Stavkirke

église médiévale en bois typique de la Norvège

Une stavkirke ou stavkyrkje (en norvégien bokmål et nynorsk ; au pluriel, on emploie généralement en français une forme régulière en stavkirkes[1], parfois le pluriel norvégien stavkirker) est une église médiévale en bois typique de la Norvège, bien que des fouilles laissent penser que d'autres églises de ce type aient pu exister ailleurs en Europe du Nord. On a répertorié environ 1 300 églises médiévales, dont 28 ont été sauvegardées en Norvège. On les appelle en français les « églises en bois debout » car des mâts ou poteaux sont utilisés pour soutenir le toit et l'élévation de la nef, mais aussi élever les murs.

Stavkirke d'Urnes inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO
Stavkirke de Borgund

La stavkirke constitue un des types les plus élaborés et les plus techniquement avancés de construction en bois qu'ait connu le Nord-Ouest de l'Europe au Moyen Âge. Cette technique de construction est représentée par la Stavkirke d'Urnes inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, celle de Borgund, la mieux conservée dans sa forme médiévale, ainsi que par 25 autres, de la plus grande à Heddal à la plus petite à Undredal, dans le site exceptionnel du Sognefjord en Norvège, et quelques autres en Europe du Nord-Ouest[2],[3].

Le contexte historique modifier

La christianisation modifier

Pierre du Xe siècle avec une crucifixion

Le fils du premier roi Harald 1er de Norvège (vers 850-933) , le roi Håkon Ier (920-961), tente une première fois d'introduire le christianisme, puis vers l'an mil, Olaf Tryggvason amène avec lui des missionnaires anglais, mais il est tué. Un autre Olaf de la même famille, le futur roi Olaf II de Norvège, revenant d'expéditions vikings dans l'ouest de l'Europe, est sans doute baptisé à Rouen en 1013[4],[5]. Il essaie vers 1015 de consolider un pouvoir royal suprême dans le pays et reprend les efforts de ses prédécesseurs pour imposer le christianisme. Le 1030, le roi Olaf est tué et ses restes déposés dans une châsse à Trondheim. Des miracles se produisent, sa sainteté est reconnue et marque un moment décisif pour la chrétienté en Norvège. Au XIe siècle, le roi Olaf III de Norvège renforce le pouvoir central et la position de l'Église qui devient plus influente que le culte païen. Au cours du deuxième tiers du XIe siècle, les Vikings et des chefs baptisés à l'étranger soutiennent plus ou moins la mission d'évangélisation qui passe de la haute société vers le peuple et du sud de la Norvège vers l'intérieur du pays. Pendant les XIe et XIIe siècles, l'importance croissante du christianisme est éloquente par l'accroissement de la construction d'églises avec la pénétration de l'iconographie chrétienne traditionnelle et des tendances stylistiques de l'Europe occidentale.

La Norvège passe d'une religion pré-chrétienne qui va des croyances aux esprits de la nature, du culte des ancêtres et de la fécondité jusqu'à une mythologie polythéiste compliquée entièrement liée à l'organisation sociale, politique et militaire de la communauté aux nouvelles lois chrétiennes. Aux XIIe et XIIIe siècles, ces lois interdisent les fêtes sacrificielles attachées aux réunions de la communauté qui sont des assemblées sacrées. Des noms de lieux indiquent l'emplacement de lieux de culte, souvent des prairies, mais l'existence de bâtiments spéciaux pour les temples est fortement mise en doute. Les paroisses représentent à peu près les communautés formées par des fermes isolées, car il n'y a pas de villages, le commerce étant à l'origine des premières villes qui sont des carrefours pour le transit entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest[6].

L'Église semble avoir encouragé le mouvement d'édification de petites églises pour quadriller rapidement la région dans un élan missionnaire. En Europe, les églises sont le plus souvent en pierre, mais la Norvège utilise son expérience de la construction en bois des habitations et de la construction navale. Les difficultés de communication obligent à trouver les matériaux sur place et construire avec de petits éléments de bois de feuillus, car il n'y a pas d'arbres de grande taille dans les forêts[7]. On trouve la trace de trous de poteaux d'églises de poste qui évoluent en églises en bois debout reposant sur un seuil de grosses pierres afin de s'affranchir des problèmes d'humidité du sol. L'une des plus anciennes encore existantes est la stavkirke d'Urnes construite vers 1140 à l'emplacement de deux stavkirke antérieures.

