unité de 3 700 hommes résiste opiniâtrement aux assauts conjugués des armées allemande et italienne, environ dix fois plus nombreuses, de l'Afrika Korps dirigées par le général Erwin Rommel.

Biographie modifier

Pierre Kœnig (avec le bâton), entouré du Lieutenant General Omar Bradley, du General Dwight D. Eisenhower et de l'Air chief marshal Arthur Tedder à Paris en 1944.
Pierre Kœnig, 1969
De gauche a droite: Menahem Begin, Pierre Kœnig et Shlomo Friedrich, 1969

Issu d'une famille d'origine alsacienne et franc-comtoise, Marie, Joseph, Pierre, François Kœnig[5] naît à Caen. Son père, Joseph Koenig (né à Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône) s'est établi facteur d'orgue après avoir été formé chez Cavaillé-Coll. Sa mère, Ernestine Mutin (née à Saint-Julien (Jura) ) est fleuriste et est la sœur de Charles Mutin. Il étudie au collège Saint-Joseph puis au lycée Malherbe à Caen. Il participe alors aux activités sportives à l'Avant-Garde caennaise, un patronage paroissial affilié à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) à laquelle il reste très attaché. Il obtient son baccalauréat et s'engage en 1917. Il sert dans le 36e régiment d'infanterie. Il est nommé aspirant en et rejoint son unité sur le front. Décoré de la Médaille militaire, il est promu sous-lieutenant le [6].

Après la guerre, il sert en Silésie comme adjoint du capitaine Adrien Henry, dans les Alpes, en Allemagne, puis au Maroc, à l'état-major de la division de Marrakech. Il est capitaine et adjoint du lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey dans la 13e demi-brigade de Légion étrangère quand il décide de s'engager dans la France libre, en . Il participe à la tentative de ralliement de Dakar, puis au ralliement du Gabon, et à celle du Levant.

Promu colonel début 1941, puis général de brigade en , le général Kœnig commande les Français libres lors de la bataille de Bir Hakeim ( au ), et lors de la seconde bataille d'El Alamein. Il est le général en chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI) en 1944. Promu général de corps d'armée en , il accompagne de Gaulle à Bayeux le [7]. Il est nommé gouverneur militaire de Paris le , peu avant la libération de la ville.

Le , il est chargé de procéder à l'arrestation du maréchal Pétain à Vallorbe, à la frontière suisse, puis de l'escorter jusqu'au fort de Montrouge, son lieu de détention.

Le , il honore à Caen la compagnie Scamaroni[8] et se rend au monument aux morts situé place Foch[9].

De au , il est nommé commandant en chef de la zone d'occupation française en Allemagne. Il y donne des ordres particuliers concernant les enfants en Zone Française d'Occupation, restés sous le nom de « additif III »[10]. Le général Koenig est ensuite remplacé par un haut-commissaire de la République française en Allemagne, l'ambassadeur André François-Poncet.

Optant ensuite pour la carrière parlementaire, il prend la tête d'une liste du Rassemblement du peuple français (RPF) dans le Bas-Rhin, qui remporte 31 % des suffrages le avec 94 970 voix sur 305 890 et trois sièges sur neuf. Pressenti par le groupe gaulliste (l'URAS depuis la mise en sommeil du RPF par le général de Gaulle) comme candidat de recours lors de l'élection présidentielle de décembre 1953, il renonce à se lancer, malgré l'accord de De Gaulle.

Il est ministre de la Défense nationale et des Forces armées du au dans le gouvernement Pierre Mendès France, donnant son accord pour les gaullistes au discours de Carthage du sur l'autonomie interne de la Tunisie[11], puis du au dans le gouvernement Edgar Faure (2).

Le , il est réélu dans le Bas-Rhin, à la tête d'une liste d'Union démocratique des Républicains sociaux qui n'obtient que 7,1 % des voix, grâce à un apparentement avec le Mouvement républicain populaire (MRP) et l'Union des Indépendants et paysans, apparentement majoritaire en voix.

Le général Kœnig en 1965 lors d'un concert de la Légion étrangère avec Johnny Hallyday.

Dans les années 1960, il est président du comité de l'Association France-Israël[12].

Il meurt le , à 71 ans, à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, puis repose au cimetière de Montmartre dans une modeste sépulture.

Il est élevé à la dignité de maréchal de France le à titre posthume[13] par le président François Mitterrand, devenant ainsi le quatrième et dernier général français élevé à cette dignité depuis la Libération, après Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), à titre posthume, en 1952[14], Alphonse Juin (1888-1967), de son vivant, en 1952[15] et Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), à titre posthume, en 1952[16].

