Piton des Neiges

sommet de l'île de La Réunion

Piton des Neiges
Vue du piton des Neiges.
Vue du piton des Neiges.
Géographie
Altitude 3 070 m[1]
Massif Massif du Piton des Neiges
Coordonnées 21° 05′ 56″ sud, 55° 28′ 44″ est[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région et département d'outre-mer La Réunion
Communes Cilaos, Salazie
Ascension
Voie la plus facile Sentier du Piton des Neiges
Géologie
Âge 450 000 à 340 000 ans
Roches Basaltes, trachytes
Type Volcan de point chaud
Morphologie Volcan bouclier
Activité Endormi
Dernière éruption Environ 10 000 av. J.-C.
Code GVP 233802
Observatoire Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise
Géolocalisation sur la carte : La Réunion
(Voir situation sur carte : La Réunion)
Piton des Neiges

Le piton des Neiges est le point culminant de l'île de La Réunion (France), à 3 070 mètres d'altitude. Il est parfois considéré comme le point culminant de l'océan Indien[2], bien que cette affirmation soit discutable puisque des volcans indonésiens de Sumatra, Java, Bali et Lombok sont plus élevés.

Vue du piton des Neiges, point culminant de l’île de La Réunion et de l’archipel des Mascareignes. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l’île.
Animation représentant le piton des Neiges en trois dimensions.

Il marque le sommet d'un édifice volcanique, le massif du Piton des Neiges, qui occupe les trois cinquièmes de la surface de l'île, avec un diamètre au niveau de la mer d'environ cinquante kilomètres.

Ce volcan serait né il y a au moins cinq millions d'années pour émerger de l'océan Indien il y a probablement plus de trois millions d'années, donnant ainsi naissance à l'île de La Réunion. Volcan complexe largement érodé, il n'est aujourd'hui plus en activité depuis plus de 12 000 ans.

Toponymie modifier

Malgré son nom et la fraîcheur des températures en altitude, le piton des Neiges ne porte pas de neiges éternelles. Les chutes de neige y sont d'ailleurs très rares, brèves et souvent masquées par le mauvais temps. Il est ainsi exceptionnel que l'on puisse observer le sommet enneigé. La montagne fut d'abord connue comme celles « des trois Salazes », mais il est possible que l'événement que constitua l'épisode d'enneigement de 1735 lui ait ensuite conféré son nom de piton des Neiges[3].

Géographie modifier

Situation modifier

Le piton des Neiges se situe dans le centre de l'île de La Réunion, au sud du cirque de Salazie, au nord du cirque de Cilaos et au sud-est du cirque de Mafate. Culminant à 3 070 mètres d'altitude, il est le point culminant des Mascareignes et fait de La Réunion, la 17e plus haute île de la Terre.

La limite administrative entre les communes de Cilaos et de Salazie passe par le sommet du piton des Neiges.

Le piton des Neiges est entaillé par trois importantes dépressions : les cirques de Mafate (au nord-ouest), de Salazie (au nord-est) et Cilaos (au sud). Ces cirques sont le résultat conjugué de l'affaissement des chambres magmatiques de l'ancien cratère et de l'érosion due aux fortes précipitations que connaît l'île de la Réunion. On compte une quatrième dépression située à l'est : le cirque des Marsouins, qui a été comblée lors des dernières phases éruptives du piton des Neiges et aujourd'hui recouvert par les forêts de Bébour et de Bélouve.

Géologie modifier

L'histoire géologique du piton des Neiges s'inscrit dans celle plus large du massif, et au-delà, dans celle de la formation de l'île de La Réunion qui est issue du point chaud qui donna auparavant naissance aux trapps du Deccan en Inde, aux archipels des Maldives et des Chagos, à Rodrigues et à l'île Maurice[4].

Les scientifiques s'accordent en général à considérer deux grandes phases constructives[5].

La première correspond à la formation d'un volcan bouclier qui a établi les fondations du piton des Neiges. Cette phase s'est déroulée depuis l'émission, il y a cinq à sept millions d'années, des premières laves qui percèrent la croûte océanique du fond de l'océan Indien, jusqu'à environ 450 000 ans avant l'époque présente. Les plus vieilles roches terrestres qui ont pu être datées sont âgées de 2,1 millions d'années. On estime donc, pour tenir compte du temps de mise en place des roches internes de l'île, que le volcan a pu émerger de l'océan il y a environ trois millions d'années[6].

