Opération Pluies d'été

incursion militaire israélienne dans la bande de Gaza
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Opération Pluies d'été

Informations générales
Date
(4 mois et 29 jours)
Lieu Bande de Gaza, Drapeau de la Palestine Palestine
Néguev, Drapeau d’Israël Israël
Issue Cessez-le-feu
Belligérants
Drapeau d’Israël Israël Hamas
Jihad islamique palestinien
Fatah
Commandants
Drapeau d’Israël Dan Halutz
Drapeau d’Israël Yoav Galant
Khaled Mechaal
Mohammed Deif
Ramadan Shallah
Forces en présence
3 000 soldats 9 000 combattants
Pertes
5 soldats tués
2 civils tués
38 soldats blessés
1 soldat capturé
44 civils blessés
277 combattants tués
117 civils tués
6 policiers tués
2 membres de la garde présidentielle tués
~ 1 000 blessés

Conflit israélo-arabe

Batailles

Israël et pays arabes (depuis 1948)

Massacres

L’opération Pluies d’été (en hébreu : מבצע גשמי קיץ (Mivtza Gishmey Kayitz)) est le nom de code d’une opération militaire lancée par Israël dans la bande de Gaza à partir du . C’est la première incursion terrestre de l’armée israélienne sur ce territoire sous l’Autorité palestinienne depuis le plan de désengagement unilatéral terminé en .

Cette guerre conventionnelle a mobilisé des milliers de soldats dans le but officiel de sauver la vie du soldat Gilad Shalit, devenu prisonnier de guerre par un commando palestinien en territoire palestinien au , le lendemain de l’incident de détention de la famille Muamar au petit matin du . Mettre un terme aux attaques de roquettes artisanales Qassam sur les villes israéliennes à partir de Gaza et déstabiliser le gouvernement Hamas qui soutient ces attaques sont des objectifs secondaires de l’opération, mais les officiels israéliens ont clairement exprimé qu’ils ne comptaient pas réoccuper la bande de Gaza et que l’armée se retirerait au terme de l’opération[1].

Les premiers jours de l’opération ont été marqués par la destruction de la principale centrale électrique de la Bande de Gaza, trois ponts puis de l’arrestation de plusieurs parlementaires palestiniens, de ministres du Hamas et de l’Autorité palestinienne et de responsables d'organisations terroristes accusés par Israël et qui seront traduits en justice[2],[3],[4]. L'armée israélienne a également effectué de nombreuses incursions terrestres dans la bande de Gaza pour cibler les groupes militants et leurs infrastructures, notamment des tunnels de contrebande[3].

Les bouclages, incursions, arrestations, frappes aériennes ont fait jusqu’à présent plus de 200 morts (pour la plupart des civils dont 46 enfants et pour l'autre partie, des activistes) et plus de 800 blessés (dont quelque 230 enfants) malgré les appels téléphoniques et les lancers de milliers de tracts aériens prévenant la population de s'éloigner des zones d'opération[3]. Des centaines de détenus se sont ajoutés aux quelque 10 000 Palestiniens déjà emprisonnés en Israël. Des dizaines de logements, bâtiments publics, routes, ponts et tunnels de contrebande ont été détruits[5].

Contexte modifier

Collection de roquettes Qassam envoyées sur la ville israélienne de Sdérot à partir de la bande de Gaza

Depuis le désengagement unilatéral d'Israël de la bande de Gaza, après 38 ans d'occupation, et les élections législatives palestiniennes de 2006, remportées par le Hamas, la tension a été maintenue par :

  • les lancements répétés de plus de 800 roquettes Qassam en 7 mois contre les villes frontalières israéliennes[6] ;
  • des décès de Palestiniens au cours d'incidents à la frontière ou de civils à la suite d'attaques aériennes de Tsahal contre des cibles activistes.
  • Le blocage systématique de la sortie ou de l'entrée de Palestiniens de la bande de Gaza par l'armée israélienne, partiellement à l'aide du mur.
  • Environ 10 000 palestiniens sont retenus prisonniers en Israël.

