Wikipédia:Sélection/Ordre cistercien

Ordre cistercien

Blason de l'ordre.

L’ordre cistercien (ordo cisterciensis, o. cist.), également connu sous le nom d’ordre de Cîteaux ou encore de saint ordre de Cîteaux (sacer ordro cisterciensis, s.o.c.) est un ordre monastique chrétien réformé, son origine remonte à la fondation de l'abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme en 1098.

L'ordre cistercien va jouer un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du XIIe siècle. Par son organisation et par son autorité spirituelle, il s'impose dans tout l'Occident, jusque sur ses franges. Son influence se révèle particulièrement forte à l'est de l'Elbe où l'ordre fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en valeur des terres ».

Restauration de la règle bénédictine inspirée par la réforme grégorienne, l'ordre cistercien promeut ascétisme, rigueur liturgique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social, qu’il occupe jusqu’à la Révolution, l’ordre exerce une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité.

Il doit son considérable développement à Bernard de Clairvaux (1090-1153), homme d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels. Son rayonnement et son prestige personnel en ont fait au XIIe siècle le plus célèbre des cisterciens. S'il n'en est le fondateur, il demeure le maître spirituel de l’ordre.

L'ordre cistercien comprend aujourd'hui plusieurs obédiences et congrégations. L'ordre de la « Commune Observance » comptait en 1988 plus de 1 300 moines et de 1 500 moniales, répartis respectivement dans 62 et 64 monastères. L'ordre cistercien de la stricte observance (aussi appelé o.c.s.o.) comprend actuellement près de 3 000 religieux trappistes et 1 875 trappistines, répartis respectivement dans quatre-vingt-onze abbayes et soixante couvents dans le monde entier.

Le symbole de l'ordre est la feuille d'eau (cîteaux).

Abbaye de Cîteaux

L’abbaye de Cîteaux, située dans la commune de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux en Bourgogne, berceau et chef de l’Ordre cistercien, fut fondée par Robert, abbé de Molesmes en 1098. Maison-mère, à la tête de plusieurs centaines de monastères ayant marqué pendant plus de sept siècles la vie spirituelle, économique et sociale du monde chrétien, elle fit de Cîteaux un centre spirituel majeur de l’Europe. L’abbaye et son immense domaine furent vendus en 1791.

Les Cisterciens-Trappistes de l'Ordre cistercien de la stricte observance (O.C.S.O.) qui l’occupent depuis 1898 lui ont redonné une vie spirituelle. Elle a aujourd’hui retrouvé son rang de chef de l'Ordre des Cisterciens-Trappistes et perpétue sa tradition et sa longue histoire.

Abbaye d'Hautecombe

Vue générale de l'abbaye depuis l'embarcadère du nouveau port.
Vue générale de l'abbaye depuis l'embarcadère du nouveau port.

L'abbaye royale d'Hautecombe est une abbaye en activité située dans la commune de Saint-Pierre-de-Curtille sur la rive occidentale du lac du Bourget, en Savoie. Elle a été fondée en 1125 par Amédée de Lausanne, avec l'aide du comte Amédée III de Savoie et l'appui de Bernard de Clairvaux, et construite durant le XIIe siècle par des moines cisterciens. Elle est particulièrement connue pour être la nécropole de la Maison de Savoie (comtes de Savoie, leur famille, et quelques membres de la famille ducale de Savoie) puis de quelques-uns des rois et reines d'Italie.

Après une période particulièrement active et prospère jusqu'au début du XVe siècle, l'abbaye, comme nombre d'autres maisons religieuses à cette époque, tombe sous le régime de la commende (gestion des biens matériels par une personne extérieure à l'abbaye), et la piété de la vie religieuse s'en ressent fortement. Les vocations se font graduellement moins nombreuses jusqu'au XVIIIe siècle, et la vocation de nécropole est complètement perdue. La Révolution française (qui agrège la Savoie indépendante à la France sous le nom de département du Mont-Blanc) chasse les rares derniers moines et détruit une partie de l'édifice.

