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Assyrie

Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin, en Assyrie, musée du Louvre.
Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin, en Assyrie, musée du Louvre.

L'Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom la ville d'Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région, s'est formé au IIe millénaire av. J.-C. un royaume puissant, qui est devenu, par la suite, un véritable Empire. Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., l'Assyrie contrôlait des territoires qui s'étendaient sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels, tels l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l'Iran.

L'assyriologie, discipline qui étudie l'Assyrie antique et plus largement la Mésopotamie antique, distingue trois phases dans l'histoire assyrienne, sachant qu'avant les environs de 700 av. J.-C., les dates sont approximatives : la période paléo-assyrienne, du XXe au début du XIVe siècle av. J.-C. ; la période médio-assyrienne, jusqu'à 911 av. J.-C. ; et la période néo-assyrienne, jusqu'à 612-609 av. J.-C., date de la fin du royaume assyrien. Schématiquement, pendant la première, l'Assyrie se réduit à la cité-État d'Assur, connue surtout par le dynamisme de ses marchands. La deuxième période voit la naissance du royaume assyrien à proprement parler, en tant qu'État territorial puissant, qui connaît cependant un affaiblissement important au tournant des IIe et Ier millénaires av. J.-C. La troisième période voit l'Assyrie se muer progressivement en un Empire, grâce notamment à sa redoutable armée. C'est par cette période que l'Assyrie est la mieux connue, grâce aux découvertes effectuées à partir du XIXe siècle dans ses capitales successives, Assur, Kalkhu (Nimrud), Dur-Sharrukin (Khorsabad) et Ninive. C'est également la puissance de cet Empire et de ses souverains qui a permis au souvenir de l'Assyrie de perdurer, par la tradition de la Bible hébraïque et des auteurs grecs classiques.

La grande quantité de documentation épigraphique et archéologique collectée pour la période assyrienne depuis près de deux siècles permet de bien connaître de nombreux aspects de ce royaume, qui est une des composantes essentielles de la civilisation mésopotamienne ancienne, au même titre que celui qui est devenu son rival méridional, le royaume de Babylone. C'est la dernière phase du royaume qui est, toutefois, de loin la mieux connue. On peut dresser un tableau conséquent de plusieurs aspects de l'administration du royaume, les activités économiques, les composantes de la société, la culture assyrienne, notamment la religion et l'art. De nombreuses zones d'ombre demeurent cependant car la documentation n'est pas répartie de façon homogène selon les lieux, les périodes et les aspects de la vie des anciens Assyriens, du fait de la disparition de nombreuses sources depuis l'Antiquité, mais aussi parce que les découvertes concernent essentiellement le milieu des élites.

Ninive

Plan du site de Ninive, avec la localisation des deux tells principaux et du centre de Mossoul, datant de 1903.
Plan du site de Ninive, avec la localisation des deux tells principaux et du centre de Mossoul, datant de 1903.

Ninive (en akkadien : « Ninu(w)a », en araméen : « ܢܝܢܘܐ » ou « נינוה », « Nīnwē ») est une ancienne ville de l'Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr (ou Khoser, Koussour), dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Iraq, dont le centre se trouve de l'autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines (les « tells ») de Kuyunjik et de Nebī Yūnus.

Ninive est l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu'elle est devenue l'une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine aux choix du roi assyrien Sennacherib d'en faire la capitale de son grand empire au début du VIIe siècle av. J.-C. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L'espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée. L'ensemble de ce vaste espace est aujourd'hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul.

Le site de Kuyunjik occupe une place importante dans la redécouverte du Proche-Orient ancien au milieu du XIXe siècle par les archéologues qui mettent au jour ses palais et leurs bas-reliefs, ainsi que par les milliers de tablettes cunéiformes qui y ont été exhumées dès les premiers chantiers de fouille et ont permis la naissance de la discipline assyriologique. Ce même tell présente la séquence archéologique la plus longue de la Mésopotamie, depuis les premières traces d'habitations au VIe millénaire av. J.-C. jusqu'aux dernières vers les XIIIe-XIVe siècles ap. J.-C. Les fouilles de Ninive ont donc livré une partie substantielle des sources des connaissances actuelles sur l'empire assyrien et plus largement la culture de la Mésopotamie antique.

Achéménides

Carte historique de l'Empire achéménide
Carte historique de l'Empire achéménide

L’Empire achéménide (vieux-persan : Hakhāmanishiya), est le premier des empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s'étend alors au nord et à l'ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l'est jusqu'en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l'actuel Irak, sur la Syrie, l'Égypte, le nord de l'Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, le Liban et jusqu'au nord de la Libye.

Le nom « Achéménide » se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. J.-C. de l’État des Mèdes, auparavant son suzerain ; ainsi qu'au grand empire qui résulte de la fusion des deux ensembles. L'empire fondé par les Achéménides menace par deux fois la Grèce antique, conquiert l’Égypte et prend fin, conquis par Alexandre le Grand, en 330 av. J.-C.

Une des spécificités des Achéménides est de n'avoir laissé que peu de témoignages écrits de leur propre histoire (à la différence des rois assyriens par exemple) : ceux-ci sont essentiellement constitués d'archives administratives, satrapiques ou royales, dans lesquelles étaient reportées les décisions les plus importantes (mouvements de terre, documents fiscaux). C'est plutôt grâce aux écrits de leurs sujets et de leurs ennemis qu'on connaît l'histoire achéménide, notamment par les auteurs grecs comme Hérodote, Strabon, Ctésias, Polybe, Élien et d'autres.

Babylone

Ruines de Babylone photographiées en 1975.
Ruines de Babylone photographiées en 1975.

Babylone (akkadien : Bāb-ili(m), sumérien KÁ.DINGIR.RA, arabe بابل Bābil) est une ville antique de Mésopotamie située sur l'Euphrate dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du IIe millénaire av. J.-C., cette cité jusqu'alors d'importance mineure devient la capitale d'un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au VIe siècle av. J.-C. durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s'agit à cette époque d'une des plus vastes cités au monde, ses ruines actuelles occupant plusieurs tells sur près de 1 000 hectares. Son prestige s'étend au-delà de la Mésopotamie, notamment en raison des monuments célèbres qui y ont été construits, comme ses grandes murailles, sa ziggurat (Etemenanki) qui a inspiré le mythe de la tour de Babel et les jardins suspendus dont l'emplacement n'a toujours pas été identifié.

Babylone occupe une place à part en raison du mythe qu'elle est progressivement devenue après son déclin et son abandon qui a lieu dans les premiers siècles de notre ère. Ce mythe est porté par plusieurs récits bibliques et également par ceux des auteurs gréco-romains qui l'ont décrite et ont ainsi assuré une longue postérité à cette ville, mais souvent sous un jour négatif. Son site, dont l'emplacement n'a jamais été oublié, n'a fait l'objet de fouilles importantes qu'au début du XXe siècle sous la direction de l'archéologue allemand Robert Koldewey, qui a exhumé ses monuments principaux. Depuis, l'importante documentation archéologique et épigraphique mise au jour dans la ville, complétée par des informations provenant d'autres sites antiques ayant eu un rapport avec Babylone, a permis de donner une représentation plus précise de l'ancienne ville, au-delà des mythes. Il n'empêche que des zones d'ombres demeurent sur l'un des plus importants sites archéologiques du Proche-Orient ancien, tandis que les perspectives de nouvelles recherches sont réduites du fait de la situation politique de l'Irak.

Guerres médiques

Léonidas aux Thermopyles par Jacques-Louis David.
Léonidas aux Thermopyles par Jacques-Louis David.

Les guerres médiques opposent les Grecs aux Perses de l'Empire achéménide au début du Ve siècle av. J.-C. Elles sont déclenchées par la révolte des cités grecques asiatiques contre la domination perse, l'intervention d'Athènes en leur faveur entraînant des représailles. Les deux expéditions militaires des souverains achéménides Darius Ier et Xerxès Ier constituent les principaux épisodes militaires de ce conflit ; elles se concluent par la victoire spectaculaire des cités grecques européennes conduites par Athènes et Sparte.

Les guerres médiques marquent traditionnellement le passage de l'époque archaïque à l'époque classique.

Même s'il ne faut pas en exagérer la portée – pour l'empire achéménide ce conflit semble initialement assez périphérique – les guerres médiques apparaissent comme le point de départ de l'hégémonie athénienne en mer Égée, mais aussi comme la prise de conscience d'une certaine communauté d'intérêts du monde grec face à la Perse, idée que reprend, près de deux siècles plus tard, Alexandre le Grand.

Ces guerres sont dites « médiques » car les Grecs confondaient les Perses et les Mèdes, deux peuples unifiés par Cyrus le Grand au VIe siècle av. J.-C.

Persépolis

Bas-reliefs de gardes du palais dans l'escalier monumental de l'apadana de Persepolis.
Bas-reliefs de gardes du palais dans l'escalier monumental de l'apadana de Persepolis.

Persépolis (grec ancien Περσέπολις [Persépolis], « la cité perse »), Parsa (𐎱𐎠𐎼𐎿𐎠) en vieux-persan (persan تخت جمشید [Takht-e Jamshid], « le Trône de Djamchid »), était une capitale de l’Empire perse achéménide. Le site se trouve dans la plaine de Marvdasht, au pied de la montagne Kuh-e Rahmat, à environ 75 km au nord-est de la ville de Shiraz, province de Fars, Iran.

Son édification commence en sur ordre de Darius Ier. Elle fait partie d’un vaste programme de constructions monumentales visant à souligner l’unité et la diversité de l’Empire perse achéménide, à asseoir la légitimité du pouvoir royal et à montrer la grandeur de son règne. Elle fait appel à des ouvriers et artisans venus de toutes les satrapies de l’empire. L’architecture résulte d’une combinaison originale des styles issus de ces provinces créant ainsi le style architectural perse ébauché à Pasargades, également retrouvé à Suse et Ecbatane. Cette combinaison des savoir-faire marque également les autres arts perses, comme la sculpture ou l’orfèvrerie. La construction de Persépolis se poursuit pendant plus de deux siècles, jusqu’à la conquête de l'empire et la destruction partielle de la cité par Alexandre le Grand en

Le site est plusieurs fois visité au cours des siècles par des voyageurs occidentaux, mais ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’il est authentifié comme étant les ruines de la capitale achéménide. De nombreuses explorations archéologiques permettent par la suite de mieux en appréhender les structures, mais aussi l’aspect et les fonctions passés.