La ville d'Ashkelon, qui a fréquemment été prise pour cible par les lanceurs de roquettes, abrite une importante centrale électrique israélienne et le plus grand dépôt de carburant du pays. Les conséquences d'une roquette sur ces cibles seraient désastreuses pour les Israéliens, sans compter les morts de civils. Israël a répondu à ces attaques par des avertissements sous la forme de tirs d'artillerie sur des zones non habitées à une fréquence de plusieurs milliers de tirs en juin 2006[réf. nécessaire].

Escalade de la violence modifier

La tension est montée d'un cran après le bombardement par un navire de l'armée israélienne d'une plage de Gaza le 9 juin faisant plusieurs morts et de nombreux blessés dont des enfants, tous civils. Le Hamas au gouvernement palestinien a officiellement déclaré la fin du cessez-le-feu qu'il observait assez relativement depuis 16 mois et a soutenu désormais ouvertement les attaques par roquettes depuis l'incident de la plage de Gaza[7].

Version des faits pour Israël modifier

Concernant l'explosion de la plage, les autorités israéliennes, après avoir exprimé des excuses pour les huit civils palestiniens tués et la trentaine de blessés en considérant que cela avait été un accident et en promettant de faire « toute la lumière » sur ce drame[8], « ont suspendu les tirs d'artillerie contre les sites soupçonnés de servir aux tirs de roquettes »[9], puis se sont rétractées à la suite des résultats de l'enquête de l'armée israélienne qui avance qu'elle « possèd(e) la preuve que son artillerie n'était pas responsable de la bavure »[10],[9],[11].

De sources israéliennes, les médecins de l'hôpital israélien ayant accueilli les victimes (des médecins palestiniens avaient déjà traité les victimes mais aucune preuve ne confirme que des médecins palestiniens se sont réellement occupés des victimes[réf. nécessaire]) auraient ainsi retrouvé des éclats d'obus n'appartenant pas aux engins utilisés par les Israéliens et auraient orienté les enquêteurs vers la piste d'explosifs enterrés par les activistes palestiniens[12],[10]. Une femme traitée par les médecins palestiniens aurait déclaré avoir subi des opérations chirurgicales supplémentaires afin de retirer toute trace d'éclat d'obus de son corps[13].

Les représentants de l'hôpital palestinien ont nié avoir admis une telle patiente[réf. nécessaire].

Enlèvements et demandes d'échanges modifier

Le 24 juin, un commando des forces israéliennes dans le sud de la bande de Gaza faisait 2 prisonniers, Osama et Mustafa Abu Muamar, fils de Ali Muamar, membre du parti Hamas. Tsahal a précisé que cette capture était celle de deux militants du Hamas préparant des attaques imminentes en Israël. Le Hamas a nié le fait que ces personnes appartenaient au mouvement[14],[15].

L'otage Gilad Shalit sur une affiche du Hamas. Inscriptions : « Nos héros prisonniers, puissions-nous avoir un nouveau Gilad chaque année... Ils (les prisonniers palestiniens) ne sont pas seuls », 2007

L'opération israélienne a été précipitée par l'attaque conjointe des Comités de résistance populaire, et la branche armée de l'organisation Hamas[16] contre un poste militaire de Tsahal à proximité de Kerem Shalom en territoire israélien, en passant par des tunnels souterrains. Le bilan de l'attaque est de 2 morts et 4 blessés parmi les soldats israéliens tandis que 3 des activistes palestiniens étaient tués. Un caporal israélien, Gilad Shalit, a été enlevé pendant cette attaque. Cette attaque était planifiée depuis longue date : l'armée israélienne a évalué qu'il avait fallu entre 3 et 6 mois pour creuser le tunnel[17],[18]. En réalité de nombreux tunnels existent entre Israël et la Palestine pour contourner le blocus et le mur.

Les activistes ont réclamé la libération de toutes les femmes et des mineurs emprisonnés par Israël[19]. Le Premier ministre Ehud Olmert a clairement exprimé son refus de « négocier avec des terroristes » pour obtenir la libération du soldat[20].