Après le Congrès de Vienne, l'abbaye en ruine, revenue dans le royaume de Sardaigne, est restaurée par la volonté de Charles-Félix de Savoie et de Marie-Christine de Bourbon-Siciles au début du XIXe siècle, travaux menés sous la conduite de l'architecte Ernesto Melano, et à nouveau confiée aux cisterciens à partir de 1826 ; elle retrouve sa fonction de tombeau des souverains avec l'inhumation du couple royal.

L'annexion de la Savoie change peu de choses au régime de l'abbaye, qui appartient à une fondation privée fondée par Charles-Félix et dirigée par l'abbé de la communauté religieuse qui occupe les lieux. Bien que relativement épargnée par la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905, l'abbaye fait face à une crise après la première guerre mondiale, qui amène le remplacement des cisterciens par des moines bénédictins de 1922 à 1992. Durant la Seconde Guerre mondiale, Hautecombe héberge un temps des religieux polonais, mais ceux-ci sont arrêtés par la Gestapo dans l'enceinte de l'abbaye.

À la fin des années 1980, les bénédictins souhaitent quitter ce lieu, devenu trop touristique, ce qui les détourne de leur vocation monacale. Ils décident alors de partir pour l'abbaye Notre-Dame de Ganagobie et demandent à la communauté du Chemin Neuf de venir les remplacer ; elle accepte en 1992. Cette communauté s’inspire à la fois de la spiritualité de saint Ignace de Loyola et de l’expérience du renouveau charismatique, et utilise en particulier cette abbaye comme maison de formation théologique.

Abbaye de Chaalis

Ruines de l’église abbatiale et chapelle.
Ruines de l’église abbatiale et chapelle.

L’abbaye royale de Chaalis est une ancienne abbaye cistercienne située à Fontaine-Chaalis, au centre de la forêt d'Ermenonville, face à la Mer de sable, dans le département de l’Oise, en région des Hauts-de-France, à environ quarante kilomètres au nord-est de Paris.

Elle est fondée en 1136 par le roi de France Louis VI et confiée aux moines de l'abbaye de Pontigny. Une abbatiale de grande dimension est construite au début du XIIIe siècle et bénéficie de dons considérables et de faveurs. L'abbaye devient un centre économique et intellectuel important, accueillant à plusieurs reprises les rois de France et comptant plusieurs intellectuels parmi ses membres. Elle possède par ailleurs un très grand nombre de dépendances sous la forme de granges monastiques qui contribuent à lui assurer des revenus colossaux. Après une période de déclin à la fin du Moyen Âge, l'abbaye connaît une période de renaissance artistique avec ses premiers abbés commendataires venus d'Italie. Hippolyte d'Este fait ainsi venir des artistes tels que Sebastiano Serlio ou Le Primatice. Au XVIIIe siècle, de nouveaux bâtiments conventuels sont construits par l'architecte Jean Aubert, sans jamais être achevés. À la suite de sa vente comme bien national pendant la Révolution et de la destruction de l'abbatiale, le domaine est transformé au XIXe siècle en résidence de chasse. Nélie Jacquemart, grande collectionneuse et dernière propriétaire du domaine, le lègue à l'Institut de France avec les œuvres d'art qui y sont conservées.

Le domaine, classé au titre des monuments historiques le , contient actuellement les ruines de l'ancienne abbatiale et du cloître, l'ancienne chapelle abbatiale et ses fresques de la Renaissance, une roseraie et un parc, ainsi que le musée Jacquemart-André et ses collections de peintures, sculptures et arts décoratifs installées dans le château.

Abbaye de Beaugerais

Vue générale des restes de l'église abbatiale (façade nord-ouest).
Vue générale des restes de l'église abbatiale (façade nord-ouest).

L'abbaye de Beaugerais (ou abbaye de Baugerais) est une ancienne abbaye cistercienne, située sur le territoire de l'actuelle commune de Loché-sur-Indrois, dans le département d'Indre-et-Loire, en France.

