Offensive de Deir ez-Zor (2014)

Offensive de Deir ez-Zor

Informations générales
Date 30 avril
Lieu Gouvernorat de Deir ez-Zor
Issue Victoire de l'EIIL
Belligérants
Front al-Nosra
Ahrar al-Cham
Armée syrienne libre
Front de l'authenticité et du développement
Drapeau de l'État islamique État islamique en Irak et au Levant
Forces en présence
inconnues 3 000 à 4 000 hommes[1]
Pertes
354 morts[2]
(30 avril - 10 juin)
241 morts[2]
(30 avril - 10 juin)

Civils :
39 morts[2]
130 000 réfugiés[2]
(avril - juin 2014)

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 35° 09′ 20″ nord, 40° 25′ 33″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Offensive de Deir ez-Zor

L'offensive de Deir ez-Zor a lieu lors de la guerre civile syrienne. Elle est lancée par les djihadistes salafistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) avec pour objectif de s'emparer du gouvernorat de Deir ez-Zor et de rétablir la jonction entre ses forces en Syrie et celles en Irak.

Après près de trois mois de combats, les forces de l'EIIL sont victorieuses et s'emparent de 95 à 98 % du gouvernorat de Deir ez-Zor. Les rebelles du Front al-Nosra, du Front islamique et de l'Armée syrienne libre sont chassés du gouvernorat tandis que les loyalistes ne contrôlent que la partie ouest de la ville de Deir ez-Zor.

Prélude modifier

En , l'EIIL est chassé du Gouvernorat de Deir ez-Zor par les rebelles issus du Front Al-Nosra, du Front islamique et d'autres brigades[3].

L'EIIL tente ensuite de se réimplanter dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, riches en ressources pétrolières. Le , il attaque la ville de Boukamal, située sur la frontière irakienne, mais il est repoussé par les rebelles[4].

Déroulement modifier

Le , des combats éclatent dans les environs de Al-Busayrah, une ville située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Deir ez-Zor[5].

Les affrontements opposent les djihadistes rivaux de l'État islamique en Irak et au Levant et du Front al-Nosra. Les premiers ont d'abord l'avantage et prennent la ville d'Abriha à leurs adversaires[6]. Les djihadistes du Front al-Nosra brûlent plusieurs maisons à Al-Busayrah, tandis que ceux de l'EIIL font de même à Abriha. Les affrontements provoquent la fuite de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, dont 35 000 d'Al-Busayrah, 15 000 d'al Zir et 12 000 d'Abriha. Certains réfugiés s'enfuient jusqu'en Turquie, d'autres se dispersent à différents endroits du gouvernorat de Deir ez-Zor[5].

Selon l'OSDH, les hommes de l'EIIL surprennent les combattants dans plusieurs villages et en tuent 35, dont plusieurs sont exécutés. Cependant le Front al-Nosra et ses alliés parviennent à prendre le contrôle du village de al-Sabha au terme de combats ayant fait 11 morts dans leurs rangs, 23 morts du côté l'EIIL ainsi que 5 civils tués[1].

Au 3 mai, les combats ont fait 62 morts dans les deux camps selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)[5]. Deux jours plus tard, l'OSDH élève le bilan à plus de 160 morts[1].

Le 9 mai, les forces de l'EIIL ont l'avantage et reprennent le contrôle de l'ouest du gouvernorat de Deir ez-Zor. Le 10 mai, des combats ont lieu à Jadid A’keidat, à l'est de Deir ez-Zor, ainsi qu'à la ville industrielle d'al-Ma'amel. À cette date, les affrontements ont provoqué la fuite de plus de 100 000 civils selon l'OSDH. D'après ce même organisme, plusieurs civils et 230 combattants ont été tués dans les affrontements livrés entre le et le , dont 146 du côté d'al-Nosra et de ses alliés[7],[8],[9].

Le 8 juin, des affrontements à Khocham font 17 morts dans les rangs d'Al-Nosra et 28 du côté de l'EIIL selon l'OSDH[10]. À la date du 10 juin, l'OSDH estime que les combats livrés dans le gouvernorat de Deir ez-Zor depuis le ont fait 241 morts du côté de l'EIIL et 354 chez les rebelles islamistes du Front al-Nosra et du Front islamique. De plus 39 civils ont été tués, dont cinq enfants[2].

Le 16 juin, à Chmeytiyeh, au nord du gouvernorat, six combattants rebelles dont des hommes du Front al-Nosra sont tués par un véhicule piégé[11].

Le même jour, dans la soirée, les forces de l'EIIL attaquent les rebelles dans le village de Bassira, à l'est du gouvernorat[11].