Les ravisseurs sont ensuite revenus sur leurs demandes (vers le 1er juillet) pour exiger aussi la libération de 1 000 prisonniers arabes de toutes les factions[21].

Le 30 juin, le président égyptien Hosni Moubarak précisa dans un entretien que le gouvernement israélien avait refusé les conditions proposées par le Hamas pour la libération de Shalit (soit 1 000 prisonniers masculins, toutes les femmes et les mineurs emprisonnés). Le ministère des Affaires étrangères israélien a réagi en expliquant qu'il n'avait reçu aucune proposition de ce genre[22].

Concernant les efforts égyptiens pour intercéder auprès de la direction palestinienne, Mahmoud Abbas a exprimé leurs difficultés à trouver les bons interlocuteurs à qui s'adresser au Hamas et l'absence de décideurs uniques[23].

Ultimatum modifier

Le 3 juillet, les ravisseurs annoncent que si Israël n'obtempère pas avant 6 heures du matin le lendemain, le sujet sera clos (sans expliquer ce que cela implique).

Les officiels israéliens rejettent rapidement l'ultimatum, refusant de négocier avec les ravisseurs[24].

Le 4 juillet, au terme de l'ultimatum, aucune information n'est disponible concernant la vie de Gilad Shalit. Un représentant de l'« Armée de l'Islam » explique alors : « nous ne communiquerons pas sur le fait que l'on aura tué le soldat ou pas »[25].

Opérations modifier

Bombardements modifier

Dès les premières heures du déclenchement de l'opération, l'aviation israélienne détruit 3 ponts dans la Bande de Gaza, officiellement dans le but d'empêcher le déplacement des activistes palestiniens, et une centrale électrique dans le sud (privant le territoire de 70 % de sa production d'électricité et d'eau potable)[26].

Selon de nombreux témoignages de familles, l'armée israélienne téléphone dans des foyers pour leur demander d'évacuer et préserver leur vie, leur disant que leur maison va être bombardée dans le quart d'heure, terrorisant ainsi la population civile[27].

Le 1er juillet, une attaque de l'aviation israélienne frappe les bureaux inoccupés du Premier Ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, issu des rangs du Hamas.

Le 2 juillet, les Forces de défense israéliennes frappent également des bureaux du Fatah au centre-ville de Gaza et des sites dans le nord de Gaza. Elles lancent une attaque aérienne contre une installation de Beit Hanoun utilisée par les Brigades des martyrs d'Al Aqsa pour produire et stocker des armes ; une autre contre un centre d'opérations des Brigades des martyrs d'Al Aqsa dans la ville de Gaza. Toute la nuit, les forces de Tsahal opèrent dans le nord de la bande de Gaza pour localiser des tunnels et des explosifs[3].

Le 4 juillet, l'Université Islamique de Gaza est prise pour cible à son tour. Les FDI attaquent également 22 sites utilisés pour des activités terroristes, 26 routes d'accès, des membres de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa et six membres du Hamas[3].

Le , les forces israéliennes frappent une institution du Hamas financée par Ahmad Yassin à la fin de 1998, aidant notamment les familles des kamikazes et des Palestiniens emprisonnés pour activités terroristes contre Israël[3].

Bulldozers D9 lors de l'opération Pluie d'été, 8 juillet 2006

Le 7 juillet, « les forces de défense israéliennes identifient plusieurs Palestiniens qui installent des engins explosifs dans la ville de Jénine afin de les faire exploser contre des forces opérant dans la région. La force a tiré sur la cellule, tuant l'un des hommes et blessant un autre. Un engin explosif de 24 kg et un engin explosif supplémentaire de 12 kg, câblés pour une détonation à distance avec un téléphone portable, sont découverts lors de fouilles ultérieures menées par les forces de Tsahal et les sapeurs de la police des frontières ». Dans le camp de réfugiés de Jénine, les FDI découvrent une voiture piégée équipée d'explosifs et deux engins explosifs qu'ils font exploser de manière contrôlée[3].

Le 9 juillet, les militants du Hamas lancent une roquette Qassam améliorée, qui vole 11 kilomètres pour atterrir dans une cour d'école de la ville d'Ashkelon, sans faire de blessés parmi les enfants israéliens[3].