La diffusion des églises en bois debout modifier

Carte des stavkirker en Norvège

La plupart des églises en bois debout sont construites entre 1150 et 1350, mais beaucoup disparaissent vers 1700. Une carte de 1800 montre que 322 sont dans des zones peu peuplées, dans les vallées de montagnes, les villages forestiers, dans les villages de pêcheurs sur les îles et les petits fjords. Les églises en pierre sont dans les villes, les basses terres de l'Est et du Nord, le long de la côte et dans les grandes paroisses des fjords de la Norvège occidentale.

Il reste en Norvège 28 églises en bois debout, dont deux déplacées à Bergen et Oslo et une autre dans une île (Grip) aujourd'hui inhabitée. En dehors de la Norvège, la stavkirke de Hedared est toujours debout en Suède et, si on élargit le concept, on trouve des exemples dans l'Europe du Nord-Ouest et on peut y inclure l'église de Greenplace dans le Sussex en Angleterre et quelques restes dans l'église d'Hemse en Suède.

Des vestiges d'églises de poste marquées par des trous de poteaux sont découverts sous les stavkirkes d'Urnes, Lom et Hǿre et d'autres plus anciennes sont connues par des textes et des fouilles archéologiques, mais les sources sont rares et difficiles à interpréter[8],[9].

Architecture modifier

Les influences modifier

Les origines des stavkirkes sont largement controversées. Elles sont un mélange compliqué de différentes traditions européenne et du Moyen-Orient, ainsi que des anciennes pratiques locales de la Norvège.

L'art scandinave de l'époque romane correspond à l'âge de conversion au christianisme : il est l'art de la conquête pacifique de terres païennes par l'Évangile. Il subit l'influence de l'art viking qui culmine avec la barque et les objets d'Oseberg. Le dragon ancestral vient couronner les pinacles des églises. Le thème de Gunnar dans la fosse aux serpents remplace celui de Daniel dans la fosse aux lions. Pour les chrétiens, Daniel adorateur du seul Dieu vivant et vainqueur du mal est une préfiguration du Christ et Gunnar dans la fosse aux serpents peut constituer un symbole plus spécifique du Christ souffrant[6].

Lorentz Dietrichson soutient que l'église en bois debout est la traduction ingénieuse de la basilique romane en pierre, l'église à nef avec des influences paléochrétiennes et romanes anglo-saxonnes [10], surtout normandes romanes et irlandaises avec des toits représentant les traditions locales. En 1854, N. Nicolayen dans son ouvrage sur l'art médiéval en Norvège y trouve des influences de l'architecture byzantine[11]. Peter Anker pense que l'influence de l'architecture étrangère en pierre se retrouve plutôt dans les détails décoratifs[12]. Pour Anders Bugge, les églises en bois ont suivi le développement des églises en pierre[13].

Le contexte technique modifier

Assemblage par kne
Église de Greensted

Le plus souvent en Europe, c'est l'architecture de pierre qui prévaut dans les constructions religieuses. La Norvège fait exception, les communications sont difficiles, les lieux de culte nombreux, dispersés et de petite taille. Elle bénéficie de l'expérience des charpentiers et des sculpteurs dans l'édification des habitations et la construction navale.

La technique du bois debout s'est développée dans les pays riverains de la mer du Nord. Elle se retrouve en Norvège, dans les îles britanniques, la Normandie, la Hollande, le Danemark et le long de la mer Baltique jusqu'à Stockholm. Le caractère dominant de ces régions est l'absence d'arbres droits de grande taille, les forêts étant essentiellement composées de feuillus, un climat assez doux mais venteux qui fait que l'on s'abrite plus de la pluie et des orages que du froid.

Le défi pour les constructeurs de stavkirkes est de réaliser des bâtiments élevés capables de résister aux tempêtes. Ils utilisent un élément essentiel de la construction navale, le kne ou coude, ou bois courbe, ou bois tors[14], bois de construction (bois d’œuvre ou bois de marine) issu d'un arbre qui n'est pas droit ou qui n'est pas droit de fil, qui reprend les efforts horizontaux et verticaux dans les assemblages de charpente.