Persépolis comprend un vaste complexe palatin érigé sur une terrasse monumentale qui supporte de multiples bâtiments hypostyles. Ces palais ont des fonctions protocolaires, rituelles, emblématiques, ou administratives précises : audience, appartements royaux, administration du trésor, accueil. À proximité de la Terrasse se trouvaient d’autres éléments : tombes royales, autels, jardins. Il y avait aussi les habitations de la ville basse dont aujourd’hui il ne reste rien de visible. De nombreux bas-reliefs sculptés sur les escaliers et portes des palais représentent la diversité des peuples composant l’empire. D’autres consacrent l’image d’un pouvoir royal protecteur, souverain, légitime, et absolu, ou désignent Xerxès Ier comme successeur légitime de Darius le Grand. Les multiples inscriptions royales persépolitaines cunéiformes rédigées en vieux-persan, babylonien, ou élamite, gravées à divers endroits du site, procèdent des mêmes buts, et précisent également pour certains bâtiments le roi ayant ordonné leur érection.

L’idée que Persépolis n’avait qu’une occupation annuelle et rituelle dédiée à la réception par le roi des tributs offerts par les nations assujetties de l’empire à l’occasion des cérémonies du nouvel an perse a longtemps prévalu. Il est maintenant certain que la cité était occupée en permanence et tenait un rôle administratif et politique central pour le gouvernement de l’empire. De nombreuses archives écrites sur des tablettes d’argile découvertes dans les bâtiments du trésor et les fortifications ont permis d’établir ces rôles, et livrent des renseignements précieux sur l’administration impériale achéménide et la construction du complexe. Persépolis est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.

Pétra

Vue d'Al Khazneh
Vue d'Al Khazneh

Pétra (de πέτρα petra, « rocher » en grec ancien ; البتراء Al-Butrāʾ en arabe), de son nom sémitique Reqem ou Raqmu (« la Bariolée »), est une ancienne cité troglodytique située dans l'actuelle Jordanie, au cœur d'un bassin bordé par les montagnes qui forment le flanc oriental de l'Arabah (Wadi Araba), grande vallée prolongeant le grand rift vers le nord et qui s'étend de la mer Morte au golfe d'Aqaba.

Créée dans l'Antiquité vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C. par les Édomites, elle est ensuite occupée vers le VIe siècle av. J.-C. par les Nabatéens qui la font prospérer grâce à sa position sur la route des caravanes transportant l'encens, les épices et d'autres produits de luxe entre l'Égypte, la Syrie, l'Arabie du Sud et la Méditerranée. Vers le VIIIe siècle, la modification des routes commerciales et les séismes entraînent l'abandon progressif de la ville par ses habitants. Pétra a abrité à son apogée jusqu'à vingt-cinq mille habitants. Tombé dans l'oubli à l'époque moderne, le site est redécouvert par le monde occidental grâce à l'explorateur suisse Jean Louis Burckhardt en 1812.

Les nombreux bâtiments, dont les façades monumentales sont directement taillées dans la roche, en font un ensemble architectural unique qui, depuis le , est inscrit sur la liste du patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. La zone autour du site est également, depuis 1993, un parc national archéologique.

Ur (Mésopotamie)

Ruines d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.
Ruines d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.

Ur (Our, en sumérien URIM), actuellement Tell al-Muqayyar (en arabe : tall al-muqayyar, تل المقير, « la colline poissée/bitumée »), est l'une des plus anciennes et des plus importantes villes de la Mésopotamie antique, dans l'actuel Irak. Elle était alors située sur une des branches du fleuve Euphrate et proche du Golfe Persique. Elle apparaît comme une des principales et des plus puissantes cités sumériennes du IIIe millénaire av. J.-C., comme l'illustrent les tombes royales et le riche mobilier funéraire qui y fut exhumé. Durant le XXIe siècle av. J.-C. cette ville fut la capitale d'un puissant empire, dirigé par les rois de ce que la tradition mésopotamienne a retenu comme la Troisième dynastie d'Ur. Ces derniers édifient des monuments remarquables dans le sanctuaire du grand dieu de la ville, le Dieu-Lune, appelé Nanna en sumérien et Sîn en akkadien. Elle reste une ville importante au début du IIe millénaire av. J.-C. comme l'attestent les nombreuses découvertes de constructions et de tablettes cunéiformes effectuées pour cette période par les équipes archéologiques dirigées par Leonard Woolley, qui explorèrent ses ruines entre 1922 et 1934. Elle reste une cité assez importante en dépit d'un déclin marqué durant le Ier millénaire av. J.-C., avant son abandon vers le IIIe siècle av. J.-C. Son souvenir a peut-être été préservé par la Bible où « Ur des Chaldéens » est présentée comme la ville d'origine du patriarche Abraham.

Séleucides

Temple d'Artémis de Sardes.
Temple d'Artémis de Sardes.

Les Séleucides (en grec ancien Σελεύκεια / Seleukeia) forment une dynastie hellénistique issue de Séleucos Ier, l'un des diadoques d'Alexandre le Grand, qui a constitué un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre, allant de l'Anatolie à l'Indus. Le cœur politique du royaume se situe en Syrie, d'où l'appellation courante de « rois de Syrie ». Les Séleucides règnent jusqu'au IIe siècle av. J.-C. sur la Babylonie et la Mésopotamie dans la continuité des Perses achéménides. La Perside et la Médie ont quant à elles été plus difficilement soumises. Les Séleucides ont dû faire face à la volonté sécessionniste de nombreux territoires, comme le royaume gréco-bactrien, le royaume d'Arménie, le royaume de Pergame ou la Judée. Au milieu du IIe siècle av. J.-C., la majeure partie des provinces iraniennes et mésopotamiennes tombent entre les mains des Parthes. En 64 av. J.‑C., le royaume séleucide, fortement amoindri par d'inextricables querelles de succession, passe sous la tutelle des Romains.

Le royaume, « fusion » de l'Orient et du monde grec, semble au départ fidèle au projet d'Alexandre. Il comprend une multiplicité de groupes ethniques, de langues et de religions. Dans ce contexte, plus encore que pour les autres monarchies hellénistiques, le roi est supposé être le garant de l'unité de l'empire, l'armée apparaissant comme le meilleur soutien du pouvoir. Les Séleucides ont promu par ailleurs l'hellénisation en développant l'urbanisme, comme le montrent la tétrapole de Syrie et les nombreuses fondations ou refondations de cités et de villes-garnisons. Parallèlement, ils s'appuient sur les élites religieuses en honorant les divinités indigènes, comme celles de Babylonie.

L'immensité et la diversité du royaume séleucide l'ont fragilisé face aux forces centrifuges, obligeant les souverains à reconquérir périodiquement leurs possessions. Le royaume, qui souffrirait d'une fragilité intrinsèque, a donc été souvent opposé par les historiens aux autres grands États hellénistiques : la monarchie « nationale » des Antigonides de Macédoine, l'Égypte des Lagides, héritière des pharaons et dotée d'une administration centralisée, la monarchie des Attalides bâtie autour de la cité-État de Pergame. Mais il s'avère que les Séleucides ont su faire fructifier l'héritage des Achéménides et d'Alexandre, en accordant une autonomie certaine aux cités et aux différentes communautés, tout en luttant contre de puissants adversaires à leurs frontières.

Alexandre le Grand

Buste d’Alexandre - IIe – Ier siècles av. J.-C., British Museum.
Buste d’Alexandre - IIe – Ier siècles av. J.-C., British Museum.

Alexandre le Grand (en grec ancien : Ἀλέξανδρος ὁ Μέγας / Aléxandros ho Mégas ou Μέγας Ἀλέξανδρος / Mégas Aléxandros) ou Alexandre III de Macédoine (Ἀλέξανδρος Γ' ὁ Μακεδών / Aléxandros III ho Makedốn), né le à Pella et mort le à Babylone, est un roi de Macédoine et l'un des personnages les plus célèbres de l'Antiquité. Fils de Philippe II, élève d'Aristote et roi de Macédoine à partir de 336, il devient l'un des plus grands conquérants de l'histoire en prenant possession de l'immense Empire perse et en s'avançant jusqu'aux rives de l'Indus.

Après l'assassinat de Philippe, Alexandre hérite d'un royaume puissant et d'une armée macédonienne expérimentée. Reprenant le projet panhellénique de son père, il réunit la Macédoine et des cités grecques dans une coalition afin d'envahir l'Empire perse. En 334, il débarque en Asie, démarrant une campagne qui durera dix ans. Il remporte une première victoire contre les satrapes perses au Granique qui lui offre l'Anatolie. Puis en 333, il défait le roi Darius III à Issos. Il entreprend ensuite la conquête de la Phénicie et marche jusqu'en Égypte où il est proclamé pharaon. La victoire à Gaugamèles en 331 lui offre la totalité de l'Empire perse. Il mène ensuite une campagne contre les généraux perses insoumis et s'avance jusqu'au pays des Scythes. Il dirige enfin une dernière campagne au Pendjab et dans la vallée de l'Indus (Pakistan actuel) durant laquelle il remporte la bataille de l'Hydaspe ; mais en 326 ses soldats refusent d'avancer plus loin. Il meurt en 323 à Babylone probablement de maladie, à l'âge de trente-deux ans, avant d'avoir pu mener ses projets de conquête de la péninsule arabique.

Roi-bâtisseur, Alexandre a fondé près d'une vingtaine de cités, la plus importante étant Alexandrie d'Égypte, et implante des colonies jusqu'aux confins de l'Asie, étendant notablement l'influence de l'hellénisme. Il se place dans la continuité des souverains achéménides et cherche à assimiler les élites asiatiques avec pour objectif d'assurer la pérennité de l'empire qu'il a créé, comme en témoigne son mariage avec une princesse de Bactriane, Roxane. Son empire est partagé à sa mort entre ses principaux généraux, les Diadoques, qui forment à la fin du IVe siècle av. J.-C. les différents royaumes de la période hellénistique.

L'immense postérité d'Alexandre à travers l'histoire, les cultures et les religions s'explique par l'ampleur de ses victoires militaires, par sa volonté de conquête de l'ensemble du monde connu et par sa personnalité emprunte de philosophie mais aussi de démesure. Son épopée suscite dès l'Antiquité de nombreuses publications littéraires. Néanmoins les écrits des historiens contemporains des événements ont tous disparu ; seuls subsistent de nos jours leurs abréviateurs, dont certains sont à l'origine des légendes le concernant. Parmi ses récits légendaires, le Roman d'Alexandre occupe une place à part ; issu des écrits du Pseudo-Callisthène, il mêle l'histoire et le fantastique pour devenir l'un des ouvrages non religieux les plus lu au Moyen Âge, en Occident comme en Orient.

