Histoire des Juifs en Libye

Deux femmes juives de Tripoli en habit traditionnel en 1914.
Deux femmes juives de Tripoli en habit traditionnel en 1914.

L'histoire des Juifs en Libye, la plus petite communauté juive des pays d'Afrique du Nord, remonterait au IIIe siècle avant l'ère commune, lorsque la Cyrénaïque est colonisée par les Grecs.

La conquête musulmane de l'Afrique du Nord fait entrer la Cyrénaïque et la Tripolitaine dans l'aire de civilisation arabo-islamique, et marque durablement l'identité des communautés juives locales, dont le statut est désormais régi par la dhimma. Peu de traces de la communauté juive au Moyen Âge nous sont parvenues. En 1551, la côte libyenne est conquise par l'Empire ottoman, et la dynastie des Karamanli, largement autonome, gouverne le pays. Le rabbin marocain Shimon Ibn Lavi, descendant de Juifs expulsés d'Espagne, revivifie spirituellement la communauté et établit de nombreuses coutumes, encore suivies de nos jours.

Le statut des Juifs s'améliore en 1835, lorsque le pouvoir central ottoman reprend le contrôle direct de la région, et supprime progressivement les mesures discriminatoires touchant les Juifs.

La conquête italienne de la Libye, en 1911, a une grande influence sur la communauté, tant sur le plan culturel qu'économique, en dépit de sa brièveté. L'italien devient langue de communication chez les Juifs, et leurs activités commerciales prospèrent. Leur situation se dégrade cependant à la fin des années 1930 avec la montée du fascisme en Italie et son alliance avec le Reich allemand.

Après guerre, le réveil du nationalisme arabe et les soubresauts du conflit israélo-arabe ont raison d'une présence juive pluri-millénaire. Un pogrom fait plus de cent morts à Tripoli en 1945, alors que le pays est sous administration britannique. Plus de 32 000 Juifs émigrent entre 1949 et 1951, suite à la fondation de l'État d'Israël. En 1967, la guerre des Six Jours sonne le glas du reste de la communauté juive, évacuée d'urgence en Italie devant la fureur des foules. Lors de la prise de pouvoir par le colonel Kadhafi, en 1969, il reste moins de 600 Juifs en Libye. Le nouveau régime s'attache non seulement à les faire partir, mais aussi à effacer toute trace de la présence juive, rasant les cimetières et convertissant les synagogues en mosquées.

La diaspora juive de Libye est actuellement répartie entre Israël et l'Italie, où elle tente de préserver une identité communautaire propre.

Jamahiriya arabe libyenne


La Jamahiriya arabe libyenne (arabe : الجماهيرية العربية الليبية, Al-Jamāhīriyyah al-ʿArabiyyah al-Lībiyyah), en forme plus longue la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste (الجماهيرية العربية الليبية الشعبية الإشتراكية, Al-Jamāhīriyyah al-ʿArabiyyah al-Lībiyyah aš-Šaʿbiyyah al-Ištirākiyyah), à partir de 1986 la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste (الجماهيرية العربية الليبية الشعبية الإشتراكية العظمى, Al-Jamāhīriyyah al-ʿArabiyyah al-Lībiyyah aš-Šaʿbiyyah al-Ištirākiyyah al-ʿUẓmā), est le nom officiel de la Libye, à partir de 1977, sous le régime politique de Mouammar Kadhafi. Dans les premières années du régime de Kadhafi (1969-1977), le pays porte le nom officiel de République arabe libyenne (الجمهورية العربية الليبية, Al-Jumhūriyya al-ʿArabiyyah al-Lībiyyah).

Kadhafi arrive au pouvoir en 1969 lors du renversement de la monarchie libyenne, et institue un gouvernement fortement inspiré, dans ses premières années, du nassérisme égyptien. La Libye de Kadhafi se distingue par un positionnement tiers-mondiste, à la fois panarabe et panafricain, et entretient rapidement des relations conflictuelles, voire hostiles, avec une grande partie des pays d'Afrique, du monde arabe et du monde occidental.

