William Winwood Reade

historien britannique
William Winwood Reade
Biographie
Naissance
Décès
Pseudonyme
Francesco Abati
Nationalité
Activités

William Winwood Reade (1838 - 1875)[1] est un historien, explorateur et philosophe britannique, né le 26 décembre 1838 en Ecosse et mort le 24 avril 1875. Ses deux livres les plus connus, l'histoire universelle The Martyrdom of Man (1872) et le roman The Outcast (1875), ont été inclus dans la Thinker's Library. Reade a publié un roman sous le pseudonyme de Francesco Abati.

Biographie modifier

Enfance et jeunesse modifier

Né dans le Perthshire, en Écosse, en 1838, William Winwood Reade était un "descendant d'une riche famille terrienne". Après avoir échoué à l'université d'Oxford et, bien qu'ayant composé deux romans, "échoué dans tout sens conventionnel en tant que romancier", Reade décide d'entreprendre une exploration géographique[2].

Voyages en Afriques modifier

C'est à l'âge de 25 ans (grâce à ses propres moyens et au parrainage de la Royal Geographical Society) qu'il part pour l'Afrique, et débarque au Cap en bateau à aubes en 1862. Après y avoir passé plusieurs mois pour l'observation des gorilles et la traversée de l'Angola, Reade rentre chez lui et publie son premier récit de voyage, Savage Africa. Bien que critiqué pour son style juvénile, le livre reste néanmoins notables pour ses enquêtes anthropologiques[2], ainsi que pour ses passages concernant la traite des esclaves et son anticipation d'une Afrique divisée entre la Grande-Bretagne et la France dans laquelle les Africains noirs ont disparu[3].

En 1868, Reade obtient le parrainage d'Andrew Swanzy, un négociant de la Gold Coast basé à Londres, pour se rendre en Afrique de l'Ouest. Après avoir échoué à obtenir la permission d'entrer dans l'empire Ashanti, Reade part au nord de Freetown pour y explorer les régions au-delà de Falaba, la capitale de Solimana. Il est retenu à Falaba par le roi local Seedwa, qui l'emprisonne pendant trois mois dans des conditions difficiles aussi bien sur le plan physique que mental. La légende veut que le roi Seedwa ait fixé quatre tâches épuisantes pour Reade chaque jour de sa captivité, toutes accomplies avec aplomb par Reade[2],[4].

Bien que Reade ait parcouru des territoires inexplorés, ses découvertes ont suscité peu d'intérêt chez les géographes, principalement parce qu'il n'a pas pu mesurer précisément son voyage, son sextant et ses autres instruments ayant été abandonnés à Port Loko. Cependant, ses expériences en Afrique de l'Ouest n'ont pas été entièrement perdues pour la science, grâce à sa correspondance avec Charles Darwin[5]. Darwin a ensuite utilisé les informations fournies par Reade pour la publication de son livre phare : The Descent of Man (1871)[6].

Peu après son retour, Reade publie The African Sketch-Book (1873), un récit de ses voyages dans lequel l’auteur recommande également une plus grande implication britannique en Afrique de l'Ouest.

Reade est retourné en Afrique en 1873 pour servir de correspondant durant la guerre des Ashanti, mais il est mort peu de temps après[7].

Il repose aujourd’hui dans le cimetière d'Ipsden, dans l'Oxfordshire, près de sa maison familiale.

The Martyrdom Of Man(1872) modifier

The Martyrdom Of Man (1872) (en français Le Martyre de l’Homme) - dont le sous-titre est "From Nebula to Nation" - est une histoire laïque et "universelle" du monde occidental. Sa structure est faite en quatre "chapitres" d'environ 150 pages chacun:

  1. le premier chapitre, "Guerre", traite de l'emprisonnement des corps des hommes,
  2. le deuxième, "Religion", de celui de leurs esprits
  3. le troisième, "Liberté", est le plus proche d'une histoire politique et intellectuelle européenne conventionnelle
  4. le quatrième, "Intellect",  concerne la cosmogonie caractéristique d'une "histoire universelle".