La seconde phase correspond, après une possible période de repos ou de transition, à un stade de volcanisme différencié parfois qualifié de « stade de stratovolcan »[7] même si ce terme est quelque peu abusif pour désigner l'émission de laves trachytiques et l'apparition de phénomènes explosifs en fin de vie d'un volcan de point chaud intraocéanique[8]. Cette phase s'est déroulée, selon les auteurs, depuis 450 000 à 340 000 ans jusqu'aux dernières manifestations éruptives, il y a 29 000 à 12 000 ans[5]. Les reliefs actuels, notamment le piton des Neiges proprement dit et les cirques, se sont mis en place au cours de cette phase.

Une grande partie de l'histoire géologique du piton des Neiges demeure cependant encore mal connue. Il a manifestement connu des épisodes de déstabilisation soudaine ayant entraîné des effondrements cataclysmiques et de grandes avalanches de débris. Le sommet actuel pourrait alors n'être que le résidu d'une montagne beaucoup plus élevée qui aurait pu dépasser 4 500 m d'altitude[9]. Le centre du volcan se trouverait ainsi au niveau du Gros Morne comme en témoignent les nombreux necks qui y ont été identifiés, le piton des Neiges n'étant alors qu'une planèze. C'est par exemple ce que tente de déceler et de comprendre, par le prélèvement et l'analyse de pseudotachylites, une récente expédition scientifique partie le à l'assaut des falaises et des canyons abrupts de la face est du piton des Neiges[10],[11].

Climat modifier

Les températures au sommet sont fraîches, mais les épisodes neigeux n'y sont pas fréquents, avec une moyenne approximative d'un jour de neige tous les trois ans[12]. Dans les années récentes, il s'en est produit :

  • en , importantes précipitations neigeuses ;
  • le , au même moment qu'une éruption du piton de la Fournaise, le cratère Dolomieu ayant lui aussi été enneigé ;
  • le  ;
  • le , sous la forme de granules de glace favorisés par les précipitations, une couverture nuageuse homogène et des vents de 100 km/h ayant fait remonter les nuages qui dans leur partie haute atteignaient –2 à −3 °C[13].

Environnement modifier

Vue du piton des Neiges depuis le col de Bébour.

Les escarpements sommitaux du piton des Neiges sont des zones de nidification des pétrels de Barau, une espèce d'oiseau marin endémique de l'île de La Réunion[14]. Ceux-ci sont présents chaque année depuis le retour des premiers adultes à la fin du mois d'août jusqu'à l'envol des jeunes d'avril à la fin mai[15]. Les pétrels de Barau creusent des terriers sous les rochers ou dans l'humus. C'est au fond du terrier que l'œuf unique est pondu, couvé puis que le poussin se développe alimenté par ses parents qui effectuent de multiples allers-retours entre le sommet de l'île et la mer où ils vont pêcher leurs proies nourricières.

Les deux seuls sites actuels de reproduction de cette espèce se situent autour du piton des Neiges et autour du Grand Bénare. Ces zones bénéficient depuis 2001 d'une protection d'arrêté de biotope. Les populations de pétrels de Barau demeurent néanmoins très menacées par les rats et de manière encore plus critique par les chats, prédateurs introduits par l'Homme et contre lesquels les oiseaux dans leurs terriers n'ont aucune défense.

Tourisme modifier

Ascension modifier

L'ascension du piton des Neiges peut se faire depuis Salazie, Cilaos ou la plaine des Cafres. Trois sentiers convergent depuis ces points de départ jusqu'au gîte du Piton des Neiges, refuge en contrebas du sommet.

Depuis Salazie : à Hell-Bourg, il faut prendre le sentier qui débute derrière le stade puis monte à Terre-Plate et arrive au cap Anglais sur le plateau de Bélouve-Bébour. De là, on se dirige vers la caverne Dufour. Le sentier traverse des forêts de cryptomérias du Japon.

Depuis Cilaos : il faut d'abord traverser la forêt du Grand Matarum avant d'atteindre la caverne Dufour et son gîte hors de toute végétation notable. C'est le chemin le plus court mais le plus éprouvant.

Depuis la plaine des Cafres : départ à Mare à Boue (route bétonnée avant le col de Bellevue) puis direction vers le coteau Maigre et le coteau Kerveguen. Comme son nom l'indique, ce chemin est très humide, du fait de l'exposition du coteau plein est. Il est long mais facile et sauvage.

Ensuite, depuis le refuge de la caverne Dufour, il reste encore 600 mètres de dénivelé à parcourir sur un terrain rocheux. Il est habituel de quitter le refuge vers 3 heures du matin pour arriver au sommet aux premières lueurs du soleil, vers 6 heures. Ceci permet notamment d'observer dans la direction opposée au soleil, l'ombre triangulaire typique des sommets[16].