La construction en bois debout connaît trois étapes d'évolution. La première est une palissade composée de poteaux juxtaposés et plantés en terre dont il reste un exemple : une partie de l'église de Greensted en Angleterre datée vers 1053. Dans la deuxième, les poteaux d'angles sont plantés en terre, mais reliés par une poutre sablière qui isole du sol les poteaux ou planches épaisses de remplissage de la paroi. Enfin, la structure entière est au-dessus du sol sur un socle de pierre, les poteaux d'angles sont reliés par des poutres hautes et bases formant un cadre garni de planches juxtaposées. Les efforts horizontaux ne sont plus repris par l'ancrage des poteaux.

À partir de ces techniques, on peut regrouper les églises en bois debout sous deux types A et B qui ont une origine commune à l'Europe occidentale, mais la dernière phase avec la construction de bois posée sur un socle de pierre semble abandonnée partout sauf en Norvège.

Le type A regroupe les églises de petite taille et de faible hauteur, y compris celles avec un seul mât central. Dans le type B, les églises sont plus grandes. La nef est soutenue par quatre à vingt mâts et on introduit un système de stabilisation indispensable à la survie du bâtiment. Ce type B est composé de deux ensembles distincts. Celui dit de Kaupanger où tous les mâts sont intacts et donnent l'illusion d'une colonnade de cathédrale. Le deuxième dit de Borgund voit au moins deux mâts coupés à mi-hauteur et la structure supérieure repose sur le "tang" ou arc en bois. Les églises de Torpo et Heddal, avec les caractéristiques des deux ensembles, sont des exemples de transition[2].

Les stavkirkes de type A modifier

Stavkirke de Haltdalen.

La petite stavkirke de Haltdalen peut être considérée comme le prototype des églises en bois debout du type A. Elle reprend le plan des églises en pierre avec une nef de 6 m de longueur x 5 m de largeur et un chœur un peu moins grand de 3,5 m de longueur x 3 m de largeur. Les murs de la nef et du chœur sont de la même hauteur. Le squelette des murs extérieurs est fait d'une semelle trapézoïdale et de poteaux d'angles de section circulaire dont les bases sphériques maintiennent solidement en place l'intersection des semelles. Les poutres sablières sont de formes compliquées pour supporter les chevrons qui sont reliés par des arches formées de corbeaux 1/4 de rond contribuant à la stabilité du bâtiment.

La construction combine la résilience et la résistance en protégeant les parties exposées à l'humidité et à la pourriture.

Certaines églises de ce type sont transformées en églises longues en élargissant le chœur de la même largeur que la nef. Quand les nefs sont longues, les parois sont recoupées par des poteaux intermédiaires. On trouve des églises à mât central pouvant soutenir la toiture et un clocher comme à Nore et Udval.

Églises existantes de type A : Grip, Haltdalen, Undredal, Hedalen, Reinli, Eidsborg, Rollag, Uvdal, Nore, Høyjord, Røldal, Garmo, Kvernes et Rødven[2].

Les stavkirkes de type B avec le centre surélevé modifier

Maquette de la structure
Le système de contreventement de la stavkirke de Hopperstad

L'évolution vers le type B se trouve dans la tradition tant sur le plan spirituel que liturgique de l'élévation vers le ciel. Cela implique une augmentation de la hauteur des mâts qui ressortent par le toit, formant ainsi une surélévation semblable à la nef des basiliques.

Une construction de cette hauteur est exposée aux vents violents : la stabilité du bâtiment est précaire, même s'il est muni d'une charpente de comble élaborée. Il faut donc avoir recours à certaines techniques de la construction navale, comme le kne ou coude joignant les chevrons et les assises. Pour résister aux tempêtes, il reste certains éléments de renfort de toit à mi-hauteur des mâts. En les liant les uns aux autres sur tout le périmètre de la construction, on obtient un rigidité suffisante pour résister aux vents les plus forts[2].

La caractéristique des églises du type B avec centre surélevé est la présence d'une galerie périphérique, contrairement aux seuls bas-côtés et au déambulatoire d'une église de type basilical. Sur une fondation en pierre est posé un cadre rigide fait de solives qui dépassent aux quatre coins d'un à deux mètres, où reposent les murs de la galerie. Les mâts centraux portent le toit et les efforts horizontaux sont repris à mi-hauteur par cette structure. Un grand principe qui se dégage de ces constructions est l'emploi de cadres rectangulaires horizontaux ou verticaux assemblés de façon à former une structure cubique dont les différents éléments s'étayent les uns aux autres.