Dès le règne d'Alexandre se construit un mythe qui le présente comme un héros divinisé. Cette renommée, malgré des critiques eu égard à ses excès ou à sa cruauté, dépasse ensuite les frontières du monde grec pour prendre place parmi les écrits des religions monothéistes. Dans la Rome antique, il est considéré comme un modèle pour nombre de généraux et d'empereurs. Dans l'Empire byzantin, il bénéficie d'une grande popularité dans tous les milieux sociaux et représente l'idéal du souverain, tout en connaissant une forme de christianisation. Dans l'Europe médiévale, il est vu comme un exemple de vertus chevaleresques au travers du Roman d'Alexandre. À l'époque moderne, il est un temps un modèle pour Louis XIV. Au siècle des Lumières, il apparaît comme celui qui a étendu la civilisation européenne et ouvert le commerce entre l'Europe et l'Asie. À l'époque contemporaine, il inspire la volonté d'indépendance des Grecs et devient le modèle du « conquérant-civilisateur » pour les promoteurs de la colonisation européenne. En Orient, il bénéficie encore de nos jours d'une grande postérité sous le nom d'Iskandar (ou Iskander). Enfin, il est représenté dans de nombreuses œuvres d'art de l'Antiquité jusqu'à nos jours.

Empire d'Akkad

Détail de la stèle de victoire du roi Naram-Sin, musée du Louvre : Naram-Sin d'Akkad domine la scène et porte une tiare à cornes, attribut divin.
Détail de la stèle de victoire du roi Naram-Sin, musée du Louvre : Naram-Sin d'Akkad domine la scène et porte une tiare à cornes, attribut divin.

L’empire d'Akkad (ou empire d’Agadé, ou encore empire akkadien) est un État fondé par Sargon d'Akkad qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe siècle av. J.-C. au début du XXIIe siècle av. J.-C. selon la chronologie la plus couramment retenue, même s'il est possible qu'il se soit épanoui environ un siècle plus tard, les datations étant incertaines pour une période aussi lointaine.

Prenant le pouvoir à Kish, Sargon parvient rapidement à dominer le Sud mésopotamien, qu'il dirige depuis sa capitale, Akkad, avec l'appui d'une élite qui est majoritairement de langue akkadienne, sémitique, par opposition au sumérien de la majorité des gens des provinces les plus méridionales. Il parvient à s'étendre en direction du plateau Iranien dans la région de Suse, à dominer la Haute Mésopotamie, puis à lancer des expéditions en Syrie (Ebla). Ses successeurs Rimush et Manishtusu préservent son héritage malgré des révoltes, et après eux Naram-Sîn, fort de sa puissance, se confère un statut divin et prétend à la domination universelle, ce qui en fait une figure impériale. Mais il fait également face à des soulèvements, et après sa mort le royaume d'Akkad se désagrège rapidement.

Bien qu'il soit difficile de démêler la réalité de la légende dans ces récits, d'autant plus que la documentation écrite datant de cette époque est essentiellement de nature administrative (tablettes de gestion et de comptabilité), la période de l'empire akkadien semble avoir marqué un profond changement dans le domaine politique, perceptible tant dans l'organisation du pouvoir et son idéologie que dans l'art officiel. Cet État a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie. Le souvenir de ses rois les plus prestigieux, Sargon et Naram-Sin, a duré de nombreux siècles et donné lieu à différentes légendes, plus qu'aucune autre dynastie mésopotamienne. Les évolutions sociales et économiques en Basse Mésopotamie sont en revanche moins marquées, tout comme dans la plupart des aspects de la culture matérielle, ce qui explique pourquoi il est en général impossible d'identifier des niveaux archéologiques de la période d'Akkad dans cette région.

Période d'Uruk

Masse d'armes de la période d'Uruk, Tello, v. 3500–2900 av. J.-C., Musée du Louvre.
Masse d'armes de la période d'Uruk, Tello, v. 3500–2900 av. J.-C., Musée du Louvre.

La période d'Uruk est un stade de développement protohistorique de la Mésopotamie, qui couvre à peu près le IVe millénaire av. J.-C. Comme son nom l'indique, elle a été identifiée à partir des fouilles archéologiques de la cité d'Uruk, en Basse Mésopotamie, qui ont livré pour cette période un ensemble monumental dépassant largement ce qui se faisait ailleurs à la même époque. Plus largement, cette période concerne également les régions voisines du Moyen-Orient (Syrie, Iran occidental, Anatolie du sud-est), qui ont connu une certaine influence mésopotamienne durant certaines phases de développement de la culture d'Uruk. Cette période tend d'ailleurs à être mieux connue dans ces « périphéries » qu'en Mésopotamie même du fait de la situation politique récente de cette région qui y empêche les chantiers de fouilles.

Les études sur la période d'Uruk sont parmi les plus dynamiques sur la protohistoire du Proche-Orient ancien depuis le début des années 1980. Elles s'intéressent d'abord aux apports de cette période, venus principalement de Mésopotamie : apparition de l'État, des villes, de sociétés encore plus « complexes » que celles de la période précédente, celle d'Obeid, et l'apparition de l'écriture qui se produit dans la dernière phase de l'époque d'Uruk, accompagnant des mutations importantes dans le domaine symbolique. Un autre grand sujet d'étude est celui des relations entretenues entre la Basse Mésopotamie qui est le foyer de la culture d'Uruk, et les régions voisines qui ont reçu son influence dont on discute des modalités et de l'importance.

Hittites

Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au IIe millénaire av. J.-C. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusa. À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l'Anatolie jusqu'aux alentours de 1200 av. J.‑C. À partir du XIVe siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d'autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l'Égypte, le Mitanni et l'Assyrie.

L'histoire et la civilisation des Hittites ont été reconstituées par les chercheurs à partir de la fin du XIXe siècle grâce aux fouilles de sites anatoliens, en premier lieu desquels Boğazköy, où se trouvent les ruines de Hattusa ; y ont été mises au jour des milliers de tablettes cunéiformes documentant plusieurs aspects de la vie politique, religieuse et économique du royaume hittite. Ces sources ont été complétées par la fouille de nouveaux sites et les apports d'informations concernant des royaumes ayant été en contact avec les Hittites : Égypte, Assyrie, vassaux syriens comme Ugarit et Emar.

Les sources sur l'histoire hittite en ont révélé le caractère composite. La dénomination de civilisation hittite est trompeuse dans la mesure où l'Anatolie du IIe millénaire av. J.-C. était une mosaïque ethnique et culturelle dans laquelle coexistaient plusieurs peuples : certains parlant des langues indo-européennes comme les Hittites et les Louvites, d'autres étant locuteurs de langues non indo-européennes comme les Hattis et les Hourrites. Cette coexistence et les contacts afférents, mêlés aux influences venues de Syrie et de Mésopotamie, ont construit la civilisation hittite.

Hattusa

Hattusa (également Hattousa, Hattusha, ancien nom Hattush), aujourd’hui située à proximité du village de Boğazkale (anciennement Boğazköy), est un site archéologique situé dans la province de Çorum, en Turquie. Il fait l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986.

C’était la capitale du royaume hittite, située en Anatolie centrale, dans une région montagneuse, près d’une boucle du fleuve Kızılırmak. Elle succéda comme capitale des Hittites à Nesha (Kanesh) sous le règne de Labarna II qui prit le nom de Hattusili Ier pour marquer l’événement, vers 1650 av. J.-C. Elle connut des périodes fastes et d’autres plus difficiles au cours de son histoire, perdant quelque temps son rôle de capitale, avant de connaître son apogée au XIIIe siècle av. J.-C. sous l’impulsion du roi Hattusili III et de son fils Tudhaliya IV, qui y entreprirent un important programme de constructions. Pourtant, son abandon et la fin du royaume hittite survinrent à peine quelques années après, au tout début du XIIe siècle av. J.-C.

Élam

Localisation de l'Élam (limites approximatives).
Localisation de l'Élam (limites approximatives).

L'Élam est un ancien pays occupant la partie sud-ouest du plateau Iranien, autour des actuelles provinces du Khouzistan et du Fars, qui correspondent à ses deux principales régions, celle de Suse et celle d'Anshan/Anzan. Le pays élamite, attesté par des textes allant de la fin du IVe millénaire av. J.-C. au Ier millénaire ap. J.-C., recouvra des réalités géographiques et politiques différentes pendant sa longue histoire. Il fut parfois divisé entre plusieurs entités politiques, surtout jusqu'au IIIe millénaire av. J.-C. mais aussi plusieurs fois par la suite, tandis qu'il connut des phases d'unification sous l'impulsion de puissantes dynasties (notamment les Sukkalmah, Igehalkides, Shutrukides), surtout au IIe millénaire av. J.-C. À partir du Ier millénaire av. J.-C., l'Élam se réduisit à sa partie occidentale autour de la Susiane, sa partie orientale étant occupée par les Perses qui lui donnèrent son nom qu'elle a gardé depuis (Perse/Fars). Le pays élamite perdit son autonomie politique après sa lutte contre l'Assyrie et sa conquête par les Perses, même s'il semble avoir revécu plusieurs siècles après au travers du royaume d'Élymaïde. Des survivances de cet ancien pays et de son peuple semblent encore attestées jusqu'au début du IIe millénaire ap. J.-C.

L'histoire de l'Élam est difficilement dissociable de celle de la Mésopotamie voisine, qui exerça une forte influence sur cette région. Les sources mésopotamiennes sont essentielles pour redécouvrir la civilisation élamite, complétées par celles provenant de sites issus de cette dernière, avant tout Suse. Elles laissent apparaître un ensemble de régions hétérogènes présentant des originalités culturelles (visibles dans le culte religieux et l'art), dont beaucoup d'aspects restent obscurs en l'état actuel des connaissances scientifiques (par exemple l'organisation politique, les activités de production, la mythologie).

Ebla

Ruines du site de Tell Mardikh/Ebla
Ruines du site de Tell Mardikh/Ebla

Ebla est une ancienne ville de la Syrie des IIIe millénaire av. J.-C. et IIe millénaire av. J.-C., dont les ruines se trouvent à l'emplacement du site archéologique de Tell Mardikh. Il se situe à 60 km au sud d'Alep sur la route de Hama, après la bifurcation en direction de Lattaquié, et occupe une position géostratégique, à la porte d'un col commandant l'accès à la Méditerranée. Le site qui se présente sous la forme d'un tell ovale de 60 hectares dominé par une acropole centrale a été découvert en 1964 et ses vestiges mis au jour par les équipes du professeur Paolo Matthiae (de l'université La Sapienza de Rome) en 1968.

Ebla, dès le IIIe millénaire av. J.-C., est une riche cité. Ses rois commencent à partir de 2500 av. J.-C. à étendre leur domination sur le Moyen Euphrate et sur une partie de la Syrie. Les fouilles ont permis de mettre au jour une salle d'archives, riche de plus de dix-sept mille tablettes et fragments de tablettes d'argile gravées en sumérien et en éblaïte, le dialecte local. Ces textes ont fourni des informations précieuses sur l'économie, le commerce et l'industrie, l'administration et la diplomatie, de ce puissant royaume oublié : des archives économiques, des traités d'alliance avec les autres États, des relations de guerre et de paix, des épopées et des hymnes religieux. Ebla fut l'une des plus puissantes cités-États de la Syrie entre 2500 et 2400 av. J.-C.

