Wikipédia:Sélection/Wallis-et-Futuna

Katoaga

Cochons et nattes alignés devant le palais royal d'Uvea à Matā'Utu lors d'un katoaga à Wallis en 2008.
Cochons et nattes alignés devant le palais royal d'Uvea à Matā'Utu lors d'un katoaga à Wallis en 2008.

Le katoaga ou kātoaga est une fête coutumière de Wallis-et-Futuna, collectivité d'outre-mer française d'Océanie de culture polynésienne. Lors de cette cérémonie, des biens sont échangés, tels que des cochons, des paniers de légumes (ignames et taro), des nattes, des tapa ou encore des enveloppes remplies de billets de banque. Il a lieu à l'occasion de fêtes religieuses, d'évènements politiques (intronisation d'un souverain, fête nationale...) ou d'évènements privés (mariage, communion, enterrement). D'origine ancienne et présent dans de nombreuses sociétés polynésiennes, le katoaga obéit à un rituel et un protocole strict qui n'a que peu changé depuis la christianisation de Wallis-et-Futuna au XIXe siècle. Il commence par une messe catholique, est suivi d'un repas, d'une cérémonie du kava, puis de danses exécutées par les villageois, avant que les vivres apportés par les habitants ne soient redistribués aux dignitaires et à la population, chaque don étant attribué selon le rang de la personne à qui il est destiné. Des discours, poèmes et récits de la tradition orale sont déclamés par les dignitaires participants. Ces grandes fêtes coutumières mobilisent plusieurs villages ou districts et nécessitent plusieurs semaines voire mois de préparation.

Le katoaga est une obligation coutumière qui concerne l'ensemble de la population. Il répond à une logique de dons et contre-dons comparable à celle du potlatch, où les biens offerts confèrent du prestige à leur donateur et obligent le receveur à rendre en retour, en dehors de toute valeur d'usage ou monétaire. Le statut social du donataire est déterminé par la qualité et la quantité de biens qu'il offre. Les vivres et les objets donnés lors d'un katoaga sont produits par ceux qui les apportent, selon une logique genrée (cochons et ignames pour les hommes, nattes pour les femmes), mais de plus en plus de Wallisiens et Futuniens salariés les achètent à des producteurs, conduisant à une inflation de dons et à de l'endettement pour pouvoir offrir des biens à la hauteur de leur rang. Cela contribue néanmoins à une redistribution des richesses monétaires parmi la population.

Le katoaga met en scène l'ordre social des sociétés wallisienne et futunienne, en affichant la place de chacun dans la hiérarchie, mais constitue également une arène politique, l'autorité des chefs coutumiers se mesurant dans leur capacité à rassembler de nombreuses personnes offrant des richesses qui sont ensuite redistribuées. Cette cérémonie consacre également le rôle des rois coutumiers comme les garants du bon fonctionnement de la société, dans une position d'intermédiaires entre le monde des vivants, celui des ancêtres et Dieu.

Lac Lalolalo

Le lac Lalolalo et la forêt qui l'entoure (vao tapu en wallisien) en 2018.
Le lac Lalolalo et la forêt qui l'entoure (vao tapu en wallisien) en 2018.

Le lac Lalolalo est un lac à Wallis, une île française située en Polynésie, dans l'océan Pacifique occidental. Avec une superficie de 15,2 hectares et 88,5 mètres de profondeur, ce lac de cratère constitue la plus grande étendue d'eau de Wallis-et-Futuna. De forme circulaire, il est entouré de falaises abruptes qui rendent son accès difficile. Le lac communique avec la mer à travers des failles souterraines, ce qui cause une différence de salinité entre les eaux profondes et les eaux douces de surface, qui ne se mélangent pas. Ces failles sont empruntées par des anguilles qui se retrouvent à l'âge adulte dans le lac. Il n'est peuplé que par deux autres espèces de poissons introduites dans les années 1960. Les eaux du lac sont très sombres et l'oxygène disparaît au-delà des 10 mètres de profondeur. On y trouve plusieurs espèces d'algues et de phytoplancton adaptées à ce milieu.