Fondée au milieu du XIIe siècle par un ermite qui bénéficie de l'appui des augustins de Sainte-Barbe-en-Auge (Mézidon-Canon, département du Calvados), elle passe très vite sous le contrôle des cisterciens de l'abbaye de Louroux ; s'ensuivent alors deux siècles de richesse, grâce aux nombreux dons des seigneurs et des riches propriétaires, mais Beaugerais est implantée dans une zone géographique où abbayes et prieurés sont déjà nombreux, ce qui occasionne certains « conflits de voisinage ». Dès la première moitié du XIVe siècle, la situation change du tout au tout : arrêt des dons, nécessité pour l'abbaye de participer financièrement à la guerre de Cent Ans, pillage et possible destruction partielle des bâtiments par les Anglais dans les années 1360, ou en tout cas réaménagement en profondeur des bâtiments avec construction d'une nouvelle abbatiale. Un siècle plus tard, l'abbaye de Beaugerais passe sous le régime de la commende, l'un de ses plus célèbres abbés étant au XVIIe siècle Michel de Marolles. Elle se redresse temporairement, ses bâtiments sont reconstruits mais le nombre de ses moines diminue inexorablement. Lorsque survient la Révolution française, ils ne sont plus que deux. L'abbaye est vendue comme bien national en 1792 et la plupart des bâtiments détruits moins de dix ans plus tard.

Au XXIe siècle, il ne reste des bâtiments de Beaugerais que la nef de la première abbatiale amputée de l'une de ses travées — le chœur et le transept ont disparu —, quelques pans de murs attribuables à une seconde abbatiale et une toute petite partie du cloître. Ces vestiges sont inscrits au titre des monuments historiques.

Abbaye Notre-Dame du Val

Vue des bâtiments restants
L’abbaye Notre-Dame du Val est une ancienne abbaye cistercienne située sur le territoire des communes de Mériel et Villiers-Adam dans le Val-d’Oise, à trente kilomètres au nord de Paris. Elle est la plus ancienne fondation cistercienne d’Île-de-France, dès 1125, soit plus d’un siècle avant les abbayes voisines de Royaumont et de Maubuisson. Devenue carrière de pierres et ruinée en 1822 puis en 1845, il en subsiste aujourd’hui plusieurs bâtiments dont un des plus beaux dortoirs monastiques médiévaux de France et une galerie du cloître. L’abbaye du Val est classée monument historique depuis 1947 pour le bâtiment des moines, et depuis 1965 pour les autres corps de bâtiment. Le domaine d’une superficie de cent-vingt hectares à l’orée de la forêt de L’Isle-Adam constitue un site inscrit depuis 1950.

Couvent des Feuillants

Vue du couvent en direction du nord depuis l'emplacement de l'actuelle rue de Rivoli (illustration du XIXe siècle d'après une vue de 1707). À gauche, l'alignement de bâtiments ainsi que le passage longeant le mur de clôture correspondent à l'axe de l'actuelle rue de Castiglione. L'allée de traverse centrale du jardin, perpendiculaire à cet axe, correspond au tracé de l'actuelle rue du Mont-Thabor.
Vue du couvent en direction du nord depuis l'emplacement de l'actuelle rue de Rivoli (illustration du XIXe siècle d'après une vue de 1707). À gauche, l'alignement de bâtiments ainsi que le passage longeant le mur de clôture correspondent à l'axe de l'actuelle rue de Castiglione. L'allée de traverse centrale du jardin, perpendiculaire à cet axe, correspond au tracé de l'actuelle rue du Mont-Thabor.

Le monastère royal de Saint-Bernard, plus connu sous le nom de couvent des Feuillants, était un monastère parisien fondé en 1587 par Henri III pour les religieux de l'ordre cistercien réformé des Feuillants. Situés rue Saint-Honoré, derrière les actuels no 229-235 de cette rue, près de l'angle de l’actuelle rue de Castiglione, ses bâtiments ont été rasés au début du XIXe siècle.

Sécularisé et nationalisé en 1790, le couvent servit notamment de lieu de réunion à un éphémère rassemblement politique, le club des Feuillants.