Il est possible aujourd'hui de visiter les vestiges dégagés de palais et de plusieurs temples et autres édifices. Alors que la documentation écrite concerne les XXVe et XXIVe siècles av. J.-C., les monuments et les œuvres d'art dégagés datent essentiellement du début du IIe millénaire av. J.-C., la dernière période durant laquelle Ebla fut florissante, avant sa destruction finale.

Urartu

Représentation du roi urartéen Sarduri II sur un char.
Représentation du roi urartéen Sarduri II sur un char.

L'Urartu ou Ourartou (en arménien Ուրարտու) est un royaume constitué vers le IXe siècle av. J.-C. sur le haut-plateau arménien, autour du lac de Van (actuelle Turquie orientale). À son apogée au milieu du VIIIe siècle, son territoire s'étend également sur les pays voisins : Arménie autour du lac Sevan, nord-ouest de l'Iran autour du lac d'Ourmia, nord de la Syrie et de l'Irak, voire le sud de la Géorgie. Le terme « Urartu » servait à désigner cet État dans les sources de l'Assyrie, son grand adversaire. Dans leurs inscriptions dans leur propre langue, ses rois parlaient de Biaineli. Ce royaume et sa culture disparaissent dans le courant de la première moitié du VIe siècle av. J.-C. dans des conditions inconnues, laissant la place aux Arméniens.

L'Urartu a d'abord été connu par les sources écrites provenant de l'Assyrie, royaume qui est son principal adversaire au sud de son territoire (du Xe au VIIIe siècle av. J.-C.). Cela a permis de situer les rois urartéens dans la chronologie de l'histoire du Proche-Orient ancien. L'exploration des territoires qu'ils ont dominés a permis la redécouverte de plusieurs de leurs inscriptions. Les fouilles régulières ou clandestines sur de nombreux sites urartéens ont permis de mieux connaître l'organisation de ce royaume et sa culture, même si les connaissances restent encore essentiellement limitées aux manifestations de son administration et de ses élites. Cela a révélé un État qui a certes été marqué par l'influence assyrienne, mais a aussi développé de forts caractères propres, qui se voient notamment dans la réalisation de vastes forteresses servant de centres administratifs, ou encore la mise au point d'une métallurgie du bronze d'une qualité remarquable.

Bataille de Qadesh

Ramsès II à la bataille de Qadesh. Bas-relief au temple d'Abou Simbel.
Ramsès II à la bataille de Qadesh. Bas-relief au temple d'Abou Simbel.

La bataille de Qadesh est une bataille qui a eu lieu aux environs de 1274 av. J.-C. et qui a opposé deux des plus grandes puissances du Moyen-Orient : l'empire hittite de Muwatalli, dont le centre était en Anatolie centrale, et le Nouvel Empire égyptien de Ramsès II. Cette bataille s'est déroulée aux abords de Qadesh, dans le sud de l'actuelle Syrie. Son résultat est discuté parce qu'il semble indécis. Bien qu'ayant commencé à l'avantage des Hittites, elle se solde par un renversement de situation en faveur des Égyptiens. Mais il est parfois considéré que les Hittites sont vainqueurs si on tient compte des gains territoriaux obtenus après le conflit.

La bataille de Qadesh est la première bataille documentée par des sources antiques, des textes et des images gravés sur les murs de temples égyptiens sur l'ordre de Ramsès II. Grâce à la précision des sources égyptiennes, elle est devenue un objet d'étude pour nombre d'amateurs, chercheurs spécialistes en sciences militaires et historiens. Elle est également un objet d'étude sur la propagande et l'idéologie royale au travers de son impressionnante commémoration par Ramsès II qui la voit comme une victoire personnelle même si elle n'est pas vraiment un succès pour son royaume. L'absence de compte-rendu hittite de la bataille laisse cependant un point de vue biaisé sur celle-ci.

Animaux dans le Proche-Orient ancien

Poids en forme de lion, bronze, Suse, époque achéménide, VIe et IVe siècles av. J.‑C.
Poids en forme de lion, bronze, Suse, époque achéménide, VIe et IVe siècles av. J.‑C.

Le Proche-Orient ancien offre un intérêt particulier pour l'étude du monde animal et de ses interactions avec l'espèce humaine, dans la mesure où c'est dans cet espace qu'apparaissent, à partir du XIIe millénaire av. J.-C. et surtout du IXe millénaire av. J.-C., les premiers cas de domestication d'animaux (après celle du chien), et les premiers textes relatifs aux rapports entre hommes et animaux (dans la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C.), qui portent un éclairage plus profond sur des relations déjà documentées pour les périodes postérieures par des restes archéozoologiques, artefacts et représentations figurées. Ce sont ces diverses sources qui permettent d'étudier ce sujet, profondément renouvelé depuis plusieurs années par diverses recherches sur les relations hommes/animaux (ethnozoologie).

Le Proche-Orient ancien connaît à partir du Xe millénaire av. J.-C. un processus de néolithisation caractérisé par la domestication des plantes et celle des animaux. Cette dernière a profondément bouleversé la vie des sociétés humaines en modifiant leurs activités, leurs ressources et leur rapport à la nature, notamment en reléguant la majeure partie du monde animal dans la catégorie du « sauvage ». La constitution d'une société de plus en plus complexe avec, en point d'orgue, l'apparition de l'État et de l'urbanisation, entraîne par la suite d'autres changements, notamment le développement d'un élevage à grande échelle réparti entre plusieurs acteurs (palais royaux, temples, nomades). D'un point de vue utilitaire, les hommes mobilisent les animaux pour la prestation de divers services dans des activités cruciales (agriculture, transports, guerre) et utilisent les produits animaux à différentes fins (alimentation, vêtements en laine et cuir, etc.).

Les rapports entre les hommes et les animaux ont également un aspect symbolique constant. Plusieurs animaux étaient considérés comme des véhicules de forces surnaturelles, des symboles divins, et pouvaient être mobilisés dans divers rituels majeurs (sacrifices aux dieux, divination, exorcisme). Les nombreuses représentations artistiques d'animaux renvoient généralement à cet aspect symbolique. Les lettrés ont également procédé à des tentatives de classification des animaux qu'ils connaissaient, et ont développé des stéréotypes sur les caractères de plusieurs d'entre eux, qui se retrouvent dans divers textes littéraires, notamment ceux dans lesquels des hommes sont comparés à des animaux pour mettre en avant un trait de leur personnalité. Si certains animaux ont eu un statut symbolique élevé (lion, taureau, cheval, serpent), d'autres se sont en revanche vu dénigrés et parfois frappés d'infamie (porc).

Cunéiforme

Tablette en écriture cunéiforme.
Tablette en écriture cunéiforme.

L’écriture cunéiforme est un système d'écriture mis au point en Basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 av. J.-C. et qui s'est par la suite répandu dans tout le Proche-Orient ancien, avant de disparaître durant les premiers siècles de l'ère chrétienne. Au départ pictographique et linéaire, la graphie de cette écriture a progressivement évolué vers un aspect spécifique, celui de signes constitués de traits terminés en forme de « coins » ou « clous » (latin cuneus), auxquels elle doit son nom moderne, « cunéiforme », qui lui a été donné aux XVIIIe et XIXe siècles. Cet aspect résulte de l'incision d'un stylet en roseau (calame) dans de l'argile, qui est la matière sur laquelle cette écriture a été le plus inscrite, généralement sous forme de tablettes d'argile, même si elle a utilisé une grande variété de matériaux au cours de sa longue histoire.

Les conditions d'élaboration de cette forme d'écriture, qui est la plus ancienne connue avec les hiéroglyphes égyptiens, sont encore obscures. Quoi qu'il en soit, elle dispose vite de traits caractéristiques qu'elle ne perd jamais au cours de son histoire. Le système cunéiforme est constitué de plusieurs centaines de signes pouvant avoir plusieurs valeurs. Ils sont en général des signes phonétiques (phonogrammes), transcrivant un son, plus précisément une syllabe. Mais une autre catégorie importante de signes sont les logogrammes (souvent désignés comme des idéogrammes), qui représentent une chose. D'autres types de signes complémentaires existent (signes numériques, compléments phonétiques et déterminatifs).

À partir de son foyer sud-mésopotamien où vivait le peuple qui en est probablement le créateur, les Sumériens, le système d'écriture cunéiforme est adapté dans d'autres langues, à commencer par l'akkadien parlé en Mésopotamie, puis des langues d'autres peuples du Proche-Orient ancien (élamite, hittite, hourrite entre autres), et il est le système dominant dans ces régions pendant tout le IIe millénaire av. J.-C. La graphie cunéiforme est parfois adaptée à des systèmes d'écriture obéissant à des principes différents de l'original : l'alphabet dans le Levant de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C., et un syllabaire dans la Perse de la seconde moitié du Ier millénaire av. J.-C. L'écriture cunéiforme décline lentement par la suite, avant de se replier sur son foyer de Mésopotamie méridionale où elle disparaît aux débuts de l'ère chrétienne.

Le cunéiforme a été un élément marqueur des cultures du Proche-Orient ancien qui ont développé un rapport à l'écrit et des littératures à partir de ce système. Sa redécouverte à l'époque moderne, son déchiffrement au XIXe siècle et la traduction des textes qu'il notait ont donné naissance aux disciplines spécialisées dans l'étude des civilisations du Proche-Orient ancien, à commencer par l'assyriologie, et ainsi permis de mettre en lumière les accomplissements de ces civilisations jusqu'alors oubliées. L'étude des types de textes et des pratiques d'écriture a également mis en évidence l'existence d'une « culture cunéiforme » commune aux peuples ayant utilisé cette écriture, fortement marquée par l'empreinte mésopotamienne.

Code de Hammurabi

Code de Hammurabi
Code de Hammurabi

Le Code de Hammurabi est un texte juridique babylonien daté d'environ 1750 av. J.-C., à ce jour le plus complet des codes de lois connus de la Mésopotamie antique. Il a été redécouvert en 1901-1902 à Suse en Iran, gravé sur une stèle de 2,25 mètres de haut comportant la quasi-totalité du texte en écriture cunéiforme et en langue babylonienne, exposée de nos jours au Musée du Louvre à Paris. Plus qu'un code juridique, il s'agit en fait d'une longue inscription royale, comportant un prologue et un épilogue glorifiant le souverain Hammurabi, qui a régné à Babylone d'environ 1792 à 1750 av. J.-C., dont la majeure partie est constituée par des décisions de justice.