En 1977, Kadhafi abandonne la forme républicaine de gouvernement pour faire de la Libye une « Jamahiriya », soit un « État des masses » officiellement gouverné par le biais de la démocratie directe, se réclamant à la fois du socialisme et de l'islam. Dans les faits, le régime fonctionne sur un mode à la fois arbitraire et répressif. Isolée sur le plan international dans les années 1980 et 1990 du fait de son soutien à de nombreuses rébellions et à des actes de terrorisme d'État, la Libye kadhafiste connaît un retour en grâce diplomatique dans les années 2000. En éclate cependant une révolte contre le pouvoir en place. Soutenue à partir de mars par une intervention internationale, l'insurrection aboutit, en , à la prise par les rebelles de la capitale et de l'essentiel du territoire libyen. Le Conseil national de transition, organe de direction des rebelles, est reconnu le mois suivant par l'ONU. Les combats contre les partisans de Kadhafi, qui tiennent encore plusieurs bastions, se poursuivent jusqu'en octobre 2011. Mouammar Kadhafi est tué le 20 octobre dans les environs de Syrte, et la « libération » de la Libye est proclamée trois jours plus tard.

Massif du Tibesti

Carte topographique du massif du Tibesti.
Carte topographique du massif du Tibesti.

Le massif du Tibesti est un massif montagneux du Sahara central, situé principalement à l'extrême Nord du Tchad, avec une petite extension dans le Sud de la Libye. Son point culminant, l'Emi Koussi, se trouve au sud du massif et constitue avec 3 415 mètres d'altitude à la fois le plus haut sommet du Tchad et du Sahara. Le Bikku Bitti est pour sa part le sommet le plus élevé de Libye. Le tiers central du massif est d'origine volcanique et se compose notamment de cinq volcans boucliers majeurs surmontés de vastes caldeiras : l'Emi Koussi, le Tarso Toon, le Tarso Voon, le Tarso Yega et le Tarso Toussidé. D'importantes coulées de lave ont formé de vastes plateaux qui surmontent des grès du Paléozoïque. Cette activité volcanique, apparue lors de la mise en place d'un point chaud durant l'Oligocène, s'est prolongée par endroits jusqu'à l'Holocène et se traduit encore par des fumerolles, des sources chaudes, des mares de boue ou encore des dépôts de natron et de soufre. L'érosion a formé des aiguilles volcaniques et entaillé des gorges au fond desquelles coulent des cours d'eau temporaires qui se perdent rapidement dans les sables du désert.

Le Tibesti, dont le nom signifie « lieu où vivent les habitants des montagnes », est le domaine des Toubous. Ils vivent essentiellement le long des ouadis, dans quelques rares oasis où ils cultivent quelques céréales sous les palmiers qu'ils ont plantés en exploitant l'inféroflux des vallées. Pour leurs caravanes et leurs troupeaux en nomadisation, ils profitent de quelques cuvettes naturelles, les gueltas, plus ou moins remplies lors d'événements orageux dont la fréquence varie fortement d'une année voire d'une décennie à l'autre. Les céréales spontanées des plateaux permettent d'y faire paître les animaux en hiver et de récolter des graines en été. Les températures sont élevées, même si l'altitude rend le massif moins désertique que le Sahara. Les Toubous, qui sont apparus dans le massif vers le Ve siècle av. J.-C., se sont adaptés à ces conditions et ont fait du massif une forteresse naturelle, qu'ils ont peuplée en plusieurs vagues successives, en s'y réfugiant en temps de conflit et en se diffusant en temps de prospérité, non sans des luttes internes parfois intenses. Ils ont notamment eu des relations avec les Carthaginois, les Berbères, les Touaregs, les Ottomans, les Arabes puis les colons français qui pénètrent dans le massif, de force, à partir de 1914. L'attitude des Toubous et la situation géopolitique régionale a compliqué l'exploration du massif et l'ascension de ses sommets. Gustav Nachtigal est le premier Européen à avoir laissé une description de son séjour au Tibesti en 1869. Les tensions se sont poursuivies après l'indépendance du Tchad et de la Libye, avec prises d'otages et luttes armées, sur fond de conflits sur le partage des ressources naturelles. Cette situation ainsi que le manque d'infrastructures compliquent l'émergence du tourisme.

Même si une flore saharomontagnarde et une faune, dont les représentants sont notamment la Gazelle leptocère et le Mouflon à manchettes, se sont adaptées dans le massif, le climat n'a pas toujours été aussi rude et une plus grande biodiversité a pu exister, comme le prouvent les nombreuses représentations rupestres et pariétales datant de plusieurs millénaires, précédant pour la plupart l'apparition des Toubous. L'isolement du Tibesti a ainsi marqué l'imaginaire culturel, dans l'art et la littérature.