Réserve d'eau douce de l'île, le lac Lalolalo irrigue différentes sources d'eau potable, et joue un rôle symbolique essentiel pour la population wallisienne : il est considéré comme la force vitale qui régénère la vie. La forêt qui entoure le lac Lalolalo a constitué pendant très longtemps une zone sacrée et strictement réglementée, sous l'autorité du roi coutumier d'Uvea (Lavelua), même si elle a été défrichée ou endommagée à plusieurs reprises depuis le XXe siècle et n'existe pratiquement plus.

Wallis-et-Futuna pendant la Seconde Guerre mondiale

L'armée américaine débarque un canon de 155 mm dans la baie de Gahi. Photo publiée à New York dans Life Magazine le 24 août 1942 (sans que le lieu ne soit divulgué).
L'armée américaine débarque un canon de 155 mm dans la baie de Gahi. Photo publiée à New York dans Life Magazine le 24 août 1942 (sans que le lieu ne soit divulgué).

La Seconde Guerre mondiale à Wallis-et-Futuna est une période de nombreux bouleversements pour ce territoire sous protectorat français situé dans le Pacifique. Ces îles ne sont pas le théâtre de combats, mais souffrent de l'isolement complet pendant dix-sept mois, du au . Après la reddition de la France à l'Allemagne le , l'évêque Alexandre Poncet et le résident de France Léon Vrignaud font en effet le choix de rester fidèles au régime de Vichy, alors que toutes les autres possessions françaises en Océanie (Nouvelles-Hébrides, Nouvelle-Calédonie, Établissements français de l'Océanie) rejoignent la France libre ; les îles avoisinantes (Tonga, Samoa occidentales et américaines, Tokelau, îles Gilbert et Ellice) sont administrées par des puissances alliées. Le ravitaillement cesse et la lointaine Indochine française ne peut pas apporter de soutien. Une première reconquête de Wallis-et-Futuna est ordonnée par le général de Gaulle en , mais éventée auprès du résident, elle est reportée. L'avancée japonaise dans le Pacifique et l'entrée en guerre des États-Unis après l'attaque de Pearl Harbor le changent la donne : la guerre du Pacifique éclate et Wallis devient un point stratégique pour les Américains face au Japon. La prise de Wallis est alors organisée conjointement par les Alliés.

Le , l'île de Wallis est investie par la France libre et l'armée américaine le lendemain. Les États-Unis y installent une base militaire. Au total, plus de 4 000 militaires américains sont présents à Wallis, doublant la population de l'île. De nombreuses infrastructures sont construites : aérodrome, routes, port, hôpital, etc. Les Américains apportent également avec eux de nombreux biens matériels et de l'argent : les Wallisiens découvrent la société de consommation, et les structures traditionnelles religieuses et coutumières sont fragilisées par ces changements. Les autorités françaises sont également en perte de prestige face à la puissance américaine. Les Américains ont d'abord une vision assez négative des Wallisiens, même si les rapports s'améliorent au fil du temps ; certaines femmes ont même des enfants de soldats américains, au grand dam de la mission catholique qui cherche à contrôler les mœurs des fidèles. À l'inverse, Futuna, beaucoup plus isolée, n'est pas occupée par les Américains et reste largement à l'écart de ces mutations. La population futunienne vit de l'agriculture vivrière face à la pénurie de produits de première nécessité.

En , l'intérêt stratégique de Wallis a diminué et les États-Unis commencent à rapatrier leurs troupes. En , seule une douzaine de soldats reste sur place : le rêve américain prend fin, laissant la société wallisienne bouleversée. Une crise économique débute, la population devant se remettre au travail dans les plantations. Les autorités politiques sont elles aussi très fragilisés et les années suivantes sont marquées par une forte instabilité. Un lieutenant américain tente même en 1946 de revendiquer l'annexion de Wallis par les États-Unis, avant le départ des dernières troupes. Pendant cette période, l'émigration des Wallisiens et des Futuniens vers la Nouvelle-Calédonie débute : ce phénomène s'accentue après-guerre et est à l'origine de l'implantation d'une importante communauté en Nouvelle-Calédonie. Le protectorat de Wallis-et-Futuna devient de moins en moins adapté aux nouvelles réalités du territoire, et après un référendum en 1959, Wallis-et-Futuna devient un territoire d'outre-mer en 1961.