Depuis sa découverte, en 1901, cet ensemble de décisions est désigné comme un « code » et chaque décision comme autant de « lois » (ou « articles ») relatives à différents aspects de la vie de la société babylonienne de la période. La nature exacte du texte est l'objet de débats : bien qu'il soit souvent présenté comme un code de lois dont les dispositions sont destinées à être appliquées dans le royaume de Hammurabi, les assyriologues qui l'ont étudié plus précisément insistent sur sa fonction politique de glorification du roi et y voient plutôt une sorte de traité juridique visant à conserver le souvenir du sens de la justice et de l'équité de Hammurabi. Quoi qu'il en soit, y apparaissent des informations essentielles pour la connaissance de différents aspects de la société babylonienne du XVIIIe siècle av. J.-C. : organisation et pratiques judiciaires, droit de la famille et de la propriété, statuts sociaux, activités économiques, etc. Il convient cependant souvent de compléter ces informations par celles fournies par les nombreuses tablettes cunéiformes de la même époque exhumées sur les sites de Babylonie pour mieux comprendre le contenu du texte.

Israël antique

Le roi Jéhu d'Israël aux pieds de Salmanazar III d'Assyrie, c. 825 av. J.-C.
Le roi Jéhu d'Israël aux pieds de Salmanazar III d'Assyrie, c. 825 av. J.-C.

L'Israël antique désigne des populations qui ont vécu dans les territoires actuels d'Israël et de Palestine dont le récit national est donné par la Bible hébraïque. Celle-ci présente les Israélites comme descendants d'une même famille divisée en douze tribus indépendantes puis fédérées en un royaume unifié qui se scinde ultérieurement. L'archéologie tend en revanche à situer les débuts de leur histoire aux derniers siècles du IIe millénaire av. J.-C., après l'effondrement des grands empires égyptien et hittite dominant le Proche-Orient. Des sociétés sédentaires émergent alors dans les hautes terres situées entre la plaine côtière palestinienne et le Jourdain, où se développent par la suite des entités politiques qui deviennent de plus en plus complexes, jusqu'à l'apparition de deux royaumes, Israël au nord et Juda au sud, peut-être issus de la scission d'un royaume unifié. Ces deux États connaissent ensuite des fortunes diverses. Prospère, organisé autour de sa capitale Samarie, le premier est finalement vaincu et absorbé par les Assyriens en 722 av. J.-C., qui ne parviennent pas à faire subir le même sort au second. Celui-ci, dont la capitale est Jérusalem, est finalement battu et annexé à son tour par l'empire babylonien en 587 av. J.-C., et une partie de sa population est déportée en Babylonie d'où elle revient plusieurs décennies plus tard durant la domination des Perses achéménides (à partir de 539 av. J.-C.). La rédaction et la composition de la Bible hébraïque par l'élite intellectuelle judéenne dotent progressivement les survivants et déportés puis leurs descendants d’une identité résistant à leur soumission et leur exil, centrée sur le culte de son Dieu national et son grand temple reconstruit, situé à Jérusalem. S'ouvre alors la période du Second Temple (c. 538 av. J.-C.-70 ap. J.-C.), dont les premiers 150 ans peuvent être considérés comme marquant la fin de l'époque de l'Israël antique : les coutumes et croyances développées prennent finalement le nom de judaïsme, et ceux qui les suivent sont désignés sous le nom de Juifs. Les populations vivant dans la région de Samarie, les Samaritains, qui se considèrent comme les descendants du royaume d'Israël, élaborent de leur côté une tradition religieuse proche de celle du judaïsme...

Mèdes

Carte de l'« empire » mède tel qu'on le conçoit habituellement à la période de son expansion maximale, en réalité très hypothétique.
Carte de l'« empire » mède tel qu'on le conçoit habituellement à la période de son expansion maximale, en réalité très hypothétique.

Les Mèdes sont un peuple de l'Iran ancien, voisin des Perses, avec lesquels ils ont souvent été confondus dans les témoignages antiques. Durant le Ier millénaire av. J.-C., ils occupaient un territoire recouvrant le Nord-Ouest de l'actuel Iran, dans le Zagros occidental, autour de leur capitale Ecbatane (Hamadan de nos jours). Bien qu'une place importante dans l'histoire du Moyen-Orient antique lui soit généralement reconnue, ce peuple n'a laissé aucune source textuelle permettant de reconstituer son histoire. Il n'est connu que par des sources extérieures, assyriennes, babyloniennes et grecques, ainsi que par quelques sites archéologiques iraniens qui sont supposés avoir été occupés par des Mèdes.

Les récits relatifs aux Mèdes rapportés par Hérodote ont laissé l'image d'un peuple puissant, qui aurait formé un empire au début du VIIe siècle av. J.-C. qui dura jusqu'en 550 av. J.-C., jouant un rôle déterminant dans la chute du puissant empire assyrien et rivalisant avec les puissants royaumes de Lydie et Babylone. Pourtant, une réévaluation récente des sources contemporaines de la période mède a modifié la perception que les chercheurs ont du « royaume mède ». Cet État demeure difficile à percevoir dans la documentation, ce qui laisse de nombreux doutes à son sujet, certains spécialistes proposant même qu'il n'y ait jamais eu de royaume mède puissant. Il apparaît en tout cas qu'après la chute du dernier roi mède face à Cyrus II de Perse, la Médie est devenue une province importante et prisée des empires qui l'ont successivement dominée (Achéménides, Séleucides, Parthes et Sassanides).

Uruk

Façade du temple édifié à Uruk sous le règne du roi Kara-indash (fin du XVe siècle av. J.-C.), Pergamon Museum.
Façade du temple édifié à Uruk sous le règne du roi Kara-indash (fin du XVe siècle av. J.-C.), Pergamon Museum.

Uruk (ou Ourouk) est une ville de l'ancienne Mésopotamie, dans le sud de l'Irak. Le site est aujourd'hui appelé Warka, terme dérivé de son nom antique, qui vient de l'akkadien, lui-même issu du nom sumérien ou pré-sumérien UNUG, et qui a aussi donné l'hébreu Erech dans la Bible. Le site d'Uruk fut occupé à partir de la période d'Obeid (v. 5000 av. J.-C.), et ce jusqu'au IIIe siècle de notre ère. Cette ville joua un rôle très important sur les plans religieux et politiques pendant quatre millénaires.

Uruk est l'une des agglomérations majeures de la civilisation mésopotamienne ; elle joua un rôle important durant toutes les phases de sa période. Elle passe pour être la plus ancienne agglomération à avoir atteint le stade urbain dans la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C., pendant la période à laquelle elle a donné son nom (période d'Uruk), et c'est vraisemblablement là que l'écriture a été mise au point au même moment. Elle est ensuite un important centre politique et surtout religieux, grâce au rayonnement de ses deux divinités tutélaires, le dieu du Ciel, Anu, et surtout la déesse Inanna/Ishtar, dont le grand temple, l'Eanna, joue un rôle majeur dans l'histoire de la cité. Dans la tradition mésopotamienne, Uruk doit également une partie de son prestige aux rois semi-légendaires qui sont supposés y avoir régné, dont le plus connu est Gilgamesh...

Dumuzi

Empreinte de sceau-cylindre qui pourrait représenter Dumuzi pendant son séjour aux Enfers. Sortant d'un filet, il est entouré de deux serpents et de démons Gallu. British Museum.
Empreinte de sceau-cylindre qui pourrait représenter Dumuzi pendant son séjour aux Enfers. Sortant d'un filet, il est entouré de deux serpents et de démons Gallu. British Museum.

Dumuzi (« Fils légitime » en sumérien), aussi appelé Dumuzid ou, en babylonien, Tammuz est un dieu de l'abondance de la Mésopotamie antique dont les premières traces écrites apparaissent au IIIe millénaire av. J.-C.

Il est repris dans la Liste royale sumérienne comme « Dumuzi le berger », cinquième roi de la première dynastie archaïque sumérienne de la période légendaire d'avant le Déluge. Il est aussi repris sous le nom de « Dumuzi le pêcheur », roi de la ville d'Uruk Kulaba.

À la suite de son mariage, symbolisé par le rituel du Mariage sacré, avec la déesse Inanna, il devient le berger du peuple et rapproche ainsi le roi de Sumer de l'état divin. Mais son épouse, au retour d'un séjour qu'elle passe aux Enfers, le choisit pour l'y remplacer. Il meurt donc et est alors considéré comme une divinité infernale. Sa mort symbolise l'arrivée de l'été brûlant, de la sécheresse et de la pénurie de nourriture ; elle inspire l'écriture de nombreux textes de lamentations. Il ressuscite, cependant, au début de chaque printemps et est remplacé aux Enfers par sa sœur Geshtinanna. Son retour symbolise le renouveau de la vie et la réapparition de l’abondance.

À partir du XVIIIe siècle av. J.-C., le rituel du Mariage sacré tombe dans l'oubli et le dieu de l’abondance Dumuzi devient Tammuz, une divinité secondaire principalement rattachée aux Enfers. Considéré comme le prototype du dieu mourant, son culte connaît un renouveau vers la fin du Ier millénaire av. J.-C. sous le nom d'Adon. Il inspire d'autres mythes comme ceux de Perséphone ou la Passion du Christ. Tammuz est mentionné dans l'Ancien Testament et son culte semble survivre jusqu'au Xe siècle apr. J.-C. sous forme de lamentations qui lui sont adressées.

Descente d'Inanna aux Enfers

Copie de la version akkadienne de la Descente d'Ishtar aux Enfers, issue de la « Bibliothèque d'Assurbanipal » à Ninive, viie siècle av. J.-C., British Museum, Royaume-Uni.
Copie de la version akkadienne de la Descente d'Ishtar aux Enfers, issue de la « Bibliothèque d'Assurbanipal » à Ninive, viie siècle av. J.-C., British Museum, Royaume-Uni.

La Descente d'Inanna aux Enfers (ou, dans sa version akkadienne, Descente d'Ishtar aux Enfers) est un mythe sumérien qui raconte comment la déesse Inanna (Ishtar en akkadien) descend aux Enfers afin d'en renverser la dirigeante, sa sœur Ereshkigal, la « Reine des Morts ». La déesse échoue dans cette entreprise : après avoir été dépouillée de tous ses atours, elle meurt et son cadavre est mis à pendre sur un clou. Le dieu Enki intervient indirectement et redonne vie à Inanna. La déesse, sur le chemin du retour, doit cependant, en échange de sa liberté, livrer un autre humain vivant afin qu'il la remplace dans le monde d'en-bas. Elle choisit Dumuzi, son époux, qui est emmené sans ménagements aux Enfers. Suite aux pleurs de la sœur de Dumuzi, Geshtinanna, le sort du malheureux époux est allégé : il ne reste aux Enfers que durant une partie de l’année et y est remplacé par sa sœur durant l’autre partie.

Ce mythe est connu sous deux versions différentes : l'une en sumérien, l'autre en akkadien. La version akkadienne est découverte et traduite en premier dans les années . L'existence de la version sumérienne, plus longue et plus ancienne, est connue au début du XXe siècle mais les épigraphistes mettent une cinquantaine d'années à en reconstituer l’intégralité et à la traduire complètement.