Le 10 juillet, une attaque de drones israélienne sur un véhicule tue deux membres du groupe militant du Jihad islamique, tandis qu'une autre frappe aérienne tue une personne près du carrefour de Karni[3].

Le 11 juillet, les Forces israéliennes déclarent avoir attaqué un camp d'entraînement des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa alors qu'elles se préparaient à tirer des roquettes mais si les roquettes et les lanceurs ont été détruits, les activistes palestiniens se sont échappés[3].

Le 12 juillet, les bureaux du ministère palestinien des Affaires Étrangères sont gravement endommagés.

Le 13 juillet, l'aile militaire du Hamas affirme avoir lancé 10 roquettes Qassam sur Israël depuis Gaza, sans faire de blessés, selon Israël[3].

Le 16 juillet, une structure supposée être utilisée par le Hamas, à Jebalya, au nord de la bande de Gaza, est attaquée par un avion de l'armée israélienne. En outre, l'armée de l'air israélienne attaque des infrastructures de tunnel dans le sud de la bande de Gaza, qui auraient permis de mener des raids et des attaques par des factions militantes du Hamas. Les FDI mènent également des tirs d'artillerie contre les zones de lancement de roquettes Qassam dans le nord de la bande de Gaza[3].

Le 20 juillet, les Forces de défense israéliennes larguent des tracts dans la ville de Gaza pour avertir la population palestinienne de la bande de Gaza des opérations qu'elles vont effectuer dans leur région et leur conseiller de rester à l'écart des bâtiments stockant des armes, ces lieux étant la cible privilégiée des Forces de défense israéliennes[3].

Le , l'armée de l'air israélienne attaque un entrepôt censé stocker, entre autres armes, les roquettes Grad qui avaient été lancées contre Israël à différents moments de l'année. Le BM-21 Grad est une fusée soviétique de moyenne portée qui a été lancée avec succès sur la ville israélienne d'Ashkelon depuis la bande de Gaza en mars. En mai, il a touché le village de Nativ Ha'asara. Lors de cette attaque, un certain nombre de militants du Hamas actifs dans l'entrepôt sont blessés[3].

Le 26 juillet, vingt-quatre Palestiniens, dont dix activistes et deux fillettes de sept mois et trois ans, ont été tués ce jour. Au moins 50 personnes, dont un cadreur de la télévision palestinienne, ont par ailleurs été blessées. Six d'entre elles sont dans un état critique, selon des médecins. Cela porte le total depuis le début à au moins 135.

Incursions terrestres modifier

Le , des militants palestiniens utilisent des grenades propulsées par des roquettes pour percer un trou dans la porte de séparation à la frontière entre Gaza et l'Égypte. L’attaque permet à environ 500 personnes de se rendre à Gaza[3].

Le , les forces de défense israéliennes entrent dans la ville de Beit Hanoun, à Gaza. Cette action est menée après que les FDI ont procédé à des perquisitions et à des saisies militaires au début du mois. Israël a également lancé des attaques contre le bâtiment du ministère de l'Économie nationale palestinien à Gaza, sans faire de blessés[3].

Le , les forces d'infanterie, d'ingénierie et de blindés israéliens entrent dans le centre de la bande de Gaza dans le cadre de l'opération visant à contrecarrer les tirs de roquettes Qassam et à endommager l'infrastructure du Hamas. Au cours de cette opération, cinq soldats israéliens sont blessés par une grenade[3]. Cette entrée permet aux Forces de défense d'Israël d'occuper le centre de la bande de Gaza, coupant ainsi en deux, le territoire sous contrôle palestinien.

Arrestations d'officiels du Hamas et de civils modifier

Le 29 juin, lors d'une incursion de Forces de défense d'Israël en Cisjordanie, 64 officiels palestiniens, tous membres du Hamas, sont capturés, dont 8 ministres (sur les 23) et une vingtaine de députés (sur les 74). Ils seront déférés le lendemain devant la justice israélienne, inculpés de complicité d'actes terroristes et incarcérés[28].