Sécularisme (laïcité) du propos modifier

Selon un historien, le livre est devenu une sorte de " bible de substitution pour les laïques " dans laquelle Reade tente de retracer le développement de la civilisation occidentale en utilisant des termes analogues à ceux utilisés dans les sciences naturelles[8]. Il utilise ce style de manière à promouvoir la philosophie du libéralisme politique et du darwinisme social. La dernière section du livre a provoqué une énorme controverse en raison de " l'attaque franche de Reade contre le dogme chrétien " et le livre fut condamné par plusieurs magazines. En 1872, William Gladstone, le premier ministre britannique, dénonça The Martyrdom of Man comme l'un des nombreux "ouvrages irréligieux" (les autres comprenaient des travaux d'Auguste Comte, Herbert Spencer et David Friedrich Strauss)[9].

Reade n'était pas athée, comme l'affirmaient certains de ses détracteurs ; il avait une "croyance présumée en un Créateur, mais un Créateur ineffable et inapprochable, bien au-delà de l'intelligence humaine ou de la portée des petites prières humaines"[2]. Il était un darwiniste social qui croyait en la survie du plus apte et voulait créer une nouvelle civilisation, affirmant que "si la guerre, l'esclavage et la religion avaient été nécessaires autrefois, ils ne le seraient pas toujours ; à l'avenir, seule la science pourrait garantir le progrès humain"[9] Néanmoins, le livre "attirait l'attention sur l'immense récit de souffrance et de gaspillage qu'implique la théorie de l'évolution"[10].

Réception et influence modifier

V. S. Pritchett a fait l'éloge de The Martyrdom of Man comme étant " le seul, l'exceptionnel, le dramatique, le tableau imaginatif de l’histoire de la vie , à être inspiré par la science victorienne "[9]. Comme The Martyrdom of Man avait, selon les normes victoriennes, un parti pris relativement favorable de l'histoire africaine, il a été cité de manière approbatrice par W. E. B. Du Bois dans ses livres The Negro (1915) et The World and Africa (1947)[11].

Cecil Rhodes, homme politique et homme d'affaires sud-africain d'origine anglaise, a déclaré que le livre " a fait de moi ce que je suis "[9]. Parmi les autres admirateurs de The Martyrdom of Man, citons H. G. Wells, Winston Churchill[12], Harry Johnston, George Orwell, Susan Isaacs[13], A. A. Milne et son fils Christopher Robin[14] et Michael Foot[12].

The Outcast (Le Bannis) (1875) modifier

Autre écrit laïque de Reade, The Outcast (1875), est un court roman narrant l’histoire d'un jeune homme qui doit faire face au rejet de son père religieux et à la mort de sa femme[9].

Références dans la littérature modifier

Reade est cité dans l'une des aventures de Sherlock Holmes d'Arthur Conan Doyle, Le Signe des Quatre. Dans le deuxième chapitre, Holmes recommande au Dr Watson de lire  The Martyrdom of Man comme "l'un des livres les plus remarquables jamais écrits". Il fait ensuite remarquer au chapitre 10:

   "Winwood Reade est bon sur le sujet", dit Holmes. "Il remarque que, si l'homme individuel est une énigme insoluble, dans l'ensemble, il devient une certitude mathématique. Vous ne pouvez, par exemple, jamais prédire ce qu'un homme fera, mais vous pouvez dire avec précision ce qu'un nombre moyen fera. Les individus varient, mais les pourcentages restent constants. C'est ce que dit le statisticien"[15].

Listes d'ouvrages modifier

  • (1859). Charlotte and Myra: A Puzzle in Six Bits.
  • (1860). Liberty Hall, Oxon. (A Novel)
  • (1861). The Veil of Isis or Mysteries of the Druids.
    • The Druids.
    • Druidism in Rustic Folklore.
    • Druidism in the Emblems of Freemasonry.
    • Druidism in the Ceremonies of the Church Of Rome.
    • Rites And Ceremonies Of The Druids.
    • Vestiges Of Druidism.
    • The Destruction Of The Druids.
    • Priestesses Of The Druids – Pamphlet.
  • (1864). Savage Africa.
  • (1865). See-Saw: A Novel (Written under the pseudonym Francesco Abati)[16].
  • (1872). The Martyrdom of Man.
  • (1873). African Sketch-Book.
  • (1874). The Story of the Ashantee Campaign.
  • (1875). The Outcast.
  • (1972). Religion in History.