En 1931, il épouse Marie Klein ; celle-ci décèdera en 1978. Il eut une liaison de à avec Susan Travers, qui fut son chauffeur et qui resta à ses côtés pendant toute la bataille de Bir Hakeim, ce que la propagande allemande utilisa. Il rompit quand il fut appelé aux côtés du général de Gaulle, mais renoua à plusieurs reprises, notamment lorsqu'il fut gouverneur militaire de Paris. À cette époque, il entretenait deux liaisons à la fois, d'abord avec Susan Travers, mais aussi avec la Suissesse Monique Barbey (1910-1994), épouse d'un de ses adjoints[17].

En 2000, Susan Travers, âgée alors de 90 ans, écrit, avec l'aide de Wendy Holden, son autobiographie Tomorrow to Be Brave: A Memoir of the Only Woman Ever to Serve in the French Foreign Legion où elle évoque ses relations avec Kœnig[18]. Treize ans plus tard, dans son journal intime paru de façon posthume, Il n'y a qu'une façon d'aimer, Monique Barbey (1910-1994) raconte à son tour l'histoire d'amour qu'elle eut avec Pierre Kœnig entre 1944 et 1947[19].

Des adoptions d'État : les enfants de l'occupation française en Allemagne, 1945-1952 modifier

Pierre Kœnig est l'un des commanditaires de la politique française d'adoption d'État, sa contribution à cette politique se nomme « L’additif III » de Koenig.

La Seconde Guerre mondiale ayant privé la France de millions de naissances, la France a connu une régression démographique. De nombreux enfants se retrouvent orphelins et errent seuls dans l'espace européen.

La politique d'adoption d'État a d'abord consisté a récupérer des enfants dans toute l'Europe, parfois même certains ayant des parents ou de la famille ce qui s'apparenta plutôt à du kidnapping ou à du rapt. Ces enfants étaient triés suivant un principe eugéniste d'intelligence et de robustesse, les plus faibles étant renvoyés en Allemagne ou dans d'autres pays tels que la Pologne. Ce procédé ayant été dénoncé et révélé par la Croix-Rouge suscita un tollé mais la France nia toujours cette version. La France décida ensuite de ne prendre que des enfants de toutes origines mais certains de ne pas être réclamés.

Viennent ensuite les adoptions d'enfants de mères allemandes et de pères français, les autorités françaises forçant les mères allemandes souvent seules, avec déjà plusieurs enfants et dans la précarité à signer un papier officiel d'abandon de leur enfant avec pour consigne de ne plus jamais s'en occuper ou s'en enquérir. Ces enfants étaient souvent nés de violences, viols, mais aussi parfois d'amour ; l'Allemagne étant la grande perdante de la guerre, les allemands devaient se soumettre de gré ou de force aux volontés du nouvel occupant vainqueur. L'identité de l'enfant avec un patronyme allemand était ensuite changée et l'enfant était rapatrié en France dans un orphelinat ou une famille d'accueil. De nombreux enfants devenus adultes ont cherché souvent en vain, parfois avec succès à retrouver leur véritable identité et leurs parents biologiques.

Ce procédé et cette politique ont été cachés et classés secrets pendant de nombreuses années et révélés au début des années 2000. Ces enfants "perdus" peuvent désormais consulter en toute liberté les archives les concernant mais c'est un peu tard car leurs parents biologiques ne sont souvent plus de ce monde.

Plusieurs ouvrages ont été rédigés sur ce sujet dont :

  • Des adoptions d'État : les enfants de l'occupation française en Allemagne, 1945-1952 de Yves Denéchère paru en 2005

Voir aussi le documentaire "1945, les enfants du chaos".


Décorations modifier

Les décorations du Maréchal Kœnig, conservées au Musée de l'Armée

Décorations françaises modifier

Décorations étrangères modifier

Hommages modifier

Monument Vent des batailles dans le square Alexandre-et-René-Parodi à Paris 16e.
Bas-relief sur la façade de l'hôtel Malherbe à Caen.