Le , les forces de défense israéliennes arrêtent à Bnei Naim, au sud-est d'Hébron, deux membres du Tanzim (faction armée du Fatah impliquée dans des attaques sanglantes en Israël et dont le chef est Marouane Barghouti) recherchés[3].

Le 6 août, L'armée israélienne arrête le député palestinien du Hamas, Fadel Hamdane qui sera lui aussi déféré devant les tribunaux israéliens, ce qui au total fait 64 responsables politiques du Hamas, dont huit ministres et 26 députés[29].

Le 19 août, à 4h30 du matin, l'armée israélienne enlève le vice-premier ministre palestinien Nasser Chaer à son domicile[30].

600 palestiniens ont été arrêtés depuis la capture du soldat israélien Gilad Shali, ce qui porte à 10 073 le nombre de détenus palestiniens dans 30 prisons, centres de détention et centres d'interrogatoire israéliens.

Durant le mois passé, les troupes israéliennes ont fait au moins 142 incursions en Cisjordanie et elles ont aussi capturé 20 palestiniens de la Bande de Gaza. Deux enfants identifiés comme Abdul-Karim Jom'a Al Soufy, 17 ans, et ad Mohammad Al Soufy, 15 ans, sont parmi les vingt habitants qui furent faits prisonniers par l'armée.

Un total de 62 enfants ont été faits prisonniers par Israël dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et dans Jérusalem est durant le mois passé. Deux de ces enfants identifiés comme Amir Abu Sbeitan et Mahmoud Taqaqta, ont seulement 12 ans.

Dans la cité d'Hébron en Cisjordanie, des soldats ont enlevé une femme identifiée comme Amal Mahmoud Abu Hashhash, du camp de réfugiés Al Fawwar, ainsi qu'un habitant handicapé mental identifié comme Mohammad Sobhy Kamel[31].

Positions israéliennes modifier

Position de B'Tselem modifier

B'Tselem est le Centre Israélien pour les Droits de l'Homme dans les Territoires Occupés. Il documente la situation des droits de l'homme dans ces territoires et effectue régulièrement des communiqués de presse ainsi que des injonctions aux autorités[32].

Un de ces derniers communiqués demande que le procureur général ordonne immédiatement une enquête de la police militaire et poursuive les soldats israéliens, responsables d'avoir utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains à Beit Hanun lors d'une incursion de l'armée israélienne le .

Après avoir pris le contrôle des bâtiments, les soldats maintinrent six habitants, dont deux mineurs, sur les superstructures de deux bâtiments, à l'entrée des chambres dans lesquelles les soldats avaient eux-mêmes pris position, certains pendant douze heures. Il y avait une échange de feu intense pendant ce temps entre les soldats et des palestiniens armés[33],[34].

B'Tselem déclare également que près de la moitié (78) des palestiniens tués (163) par l'IDF pendant le mois de juillet étaient des civils qui ne prenaient pas part aux hostilités. 36 de ces morts étaient des mineurs et 20 des femmes. 15 palestiniens ont été tués en Cisjordanie par les forces israéliennes en juillet. Le nombre de palestiniens tués en juillet est le plus élevé depuis . B'Tselem a identifié 4 cas dans lesquels l'IDF peut avoir commis de graves enfreintes aux lois de la guerre. Le centre demande que le procureur général ordonne une investigation de la police militaire et si ses soupçons se confirment, qu'il poursuivre les responsables[35].

Positions palestiniennes modifier

Position du PHCR modifier

Pour le Centre palestinien pour les droits de l'homme (PHCR), les conséquences de l'agression de l'armée d'occupation israélienne (IOF) sont autant de crimes de guerre. Il condamne fortement les meurtres de civils palestiniens par l'armée d'occupation israélienne (IOF) et la destruction de leurs propriétés. L'usage disproportionné de la force par l'IOF représente un risque additionnel pour la vie des civils, ce qui est une forme de représailles et de punition collective envers les Palestiniens, une violation de l'article 33 de la quatrième Convention de Genève. Le centre confirme que cette agression indiscriminée va infliger des dommages additionnels aux civils et aux propriétés civiles. La connaissance préalable que ces attaques vont causer des pertes civiles et la destruction de leurs propriétés est une violation de la convention et un crime de guerre selon le premier protocole additionnel à la convention.