Notes et références modifier

  1. (en) A. C. Grayling & Andrew Pyle (2006)., The Continuum Encyclopedia of British Philosophy, Vol. 1, Thoemmes Continuum, p. 2673
  2. a b c et d (en) « Reade, William Winwood (1838–75) », The Continuum Encyclopedia of British Philosophy,‎ (DOI 10.1093/acref/9780199754694.001.0001, lire en ligne, consulté le ).
  3. William Winwood Reade, Savage Africa: being the narrative of a tour in equatorial, south-western, and north-western Africa; with notes on the habits of the gorilla; on the existence of unicorns and tailed men; on the slave trade; on the origin, character, and capabilities of the negro and on the future civilization of Western Africa., Smith, Elder and co., (lire en ligne)
  4. J. D. HARGREAVES, « Winwood Reade and the Discovery of Africa », African Affairs, vol. 56, no 225,‎ , p. 306–316 (ISSN 1468-2621 et 0001-9909, DOI 10.1093/oxfordjournals.afraf.a094511, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) « Darwin Correspondence Project », sur Darwin Correspondence Project (consulté le )
  6. (en) « https://www.darwinproject.ac.uk/letter/DCP-LETT-6558.xml », sur Darwin Correspondence Project (consulté le )
  7. Charles Cornell University Library, Readiana; comments on current events. Bible characters, London, Chatto & Windus, (lire en ligne)
  8. Warren Sylvester Smith, « Bernard Shaw and the London Heretics », dans Shaw, University of Toronto Press, (lire en ligne), p. 51–69
  9. a b c d et e Felix Driver, Geography militant : cultures of exploration and empire, Blackwell Publishers, (ISBN 0-631-20111-4, 978-0-631-20111-3 et 0-631-20112-2, OCLC 43615427, lire en ligne)
  10. « The Twenty Years' Crisis, 1919–1939: An Introduction to the Study of International Relations&lt By Edward Hallett Carr, Professor of International Politics in the University College of Wales, Aberystwyth. (New York: Macmillan Company. 1939. Pp. xv, 312. $3.00.) », The American Historical Review,‎ (ISSN 1937-5239, DOI 10.1086/ahr/46.2.374, lire en ligne, consulté le )
  11. Mary Keller et Chester J. Fontenot, Re-cognizing W.E.B. Du Bois in the twenty-first century : essays on W.E.B. Du Bois, Mercer University Press, (ISBN 978-0-88146-077-3, 0-88146-077-X et 0-88146-059-1, OCLC 122309165, lire en ligne)
  12. a et b Michael Foot, Loyalists and loners, Collins, (ISBN 0-00-217583-5, 978-0-00-217583-8 et 0-00-217778-1, OCLC 16716659, lire en ligne)
  13. P. J. Graham, Susan Isaacs : a life freeing the minds of children, Karnac, (ISBN 978-1-84940-833-2, 1-84940-833-5 et 978-0-429-90536-0, OCLC 741968808, lire en ligne)
  14. Julian Halivand, « Book Reviews : The Man with his Mistress's Whistle », British Journalism Review, vol. 2, no 2,‎ , p. 55–60 (ISSN 0956-4748 et 1741-2668, DOI 10.1177/095647489000200210, lire en ligne, consulté le )
  15. Sławomir Kalinowski, « The Sign of Four. Arthur Conan Doyle. The Comments », Decyzje, vol. 10, no 20,‎ , p. 141–156 (ISSN 1733-0092, DOI 10.7206/dec.1733-0092.17, lire en ligne, consulté le )
  16. W. L. Fichter et S. Griswold Morley, « The Pseudonyms and Literary Disguises of Lope de Vega », Hispanic Review, vol. 20, no 4,‎ , p. 345 (ISSN 0018-2176, DOI 10.2307/471155, lire en ligne, consulté le )

Liens externes modifier