Un grand soin est apporté dans la protection de la partie inférieure de l'édifice : les solives se trouvent surélevées grâce aux pierres de fondement et les sablières basses des murs sont supportées par les extrémités saillantes des solives. De petits trous dans les sablières basses à la rainure des panneaux du mur, dans les sablières hautes et les entretoises des parties supérieures de l'édifice servent de drains. En outre, les sablières hautes débordent des panneaux du mur de façon à empêcher la pluie et la neige fondante du toit de pénétrer dans le bâtiment[6].

Groupe de Kaupanger modifier

Stavkirke de Hopperstad : mâts avec chapiteaux (les croix sont postérieures).

Dans le groupe de Kaupanger, on trouve les stavkirkes d'Urnes, de Hopperstad et de Lom. Les mâts ou poteaux forment comme une colonnade de nef centrale et limitent l'espace visuel. Les chapiteaux semblent s'inspirer de l'art roman.

Groupe de Borgund modifier

Mât coupé à Borgund

Dans le groupe de la stavkirke de Borgund, où l'on trouve les stavkirkes de Gol, Hegge, Høre, Lomen, Ringebu et Øye, les mâts ou poteaux centraux sont reliés par une succession de croix de saint-André dans la partie intermédiaire de l'élévation de la nef. Au-dessous, des poutres en forme d'arc relient les poteaux et cette stabilité permet de couper le bas de certains poteaux pour produire une autre expression architecturale.

Décoration et sculpture modifier

Stavkirke d'Urnes
Stavkirke de Borgund
Portail de la stavkirke de Hopperstad

Le décor sculpté des stavkirkes est un aspect essentiel de l'art médiéval où l'amalgame, les motifs ornementaux, les thèmes fantastiques et légendaires égalent la créativité des portails sculptés des églises romanes occidentales[15].

Les apports païens modifier

Les églises en bois debout sont construites dans une période de transition entre le paganisme et le christianisme et même si la nouvelle loi religieuse a détourné de nombreux symboles païens, on retrouve des divinités, des personnes, des objets et des histoires mythologiques ancestrales dans la sculptures des skavkirkes.

Les protections magiques

Sur les pignons des toitures sont des points importants et pour éviter l'action des démons et les catastrophes, on trouve la répétition de croix, d'images de dragons ou des têtes de dragons stylisés. La croix représente probablement plus une défense contre les esprits de la nature qu'un symbole de la nouvelle religion.

Les têtes de dragons stylisées rappellent les navires vikings et sont le plus souvent liées à la direction Est-Ouest, le lever et le coucher du soleil. Le dragon est considéré comme un démon qui ne peut être apprivoisé que par sa propre image. Ces têtes ont la même fonction que les visages des gargouilles des églises en pierre européenne. La sculpture du dragon sur les navires vikings est également un acte magique qui transforme le navire en un objet-monstre, le protégeant des ennemis.

Les sculptures sur les mâts ou poteaux et les portails ont également une fonction de protection contre les démons.

Le côté sombre du nord des églises, particulièrement exposé aux vieilles croyances des esprits de la nuit, est spécialement protégé. C'est aussi pour cette raison que les portes et les fenêtres sont absentes de ce côté. Dans beaucoup d'églises, le seuil rehaussé est un seuil fantôme destiné à éviter que les esprits de la nature ne pénètrent dans l'édifice.

Cet apport païen se retrouve aussi sur la chaise de l'évêque de Heddal, avec la scène du dragon de la légende de Sigurd[16]

Les portails modifier

En général, les églises ont trois entrées : la principale pour les paroissiens à l'ouest, une secondaire au sud et l'accès du prêtre dans le chœur. Les portails sont étroits et d'une hauteur d'environ quatre mètres, rectangulaires ou en plein cintre, à piédroits, à simple colonne ou à encadrement décorés, avec souvent des décors païens. On peut croire que l'Église les tolère dans un mouvement de compromis permettant à la nouvelle foi d'être acceptée par la mentalité païenne plus rapidement et avec plus de facilité. Les drames sculptés sur les panneaux peuvent être interprétés comme le combat du bien et du mal, commun aux deux religions. Les combats de dragons sont tolérés tant qu'ils ne se trouvent pas à l'intérieur de l'église[2].

Dans l'évolution de la décoration murale, le végétal fait disparaître l'animal et la feuille d'acanthe finit par s'imposer. Les influences sont largement controversées.