Tant par le nombre de personnages que par les aspects développés dans son intrigue, le récit de la Descente d'Inanna aux Enfers est porteur de nombreuses informations sur la culture mésopotamienne qu'il a marquée à tel point qu'on en retrouve des traces en Grèce, en Phénicie et dans l'Ancien Testament. Au XXe siècle, ce récit est utilisé par certains théoriciens de la psychanalyse pour illustrer certains mécanismes psychiques.

Hatra

Ruines des temples de l'Enclos du Soleil au centre de Hatra.
Ruines des temples de l'Enclos du Soleil au centre de Hatra.

Hatra (araméen : ḥtrʾ d-šmš « Enclos du Soleil » ; arabe : al-Ḥaḍr, الحضر, « l'enclos », « l'agglomération ») est une ancienne cité arabe de Haute Mésopotamie, dans le Nord de l'Irak actuel. Elle s'est développée au cours des trois premiers siècles de l'ère chrétienne, en particulier au IIe siècle, alors qu'elle était capitale d'un royaume puissant, allié de l'Empire parthe, et qu'elle résista à plusieurs sièges des armées de l'Empire romain. Hatra fut un important centre religieux, dont la divinité principale était le Dieu-Soleil (Shamash). Son rayonnement s'étendait aux tribus arabes voisines, et elle était sans doute aussi un important centre caravanier. Sa culture était un mélange de traditions mésopotamiennes, syriennes, gréco-romaines et iraniennes, visible notamment dans les domaines religieux, architecturaux et artistiques. Elle fut détruite après la chute des Parthes, par les Perses sassanides d'Ardachîr Ier et Shapur Ier en 241 puis abandonnée par la suite.

La ville est aujourd'hui appelée al-Hadr et se trouve dans la province de Ninawa, à environ 290 km au nord-ouest de Bagdad et 110 km au sud-ouest de Mossoul. Les ruines, dominées par plusieurs grands temples et les restes de son imposante muraille, furent fouillées au début du XXe siècle par des archéologues allemands puis, à partir des années 1950, par des équipes irakiennes, avant d'être inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985 ; elles firent l'objet d'un important plan de reconstruction de la part des autorités irakiennes. Le , le site a été pillé et a fait l'objet de destructions perpétrées par l'organisation terroriste État islamique.

Nimroud

Panneau comportant un bas-relief de génie ailé, Palais nord-ouest de Kalkhu/Nimroud, sur le site (photographie de 2006).
Panneau comportant un bas-relief de génie ailé, Palais nord-ouest de Kalkhu/Nimroud, sur le site (photographie de 2006).

Nimroud (en arabe : النمرود, Nimrūd) est un site archéologique, qui tire son nom du héros biblique Nimrod, sur lequel se trouvent les ruines de la cité assyrienne appelée Kalkhu (Kalḫu, Calah dans la Bible). Ce tell surplombe la confluence du Tigre et du Zab supérieur. Kalkhu était située à 35 km de Ninive (un faubourg de Mossoul actuellement). Il s'agit de l'une des plus grandes métropoles de la Mésopotamie antique, s'étendant sur environ 360 hectares à son apogée, lorsqu'elle fut capitale de l'Assyrie à partir du règne d'Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.), qui entreprit de la reconstruire complètement et de l'étendre pour qu'elle reflète la puissance de son royaume. Elle eut le rang de capitale jusqu'à la fin du VIIIe siècle av. J.-C., quand elle fut supplantée par Dur-Sharrukin (Khorsabad) puis Ninive, et fut détruite dans les années 614-612 av. J.-C., lors de la chute de l'empire assyrien sous le coup des attaques conjuguées des Babyloniens et des Mèdes.

Les fouilles de l'ancienne Kalkhu, concentrées essentiellement sur le tell de Nimroud mais également sur le tell Azar voisin, correspondant à un ancien arsenal (« Fort Salmanazar »), débutèrent dans les années 1840, en même temps qu'étaient découvertes plusieurs autres capitales de l'ancienne Assyrie (Ninive, Dur-Sharrukin), et furent poursuivies à plusieurs reprises depuis, sous la direction de plusieurs équipes d'archéologues, surtout britanniques et irakiennes. Elles permirent la mise au jour de plusieurs bâtiments remarquables, en premier lieu le palais sud-ouest d'Assurnasirpal II et plusieurs temples, ainsi que d'autres palais sur le tell de Nimroud, et un autre édifice servant d'arsenal aux armées assyriennes à Fort Salmanazar. Les archéologues y ont exhumé des nombreuses sculptures sur pierre, en particulier les statues colossales de génies gardant les portes de ses édifices (taureaux et lions androcéphales ailés) et des bas-reliefs représentant d'autres génies protecteurs ainsi que des scènes de victoire des troupes assyriennes. Parmi les autres trouvailles remarquables se trouvent des milliers d'objets en ivoire sculptés provenant pour la plupart de Syrie et de Phénicie ainsi que des bijoux en or et pierre précieuse finement exécutés provenant des tombes de plusieurs reines assyriennes mises au jour dans le palais sud-ouest. De nombreuses tablettes cunéiformes furent également exhumées.

Après avoir fait l'objet de reconstructions de la part des autorités irakiennes à partir des années 1950, le site subit de nombreuses dégradations à la suite de la déstabilisation de la situation politique du Nord de l'Irak dans les années 1990 et 2000. Il fut l'une des cibles de la campagne de destructions d'anciens sites archéologiques par l’État islamique en mars 2015, et les principaux monuments et œuvres d'art demeurés sur le site de Nimroud furent alors détruits au bulldozer et à l'explosif.

Enfers mésopotamiens

Plaquette représentant un dieu mort dans son cercueil, probablement Dumuzi. Époque paléo-babylonienne (IIe millénaire av. J.-C.), terre cuite, musée du Louvre (n° OA8823).
Plaquette représentant un dieu mort dans son cercueil, probablement Dumuzi. Époque paléo-babylonienne (IIe millénaire av. J.-C.), terre cuite, musée du Louvre (n° OA8823).

Les Enfers mésopotamiens, ou Kur (« montagne » en sumérien), Ershetu (« terre » en akkadien), Irkalla (« grande cité » en akkadien), sont le séjour des morts des Mésopotamiens. Ils sont aussi nommés Arallu (« Grand En-bas ») ou Ganzer. Ce lieu apparaît dans plusieurs mythes ou épopées mésopotamiens comme la Descente d'Inanna aux Enfers, Nergal et Ereshkigal, Enlil et Ninlil ou encore l’Épopée de Gilgamesh ainsi que dans de nombreux textes d'exorcisme.

Selon les époques ou les mythes, les Enfers mésopotamiens, situés sous terre, sont parfois représentés comme une grande citadelle aux sept portails qui donnent accès au séjour des morts. Un grand fleuve coule devant l'un de ces portails : l'Hubur qui sépare le monde des morts de celui des vivants. Les Enfers sont dirigés par la déesse Ereshkigal ou le dieu Nergal. Ils sont gérés par le vizir Namtar ou les juges Anunnaki et l’entrée est surveillée par Petû le portier. Les chemins pour parvenir aux Enfers sont nombreux : une longue traversée du désert aride et sec, une échelle entre Ciel et Enfers, les failles creusées dans la croûte terrestre ou tout simplement la tombe où est placé le mort.

Parmi les différents aspects que la mort peut revêtir, les Mésopotamiens retiennent son caractère inévitable : « il s’en va vers son destin » ou « son destin l’a saisi ». Le mort laisse son cadavre derrière lui et part vers les Enfers, sous la forme d’un Etemmu (ou fantôme). À l'entrée des Enfers, l’Etemmu ne subit pas de jugement. Exception faite des rois et des princes, le sort des morts est le même pour tous : vivre une existence morne, insipide et sans affection dans l’Ershetu. Cependant, l'esprit du mort peut être rappelé parmi les vivants désireux de lui poser des questions ou d'intercéder auprès des dieux. Mais en cas de mauvais renvoi aux Enfers ou en l'absence de tombe ou de rites funéraires, l'esprit du mort erre à travers la steppe à la recherche du Ganzer. Il devient alors indésirable car il peut créer de nombreuses maladies chez les vivants, aussi existe-t-il de nombreux rites d'exorcismes destinés à renvoyer les esprits des morts dans le Grand En-bas.

La morne existence de l’Etemmu aux Enfers peut être allégée par les rites funéraires et par une sépulture confortable. Le mort est toujours enterré. Sa sépulture peut aller de la simple fosse au mausolée royal en passant par la tombe, le caveau, la jarre ou un simple caisson d'argile. Les funérailles et l’exécution des rites sont assurés par le plus vieux descendant masculin. Les vivants répètent quotidiennement le nom des ancêtres morts tout en déposant un peu de nourriture et de boisson sur leur tombe ou le sol. Ils mènent aussi le rituel mensuel du Kispu, un repas funèbre partagé entre vivants et morts. D’où la nécessité pour chaque vivant de laisser derrière lui beaucoup d’enfants. En échange de rituels funèbres, les morts peuvent intercéder auprès des dieux pour protéger leur descendance.

Datation de la Bible

La Bible de Gutenberg (Vulgate), première Bible imprimée, Bibliothèque du Congrès, Washington.
La Bible de Gutenberg (Vulgate), première Bible imprimée, Bibliothèque du Congrès, Washington.

La datation de la Bible consiste à déterminer la période de composition et de rédaction de chaque livre qui la compose, et si possible de chaque texte à l'intérieur de chaque livre. Cette recherche tente donc de déterminer quand la Bible a été écrite, par qui, et où.

La Bible se présente comme une compilation de textes rédigés à différentes époques. La Bible hébraïque comprend trois parties, qui se sont constituées progressivement. Ce sont, de la plus ancienne à la plus récente : la Torah, les Nevi'im et les Ketouvim. À cette liste s'ajoutent les livres deutérocanoniques des catholiques et des orthodoxes, ainsi que le Nouveau Testament, propre à tous les chrétiens.

Depuis le XIXe siècle, des fouilles archéologiques au Moyen-Orient ont fourni de nouveaux éléments sur le contexte dans lequel la Bible a pris forme. Ces découvertes permettent de mieux préciser l'histoire des royaumes d'Israël et de Juda, aidant à mieux comprendre la formation du texte biblique qui s'y inscrit. La tradition pseudépigraphe faisant de Moïse l'auteur de la Torah, de David l'auteur des Psaumes et de Salomon celui des Proverbes est ainsi démentie, et une nouvelle approche historique et critique s'opère, reposant sur une base plus historique et scientifique que proprement religieuse.

La datation des textes bibliques dépend de méthodes telles que la philologie, la paléographie, la comparaison avec d'autres textes antiques, et l'archéologie. Les dates de rédaction des textes originaux de la Bible hébraïque sont parfois difficiles à établir, et certaines datations font l'objet de débats entre les spécialistes. La majorité d'entre eux s'accordent toutefois pour situer son écriture entre le VIIIe et le IIe siècle av. J.-C., et celle du Nouveau Testament entre le milieu du Ier et le début du IIe siècle.