Le , Abu Yusuf Al Masri, commandant du Front al-Nosra à Abou Kamal fait défection et rallie l'EIIL avec ses hommes[12]. En réaction, le Front al-Nosra lance une attaque pour reprendre la ville le [13].

Le , l'EIIL proclame le rétablissement du califat et prend le nom d'État islamique (EI). Début juillet, les forces du Front al-Nosra et des autres groupes rebelles syriens s'effondrent dans l'est du gouvernorat de Deir ez-Zor. Plusieurs tribus locales font allégeance à l'État islamique, à Chouheil des rebelles islamistes font défection pour rejoindre l'EI, à Aachara des hommes du Front al-Nosra font de même. Le , l'État islamique s'empare de la ville de Mayadine[14], il prend également le champ pétrolier d’Al-Omar, l'un des plus grands de la Syrie[15],[16].

Le 14 juillet, les rebelles abandonnent la ville de Deir ez-Zor. Issus pour la plupart du Front al-Nosra et d'Ahrar al-Cham, ils prennent la fuite ou font défection pour rallier l'État islamique. Le commandant d'al-Nosra est tué par l'EI qui hisse son drapeau. Selon l'OSDH, 95 à 98 % du gouvernorat de Deir ez-Zor tombe entre les mains de l'EI qui s'empare également de la moitié de la ville de Deir ez-Zor. L'autre partie demeure sous le contrôle des forces loyalistes, celles-ci tiennent notamment l'aéroport militaire situé à la périphérie et quelques villages[17].

Suites modifier

En , menée par le cheikh Rafaa Aakla al Radjou, la tribu des Al Cheitaat se révolte contre l'État islamique. Celle-ci compte 70 000 membres et s'oppose à la prise de gisements de pétrole par les djihadistes en juillet. Les forces de l'EI réagissent brutalement contre les Al Cheitaat et massacrent 700 personnes en deux semaines, dont 100 combattants et 600 civils. 300 personnes sont notamment tuées en une journée à Ghraneidj[18],[19],[20],[21].

Notes et références modifier

  1. a b et c AFP, « Syrie: recrudescence des combats entre jihadistes, plus de 70 morts »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  2. a b c d et e Reuters, « Hundreds killed as ISIL insurgents gain ground in east Syria »,
  3. Le Monde avec AFP et Reuters, « En Syrie, les djihadistes de l'EIIL chassés par les rebelles », Le Monde,
  4. Le Monde et AFP, « Des rebelles islamistes repoussent un assaut djihadiste dans l'Est syrien »,
  5. a b et c « Syrie : 60 000 personnes ont fui les combats inter-djihadistes », Le Monde,
  6. Reuters, « Des combats entre insurgés dans l'Est syrien provoquent un exode », sur zonebourse
  7. « En Syrie, plus de 100 000 civils ont dû fuir leurs villages dans l'est du pays. Un exode en raison de violents combats dans cette région proche de l'Irakn entre groupes jihadistes rivaux. », RFI,
  8. « Syrie : les civils fuient les combats à Deir Ezzor, Alep privée d'eau », France 24,
  9. (en) « More than 100 thousand civilians displaced by ongoing clashes in Der-Ezzor », The Syrian Observatory For Human Rights,
  10. AFP, « Des combats entre djihadistes font 45 morts dans l'Est syrien », La Presse,
  11. a et b AFP, « Syrie: combats entre rebelles et jihadistes de l'EIIL dans l'Est », L’Orient-Le Jour,
  12. AFP, Reuters et Le Monde, « Fusion de l'EIIL et du Front Al-Nosra à la frontière irako-syrienne »,
  13. AFP, « Irak: l'armée lance une offensive sur Tikrit », L'Express,
  14. AFP, Reuters et Le Monde, « Le Front Al-Nosra plie face à l'EI dans l'est de la Syrie »,
  15. « AFP : Syrie: l’Etat islamique contrôle un des plus grands champs pétroliers »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  16. Reuters, « Des djihadistes s'emparent d'un important champ pétrolifère en Syrie », Radio‑Canada,
  17. Le Parisien et AFP, « Syrie : l'Etat islamique prend l'une des plus grandes villes de l'est »,
  18. Reuters, « L'Etat islamique a exécuté 700 membres d'une tribu syrienne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  19. « Syrie : 700 membres d'une tribu "exécutés" par des jihadistes », France 24,
  20. AFP, « Syrie: l'EI a tué plus de 700 membres d'une tribu en 2 semaines »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Le Point
  21. (en) « Thousands of people of al- Shaitaat tribe start to return home », The Syrian Observatory For Human Rights,