Le portail de la stavkirke d'Urnes représente l'apogée de la tradition ornementale. On y trouve l'influence des animaux tourmentés des Évangiles irlandais, des bijoux anglo-saxons, des pierres de Jelling, des fouilles du Jutland et du Gotland, de l'ensemble de la mer du Nord, mais aussi de Byzance.

Dans le portail à colonne latérale recevant une archivolte, l'influence de l'architecture de pierre est évidente avec des apports des structures anglo-saxonnes tardives de l'Angleterre. La technique des portails romans du XIIe siècle varie d'un site à l'autre. Le dégagement du relief, les méthodes et les motifs du modelé s'inspirent de la sculpture romane anglo-normande.

Le groupe d'Hylestad montre des médaillons dont les entrelacs ont une parenté avec les manuscrits anglais, en rapport avec l'ornementation anglo-normande

La période 1130-1150 est significative d'un brassage d'influences à travers l'Europe du Nord-Est. On trouve un même sculpteur ou un même atelier à la cathédrale de Lincoln et à la cathédrale de Trondheim, une sculpture de type scandinave à l'église de Martinvast en Normandie et à l'église de Kilpeck en Angleterre, des parentés formelles entre les portails des stavkirkes et ceux de la cathédrale d'Ely[15],[2],[17].

Suivant certains auteurs, l'étude des portails fait ressortir sept groupes :

  • Les portails primitifs dans le style d'Urnes I, sans éléments tirés de l'architecture de pierre que l'on peut dater du XIe siècle au début du XIIe siècle.
  • Le groupe de Hopperstad-Ulvik, des environs de 1140 aux alentours de 1180-1190, avec des éléments de composition et des motifs ornementaux influencés par l'architecture de pierre de réalisations internationales avec l'intégration d'éléments traditionnels, dans une synthèse d'influences nordiques et internationales qui forment un style particulier.
  • Le groupe de Høre (Hurum), issu du groupe de Hopperstad, que l'on peut dater des années 1180, est le type de portail le plus répandu et le plus abondant.
  • Le groupe des portails historiés de Hemsedal et de Hylestad sont inclus en réalité dans le groupe de Høre (Hurum) avec quelques portails apparentés.
  • Le groupe d'Attrå-Tuft, qui commence peu avant 1190 est un type régional confiné à l'arrière-pays du Numedal et du Telemark.
  • le groupe de Vågå-Rennebu, fortement influencé par la jeune école de Trondheim, appartient au premier quart du XIIe siècle. Le portail de Vågå est le premier exemple d'une transposition de l'architecture de pierre.
  • Le portail de Hoff, dont la datation est controversée, est un phénomène isolé.

En plus de ces sept groupes, on trouve un certain nombre de portails du milieu et de la fin du XIIIe siècle, mais ils sont plus ou moins dégénérés et viennent principalement du groupe d'Attrå-Tuft[6].

Les chapiteaux modifier

Le chapiteau le plus courant est le chapiteau roman rhénan, une portion de sphère pénétrée par un cube. Il est employé dans la région germanique et par les Normands, en Normandie et en Angleterre. Dans les stavkirkes, ils sont reliés par des archivoltes formées de deux corbeaux 1/4 de rond adjacents. À la stavkirke d'Urnes, ils sont décorés d'animaux distordus et d'un centaure.

Les chapiteaux cylindriques sont mieux adaptés aux contraintes du matériau. Ils sont reliés par des arcs en bois peint en noir ou goudronné pour disparaître visuellement, ce qui est typique du Moyen Âge norvégien.

On trouve aussi des masques sculptés sur les mâts[2].

Peintures, baldaquins, antependiums modifier

Les stavkirkes jouent un rôle important dans la peinture médiévale européenne, car ce type d'art sur bois est mieux conservé que les autres éléments liturgiques archaïques comme les baldaquins et antependiums. C'est un art descriptif qui se renouvelle sans cesse sous l'influence de l'Europe occidentale.

Les baldaquins sont des vestiges liturgiques abandonnés au Moyen Âge, qui subsistent uniquement en Norvège. C'est une construction qui prétend être une copie de la voûte gothique avec des couleurs vives pour compenser l'intérieur sombre des églises. Ces couleurs et les formes géométriques rappellent le décor des vitraux gothiques. Il reste peu de baldaquins : celui de la stavkirke de Hopperstad, très endommagé au XIXe siècle, est plus connu pour ses sculptures que pour ses peintures représentant les scènes de la vie du Christ.