Guichard de Pontigny

Guichard de Pontigny (mort à Lyon le ) est un homme d'Église français, abbé de Pontigny à partir de 1136 puis archevêque de Lyon à partir de 1165.

Arrivant en 1136 à la tête de l'abbaye de Pontigny, il y construit l'église abbatiale, et accueille notamment Thomas Becket alors en exil d'Angleterre et que lui envoie le pape Alexandre III. Il est élu archevêque de Lyon en 1165 dans un contexte local complexe où les échos de la guerre entre l'Empire et la Papauté sont vifs. Malgré son élection il ne peut entrer en possession de son trône qu'en novembre 1167. Une fois en place, il solde un long conflit avec un seigneur local, le comte du Forez, en signant un traité connu sous le nom de Permutatio. Ce traité restitue de larges pouvoirs à l'archevêché lyonnais et éteint les prétentions que le comte avait sur la suzeraineté de la cité rhodanienne.

Sur le plan religieux, sa principale réalisation est le lancement de la construction de l'actuelle cathédrale Saint-Jean à Lyon. Il assiste également à la naissance du mouvement de Valdo, dont il s'assure de l'orthodoxie mais qu'il ne réprime pas.

Grange de Vaulerent

La grange, son pigeonnier et une partie du corps de logis.
La grange, son pigeonnier et une partie du corps de logis.

La grange de Vaulerent est une ancienne grange cistercienne située à Villeron, dans la plaine de France à l'est du Val-d'Oise.

Il s'agit d'une exploitation agricole ayant appartenu à l'abbaye de Chaalis à partir du XIIe siècle. La grange assure encore aujourd'hui, presque 800 ans plus tard, cette fonction agricole. Exploitée directement par l'abbaye cistercienne royale et ses moines convers jusqu'en 1315, elle est ensuite mise en fermage. Elle reste propriété de l'abbaye royale jusqu'en 1791, date à laquelle elle est vendue comme bien national.

Les bâtiments actuels comprennent notamment un bâtiment de stockage, la grange proprement dite, dont la construction remonte au XIIIe siècle et qui, longue de 72 mètres, constitue l'un des bâtiments agricoles cisterciens parmi les plus imposants en France. Cette grange est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1889, le colombier des XVIe et XVIIe siècles, le puits et les caves des XIIe et XIIIe siècles étant inscrits au titre des monuments historiques depuis le .

Port-Royal des Champs

Le site de Port-Royal des Champs est un ensemble constitué des ruines de l’abbaye de Port-Royal, du musée des Granges et d’un domaine forestier et paysager. Situé au cœur de la vallée de Chevreuse, au sud-ouest de Paris, dans la commune de Magny-les-Hameaux (Yvelines), il est le témoin de l’histoire de l’abbaye de Port-Royal et du jansénisme.

Malgré un riche passé, il ne reste aujourd’hui presque rien de ce monastère fondé en 1204.

Cet endroit fut le théâtre d’une intense vie religieuse, intellectuelle et politique du XIIIe siècle à nos jours. D’abord simple abbaye cistercienne féminine au cœur du bassin parisien, Port-Royal devient au XVIIe siècle l’un des symboles de la contestation politique et religieuse, face à l’absolutisme royal naissant et aux réformes théologiques et ecclésiologiques de l’Église tridentine.

Qualifié d’« affreux désert » par la marquise de Sévigné à cause de son isolement, Port-Royal apparaît comme une thébaïde pour les admirateurs des Solitaires, c’est-à-dire un endroit privilégié où le chrétien est à même d’œuvrer pour son salut sans être tenté par le monde matériel. Attirant ou repoussant, il fascine le monde intellectuel et religieux du XVIIe siècle.

Détruits au début du XVIIIe siècle sur ordre de Louis XIV, l’abbaye et son domaine deviennent des lieux de mémoire et d’histoire, séduisant et inspirant visiteurs et intellectuels.

Port-Royal des Champs est aujourd’hui classé comme musée national.