Le plus ancien manuscrit de la Bible hébraïque retrouvé à ce jour est probablement le fragment d'un rouleau des livres de Samuel, datant du milieu ou de la fin du IIIe siècle av. J.-C., et trouvé à Qumrân en Cisjordanie. Le plus ancien texte du Nouveau Testament retrouvé à ce jour est le papyrus P52 de la bibliothèque Rylands, contenant un fragment de l’Évangile selon Jean, qui date de la première moitié du IIe siècle. Les plus anciennes versions relativement complètes qui nous sont parvenues des écrits vétérotestamentaires en grec sont des copies de la Septante datant du IVe siècle : le Codex Sinaiticus et le Codex Vaticanus. Le plus ancien manuscrit complet du texte massorétique, qui sert de base aux éditions des Bibles modernes, est le Codex Leningradensis, datant du XIe siècle.

Préhistoire de la Mésopotamie

Figurine parturiente assise de la période Halaf. Anatolie - Ve millénaire av. J.-C. Walters Art Museum - Baltimore.
Figurine parturiente assise de la période Halaf. Anatolie - Ve millénaire av. J.-C. Walters Art Museum - Baltimore.

La préhistoire de la Mésopotamie est la période comprise entre le Paléolithique et l'apparition de l'écriture dans la partie du Croissant fertile située autour des fleuves Tigre et Euphrate ainsi que les zones environnantes comme les contreforts du Zagros, le sud-est de l'Anatolie et le nord-ouest de la Syrie.

D'une manière générale, la Mésopotamie paléolithique est faiblement documentée, ceci s'aggravant en Mésopotamie du Sud pour les périodes précédant le IVe millénaire av. J.-C. ; les conditions géologiques font que la majorité des vestiges sont enfouis sous une épaisse couche d'alluvions ou immergés sous les eaux du golfe Persique.

Le Paléolithique moyen voit apparaître une population de chasseurs-cueilleurs vivant dans les grottes du Zagros et, de manière saisonnière, sur de nombreux sites à ciel ouvert. Producteurs d'une industrie lithique de type moustérien, leurs restes funéraires trouvés à la grotte de Shanidar indiquent l'existence d'une solidarité et l'usage de soins entre les membres d'un groupe.

Pendant le Paléolithique supérieur, le Zagros est probablement occupé par l'Homme moderne. La grotte de Shanidar ne recèle que d'outils en os ou bois de cervidés typiques d'un Aurignacien local appelé « Baradostien » par les spécialistes.

L'époque de l'Épipaléolithique final, caractérisée par le Zarzien (vers 17 000–12 000 ans avant le présent), voit l'apparition de premiers villages temporaires aux constructions rondes et pérennes. L'apparition d'objets fixes comme des meules en grès ou en granite et des pilons cylindriques en basalte indiquent un début de sédentarisation.

Entre le XIIe millénaire av. J.-C. et le Xe millénaire av. J.-C., les premiers villages des chasseurs-cueilleurs sédentaires sont connus en Irak du Nord. Les maisons semblent s'articuler autour d'une notion de « foyer », sorte de « propriété » familiale. Des preuves de préservation des crânes des morts et d'activités artistiques sur le thème des rapaces sont également découvertes.

Vers à , des villages s'agrandissent dans le Zagros et dans la vallée du Belikh (Haute Mésopotamie). L'économie y est mixte (chasse et début d'agriculture). Les maisons deviennent rectangulaires et on y note l'utilisation de l'obsidienne, témoin de contacts avec l'Anatolie où s'y trouvent de nombreux gisements.

Les VIIe millénaire av. J.-C. et VIe millénaire av. J.-C. voient se développer les cultures dites « céramiques ». Appelées Hassuna, Samarra et Halaf, elles sont caractérisées par l'instauration définitive de l'agriculture et de l'élevage. Les maisons se complexifient en grandes maisons communes autour de greniers collectifs. L'irrigation fait son apparition. Alors que la culture de Samarra montre des signes d'inégalités sociales, la culture de Halaf semble être constituée de petites communautés disparates apparemment peu hiérarchisées.

Parallèlement, au sud de la Mésopotamie de la fin du VIIe millénaire av. J.-C., se développe la culture d'Obeïd dont Tell el-Oueili est le plus ancien site connu. Son architecture est très élaborée, les habitants y pratiquent l'irrigation, indispensable dans une région où l'agriculture sans apport artificiel d'eau est impossible. Dans sa plus grande expansion, la culture d'Obeïd s'étend pacifiquement, probablement par acculturation de la culture de Halaf, vers le nord de la Mésopotamie jusqu'au sud-est de l'Anatolie et le nord-est de la Syrie.

Vers la fin du IVe millénaire av. J.-C., les villages, apparemment peu hiérarchisés, s'agrandissent en villes, la société se complexifie et une élite dirigeante de plus en plus forte s'installe. Durant la moitié du IVe millénaire av. J.-C., les centres les plus influents de la Mésopotamie (Uruk et Tepe Gawra) voient progressivement apparaître l'écriture et l'État marquant traditionnellement la fin de la Préhistoire.

Mythologie hittite

Divinité assise, Empire hittite tardif (xiiie siècle av. J.-C.). Metropolitan Museum of Art.
Divinité assise, Empire hittite tardif (xiiie siècle av. J.-C.). Metropolitan Museum of Art.

La mythologie hittite comprend l'ensemble des mythes connus de la civilisation hittite, qui se développe au IIe millénaire av. J.-C. en Anatolie (Turquie actuelle) et forme à son apogée un puissant empire rivalisant avec l'Égypte pharaonique. Cette mythologie est documentée par des textes cunéiformes mis au jour dans la capitale de cet empire, Hattusa.

La mythologie hittite est en fait un ensemble composite de récits, reflet de la diversité culturelle de l'Anatolie du IIe millénaire av. J.-C. Elle comprend un groupe de mythes d'origine proprement anatolienne, ayant pour personnages principaux des dieux sans doute issus en grande partie des traditions des Hattis occupant la région avant les Hittites, et préservés dans le cadre de rituels liés aux mythes. Il s'agit surtout d'un ensemble de mythes traitant d'un thème commun, celui du dieu qui disparaît et qu'il faut faire revenir pour rétablir la prospérité du pays, en premier lieu les différentes variantes du Mythe de Télipinu, ainsi que de deux mythes relatifs au combat entre le Dieu de l'Orage hittite et le serpent gigantesque, Illuyanka.

D'autres mythes ont été introduits en Anatolie à partir d'autres régions du Proche-Orient ancien, et ont donc pour personnages principaux des dieux d'origine étrangère : surtout les mythes d'origine hourrite formant le corpus désigné comme « Cycle de Kumarbi », mais aussi des mythes d'origine levantine et mésopotamienne.

Aucun de ces mythes n'est relatif à l'origine des dieux, du monde ou des hommes, alors que les mythes de création occupent en général une place majeure dans les mythologies antiques. À défaut d'offrir des parallèles probants avec les grands thèmes dégagés par les spécialistes de la mythologie indo-européenne, plusieurs de ces textes ont pu avoir une influence sur des mythes grecs antiques, notamment ceux rapportés par la Théogonie d'Hésiode.

Philistins

Poterie peinte de type philistin, aux aspects égéens et chypriotes marqués mais produite à Canaan, témoignage de l'arrivée des Philistins dans la région. xiie – xie siècle av. J.-C. Musée d'Israël.
Poterie peinte de type philistin, aux aspects égéens et chypriotes marqués mais produite à Canaan, témoignage de l'arrivée des Philistins dans la région. xiie – xie siècle av. J.-C. Musée d'Israël.

Les Philistins (hébreu : פְּלִשְׁתִּים, pelištīm) sont un peuple du Proche-Orient ancien établi au sud-ouest du Levant le long de la côte méditerranéenne, à la fin du IIe millénaire av. J.-C. et durant la première moitié du Ier millénaire av. J.-C.. Ils sont connus par différentes sources textuelles (assyriennes, hébraïques, égyptiennes) et archéologiques.

Les Philistins apparaissent sous le nom de Peleset dans des sources égyptiennes au XIIe siècle av. J.-C. et sont présentés comme des ennemis de l'Égypte, mélangés à d'autres populations hostiles désignées collectivement par les historiens modernes sous le nom de « Peuples de la mer ». Leurs origines sont débattues, mais l'opinion dominante les considère comme un amalgame de populations aux origines égéennes, anatoliennes et chypriotes, parlant des langues indo-européennes.

Après leurs affrontements avec les Égyptiens, les Philistins se sont fixés sur la bande côtière du sud-ouest de la terre de Canaan, c'est-à-dire dans une région longeant la Méditerranée depuis l'actuelle bande de Gaza jusqu'à Jaffa. Ils y fondent des entités politiques, qui deviennent avec le temps des cités-États dirigées par des rois (Éqron, Ashdod, Ashkelon, Gaza, Gath), apportant avec eux des traits de la culture de leurs régions d'origine, tout en se mêlant aux populations locales. Après une première période de constitution d'une identité philistine, la culture qui en résulte est majoritairement de type levantin et ouest-sémitique, mais elle préserve quelques traits rappelant leur héritage égéen et chypriote durant les premiers siècles du Ier millénaire av. J.-C.

Les Philistins sont surtout connus par la Bible, où ils sont les ennemis mortels des Israélites, pour qui ils constituent une menace militaire et culturelle de premier ordre dès leur installation, s'emparant de terres de leurs adversaires. Bien que le récit de ces luttes, qui comprend des épisodes célèbres tels que l'histoire de Samson et Dalila et le combat de David contre Goliath, soit généralement tenu pour peu fiable historiquement dans le détail, il est considéré que ces guerres ont fortement contribué à l'émergence de l'identité et de la royauté israélites.

Le Levant méridional est ensuite dominé par les Assyriens, qui prennent le contrôle des cités philistines dans les dernières décennies du VIIIe siècle av. J.-C.. Sous leur domination, ces royaumes se révoltent à plusieurs reprises, mais ils semblent globalement avoir connu une période de prospérité économique. Celle-ci s'achève vers -, quand les troupes babyloniennes détruisent plusieurs grandes cités philistines et dominent à leur tour la région. Il est considéré qu'après cette date il n'y a plus de Philistins au sens ethnique du terme, même si la région qu'ils occupaient préserve leur nom, qui est à l'origine du terme Palestine.

Natoufien

Aire d'extension approximative de la culture natoufienne.
Aire d'extension approximative de la culture natoufienne.

Le Natoufien est une culture archéologique de l'Épipaléolithique, attestée au Levant entre et avant le présent. Elle est caractérisée par la mise en place des premières expériences de sédentarisation et donc par l'apparition des premiers villages. Elle doit son nom à la vallée du Wadi en-Natouf en Cisjordanie où elle a été identifiée (dans la grotte de Shuqba) par l'archéologue britannique Dorothy Garrod en .