Hébergement modifier

Le seul gîte sur le piton des Neiges est celui situé peu avant son sommet : le refuge de la caverne Dufour.

Sur le sommet, il existe cinq ou six emplacements circulaires entourés de murets de pierre sèche permettant de poser une ou deux tentes à l'abri du vent. Cette possibilité tient plus du bivouac spartiate que du camping.

Évaluation et prévention des risques modifier

Le volcan est inactif depuis 12 000 ans. Néanmoins, à la suite du réveil du Chaitén, au Chili, en 2008 (après 9 000 ans d’inactivité), les volcanologues se penchent sur un possible réveil du piton des Neiges. Patrick Bachèlery, directeur du laboratoire Géosciences de l’université de La Réunion, estime que le piton pourrait se réveiller d’ici 100 à 10 000 ans, et précise que « le réveil du piton des Neiges ne se ferait pas brusquement. Il lui faudrait peut-être environ un an », le temps au magma de remonter depuis les profondeurs de la Terre[17]. Il souligne toutefois que « les événements les plus rares sont les plus destructeurs ». Un programme de l’observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise prévoit d’entourer l’île de La Réunion de sismomètres « afin de mieux détecter tous les mouvements des massifs volcaniques »[17].

Notes et références modifier

  1. a et b « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. La Réunion, une montagne dans l’Océan, site de l'ONF.
  3. Pierre-André d'Héguerty, Discours prononcé devant le roi à la séance du 26 mars 1751, Mémoires de la société royale des sciences et belles-lettres de Nancy, Nancy, Pierre Antoine, (lire en ligne), p. 90.
  4. Institut de physique du globe de Paris, La Réunion : formation du point chaud de l'île de la Réunion.
  5. a et b BRGM, Connaissance géologique de La Réunion, livret de l'enseignant, La genèse des paysages : le résultat d'une longue histoire géologique, p. 52.
  6. Pascal Richet, Jean-Yves Cottin, Joël Dyon, René Maury et Nicolas Villeneuve, Guide des volcans d'outre-mer : Antilles, La Réunion, Polynésie, Terres australes, Orléans, Paris, BRGM éditions, Belin, coll. « Guides savants », , 492 p. (ISBN 978-2-7011-4510-5), p. 164.
  7. Pascal Richet, Jean-Yves Cottin, Joël Dyon, René Maury et Nicolas Villeneuve, Guide des volcans d'outre-mer : Antilles, La Réunion, Polynésie, Terres australes, Orléans, Paris, BRGM éditions, Belin, coll. « Guides savants », , 492 p. (ISBN 978-2-7011-4510-5), p. 165-166.
  8. Pascal Richet, Jean-Yves Cottin, Joël Dyon, René Maury et Nicolas Villeneuve, Guide des volcans d'outre-mer : Antilles, La Réunion, Polynésie, Terres australes, Orléans, Paris, BRGM éditions, Belin, coll. « Guides savants », , 492 p. (ISBN 978-2-7011-4510-5), p. 60.
  9. « Expédition scientifique : dans les entrailles du Piton des neiges », Le Quotidien de La Réunion, 4 novembre 2009.
  10. (fr)« Dans les entrailles du piton des Neiges », Le Quotidien de La Réunion,‎ (lire en ligne).
  11. (fr)« Expédition scientifique : les premières images », Le Quotidien de La Réunion,‎ (lire en ligne).
  12. Pour la moyenne et la liste des neiges récentes : « Le Piton des Neiges sous les flocons », clicanoo.re, 4 juin 2013.
  13. Concernant le type de neige et les conditions météorologiques : « La neige au sommet du Piton, pas une neige « classique » », clicanoo.re, 5 juin 2013.
  14. Armand Barau, Nicolas Barré et Christian Jouanin (ill. Nicolas Barré), Le grand livre des oiseaux de La Réunion, Paris, Les Éditions du Pacifique pour les Éditions Orphie, , 2e éd. (1re éd. 1996), 208 p. (ISBN 2-87763-263-6), p. 90-94.
  15. Marc Salamolard, Société d’études ornithologiques de La Réunion (SEOR), Laboratoire d’écologie marine, Université de La Réunion (ECOMAR) « Plan de conservation du pétrel de Barau »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  16. OPOD Inverted Mountain Shadow.
  17. a et b « Les volcans de l’ombre », Imaz Press Réunion,‎ (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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