La collection d'antiquités de l'Université d'Oslo conserve la voûte d'un baldaquin avec plus de vingt scènes bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament, semblables à la Bible de Robert de Bello à Canterbury.

Ce musée conserve aussi la plus grande partie des antependiums ou ornements d'autels dont les plus anciens sont ceux des stavkirkes d'Heddal et d'Ulvik avec des représentations du Christ en majesté entouré des apôtres rappelant les manuscrits anglais comme ceux de Matthieu Paris. Les couleurs sont exceptionnelles, avec l'utilisation de l'or et de l'argent. Les thèmes les plus fréquents sont le Christ en majesté, les Vierges à l'enfant et, en petit nombre, des scènes de la vie de Jésus et de Marie. Un thème est dédié à saint Olaf, un autre à saint Botwulf, une scène illustre la lutte de l'Empereur Heraclius contre les Perses[2],[18].


Liste des stavkirkes existantes modifier

Stavkirkes de Norvège modifier

stavkirke de Kaupanger
stavkirke de Uvdal

Comté de Buskerud

Stavkirke de Flesberg, construction après 1111Stavkirke de Gol, maintenant au Musée folklorique norvégien à Oslo, construite après 1216 • Stavkirke de Nore, après 1166-1167Stavkirke de Rollag, construite avant 1482Stavkirke de Torpo, après 1192Stavkirke d'Uvdal après 1168.

Comté de Hordaland

Stavkirke de Røldal construite vers 1250 à laquelle on peut ajouter la Stavkirke de Fantoft à Bergen qui a été détruite par un incendie et reconstruite à l'identique en 1997. Elle ne figure pas sur la liste officielle.

Comté de Møre og Romsdal

Stavkirke de Grip construite en 1450-1500 • Stavkirke de Kvernes, 1350-1400 • Stavkirke de Rødven construite vers 1200

Comté d'Oppland

Stavkirke de Garmo construite en 1157-1158 • Stavkirke de Hedalen entre 1150 et 1200 • Stavkirke de Høre en 1180 • Stavkirke de Lom entre 1150 et 1200 • Stavkirke de Lomen construite avec des bois datés de 1179 • Stavkirke de Reinli après 1326 • Stavkirke de Ringebu en 1220 • Stavkirke d'Øye vers 1200.

On peut indiquer en plus l'église de Fåvang reconstruite dans les années 1600 avec du bois de récupération d'églises en bois debout, la stavkirke de Vang transportée dans les années 1800 en Pologne et l'église de Vågå reconstruite sur le site d'une église en bois avec la réutilisation de matériaux provenant d'églises des environs.

Comté de Sogn og Fjordane

Stavkirke de Borgund : église en bois debout la mieux conservée dans sa forme médiévale, construite entre 1150 et 1200 • Stavkirke de Hopperstad vers 1130 • Stavkirke de Kaupanger vers 1190 • Stavkirke d'Undredal 1147 • Stavkirke d'Urnes, seule église en bois debout classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, construite en 1130.

Comté de Sør-Trøndelag

Stavkirke de Haltdalen construite en 1170, aujourd'hui au Folk Museum Trøndelag à Trondheim

Comté de Telemark

Stavkirke de Eidsborg construite au milieu du XIIe siècle • Stavkirke de Heddal, la plus grande église en bois debout construite au début du XIIe siècle

