Zone bleue (longévité)

régions du monde où la longévité des habitants est très nettement au-dessus de la moyenne

Le terme zone bleue est un néologisme créé pour identifier les quelques régions du monde où la longévité des habitants est très nettement au-dessus de la moyenne[1].

Description modifier

La plus grande base de données publique utilisée pour observer les occurrences de supercentenaires (personnes dépassant les 100 ans) est celle du Gerontology Research Group (GRG) créé à Los Angeles en 1990[2].

Carte
Localisation des zones bleues L=Loma Linda N=Nicoya S=Sardaigne I=Ikaría O=Okinawa

Le nom de zone bleue a été créé par l'universitaire italien Gianni Pes et le démographe belge Michel Poulain[3]. Ils ont découvert en 2000, dans la province de Nuoro, en Sardaigne, la plus forte concentration au monde d’hommes centenaires alors connue[3] localisée dans de nombreux villages de montagne de cette province. Ils dessinèrent sur une carte à l'encre bleue la zone regroupant ces villages qu'ils appelèrent alors simplement la « zone bleue »[3].

Depuis soutenu par la National Geographic Society, un projet a été lancé depuis 2002 pour identifier d'autres zones bleues dans le monde[3]. À ce jour (2017), cinq ont été identifiées[4] :

  • des villages de montagne de la province sarde de Nuoro, où les hommes, souvent d'anciens bergers, ont la même espérance de vie que les femmes, et où l'on compte 30,9 centenaires pour 100 000 habitants, avec des nonagénaires en très bonne condition physique[5] ;
  • l'île grecque d'Ikaria[5], dans le nord-est de la mer Égée ;
  • l'île japonaise d'Okinawa[5] ;
  • la péninsule de Nicoya[5], au Costa Rica, avec une population métisse d'environ 100 000 personnes, dont le taux de mortalité à 50 ans est inférieur à la normale ;
  • Loma Linda, en Californie, communauté d'adventistes du septième jour dont la plupart des membres possèdent une espérance de vie supérieure d’une dizaine d’années à la moyenne américaine[6],[7].

Facteurs favorables identifiés modifier

Diagramme de Venn Diagramme montrant les points communs entre trois des zones bleues identifiées dans le monde : Loma Linda (États-Unis), Sardaigne (Italie) et Okinawa (Japon).

Dans son livre, Buettner donne une liste de neuf leçons[8] :

  • une activité physique modérée et régulière ;
  • un but dans la vie ;
  • la réduction du stress ;
  • la restriction calorique ;
  • une alimentation à base d'aliments d'origine végétale ;
  • une consommation modérée d'alcool, en particulier du vin ;
  • un engagement spirituel ou religieux ;
  • un engagement dans la vie de famille ;
  • un engagement dans la vie sociale.

Ces zones bleues ont en commun d'être des zones ensoleillées et aérées. Les régimes alimentaires sont différents mais ils ont deux aspects en commun. Le premier est qu'ils sont basés sur les aliments d'origine végétale, avec la viande, le poisson ou le fromage seulement en petite quantité ou pendant les fêtes. Le deuxième est qu'ils mangent des légumes. Quant au goût, les régimes sont très différents. Si la population d'Ikaria a un régime proche du régime crétois (légumes, poissons, viandes blanches), la population des villages de montagne sardes ne consomme pas de poisson mais de la viande, dont de la charcuterie[5].

L'étude publiée par Michel Poulain et Gianni Pes identifie l'importance d'un mode de vie sain, en altitude, avec une activité physique au-delà de 80 ans, sans stress, avec des liens familiaux et sociaux étroits[9].

Remise en question du concept de zone bleue modifier

Certains observateurs et chercheurs sont sceptiques sur l'existence de ces zones bleues, ou mettent en avant une potentielle exagération. Ainsi Saul Newman, chercheur à l’Australian National University, s'est penché sur les données du GRG et s'est intéressé aux variables socio-économiques et relève des faits qui selon lui n'ont pas été sérieusement pris en compte :

  • Le nombre d'occurrences de supercentenaires est inversement proportionnel à la fiabilité des systèmes d'état civil :
    « Aux États-Unis, le statut de supercentenaire est prédit par l’absence d’enregistrement de l’état civil. L’existence d’actes de naissance est associé, dans chaque État, à une diminution de 69 à 82% du nombre d’enregistrements supercentenaires. »[10]
  • Le nombre d'occurrences de supercentenaires est contre toute attente supérieur dans les régions à faibles revenus, à faible taux d’alphabétisation, à taux de criminalité élevé et à faible espérance de vie par rapport à la moyenne nationale.
    « Les Italiens âgés de plus de 100 ans sont concentrés dans les provinces les plus pauvres, les plus reculées et aux plus courtes espérances de vie. »

Une des explications de ce dernier résultat pourrait être des motivations de fraudes à la retraite, ou simplement des erreurs dans les registres (par exemple il est connu que de nombreux supercentenaires présents dans les registres au Japon sont en réalité décédés dans le chaos de la Seconde Guerre mondiale[11]).

Notes et références modifier

  1. (en) « Blue Zones: Longevity Hotspots », sur journal.aarpinternational
  2. Il alimente notamment un wiki des supercentenaires recensés : https://gerontology.wikia.org/wiki/Category:Lists_of_supercentenarians_by_year_of_death
  3. a b c et d Dan Buettner (trad. Jean-Louis de Montesquiou, version française parue dans Books de novembre-décembre 2014), « L'Icarie, l'île où on vit (vraiment) plus longtemps qu'ailleurs », New York Times Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Les Blue Zones : des régions où l’on vit mieux et plus longtemps », sur observatoireprevention.org,
  5. a b c d et e Sandrine Marcy, « Le secret des centenaires en Sardaigne », sur francetvinfo.fr (consulté le ).
  6. (en) « Loma Linda, California, A group of Americans living 10 years longer », sur bluzones.com
  7. (en) « The 'Blue Zones' diet: Foods that help people live to 100 », sur Today,
  8. (en) Dan Buettner, The Blue Zones, Second Edition : 9 Lessons for Living Longer From the People Who've Lived the Longest, National Geographic Books, , 336 p. (ISBN 978-1-4262-0949-9, lire en ligne)
  9. « Blue Zones : où vit-on le plus longtemps ? », sur cahiers.laretraitecomplementaire, .
  10. (en) Saul Justin Newman, « Supercentenarian and remarkable age records exhibit patterns indicative of clerical errors and pension fraud », bioRxiv,‎ , p. 704080 (DOI 10.1101/704080, lire en ligne, consulté le )
  11. (en-US) Natsuko Fukue, « 234,000 centenarians listed in registries missing », sur The Japan Times, (consulté le )

Bibliographie modifier

Lien externe modifier