Le point de vue du centre est que la suffisance de la communauté internationale et des Hautes Parties contractantes de la 4e Convention de Genève ainsi que leur échec à prendre des mesures efficaces pour arrêter les crimes de guerre israéliens ont été un soutien et un élément encourageant pour Israël pour continuer à commettre des crimes de guerre supplémentaires contre les civils palestiniens. La couverture juridique fournie à Israël par les États-Unis, laquelle entrave de façon délibérée les Lois humanitaires internationales ainsi que la conspiration du silence de l'Europe, encouragent les israéliens à continuer à commettre des crimes de guerre de manière incontrôlée, en les plaçant au-dessus de la loi internationale.

Le Centre palestinien rappelle aux Hautes Parties contractantes :

  • Leurs obligations sous l'article 1 de la convention de garantir le respect de la convention dans toutes les circonstances ;
  • Leurs obligations dans l'article 146 de la convention de poursuivre les personnes suspectées de commettre des violations sérieuses de la convention, en notant que ces violations sont des crimes de guerre selon l'article 147, comme spécifié dans le premier protocole supplémentaire à la convention[36].

Le Centre Palestinien des Droits de l'Homme est consterné par le rôle des contrôleurs de l'Union Européenne à la frontière de Rafah, lesquels contribuent à imposer une punition collective à la population civile. Le Centre demande à ces contrôleurs de respecter les droits de la population de la bande de Gaza de voyager par la frontière de Rafah. Le Centre demande aux contrôleurs de revenir immédiatement à la frontière pour la rouvrir aux voyageurs. Cette frontière a été fermée dès le et il en est résulté une situation humanitaire catastrophique pour des milliers de palestiniens bloqués du côté égyptien de la frontière et pour des centaines de voyageurs bloqués du côté égyptien de la frontière de Rafah. Cinq patients, 2 femmes et 3 enfants, sont morts en raison de la détérioration de leurs conditions de santé, de l'incapacité de revenir dans la Bande de Gaza et de l'incapacité de les renvoyer pour un traitement à l'étranger.

Il est noté que presque 7 000 voyageurs palestiniens sont forcés de rester en Égypte, en incluant 400 dans le terminal de sortie du côté égyptien de la frontière de Rafah. Cinq cents palestiniens sont revenus dans la Bande de Gaza dans des circonstances exceptionnelles quand une brèche fut faite dans la clôture de la frontière le . Et presque 6 000 voyageurs sont revenus dans la Bande le quand Israël a permis l'ouverture temporaire de la frontière de Rafah uniquement pour les résidents de Gaza.

Le PCHR condamne la position des contrôleurs de l'UE à la frontière de Rafah. Le Centre demande à ces contrôleurs de revenir immédiatement pour accomplir leur mission à la frontière afin de faciliter la solution des problèmes humanitaires émanant de la fermeture de la frontière. Le PCHR demande aux contrôleurs de l'UE de faire pression sur Israël pour permettre l'ouverture immédiate de la frontière de Rafah. Le Centre demande aux contrôleurs de cesser de prendre part à la punition collective contre les civils palestiniens et à la transformation de la Bande de Gaza en une grande prison pour presque 1,5 million de palestiniens[37].

Réactions internationales modifier

Manifestation d'étudiants juifs américains dénonçant l'opération israélienne.

L'immense majorité de la communauté internationale condamne l'opération Pluies d'été engagée par Israël : Chine, Russie, Syrie...

  • Drapeau de la Suisse Suisse - La Suisse, dépositaire des conventions de Genève, a dénoncé la destruction de la centrale électrique de Gaza, forme de « punition collective » infligée aux habitants de Gaza ce qui constitue selon elle une grave violation du droit humanitaire et international.
  • Drapeau des Nations unies ONU - Le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations unies, le Norvégien Jan Egeland, a déclaré à Ramallah en Cisjordanie qu'Israël avait utilisé une force « disproportionnée » pour son offensive dans la bande de Gaza[38].
  • Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a adopté une résolution condamnant les opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza. Dans la résolution adoptée par 29 voix contre 11, le Conseil des droits de l'homme, composé de 47 pays membres, a condamné les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza et réclamé la libération des hauts responsables palestiniens arrêtés par Israël[39].
  • Drapeau du Chili Chili - Le gouvernement chilien a demandé à « toutes les parties concernées d'arrêter immédiatement leurs opérations militaires » par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alejandro Foxley Rioseco. Par ailleurs, M. Foxley a souligné la forte condamnation chilienne au sujet des représailles exercées par les forces israéliennes, qui ont coûté la vie à un grand nombre de civils et ont infligé de grands dégâts au Liban et dans la bande de Gaza. Le Chili a également condamné les attaques du Hezbollah libanais contre Israël[40].
  • Drapeau des États-Unis Etats-Unis - Les États-Unis par la voix de l'attaché de presse de la Maison blanche ont déclaré qu'« Israël a le droit de se défendre et de protéger la vie de ses citoyens », évitant de blesser des civils et de détruire inutilement les biens et les infrastructures. Le , ils mettent leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à mettre fin aux attaques israéliennes et à l'« utilisation disproportionnée de la force » dans la bande de Gaza. Ce projet de résolution, patronné par le Qatar au nom des pays arabes, a reçu dix voix pour, une contre, de la part des États-Unis, et quatre abstentions, de la Grande-Bretagne, du Pérou, de la Slovaquie et du Danemark[41].

Victimes modifier

Côté palestinien modifier

Selon B'Tselem, 416 Palestiniens ont été tués depuis le (1 le , 164 en juillet - dont la plupart étaient des militants selon un décompte de l'Associated Press à cette date[3] -, 60 en août, 26 en septembre, 48 en octobre et 117 en novembre)[42]. Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont confirmé que 124 de leurs combattants avaient été tués au [réf. nécessaire].

Le gouvernement israélien a déclaré que les non-combattants tués avaient principalement été touchés lors de tirs croisés ou lors d'un tir ciblé - certains raids israéliens visant des militants ont entraîné la mort de passants (victimes collatérales). Les ambulanciers palestiniens ont déclaré que les troupes israéliennes leur tiraient parfois dessus, empêchant les ambulances de faire leur travail[43] ; le gouvernement israélien a précisé que les militants palestiniens utilisaient à plusieurs reprises des ambulances pour transporter des armes et les attaquer[réf. nécessaire].

Des civils sont morts lors d'affrontements entre des hommes armés palestiniens et des soldats israéliens. Les militants palestiniens opéraient depuis des maisons, bien que la plupart aient été abandonnées, dans certains cas, des membres de la famille ont refusé de fuir et ont été blessés ou tués. De nombreux Palestiniens tués n'étant pas identifiés comme militants, civils ou autres[réf. nécessaire], les chiffres de chaque catégorie restent incertains. Au moins six policiers palestiniens et deux gardes présidentiels ont été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes[réf. nécessaire].

Côté israélien modifier

Cinq soldats israéliens ont été tués au cours du conflit, dont deux lors de la première attaque frontalière palestinienne et un lors d'un incident de tir ami. Six civils israéliens ont été tués et près de 40 ont été blessés[réf. nécessaire].

Après l'opération Pluies d'été modifier

Après le cessez-le-feu de , les combattants palestiniens reprennent le bombardement de villes israéliennes par l'envoi de dizaines de roquettes Qassam et de missiles[44],[45].

Le soldat Gilad Shalit ne sera libéré que cinq ans plus tard, le , en échange de plus d'un millier de prisonniers palestiniens dont nombre était enfermés pour meurtres et attentats contre civils israéliens[réf. nécessaire].

Voir aussi modifier

Références modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

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  29. Un député palestinien arrêté par l'armée israélienne en Cisjordanie
  30. Le vice-premier ministre palestinien arrêté par l'armée israélienne annonce AP sur cyberpresse.ca
  31. 600 Palestinians Taken Prisoner in July
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