De très nombreuses voies publiques en France portent son nom. Par exemple :

  • à Neuilly-sur-Seine, commune où il est mort, le boulevard du Général-Kœnig ;
  • à Caen, vers 1976, l'ancien Grand Cours sur la Prairie est rebaptisé Cours Général-Kœnig[24]. Cette voie passe non loin du lycée Malherbe où il a étudié ;
  • à Paris, en 1978, la place de Porte-des-Ternes est renommée place du Général-Kœnig. À proximité se trouve également une allée du Général-Kœnig ;
  • à Strasbourg, quai du Général-Kœnig ;
  • à Rennes, les place et square du Général-Kœnig
  • à Nevers, la section de la Nationale 7 porte le nom de boulevard Maréchal-Kœnig ;
  • à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, une avenue porte son nom dans le quartier de la Rivière-Salée ;
  • à Belleville-sur-Meuse, rue du Général-Pierre-Kœnig ;
  • à Perpignan, avenue Maréchal-Kœnig, qui relie l'université de Perpignan au Moulin à Vent ;
  • à Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) dont il était citoyen d'honneur, une avenue porte son nom ;
  • à Sarcelles, avenue Pierre Kœnig, plus longue avenue de la commune ;
  • à Mertzwiller, rue du Général-Kœnig ;
  • à Gerstheim, rue du Général Kœnig, du N° 1 au N°37, accès à partir de la rue du Rhin.
  • à Palavas-les-Flots, l'ancienne route de Montpellier s'appelle dorénavant avenue des maréchaux Kœnig, Juin, de Lattre, Leclerc.
  • à Liévin, une rue porte le nom du Maréchal Kœnig ;

À l'étranger :

  • à Jérusalem, une rue porte le nom du général Pierre Kœnig ;
  • à Netanya, ville israélienne où vivent de nombreux francophones, une rue porte son nom[25].

Autres :

Notes et références modifier

  1. Fondation de la Résistance [1])
  2. a et b Le Petit Larousse illustré 2008 (grand format), Paris, Éditions Larousse (ISBN 978-2-03-582503-2), p. 1445
  3. Journal officiel du commandement en chef français en Allemagne [2], Assemblée nationale [3], ordre de la Libération [4], fondation de la Résistance [5], fondation Charles de Gaulle [6], Le Monde [7].
  4. « Acte de naissance », sur le site des Archives départementales du Calvados
  5. Fils de Joseph Koenig, facteur d'orgues, et de Marie Ernestine Joséphine Françoise Élisabeth Monique Mutin, né à 11 h 50 du soir, rue de Bayeux no 154 (acte no 742).
  6. « Registre matricule militaire (1R/455) », sur le site des Archives départementales du Calvados
  7. « Photographies de la visite du général De Gaulle et du général Kœnig le 14 juin 1944 à Bayeux », sur le site des Archives départementales du Calvados
  8. « Photographies de Kœnig à Caen le 18 juillet 1945 », sur le site des Archives départementales du Calvados
  9. « Photographies de la cérémonie du 18 juillet 1945 au monument aux morts de Caen (place Foch) », sur le site des Archives départementales du Calvados
  10. L’additif III » de Koenig
  11. Maria Romo-Navarrete, « Changer pour conserver. Les choix de Pierre Mendès France », dans la revue Relations internationales, 2008 [8].
  12. « Président du comité « France-Israël » le général Kœnig est « boycotté » par la Ligue arabe », L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 14 décembre 1964.
  13. Décret du 6 juin 1984, conférant, à titre posthume, la dignité de maréchal de France, paru au JO du 8 juin, p. 1775.
  14. Décret du 15 janvier 1952, paru au JO du 16 janvier, p. 666.
  15. Décret du 7 mai 1952, paru au JO du 8 mai, p. 4713.
  16. Décret du 23 août 1952, paru au JO du 24 août, p. 8430.
  17. « Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim » - Documentaire de la Case du siècle - Patrick Jeudy - Durée : 52 min - Première diffusion le 4 mars 2018 sur France 5.
  18. En français : Tant que dure le jour, éditions Plon, 2001 (ISBN 978-2259192897)
  19. « L'histoire d'amour secrète de Kœnig, héros caennais de la Libération », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  20. le 16 juillet 1946, sur le Monitor Polski 1947 no. 27 pos. 188.
  21. « Distinctions honorifiques dans Bulletin d'information du 30 septembre 1949 », sur gouvernement.lu (consulté le ).
  22. « NOUVELLES DU JOUR », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « Pont du Général-Koenig », sur Lyon France (consulté le ).
  24. « Plan de Caen », La Poste, 1977.
  25. (en) « Maréchal Pierre Kœnig, Netanya, 42721 16 », sur GET POSTAL CODES (consulté le ).
  26. « Site de la promotion Général-Kœnig » (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier