Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte

ordre hospitalier catholique

Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean
de Jérusalem, de Rhodes et
de Malte
Image illustrative de l’article Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte
Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum
(Défense de la foi et assistance aux pauvres)
Ordre religieux
Type Ordre religieux humanitaire
Structure et histoire
Fondation , par le pape Jean XXIII
revus en 1997,
remise à plat en 2023.
Liste des ordres religieux

L’ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte est un ordre religieux catholique doté d'une souveraineté fonctionnelle et une organisation internationale caritative. C'est l'une des organisations qui ont pris la suite de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Ses statuts actuels datent de 1961 et ont été revus en 1997 et en 2022.

C'est aujourd'hui une organisation à vocation caritative dont les actions humanitaires sont principalement tournées vers la lutte contre la pauvreté, mais également contre la lèpre et, de façon plus générale, contre la maladie. Il intervient aussi ponctuellement par des missions de secourisme d’urgence lors de catastrophes naturelles, ou d’aide humanitaire envers les réfugiés lors de conflits armés. Il est actuellement présent dans plus de cent vingt pays à travers le monde.

Le siège de l’Ordre se trouve à Rome, via dei Condotti, près de la place d’Espagne. L'ordre est considéré comme un sujet de droit international public, exerçant une souveraineté fonctionnelle, différente de la souveraineté étatique.

Sa devise héraldique est, en latin, « Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum » (« Défense de la foi et assistance aux pauvres »).

Nom de l'Ordre modifier

Le nom de l'Ordre est « ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte ».

C'est dès sa présence à Saint-Pétersbourg que les chevaliers hospitaliers regroupés autour de Paul Ier commencent à utiliser et à généraliser le nom d'« ordre de Malte ». Mais c'est toujours sous le nom d'« ordre de Saint-Jean de Jérusalem »[1] que l'Ordre est appelé dans le traité d'Amiens en 1802[2]. C'est sous le nom d'« ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem » que deux mémoires sont remis en 1816 et 1817 à Louis XVIII pour plaider la cause de l'Ordre[3],[4]. Lors de la réunion sur la Croix-Rouge qui se tient à Berlin en 1869, des délégués de l'Ordre sont présents pour représenter l'« ordre souverain de Malte » et dans la 18e conférence internationale de la Croix-Rouge à Toronto les délégués représentent l'Ordre comme organisation internationale sous le nom d'« ordre de Malte ». La décision cardinalice du le nomme « ordre souverain militaire jérosolymitain de Malte »[5].

Il faut attendre la constitution de 1961 pour que l'Ordre prenne son nom actuel d'« ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » souvent abrégé en « ordre souverain militaire de Malte », « ordre souverain de Malte » ou « ordre de Malte »[6]. En italien, langue officielle de l'Ordre, son nom est : Sovrano Militare Ordine Ospedaliero di San Giovanni di Gerusalemme di Rodi e di Malta avec les abréviations Sovrano Militare Ordine di Malta, Sovrano Ordine di Malta ou Ordine di Malta[7].

Le nom « Ordre de Malte » a été déposé légalement dans 16 variantes différentes de nom ainsi que ses emblèmes dans plus de 100 pays[6]. L'Ordre a tenté sans succès d'interdire l'usage du nom « ordre de Saint-Jean de Jérusalem » à d'autres ordres prétendant également reprendre la tradition historique de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Par son arrêt du 20 mai 1999, la cour d'appel de Versailles confirme que l'usage de la croix de Malte et du nom d'« ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem » par une autre organisation constitue une usurpation[8]. Les statuts actuels datent de 1961, ont été revus en 1997 et font, à partir de 2018, l’objet d’un projet de réforme qui aboutit en 2022[9].

Historiographie modifier

Armoiries des Hospitaliers montées à l'église San Giovannino dei Cavalieri de Florence.

L'ordre souverain de Malte est issu des Ospitalarii, les premiers moines hospitaliers servant à l'hospice Saint-Jean à Jérusalem. L'article 1er de la charte constitutionnelle actuelle de l'ordre souverain de Malte, intitulé De l'origine et de la nature de l'ordre observe au paragraphe 1 que « l’ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, dit de Malte, issu des « Ospitalarii » de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, appelé par les circonstances à ajouter à ses tâches primitives d’assistance une activité militaire pour la défense des pèlerins en Terre Sainte et de la civilisation chrétienne en Orient, successivement souverain des Îles de Rhodes et de Malte, est un ordre religieux laïque, traditionnellement militaire, chevaleresque et nobiliaire »[10].

Il existe un désaccord entre historiens sur le point de savoir si l'ordre souverain de Malte « est » ou « n'est pas » l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, s'il en « prend » la suite ou en « reprend » sa tradition et son histoire. Certains historiens, comme le Français Alain Blondy[11], pensent qu'il aurait éclaté en plusieurs ordres survivants, d'autres comme l'Anglais Henry J. A. Sire[12] ou le Maltais Victor Mallia-Milanes[13] prétendent qu'il aurait cessé d'exister en fondant cette affirmation sur des éléments factuels hors des conditions religieuses tels que la confiscation des biens en France par la Révolution française, l'expropriation de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem par Bonaparte en 1798, la confiscation des biens de certains des grands prieurés hors de France (le grand-prieuré de Bohème ayant conservé les siens), l'appropriation de l'Ordre par Paul Ier, l'abdication du grand maître Ferdinand de Hompesch en 1799, le refus de reconnaître l'élection de Fra' Caracciolo par le pape Pie VII en 1809, la perte définitive de l'île de Malte par le traité de Paris en 1814 ou encore la multiplication d'ordres se réclamant de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Histoire contemporaine modifier

Période noire modifier

En 1798, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem est chassé de Malte par Bonaparte qui récupère la souveraineté de l'archipel. Le grand maître Ferdinand de Hompesch avait auparavant demandé à l'empereur de Russie Paul Ier de devenir le protecteur de l'Ordre. Après l'abdication de Hompesch, les 249 chevaliers de l'Ordre exilés en Russie au palais Vorontsov de Saint-Pétersbourg proclament, le , Paul Ier « grand maître de l'ordre de Saint-Jean ». Mais cette élection soulève de nombreuses objections. En effet, le tsar est orthodoxe et marié. Cet événement sans précédent dans l'histoire de l'Ordre amène le pape Pie VI à ne pas le reconnaître comme grand maître. L'empereur est aujourd'hui considéré par l'Ordre comme un grand maître de facto. C'est de l'abdication de Hompesch et de cette élection que certains historiens datent la fin de l'ordre maltais de Saint-Jean de Jérusalem.

Après la mort de Paul Ier, en 1801, son fils Alexandre Ier, conscient de cette irrégularité, décide de rétablir les anciens us et coutumes de l'ordre catholique des Hospitaliers, par un édit du par lequel il laisse les membres profès libres de choisir un nouveau chef. Néanmoins, étant donné l'impossibilité de réunir l'ensemble des électeurs, le comte Nicolas Soltykoff assure l'intérim de la charge. Finalement, en 1803 pour tenter de sauver l'Ordre, il est convenu que la nomination du grand maître incombera uniquement et exceptionnellement au pape Pie VII. Le , celui-ci choisit le candidat élu du prieuré de Russie, le bailli Giovanni Battista Tommasi comme premier grand maître nommé et non élu par des Hospitaliers.

L'Ordre cherche néanmoins à récupérer son territoire à Malte en vain (une des clauses du traité d'Amiens stipulait la restitution de Malte aux Hospitaliers). Le grand maître Tommasi installe ce qui reste de l'Ordre en Sicile, à Messine puis à Catane. À cet « État sans territoire », le pape Léon XII accorde en 1826 un couvent et une église à Ferrare. En 1834, l'Ordre réduit à un état-major s'installe définitivement à Rome. En 1805, à la mort de Tommasi, aucun grand maître n'est élu à la tête de l'Ordre qui est alors gouverné par sept lieutenants qui se succèdent jusqu'en 1879. C'est sur ces ruines que va se reconstruire l'ordre souverain de Malte avec l'élection d'un nouveau grand maître, Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce, qui est approuvée par le pape Léon XIII en 1879.

Création des fondations modifier

À partir de 1864, l'organisation internationale traditionnelle en « langues » de l'Ordre ayant disparu de facto, des « associations nationales » (dirigées par des membres volontaires) ou des « grand prieurés » (dirigés par des membres subsistants) sont alors institués.

  • 1859 : fondation d'un hôpital à Naples[14]
  • 1864 : fondation de l'Association de Rhénanie-Westphalie[14]
  • 1876 : fondation de l'Association britannique[14]
  • 1877 : installation des premiers trains hôpitaux[14]

En 1879, le pape Léon XIII rétablit la dignité de grand maître qui était vacante. Le grand maître doit être obligatoirement noble et membre depuis au moins 15 ans de l'Ordre. Le chapitre général de l'Ordre élit Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce à cette charge. À partir de ce moment, l'ordre souverain de Malte crée à travers l'Europe (et plus largement le monde) des fondations locales (compétences territoriales) :

Un ordre historique religieux, régulier et militaire modifier

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle et la création des associations nationales, la composition des membres de l'ordre souverain de Malte diffère de ce qu'elle pouvait être à l'époque de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. En effet, à cette époque, les chevaliers de l'Ordre étaient :

  • tous des religieux ayant prononcé les trois vœux de chasteté, obéissance et pauvreté et un quatrième vœu de soin aux malades ;
  • vivaient de façon conventuelle lorsqu'ils se trouvaient à Jérusalem, puis à Rhodes, puis à Malte où le Couvent concernait toute l'île ;
  • étaient soumis à la Règle, d'inspiration augustinienne, inaugurée par Raymond du Puy (vers 1130 et approuvée par le pape Calixte III en 1153).

Un ordre moderne laïc, séculier et civil modifier

Uniforme militaire traditionnel des Grands Maîtres.

Depuis au moins 1864, la plupart des chevaliers sont des laïcs, vivant dans le siècle, qui se sont engagés solennellement à consacrer une partie de leur temps au service des pauvres et des malades, mais n'ont pas prononcé de vœux religieux. Les rares chevaliers religieux, 56 en 2023, vivent également dans le siècle mais se retrouvent régulièrement pour des retraites[15].

En 2011, on compte par exemple en France : 4 chevaliers profès (qui prononcent des vœux évangéliques : obéissance, chasteté et pauvreté) et 2 chevaliers à vœux simples sur 542 chevaliers laïcs dont 23 chevaliers en obédience (qui prononcent une promesse d'obédience).

De la même manière, les chevaliers étaient aussi des militaires et combattaient fréquemment. Aujourd'hui, les chevaliers sont des civils qui n'exercent plus le métier des armes et les grades dans l'Ordre ne correspondent plus à des fonctions militaires mais sont purement honorifiques.

De plus, tous les chevaliers exerçaient divers emplois de santé et soignaient eux-mêmes les malades. Aujourd'hui, les chevaliers participent de manière bénévole au soin des malades, des personnes vivant dans l'exclusion de la maladie, du handicap et de la pauvreté dans l'esprit de l'engagement qu'ils ont prononcé lors de leur admission. Les aspects purement médicaux sont traités par des professionnels de la santé financés par les œuvres caritatives de l'Ordre.

Crise de 1951 modifier

En 1951, le cardinal Nicola Canali, grand maître de l'ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem et grand prieur de l'ordre souverain de Malte à Rome, essaya en vain de se faire élire grand maître de l’ordre souverain de Malte[16],[17] ; mais le cumul de ces fonctions avec celle du Saint-Sépulcre étant incompatible, on lui refuse donc la possibilité de se présenter. Non satisfait, le cardinal cherche le soutien du Vatican afin de retirer à l'ordre souverain de Malte son caractère souverain et le mettre sous l'unique tutelle du Saint-Siège. Ses desseins échouent, mais il en résulte une profonde crise.

Il faudra une décision cardinalice du pape Pie XII pour mettre fin aux velléités des uns et des autres. Il s'est prononcé le sur deux sujets en question : l'« ordre souverain militaire jérosolymitain de Malte » (nom alors de l'ordre souverain de Malte) est-il toujours un ordre religieux et est-il encore souverain ? Dans les deux cas les réponses sont plus que mitigées[18].

Le Siège apostolique reconnait que l'Ordre est un ordre religieux seulement par ses membres chevaliers qui ont fait leurs vœux religieux mais pas ordre religieux dans son ensemble, les diverses organisations nationales charitables ne peuvent se prévaloir du statut de religio. Enfin il ne reconnaît pas à l'ordre de Malte « cet ensemble de pouvoirs et de prérogatives qui sont propres aux entités souveraines dans le plein sens du mot », mais il le reconnaît : d'une part comme dépendant de lui (incardiné) concernant les questions spirituelles (droit canonique) de ses membres in religio, et comme sujet indépendant d'autre part, entretenant avec lui des relations bi-latérales internationales[19].

Un premier projet de charte constitutionnelle est mis au point en 1956 et reconnue applicable par le pape pour une durée probatoire de trois ans.

Au sortir de cette crise, une nouvelle charte constitutionnelle est promulguée pour un « ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte » et approuvée le [20] par le pape Jean XXIII[21] ce qui met un terme à dix ans de tumultes. Cette constitution a été modifiée les et . Elle a été remplacée par une nouvelle constitution promulguée par le pape François le .

Critiques de l'Ordre dans les années 1960 modifier

Des critiques, notamment eu égard au fait que depuis cette époque les œuvres se sont développées mais aussi sur l'aspect sociologique du recrutement, ont été formulées dans les années 1960 par Philippe du Puy de Clinchamps. Il déclare « l’ordre dit de Malte, hors quelques œuvres charitables (notamment dans la lutte contre la lèpre), dépense surtout ses forces pour des questions de préséances et dans des querelles intestines »[22]. Il reproche à cet Ordre de n'avoir plus les mêmes exigences en matière de recrutement, il écrit « ordre dit de Malte sous-entend noblesse, on y entre pour paraître noble sans l’être le moins du monde et ceci, en France tout particulièrement »[22]. Il déclare, qu'au moins en France, l'admission dans l'ordre souverain de Malte est devenue « principalement le refuge de la fausse noblesse »[23] ou encore « en 1957, qui est noble va à l'ANF, qui voudrait l'être va à Malte »[24].

Au moment de la crise de 1951, la question de la reconnaissance de l'Ordre en tant qu'État souverain par l'Italie a fait débat dans sa classe politique. Un député communiste[Qui ?] a dit « L'ordre de Malte est la façon la plus absurdement compliquée de faire un peu de bien ».

Crise de 2017 modifier

En 2017, Fra' Matthew Festing quitte la direction de l'ordre souverain de Malte[25]. Les raisons de ce départ (c'est la première fois de l'histoire de l'Ordre qu'un grand maître est « démis » par le pape) s'expliquent par l'existence d'un conflit larvé entre le grand maître et son numéro deux, l'Allemand Albrecht von Boeselager, qui perdurait depuis plusieurs années, sur fond de divergences idéologiques[26], le premier étant réputé plus conservateur et le second souhaitant réformer l'Ordre vers davantage d'humanitaire.

L'élément déclencheur officiel de la décision du pape est le fait que Matthew Festing avait renvoyé son numéro deux (réintégré depuis), en présence et sous l'autorité du cardinal Raymond Burke, cardinal protecteur et représentant du pape[27], après avoir appris qu'il aurait couvert le fait que l'Ordre aurait distribué des préservatifs et des moyens abortifs en Afrique et en Asie, à l'insu des instances romaines[28],[29].

Le , le pape François a mis en place une commission d'enquête dont font partie Silvano Tomasi, nonce apostolique, le jésuite canoniste Gianfranco Ghirlanda, l’avocat Jacques de Liedekerke, le banquier suisse Marc Odendall et Marwan Sehnaoui, président de l’association libanaise de l’Ordre[27]. Mais le le grand-maître écrit une lettre (acte rare d’opposition) dans laquelle il juge « inacceptable » la nomination de cette commission et « Le remplacement de l’ancien grand chancelier est un acte de gouvernement interne de l’ordre souverain de Malte et, par conséquent, relève uniquement de sa compétence » indique le grand maître[30]. Celui-ci ayant mis en cause le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin répond à Fra’Matthew Festing qu'il apparaît que le pape n’a jamais voulu le renvoi du grand-chancelier Albrecht von Boeselager[31]. Cette affaire a brusquement resurgi peu de temps avant la nomination à l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) de Georg von Boeselager, son frère qui avec deux autres banquiers ont été nommés par le pape pour remplacer des responsables de l’IOR qui, défendant l’idée de créer un fonds d’investissement au Luxembourg auquel s’opposait le pape[31],[32].

« Le délégué spécial aura la charge d’être mon porte-parole exclusif durant la période de son mandat pour tout ce qui regarde les relations de l’Ordre avec le Saint-Siège », précise le pape, qui ainsi retire toute responsabilité au cardinal Raymond Burke, en nommant le , le substitut de la secrétairerie d’État, Giovanni Angelo Becciu, représentant spécial du pape auprès de l'Ordre[33]. Le grand commandeur de l'Ordre, Ludwig Hoffmann von Rumerstein (en), assure l'intérim des fonctions de grand maître[34],[35], jusqu'à l'élection, le , de l'Italien Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto à la tête de l'Ordre, en tant que lieutenant de grand maître, pour un an[36],[37],[38]. Il doit préparer une réforme de l'Ordre, principalement pour les conditions d'élection du grand maître[39]. Le pape reçoit le Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto et l'ordre souverain de Malte pour signifier la fin de la crise[40].

Réforme de 2022 modifier

Le , Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto est élu grand maître[41]. Après son décès brutal le [42],[43],[44], l'intérim est assuré, selon l'article 17 de la Constitution de l'ordre souverain de Malte, par le grand commandeur, Fra' Ruy Gonçalo do Valle Peixoto de Villas Boas (en)[42],[45]. Après la démission le de Giovanni Angelo Becciu, le pape nomme le futur cardinal Silvano Tomasi le pour le remplacer avec toute latitude pour mener à bien la réforme de l'Ordre voulu par le pape[46]. Le suivant, Fra' Marco Luzzago est élu lieutenant du grand maître pour assurer l'intérim pendant une année[47],[48]. Il doit convoquer de nouveau le Conseil complet d’État avant la fin de son mandat en novembre 2021[49]. Le le pape donne tous pouvoirs à Tomasi pour : - Convoquer le Chapitre Général Extraordinaire à une date à déterminer et en assurer la co-présidence ; - Définir un règlement ad hoc pour la composition et la célébration du Chapitre Général Extraordinaire ; - Approuver la Charte constitutionnelle et le Code ; - Procéder au renouvellement du Conseil souverain conformément aux nouveaux textes réglementaires ; - Convoquer le Conseil d'État au complet pour l'élection d'un nouveau grand maître. Il prolonge Marco Luzzano « jusqu'à la conclusion du Chapitre général extraordinaire et l'élection ultérieure d'un nouveau grand maître par le Conseil d'État »[50],[51]. Mais Marco Luzzano meurt le [52] et est remplacé une nouvelle fois à titre intérimaire par Fra' Ruy Gonçalo do Valle Peixoto de Villas Boas[53].

Le , le pape François n'attend pas le délai prescrit par les textes de l'Ordre et prend la décision de nommer lui-même Fra' John Timothy Dunlap lieutenant du grand maître[54] pour un an avec la directive de continuer la préparation de la réforme des statuts de l'Ordre[55]. C'est la première fois dans l'histoire de l'ordre souverain de Malte qu'un nord-américain arrive à ce niveau de responsabilité[56]. En fait, la crise de 2017 débouche sur une réforme complète de la Charte constitutionnelle. Elle est faite, sous le contrôle du pape, par le cardinal Silvano Tomasi avec le lieutenant du grand maître John Dunlap qui est là pour la faire passer auprès de l'Ordre.

Le projet de réforme prévoit que l’ordre souverain de Malte soit « un sujet du Saint-Siège », c’est-à-dire du Vatican, ce que les chevaliers, principalement allemands, refusent, craignant de voir l’Ordre réduit à « une association de religieux »[57]. La souveraineté de l'Ordre est aussi dans le débat[58]. Mais le , c'est en force que le pape François prend un décret[59] pour annoncer la promulgation de la nouvelle charte constitutionnelle de l'Ordre[60],[61],[62] accompagnée de la dissolution du Sacré Conseil[63]. Pour justifier sa nouvelle charte constitutionnelle, le pape François rappelle une décision prise en 1953 par un Tribunal des cardinaux selon laquelle « les prérogatives de l’Ordre […] ne constituent pas cet ensemble de prérogatives et pouvoirs propre aux États souverains ». « Étant un ordre religieux, il dépend […] donc du Saint-Siège »[64]. Il décide aussi du remplacement du Sacré Conseil par une instance provisoire de treize membres nommés par lui. Il s'agit de : Fra' Emmanuel Rousseau (grand commandeur), Fra' Riccardo Paternò di Montecupo (grand chancelier), Fra’ Alessandro de Franciscis (grand hospitalier), Fra' Fabrizio Colonna (receveur du commun trésor) et de Fra' Roberto Viazzo, Fra' Richard Wolff, Fra' John Eidinow, Fra' João Augusto Esquivel Freire de Andrade, Fra' Mathieu Dupont, Antonio Zanardi Landi, Michael Grace, Francis Joseph McCarthy, Mariano Hugo de Windisch-Graetz[59]. Ce Sacré Conseil provisoire sera en charge de l'Ordre jusqu'au , date à laquelle le pape décide que se tiendra le chapitre général extraordinaire[65].

Le , Fra' John Timothy Dunlap est élu grand-maître[66].

Nouvelle constitution modifier

Situation juridique internationale modifier

Relations internationales de l'OSM
  • relations bi-latérales
  • autres relations (Associations, …)
Ambassade de l'OSM à Budapest.

L'Ordre incardiné au Saint-Siège est reconnu par celui-ci depuis 1953 ; si ses actions ne sont plus militaires elles sont clairement hospitalières et plus généralement humanitaires. L'ordre de Malte « maintient un certain nombre d'apparences étatiques et conserve le vocabulaire diplomatique »[67] : il possède, par exemple, un drapeau[68], déclare entretenir des relations diplomatiques avec 112 États[69] et délivre des passeports[70] pour faciliter ses actions humanitaires. Faut-il encore pouvoir assimiler l'Ordre à des catégories connues du droit international, un État, un gouvernement en exil ou une organisation internationale. « Il manque à l'Ordre trop d'éléments pour que le qualifier d’État soit autre chose qu'un abus de langage, qu'une erreur[71] ». Ce ne peut être un gouvernement en exil, la renonciation de Hompesch de tous ses droits de souveraineté sur Malte au profit de la République française ne peut être effacée[72]. Il ne peut non plus être considéré comme une organisation internationale, il n'est qu'un type d'organisation non gouvernementale qui ne peut entrainer « aucune conséquence juridique et ne correspond pas à l'analyse de l'Ordre sur sa propre nature juridique[72] ».

L'ordre souverain de Malte se déclare sujet de droit international public[73] comme possédant une souveraineté fonctionnelle, différence importante avec la souveraineté étatique. En fait, l'ordre souverain de Malte est reconnu auprès des organisations internationales, en tant qu'ONG et non comme État souverain ; le Blue Book des Nations unies précise au sujet du titre d'ambassadeur de l'ordre souverain de Malte que « Le titre d'ambassadeur, lorsqu'il s'applique au représentant d'une entité autre qu'un État, ne doit pas s'entendre comme indiquant en soi le droit aux privilèges et immunités diplomatiques. L'Ordre dispose d'un siège d'observateur permanent auprès des Nations unies[69] comme le veut « la longue tradition d’assistance humanitaire qui caractérise l’Ordre souverain et militaire de Malte et le rôle spécial de cette institution dans les relations humanitaires internationales[74] » et également auprès de la Commission européenne[69] et des principales organisations internationales[69].

Breycha-Vauthier précise « l'ordre ayant une personnalité en droit international particulier et non en droit international général, son droit de légation dépend de la reconnaissance individuelle de chaque État recevant[5] ». Puisqu'il est ainsi reconnu à l'Ordre le droit à légation, celui-ci peut entretenir des relations bi-latérales avec tous les pays qui le souhaitent. Mais le manque d'un territoire pose à l'ordre souverain de Malte un autre problème, il est impossible pour l'Ordre de recevoir auprès de lui des ambassadeurs autres que ceux déjà habilités auprès du Saint-Siège, n'ayant pas la possibilité d'assurer ce statut d'ambassadeur sur le territoire italien[5].

L'Ordre a établi son siège à Rome, Via dei Condotti, près de la place d’Espagne, au « palais magistral ». Cet Ordre souverain sans territoire à la souveraineté fonctionnelle et non étatique dispose de deux implantations au statut d’extraterritorialité, pour son « palais magistral » de la Via Condotti, où résident le grand maître et le gouvernement de l’Ordre, et la « villa magistrale » sur l’Aventin qui abrite le grand prieuré de Rome[75]. L’ambassade de l’Ordre auprès de la République italienne jouit également du même statut concédé par l'Italie[75].

Le statut d'État souverain n'est pas reconnu par le ministère français des affaires étrangères.

Fonctionnement actuel modifier

Le 81e et actuel grand maître Fra' John Timothy Dunlap
Le 80e grand maître Fra' Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto (1944-2020).

En 2017, on dénombre environ 13 500 membres de l'ordre souverain de Malte, plus de 100 000 bénévoles réguliers et 25 000 professionnels (médicaux et paramédicaux) à travers 120 pays qui font vivre les activités hospitalières de premiers secours et d’ambulances dans 33 d’entre eux. L’Ordre dispose également d’un corps d’urgence humanitaire, Malteser International, avec un budget de fonctionnement de 36 millions d’euros en 2017[76].

En France, les Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte dénombre 1 800 salariés et 5 500 bénévoles, avec en 2017 un budget de 86 millions d’euros, dont 17 millions de dons du public[76].

L'Ordre en France fête saint Jean-Baptiste le [77] lorsque ses membres se réunissent au château de Versailles[77].

Les grands maîtres modifier

Depuis la nomination de Giovanni Battista Tommasi (1803–1805) par le pape Pie VII, il n'y a eu que huit grands maîtres.

À partir de 1864, l'organisation en « langues » de l'ordre souverain de Malte disparaît au profit de la création d’« associations nationales » ou de « prieurés ». En 1879, le pape Léon XIII rétablit la dignité de grand maître qui était vacante depuis la mort de Tommasi en 1805.

Il n'y a plus que 56 frères profès sur les 13 500 membres de l'Ordre dont seulement 11 dans tout l'Ordre ont plus de 50 ans, 10 ans d'ancienneté de vœux et être de noble extraction peuvent être élus grand maître[15],[42].

Les révisions de 2022 de la constitution de l'Ordre ordonnées par le pape François, qui ont supprimé l'exigence traditionnelle selon laquelle le grand maître doit pouvoir prouver une ascendance noble, ont permis l'élection de John T. Dunlap, d'origine canadienne, à titre de 81e grand maître de l'ordre souverain de Malte le [78].

Période Nom
1803-1805 Giovanni Battista Tommasi Grand maître de l'ordre souverain militaire jerosolymitain de Malte,
nommé par le pape.
1805-1879 Vacant Période noire de l'Ordre.
1879-1905 Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce Élu soixante-quatorze ans après le décès de Giovanni Battista Tommasi.
1905-1931 Galeazzo von Thun und Hohenstein
1931-1951 Ludovico Chigi Albani della Rovere
1951-1962 vacant Crise de 1951. Remise en cause de la souveraineté.
1962-1988 Angelo de Mojana di Cologna
1988-2008 Andrew Bertie
2008-2017 Matthew Festing
2018-2020 Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto
2020 - 2023 vacant Réforme de 2017. Nouvelle charte constitutionnelle.
2023 - John Timothy Dunlap

Les lieutenants du grand maître modifier

Les lieutenants de facto, lieutenants ad interim, lieutenants généraux ou lieutenants du grand maître (suivant les circonstances) sont nommés ou élus avec toutes les prérogatives d'un grand maître au décès ou en l'absence de celui-ci.

Période Nom
1801 - 1803 Nikolaï Saltykov Lieutenant de facto Saint-Pétersbourg
1805 Guiseppe Caracciolo di Sant'Erasmo Lieutenant ad interim Période noire de l'Ordre
1805 - 1814 Innico Maria Guevara-Suardo (en) Lieutenant ad interim
1814 - 1821 Andrea Di Giovanni y Centellés (en) Lieutenant ad interim
1821 - 1834 Antoine Busca (en) Lieutenant ad interim
1834 - 1845 Carlo Candida (en) Lieutenant ad interim
1845 - 1864 Filippo di Colloredo-Mels (en) Lieutenant ad interim
1865 - 1871 Alessandro Borgia Lieutenant ad interim
1871 - 1879 Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce Lieutenant ad interim
1951 - 1955 Antonio Hercolani Fava Simonetti (en) Lieutenant général Crise de 1951
1955 - 1962 Ernesto Paternò Castello di Carcaci (en) Lieutenant général
1988 Jean Charles Pallavicini (en) Lieutenant ad interim
2008 Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto Lieutenant ad interim
2017 Ludwig Hoffmann von Rumerstein (en) Lieutenant ad interim Crise de 2017
2017 - 2018 Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto Lieutenant du grand maître
2020 Ruy Gonçalo do Valle Peixoto de Villas Boas (en) Lieutenant ad interim
2020 - 2022 Marco Luzzago Lieutenant du grand maître
2022 Ruy Gonçalo do Valle Peixoto de Villas Boas (en) Lieutenant ad interim
2022 - 2023 John Timothy Dunlap Lieutenant du grand maître

Représentants du pape modifier

Le cardinal Raymond Burke, Cardinalis Patronus, est nommé en 2014 représentant personnel du pape auprès de l'Ordre[79], mais le , le pape François nomme le cardinal Giovanni Angelo Becciu comme son « délégué personnel » chargé du « renouveau spirituel et moral de l'Ordre ». De février 2017 à octobre 2020, l'archevêque Silvano Tomasi, futur cardinal, assume les fonctions exercées par le cardinal Angelo Becciu. Le , il est nommé « délégué spécial du pape » auprès de l'ordre souverain de Malte. Il a la charge de préparer la nouvelle constitution de l'Ordre[80].

Jean Laffitte est lui le prélat, supérieur religieux du clergé de l'Ordre depuis le [26],[81]. Après la réforme constitutionnelle de l'Ordre et l'élection de Fra' John Dunlap le 3 mai 2023 par le Conseil complet d'État, comme prince et Grand Maître, le pape François nomme finalement le 19 juin 2023 Son Éminence Gianfranco Ghirlanda Cardinalis Patronus de l'Ordre[82].

Le recrutement de l'Ordre modifier

Toutes les classes sociales sont de nos jours représentées au sein de l'ordre souverain de Malte qui n'exige plus de preuves de noblesse pour être admis[83] depuis 1805, officialisé en 1864, sauf pour être élu à vie grand maître, jusqu’en 2022 où les exigences nobiliaires sont définitivement abolies[15]. L’accent est mis aujourd’hui sur une noblesse d’esprit et de conduite.

Le recrutement commun (hors exceptions) se fait par cooptation après un temps de services qui est variable (de quelques années à de nombreuses années). D'abord pressenti par ses manières d'être et de servir et après quelques années de réflexion le futur chevalier est reçu au sein de l'Ordre. Il devra s'acquitter d'un droit d'entrée et par la suite d'une cotisation annuelle.

Activités hospitalières et humanitaires modifier

Activités hospitalières nationales modifier

L'ordre souverain de Malte a conservé sa mission hospitalière « secourir et soigner » : pour la mener à bien, il dispose d'un personnel en grande partie bénévole. Chaque association nationale organise elle-même ses propres œuvres[84], qu'elle gère selon les lois du pays où elle réside[85]. Ces associations financent elles-mêmes leurs activités médicales, hospitalières et humanitaires grâce à des cotisations, des dons lors de quêtes nationales ou encore grâce à de nombreux legs[85].

L'Ordre est organisé aujourd'hui en grands prieurés au nombre de 6 : Rome, Lombardie-Vénétie, Naples et Sicile, Bohème, Autriche et Angleterre, et en associations nationales au nombre de 47 : Allemagne (1859/1867), Royaume-Uni (1875), Italie (1877), Espagne (1886), France (1891), Portugal (1899), Pays-Bas (1911), Pologne (1920), États-Unis (1926), Hongrie (1928), Belgique (1930), Irlande (1934), Argentine (1951), Pérou (1951), Canada (1952), Cuba (1952), Mexique (1952), etc.

Activités humanitaires internationales modifier

Tremblement de terre dans le centre de l'Italie en 2016. ( : séisme de magnitude 6,2 près du village d'Amatrice).

L'ordre souverain de Malte est présent pour intervenir lors de catastrophes naturelles[85] ou lors de conflits armés comme en 1969 au Biafra, au Viêt Nam en 1974, en Ouganda en 1980 mais aussi, par exemple, en Yougoslavie dans les années 1995–1999[85] ou en Ukraine.

Comité hospitalier international de l'ordre souverain de Malte modifier

En 2005, l'ordre souverain de Malte crée le comité hospitalier international, placé sous la direction du grand hospitalier, et qui a pour mission de coordonner les efforts extra-nationaux humanitaires de chacune des associations de l'Ordre[85].

Malteser International modifier

On assiste également en 2005[86] au remplacement de l'ECOM (les Corps d’urgence de l'ordre souverain de Malte) par le Malteser International afin de constituer un nouveau corps de secours international pour l'aide médicale et humanitaire d’urgence. Cette nouvelle structure a son siège à Cologne en Allemagne[86] et regroupe vingt-trois associations[86] dépendant de l'Ordre dans le monde, à savoir l'Autriche, la Belgique, la Bohême, le Canada, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Italie, la Hollande, la Pologne, le Portugal, la Suisse et les trois associations des États-Unis. Le Malteser International hérite de la longue expérience de l'ECOM qui avait été présent, par exemple, au Honduras après le passage de l'ouragan Mitch en 1998-1999, au Kosovo en 1999–2000, au Pérou après le tremblement de terre de 2001, en Afghanistan en 2002–2005. D’autres opérations à caractère médical et d’assistance ont eu lieu au Zimbabwe et en Angola en 2002, en Iraq en 2002–2003. Le Malteser International est actuellement présent dans trente-cinq pays[86].

Comité international de l'ordre souverain de Malte modifier

Le comité international de l'ordre souverain de Malte, abrégé CIOMAL, a été créé en 1958[87]. Il a pour mission de lutter contre la lèpre et de soigner plus globalement les malades. Cette mission, située à Genève en Suisse, s'étend aux handicaps et aux maladies souvent marginalisés dû au SIDA[88].

Membres et hiérarchie modifier

Croix de chevalier d'honneur et de dévotion (en haut)
Croix de chevalier profès (en bas).

Les membres de l'Ordre sont divisés en trois classes, suivant leur degré d'engagement religieux, (profès, obédience ou laïc), elles-mêmes subdivisées en catégories, les membres avec ou sans preuves de noblesse ou encore clerc ou laïc[89].

Voici les principaux rubans:

Rubans
centroChevalier de Justice centroChevalier d'honneur et de dévotion centroChevalier de Grâce Magistrale centroDonat de Grâce magistrale

Pour les autres rubans, voir l'entrée : Médailles et décorations de l'ordre souverain de Malte.

Ordre pro Merito Melitensi modifier

L'ordre pro merito Melitensi récompense les personnalités qui ont acquis des mérites particuliers envers l'Ordre ou qui ont soutenu ou participé à ses œuvres hospitalières. Les décorés ne deviennent pas pour autant membres de l’ordre souverain de Malte[90].

Émissions philatéliques modifier

Depuis 1966[91], des timbres sont produits par la Poste magistrale de l'ordre souverain de Malte à partir du siège de la Via dei Condotti à Rome. Ils ne sont pas reconnus par l'Union postale universelle[92] (UPU).

Le courrier affranchi avec des timbres de l’Ordre peut uniquement être expédié depuis le siège à Rome[92] en vertu d'un accord signé le [91] avec l'Italie autorisant la Poste magistrale de l'ordre souverain de Malte à acheminer du courrier avec ses propres timbres vers une cinquantaine de pays[91].

L'émission de ces timbres procure à l'Ordre des ressources non négligeables ; en particulier depuis qu'ils sont cotés par certains grands catalogues philatéliques italiens, comme le Sassonne ou l’Unificato.

Les timbres servent aussi à la propagande de l'Ordre en mettant en valeur les symboles de l'Ordre ainsi que les périodes historiques marquantes de l'histoire de son prédécesseur l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem : on retrouve ainsi des bannières rouges à croix blanche, des portraits de grands maîtres, des scènes religieuses, les armoiries de l'Ordre, des scènes représentant les actions actuelles des Œuvres hospitalières[91].

Les timbres émis portaient comme valeurs faciales la « monnaie » de l'ordre souverain de Malte, exprimée en grani, en tari et en scudo. Depuis le , les valeurs faciales sont exprimées en euro.

Émissions monétaires modifier

Depuis que Napoléon s'est emparé de l'île de Malte et en a chassé son grand maître et ses chevaliers, l'ordre souverain de Malte ne frappe plus sa monnaie. En 1961, à la suite des nouveaux statuts reconnus par le pape, l'Ordre, après 180 ans d'interruption, fait refrapper des scudos en argent et en or par la Monnaie italienne, l'Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato. Depuis 1964, par ce biais uniquement, l'Ordre souverain de Malte est autorisé à frapper ses propres séries de pièces de monnaie. Ces pièces n'ont aucun cours légal dans aucun pays et sont un moyen pour l'ordre souverain de Malte de se procurer des ressources grâce à l'engouement des numismates.

La monnaie de l'ordre souverain de Malte est le scudo (l'écu). Celui-ci est divisé en 12 tari et en 240 grani. Selon l'ordre souverain de Malte, un scudo équivaut à 0,25 euro. Les pièces émises sont frappées en bronze, en argent et plus rarement en or. Il n'existe aucun billet de banque émis par l'Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato qui frappe seulement des pièces de 10 grani en bronze, de 9 tari, de 1 et 2 scudi en argent, et de 5 et 10 scudi en or.

Notes et références modifier

  1. Charte constitutionnelle de l'ordre de Malte article 1 paragraphe 1
  2. Texte du traité d'Amiens, titre X
  3. Voir sur google.fr.
  4. Voir sur google.fr.
  5. a b et c Breycha-Vauthier 1956, p. 502
  6. a et b Voir sur orderofmalta.int.
  7. Voir sur orderofmalta.int.
  8. Cour d'appel de Versailles, 20 mai 1999, no 1996-5723.
  9. Ordre de Malte, « La nouvelle Constitution de l'Ordre de Malte », sur orderofmalta.int, .
  10. Charte constitutionnelle de l'ordre de Malte, 1961, p. 9.
  11. Blondy 2002
  12. Sire 1994
  13. Mallia-Milanes 1992
  14. a b c d e f g h et i Galimard Flavigny 2006, p. 333
  15. a b et c « Un Italien prend la tête de l’Ordre de Malte pour un an », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Galimard Flavigny 2006, p. 265
  17. Les menées du cardinal Canali sont le sujet du roman Chevaliers de Malte de Roger Peyrefitte paru en 1957.
  18. Voir sur orderofmalta.int.
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  20. constitution de l'ordre de Malte
  21. Conrad 2002
  22. a et b du Puy de Clinchamps 1966, p. 23
  23. du Puy de Clinchamps 1959, p. 46
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  92. a et b Timbres de l'ordre souverain de Malte.

Sources modifier

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  • Florent Bonn, « L’ordre souverain et militaire de Malte, puissance internationale la plus petite et la plus jalousée sous la tutelle pontificale », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
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Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

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  • Bertrand Galimard Flavigny, Histoire de l'ordre de Malte, éditions Perrin, Paris, , 444 p. (ISBN 9782262032333).
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