Comté de Vestfold

Stavkirke de Høyjord peut-être construite en 1275



Stavkirkes d'autres pays modifier

Stavkirke de Vang à Karpacz

Liste de stavkirker détruites modifier

Bibliographie modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre Victor, Sur d'anciennes constructions en bois sculpté, Challamel, Paris, (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Lorentz Dietrichson, « Construction en bois de l'architecture Norvégienne au Moyen-Âge », L'Art,‎ (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Anders Ragnar Bugge, La starvkirke norvégienne : les églises médiévale en bois debout, Dreyer, Oslo, . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Anker, Peter & Aron Andersson, 1968 – 1969, L'art scandinave (tome 1), La nuit des temps 28 - 29. [Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire]: Zodiaque. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Gunnar Bugge, Les Églises en bois de Norvège, Desclée de Brouwer, Paris, 1993 (ISBN 2220034046) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Roar Hauglid et Louis Grodecki, Norvège : peintures des Stavkirker, vol. 5 de la collection UNESCO de l'art mondial, New York Graphic Society, , 30 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Dubourg, Les stavkirkes de la Norvège et l'art roman occidental, Société d'Études Médiévales, Poitiers dans: Mélanges offerts à René Croet, , p. 781-787 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Maylis Baylé, « Norwegian stave church sculpture (compte rendu) », Cahiers de civilisation médiévale, vol. 45, no 177,‎ , p. 70-72 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François Salet, « Norwegian romanesque decorative sculpture 1090-1210 (compte-rendu) », Bulletin monumental, vol. 24, no 3,‎ , p. 332-333 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Lucien Musset, Les peuples scandinaves au Moyen-âge, Presses universitaires de France, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • M. Eude, « Mille ans de tradition Viking », Annales de Normandie, vol. 4, no 3,‎ , p. 229-235 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Lucien Musset, « Relations et échanges d'influences dans l'Europe du Nord-Ouest aux Xe – XIe siècles », Cahiers de civilisation médiévale, vol. 1, no 1,‎ , p. 63-82 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Anders Bugge, Norwegien stave churches, Dreyers Forlag,
  • (no) L. Dietrichson, De norske stavkirker : studier over deres system, oprindelse og historiske udvikling : et bidrag til Norges middelalderske bygningskunsts historie, Kristiania, Cammermeyer, (lire en ligne).(Ouvrage fondamental sur les églises en bois debout. Nombreux dessins d'architecture) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (no) Peter Anker, Stavkirkene : deres egenart og historie, Grøndahl og Dreyer, , 294 p. (ISBN 978-82-02-15978-8).

Notes et références modifier

  1. Alain Erlande-Brandenburg, « Les stavkirkes de la Norvège », Bulletin monumental,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f g et h Gunnar Bugge, Les Églises en bois de Norvège, Desclée de Brouwer, Paris, 1993 (ISBN 2220034046)
  3. « « Stavkirke » d’Urnes », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
  4. Stéphane Coviaux, « Norvège et Normandie au XIe siècle », Annales de Normandie, vol. 55,‎ , p. 195-211 (lire en ligne).
  5. Lucien Musset, « Relations et échanges d'influences dans l'Europe du Nord-Ouest aux Xe – XIe siècles », Cahiers de civilisation médiévale, vol. 1, no 1,‎ , p. 63-82 (lire en ligne)
  6. a b c et d Anker, Peter & Aron Andersson, 1968 – 1969, L'art scandinave (tome 1), La nuit des temps 28 - 29. [Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire]: Zodiaque
  7. Anders Ragnar Bugge, La starvkirke norvégienne : les églises médiévale en bois debout, Dreyer, Oslo,
  8. (no) Peter Anker, Stavkirkene : deres egenart og historie, Grøndahl og Dreyer, , 294 p. (ISBN 978-82-02-15978-8)
  9. (en) www.stavechurch.org
  10. Lorentz Dietrichson, « Construction en bois de l'architecture norvégienne au Moyen-Âge », L'Art,‎ (lire en ligne)
  11. (no) L. Dietrichson, De norske stavkirker : studier over deres system, oprindelse og historiske udvikling : et bidrag til Norges middelalderske bygningskunsts historie, Kristiania, Cammermeyer, (lire en ligne)
  12. Anker, Leif Middelalder i tre, Stavkirker, ARFO forlag 2005, (ISBN 82-91399-16-6) (Kirker i Norge; volume 4)
  13. Anders Bugge, Norwegien stave churches, Dreyers, .
  14. Gruss, Robert, 1978. OQLF. Bois tors
  15. a et b Maylis Maylé, « Norwegian stave church sculpture (compte rendu) », Cahiers de civilisation médiévale, vol. 45, no 177,‎ , p. 70-72 (lire en ligne)
  16. Erich Burger: Norwegische Stabkirchen. Geschichte, Bauweise, Schmuck. Erstveröff. DuMont, Köln 1978, (ISBN 3-7701-1080-3).
  17. François Salet, « Norwegian romanesque decorative sculpture 1090-1210 (compte-rendu) », Bulletin monumental, vol. 24, no 3,‎ , p. 332-333 (lire en ligne)
  18. Roar Hauglid et Louis Grodecki, Norvège : peintures des Stavkirker, vol. 5 de la collection UNESCO de l'art mondial, New York Graphic Society, , 30 p.
  19. Détruite en 1812 : Fichier:Lawrence Alma-Tadema 12.jpeg

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