Les sites du Natoufien ont été découverts dans les régions bordant la côte méditerranéenne du Proche-Orient, notamment près du mont Carmel et en Galilée, dans ce qui semble être le cœur de cette culture et la région où la sédentarisation est la plus avancée. Plus largement les sites associés de près ou de loin au Natoufien s'étendent du Sinaï jusqu'au Moyen-Euphrate en Syrie actuelle.

Le Natoufien est couramment divisé en deux périodes principales. Une période ancienne, qui coïncide avec une phase de climat plus chaude et humide que par le passé, voit le recul de la mobilité et l'émergence de villages de chasseurs-cueilleurs dont la subsistance repose sur une vaste gamme de ressources, et qui emploient un outillage lithique très divers. Une période récente, qui prend place dans une phase de refroidissement, et voit un reflux de la sédentarité, très marqué dans le Levant méridional, tandis que des sites plus importants se développent sur le Moyen-Euphrate.

En l'état actuel des connaissances, rien n'indique que les Natoufiens aient été des agriculteurs, mais il est possible qu'ils aient procédé à des essais de domestication des plantes.

Göbekli Tepe

Vue générale du site.
Vue générale du site.

Göbekli Tepe est un site préhistorique occupé aux Xe et IXe millénaires av. J.-C., au Néolithique précéramique A et au B, situé dans la province de Şanlıurfa, au sud-est de l’Anatolie, en Turquie, près de la frontière avec la Syrie, à proximité de la ville de Şanlıurfa.

Son occupation comprend deux niveaux, qui se chevauchent sans doute en partie. Le niveau III (v. -) comprend un ensemble de structures mégalithiques situées dans la partie basse du site, des « enclos » de 10 à 30 mètres de large, dans lesquels sont érigés des piliers en forme de T sculptés de représentations animales et humaines. Cela représente une réalisation d'une ampleur monumentale, inconnue pour cette période. Les structures du niveau II (v. -), dégagées au pourtour de la zone monumentale du niveau précédent sur les pentes et le sommet de la butte, sont de forme rectangulaire, plus petites, disposent encore de pilier en T mais en moins grand nombre.

Göbekli Tepe est un site atypique pour l'époque puisqu'il ne présente pas de trace assurée de maisons et d'activités domestiques permanentes. Il n'y a pas non plus d'indication que les communautés qui l'ont érigé aient pratiqué une agriculture ou un élevage. Le site n'est donc pas témoin des principales évolutions associées à l'aube du Néolithique, à savoir les domestications des plantes et des animaux et le développement des villages construits par des groupes sédentaires. En revanche c'est un exemple de premier ordre des évolutions mentales accompagnant ces changements sociaux et économiques : son iconographie fait découvrir un univers symbolique riche, en lien avec le monde sauvage, et ses structures, d'architecture de type monumental, sont manifestement des lieux destinés à l'accomplissement de rituels. Ce site est donc interprété comme un sanctuaire servant de lieu de rassemblement pour des groupes de chasseurs-cueilleurs vivant dans la région alentour, qui s'y réunissent pour tenir des fêtes communautaires.

Épopée de Gilgamesh

La XIe tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.
La XIe tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.

L’Épopée de Gilgamesh est un récit épique de la Mésopotamie. Faisant partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, la première version connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIIIe au XVIIe siècle av. J.-C. Écrite en caractères cunéiformes sur des tablettes d’argile, elle relate les aventures de Gilgamesh, roi d'Uruk, peut-être un personnage ayant une réalité historique, mais en tout cas une figure héroïque, et aussi une des divinités infernales de la Mésopotamie ancienne.

L’Épopée est un récit sur la condition humaine et ses limites, la vie, la mort, l'amitié, et plus largement un récit d'apprentissage sur l'éveil de son héros à la sagesse. Sa première partie relate les exploits de Gilgamesh et de son compère Enkidu, qui triomphent du géant Humbaba et du Taureau céleste suscité contre eux par la déesse Ishtar dont le héros a rejeté les avances. Le récit bascule avec la mort d’Enkidu, punition infligée par les dieux pour l’affront qui leur a été fait. Gilgamesh se lance alors dans la quête de l’immortalité, parvenant jusqu’au bout du monde où réside l’immortel Uta-napishti, qui lui apprend qu’il ne pourra jamais obtenir ce qu’il recherche mais lui enseigne l’histoire du Déluge qu’il pourra transmettre au reste des mortels.

L’Épopée repose en partie sur plusieurs récits en sumérien composés vers la fin du IIIe millénaire, relatant plusieurs exploits de Gilgamesh. À partir de sa première mise en forme vers le XVIIIe – XVIIe siècle av. J.-C., le texte connaît différents remaniements et circule sous plusieurs variantes durant le IIe millénaire av. J.-C., avant qu'une version « standard », relativement stable, ne soit écrite vers et ne se diffuse au Ier millénaire av. J.-C. Elle serait due selon la tradition mésopotamienne à l’activité d’un scribe du nom de Sîn-leqi-unninni. Cette version, sur douze tablettes, est connue avant tout par les tablettes retrouvées à Ninive et datant du VIIe siècle av. J.-C., mises au jour à partir des années dans l'ensemble de textes savants désigné comme la « Bibliothèque d'Assurbanipal ». Depuis, de nouvelles tablettes exhumées sur des sites de Mésopotamie et du Moyen-Orient ont permis d'améliorer la compréhension de l’œuvre, bien qu'elle ne soit pas connue dans son intégralité.

Lagash

Statue du roi Gudea de Lagash, xxiie siècle av. J.-C., Metropolitan Museum.
Statue du roi Gudea de Lagash, xxiie siècle av. J.-C., Metropolitan Museum.

Lagash est une ancienne ville du pays de Sumer, en Basse-Mésopotamie (actuellement en Irak), et un royaume dont elle était au moins à l'origine la capitale. Cette ancienne cité-État comprenait, en plus de la ville éponyme située sur le site actuel d'Al-Hiba, Girsu (le site actuel de Tello), ville sainte où se trouve le sanctuaire de la divinité tutélaire du royaume, Ningirsu, et d'où proviennent la plupart des découvertes archéologiques et épigraphiques qui permettent de connaître l'histoire du royaume de Lagash.

Les découvertes archéologiques sur les deux sites principaux du royaume recouvrent environ cinq siècles, de 2500 à 2000 avant J.-C. Cela correspond à trois périodes de l'histoire mésopotamienne : le dynastique archaïque IIIB (DA IIIB, 2500-2340 av. J.-C.), la période d'Akkad (2340-2150 av. J.-C.), et la période néo-sumérienne (2150-2000 av. J.-C.). Ce territoire est le mieux connu de Basse-Mésopotamie pour la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C., fournissant une documentation majeure sur la civilisation sumérienne, qui a principalement été redécouverte grâce aux fouilles du site de Tello accomplies à partir de 1877. Les avancées scientifiques concernent aussi bien le domaine de l'art, grâce aux nombreuses œuvres exhumées sur place, que les conceptions religieuses et politiques sumériennes et l'économie ou la société, documentée par plus de 30 000 tablettes administratives retrouvées à Tello.

Débuts de l'écriture en Mésopotamie

Photo d'un bandicoot, animal à l'origine de Crash Bandicoot
Tablette administrative proto-cunéiforme relative à la distribution de rations. Provenance inconnue, phase Uruk III (v. 3200-3000 av. J.-C.). British Museum.

Les débuts de l'écriture en Mésopotamie se produisent entre et , et sont avant tout documentés par des tablettes d'argile provenant de sites du sud mésopotamien, en premier lieu Uruk, la principale agglomération de la période. Cette écriture archaïque, documentée par un corpus de plus de 5 000 textes, est couramment appelée « proto-cunéiforme », car elle est l'ancêtre de l'écriture cunéiforme qui se développe en Mésopotamie et dans le Proche-Orient ancien, mais s'en distingue par sa graphie plus linéaire et son absence ou quasi-absence de signes phonétiques. La connaissance de cette écriture archaïque a considérablement progressé à la fin du XXe siècle grâce aux travaux d'une équipe de l'université libre de Berlin en charge de l'édition des textes archaïques d'Uruk, même si ces avancées sont loin d'avoir dissipé toutes les zones d'ombre ou établi le sens de tous les signes archaïques.

Le proto-cunéiforme est un système d'écriture ou de proto-écriture reposant sur un ensemble de signes numériques, qui renvoient à des systèmes métrologiques divers, employés en fonction de ce qui était quantifié (objets discrets, surfaces, volumes, durée), et de signes logographiques (un signe = un mot) qui ont pour beaucoup une origine pictographique (des dessins de la chose qu'ils désignent). Les textes sont essentiellement de nature administrative ; ils enregistrent des mouvements de biens entrant ou sortant des magasins des institutions de l'époque, les quantifiant et indiquant les personnes et bureaux impliqués dans ces opérations. D'autres tablettes sont des inventaires de signes organisés de façon thématique, ancêtres des listes lexicales caractéristiques de la tradition littéraire mésopotamienne.

Il est généralement admis que l'écriture a une origine comptable. Elle serait créée en premier lieu pour les besoins de l'administration qui se développe considérablement dans les derniers siècles du IVe millénaire av. J.-C., durant la période d'Uruk récent, considérée comme le moment d'apparition de l’État et des villes (la « révolution urbaine »), et donc des institutions administratives et des instruments de gestion et de comptabilité. Sont identifiés plusieurs instruments de comptabilité et d'enregistrement de l'information qui semblent avoir servi de précurseurs à l'écriture : des jetons de comptabilité (ou calculi), des bulles-enveloppes d'argile les contenant, et des tablettes numériques sans pictogramme qui semblent être une évolution des précédentes. L'invention de l'écriture est généralement mise au crédit des Sumériens qui vivent dans les cités du Sud de la Mésopotamie dans les phases les plus antiques de l'histoire, mais il n'y a aucune certitude à ce sujet, étant donné que les plus anciens textes écrits n'ont pas pour vocation de transcrire une langue et ne contiennent quasiment pas d'indices sur la langue parlée par ceux qui les ont écrits.

L'apparition de l'écriture est un événement qui a eu un impact considérable sur les sociétés humaines, même si elle n'a pas forcément été perçue comme révolutionnaire au moment de son invention. Elle sert traditionnellement à marquer le basculement de la Préhistoire à l'Histoire, même s'il faut plutôt caractériser le changement qui se produit à cette période par l'ensemble des évolutions politiques, sociales et culturelles qui sont liées à la « révolution urbaine ». L'écriture s'étoffe progressivement au cours du IIIe millénaire av. J.-C., qui voit le développement de l'écriture cunéiforme à proprement parler, caractérisée par ses signes en forme de « coins » ou de « clous », et son association de signes logographiques et phonétiques, rapprochant l'écriture de la langue parlée, ce qui permet notamment son adaptation à différentes langues (sumérien, akkadien, élamite, éblaïte, etc.).